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Victor Hugo



Saint-arnaud - Chanson


Chanson / Poémes d'Victor Hugo





Cet homme avait donné naguère un coup de main

Au recul de la
France et de l'esprit humain;

Ce général avait les états de service

D'un chacal, et le crime aimait en lui le vice.

Buffon l'eût admis, certe, au rang des carnassiers.

Il avait fait charger le septième lanciers.

Secouant les guidons aux trois couleurs françaises,

Sur des bonnes d'enfants, derrière un tas de chaises;

Il était le vainqueur des passants de
Paris;

Il avait mitraillé les cigares surpris

Et brové
Tortoni fumant, à coups de foudre;

Fier, le tonnerre au poing, il avait mis en poudre

Un marchand de coco près des
Variétés;

Avec quinze escadrons, bien armés, bien montés.

Et trente bataillons, et vingt pièces de douze.

Il avait pris d'assaut le perron
Sallandrouzc;

Il avait réussi même, en fort peu de temps,

A tuer sur sa porte un enfant de sept ans;

Et sa gloire planait dans l'ouragan qui tonne

De l'égout
Poissonnière au ruisseau
Tiquetonne.

Tout cela l'avait fait maréchal.
Nous aussi,

Nous étions des vaincus, je dois le dire ici;

Nous étions douze cents; eux, ils étaient cent mille.



Or ce
Verres croyait qu'on devient
Paul-Êmile.

Pendant que
Bcauhai nais, l'être ignorant le mal,

Alïiche aux trois poteaux d'un chillic impérial2

Son nom hideux, dégoût des lèvres de 1 histoire;

Pendant qu'un bas empire éclôt sous un prétoire

Et s'étale, amas d'ombre où rampent les serpents,

Fumier de trahison, de dol, de guet-apens,

Dont n'auraient pas voulu les poules de
Carthage;

Pendant que «le la
France on se fait le partage;

Pendant que des milliers d'innocents égorgés

Pourrissent, par le ver du sépulcre rongés;

Pendant que les proscrits, que la chiourme accompagne.

Cheminant deux à deux dans les sabots du bagne,

Vieillards, enfants brûlés de fièvre, sans sommeil.

Vont à
Guelma casser îles pierres au soleil;

Pendant qu'à
Bouc on meurt et qu'en
Guyane on tombe,

Et qu'ici, chaque jour, nous creusons une tombe,

Ce sbire galonné du crime, ce vainqueur.

De la fraude et du vol sinistre remorqueur,

Cet homme, bras sanglant de la trahison louche,

Ce
Mars
Mandrin ayant pour
Jupiter
Cartouche,

S'était élit : «
Bah! la
France oublie.
Un vrai laurier!

Et l'on n'osera plus sur mes talons crier.

En guerre!
Il n'est pas bon que la gloire demeure

Au charnier
Montlaucon; nous avons à cette heure

Trop de
Dix-huit
Brumaire et trop peu d'Austerlitz;

Lorsque nous secouons nos drapeaux, de leurs plis

Ils ne laissent tomber sur nous que des huées;

Au lieu des vieillards morts et des femmes tuées.

Il est temps qu'il se dresse autour de nous un peu

De fanfare et d'orgueil, chantant dans le ciel bleu;

Or, voici que la guerre à l'orient se lève!

Je ne suis que couteau, je puis devenir glaive.

On me crache au visage aujourd'hui, mais demain

J'apparaîtrai, superbe, éclatant, surhumain.

Vainqueur, dans une illustre et splendide fumée,

Et duc de la mer
Noire et prince de
Crimée1.

Et je ferai voler ce mot :
Sébastopol,

Des tours de
Noue-Dame au dôme de
Saint-Paul!

Le vieux monstre
Russie, aux regards longs et troubles.

Qui fascine l'Europe avec des yeux de roubles,

Je le prendrai, j'irai le saisir dans son trou,

Et je rapporterai sur mon poing ce hibou.

On verra sous mes pieds fondre le czar qui croule.

Paris m'admirera de la
Bastille au
Roule2;

On me battra des mains au fond des vieux faubourgs;

Les gamins marqueront le pas à mes tambours:

La porte
Saint-Denis tirera des fusées:

El, quand je passerai, du haut de ses croisées

Le boulevard
Montmartre applaudira.
Partons.

Effaçons d'un seul trait tûrie, exils, pontons,

Et jetons cette poudre aux veux froids de l'histoire.

Je m'en irai
Massacre et reviendrai
Victoire;

Je serai parti chien, je reviendrai lion.

En guerre! »



Tu mettrais
Atlas sur
Pélion,
Tu ferais plus qu'aucun dont l'homme se souvienne.
Tu forcerais
Moscou,
Pétersbourg,
Berlin,
Vienne,
Tu tordrais dans tes mains ainsi que des serpents
Tous les fleuves domptés, tremblants, soumis, rampants.
Le
Don, le
Nil, le
Tibre, et le
Rhin basaltique,
Tu prendrais la mer
Noire avec la mer
Baltique,
On te venait, vainqueur, au front des escadrons.
Précédé des tambours et suivi des clairons.
Parmi les plus fameux marcher le plus insigne,
Que tu ne ferais pas décroître d'une ligne
L'épaisseur du carcan qui pend à l'échalaud!
Que tu n'ôterais pas une lettre au fer chaud



Que l'histoire, quand vient l'heure de comparaître,
Imprime au dos du lâche et sur le front du traître!

On est ivre parfois quand on a bu du sang.
Nul ne sait le destin.
Fais ton rêve, passant!
L'éternel océan nous regarde, et sanglote.

Il prit ce qu'il voulut dans l'année et la flotte;
Il reçut le baiser de
Néron le
Petit,
Gagna
Toulon, sa ville', et partit.
Il partit,
Traînant des millions après lui dans ses colfres.
Entouré de banquiers qui lui faisaient des offres.
En satrape persan, en proconsul romain.
Son bâton de velours et d'aigles dans sa main.
Emportant pour sa table un service de
Chine,
Suivi de vingt fourgons, brodé jusqu'à l'échiné.
Empanaché, doré, magnifique, hideux.
Un jour, on déterra l'un de ceux de l'an deux.
Un vieux républicain, le général
Dampierre;
On le trouva couché tout armé sous la pierre.
Et portant, fier soldat que nul n'avait vu fuir,
L'épaulctte de laine et la dragonne en cuir.

Il partit, tout trempé d'eau bénite; et ce reître

Partout sur son chemin baisait la grille au prêtre;

Car cette hypocrisie est le genre actuel;

Le crime, qui jadis bravait le rituel,

L'ancien vieux crime impie à présent dégénère

En clins d'yeux qu'à
Tartuffe adresse
Laccnaire;

Le brigand est béni du curé, point ingrat;

Papavoine aujourd'hui se confesse à
Mingrat;

Le bedeau
Poulmann sert la messe. -
Ah! je l'avoue,

Quand un bandit sincère, entier, sentant la roue,

Honnête à sa façon, bonne fille, complet.

Se déclare bandit, s'annonce ce qu'il est.



Fuit les honnêtes gens, sent qu'il les dépareille,

Et porte carrément son crime sur l'oreille.

Mon
Dieu! quand un voleur dit : je suis un voleur,

Quand un pauvre histrion de foire, un avaleur

De sabres, au milieu d'un torrent de paroles.

Un arracheur de dents, avec ses bottes molles,

Orné de galons faux et de poil de lapin,

Quand un drôle ingénu, qui peut-être est sans pain,

Met sa main dans ma poche et m'empoigne ma montre.

Quand, le matin, poussant ma porte qu'il rencontre.

Il entre, prend ma bourse et mes couverts d'argent.

Et, si je le surprends à même et pataugeant.

Me dit : c'est vrai, monsieur, je suis une canaille;

Je ris, et je suis prêt à dire : qu'il s'en aille!

Amnistie au coquin qui se donne pour tel!

Mais quand l'assassinat s'étale sur l'autel

Et que sous une mitre un prêtre l'escamote;

Quand un soldat féroce entre ses dents marmotte

Un oremus infâme au bout d'un sacrebleu;

Quand on lait devant moi cette insulte au ciel bleu

De faire
Magnan saint et
Canrobert ermite;

Quand le carnage prend des airs de chattemite.

Et quand
Jean
TEcorcheur se confit en
Vcuillot;

Quand le massacre affreux, le couteau, le billot.

Le rond-point la
Roquette et la place
Saint-Jacques1,

Tout ruisselants de sang, viennent faire leurs pâques;

Quand les larrons, après avoir coupé le cou

Au voyageur, et mis ses membres dans un trou.

Vont au lieu saint ouvrir et piller la valise;

Quand j'attends la caverne et quand je vois l'église;

Quand le meurtre sournois qui chouiina2 sans bruit

La loi, par escalade et guet-apens, la nuit.

Et qui par la fenêtre entra dans nos demeures.

Prend un cierge, se signe, ànonne un livre d'heures,

Offre sa pince au
Dieu sous qui l'Horeb tremblait.



Et de sa corde à nouds se lait un chapelet,
Alors, ô cieux profonds! ma prunelle s'allume.
Mon pouls bai sur mon cour comme sur une enclume.
Je sens grandir en moi la colère, géant,
Et j'accours éperdu, frémissant, secouant
Sur ces horreurs, à l'âme humaine injurieuses.
Dans mes deux mains, des fouets de strophes furieuses!

Stamboul, lui prodiguant galas, orchestre et bal,

Lui fit fête,
Capoue où manquait
Annibal.

Ce bandit rayonna quelque temps dans des gloires;

Bvzancc illumina pour lui ses promontoires-

Au cirque
Franconi, quand vient le déiioùmeni.

Quand la toile de fond se lève brusquement

Et que tout le décor n'est plus qu'une astragale.

On voit ces choses-là dans un feu de
Bengale.

Et, pendant ces festins et ces jeux, on brûla.

Les russes.
Silistric. et les anglais.
Kola'.

Le moment vint; l'escadre appareilla; les roues
Tournèrent; par ce tas de voiles et de proues.
Dont l'âpre artillerie en vingt salves gronda,
L'infini se laissa violer.
L'armada,
Formidable, penchant, prête à cracher le soufre,
Les gueules des canons sur les gueules du gouffre.
Nageant, polvpe humain, sur l'abîme béant.
Et, comme un noir poisson dans un filet géant,
Prenant l'ouragan sombre en ses mille cordages.
S'ébranla; dans ses flancs, les haches d'abordages,
Les sabres, les fusils, le lourd tromblon marin,
La fauve caronade aux ailerons d'airain
Se heurtaient; et, jetant de l'écume aux étoiles.
Et roulant dans ses plis des tempêtes de toiles,
Frégate, aviso, brick, brûlot, trois-ponts, steamer,
Le troupeau monstrueux couvrit la vaste mer.



La flotte ainsi marchait en ordre de bataille.

Ô mouches! il est temps que cet homme s'en aille.
Venez!
Souille, ô vent noir des moustiques de feu!
Hurrah! les inconnus, les punisseurs de
Dieu,
L'obscure légion «les hydres invisibles,
L'infiniment petit, rempli d'ailes horribles.
Accourut; l'âpre essaim des moucherons, tenant
Dans un souffle, et qui fait trembler un continent,
L'atome, monde affreux peuplant l'ombre hagarde.
Que l'oil du microscope avec effroi regarde,
Vint, groupe insaisissable et vague où rien ne luit.
Et plana sur la flotte énorme dans la nuit.

Et les canons, hurlant contre l'homme, molosses

De la mort, les vaisseaux, titaniques colosses.

Les mortiers lourds, volcans aux hideux entonnoirs,

Les grands steamers, dragons dégorgeant des flots noirs,

Tous ces géants tremblaient au sein des flots terribles

Sous ce frémissement d'ailes imperceptibles!

Et le lugubre essaim, vil, céleste, infernal,
Planait, planait toujours, attendant un signal.

Terre! dit la vigie.
Et l'on toucha la rive.
La gloire, qui, parfois, jusqu'aux bandits arrive.
Apparut, et cet homme entrevit les combats.
Les tentes, les bivouacs, et, tout au fond, là-bas.
Vous couvrant de son ombre, horreurs atténuées.
L'immense arc de triomphe au milieu des nuées.

Il débarqua.
L'essaim planait toujours.
Hurrah!
C'est l'heure.
Et le
Seigneur fit signe au choléra.
La peste, saisissant son condamné sinistre,
A défaut du césar acceptant le ministre,

Dit à la guerre pâle et reculant d'effroi :

-
Va-t'en.
Ne me prends pas cet homme.
Il est à moi.
Et cria de sa voix où siffle une couleuvre :

-
Bataille, fais ta tâche et laisse-moi mon ouvre.
Alors, suivant le doigt qui d'en haut l'avertit.
L'essaim vertigineux sur ce front s'abattit;

Le monstre aux millions de bouches, l'impalpable.
L'infini, se rua sur le blême coupable;
Les ténèbres, mordant, rongeant, piquant, suçant,
Entrèrent dans cet homme, et lui burent le sang,
Et l'enfer, le tordant vivant dans ses tenailles,
Se mit à lui manger dans l'ombre les entrailles.

Et dans ce même instant la bataille tonna.
Et cria dans les cieux :
Wagram!
Ulm!
Iéna!
En avant, bataillons, dans la fière mêlée!

Peuples! ceci descend de la voûte étoilée.
Et c'est l'histoire, et c'est la justice de
Dieu :
Pendant que, sous des flots de mitraille, au milieu
Des balles, bondissaient vers le but électrique
Les highlanders d'Ecosse et les spahis d'Afrique,
Tandis que, s'excitant et s'entre-regardant,
Le chasseur de
Vincenne et le zouave ardent
Rampaient et gravissaient la montagne en décombres,
Tandis que
Mentschikoff et ses grenadiers sombres,
A travers les obus, sur l'âpre escarpement.
Voyaient, plus effarés de moment en moment.
Monter vers eux ce tas de tigres dans les ronces,
Et que les lourds canons s'envovaient des réponses,
Et qu'on pouvait, fût-on serf, esclave ou troupeau.
Tomber du moins en brave à l'ombre d'un drapeau.
Lui, l'homme frémissant du boulevard
Montmartre,
Ayant son crime au flanc, qui se changeait en dartre,
Les boulets indignés se détournant de lui.



Vil, la main sur le ventre, et plein d'un sombre ennui.

Il voyait, pâle, amer, l'horreur dans les narines,

Fondre sous lui sa gloire en allée aux latrines.

Il râlait; et, hurlant, fétide, ensanglanté,

A deux pas de son champ de bataille, à côté

Du triomphe, englouti dans l'opprobre incurable.

Triste, horrible, il mourut.
Je plains ce misérable.

Ici, spectre!
Viens là que je te parle.
Oui,

Puisque dans le néant tu t'es évanoui

Sous l'oeil mystérieux du
Dieu que je contemple.

Puisque la mort a fait sur toi ce grand exemple.

Et que, traînant ton crime, abject, épouvanté,

Te voilà face à lace avec l'éternité.

Puisque c'est du tombeau que la prière monte.

Que tu n'es plus qu'une ombre, et que
Dieu sur la honte

De ton commencement met l'horreur de ta fin,

Quoique au-dessous du tigre esclave de la faim.

Tu me serres le coeur, bandit, et je t'avoue

Que je me sens un peu de pitié pour ta boue,

Que je frémis de voir comme mon
Dieu te suit.

Et que, plusieurs ici, qui sommes dans la nuit.

Nous avons fait un signe avec noire
Iront pâle,

Quand l'ange
Châtiment, qui, penché sur ton râle.

Te gardait, et tenait sur toi ses veux baissés,

S'est tourné vers nous, spectre, en disant :
Est-ce assez'?






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Victor Hugo
(1802 - 1885)
 
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Portrait de Victor Hugo


Biographie / Ouvres

C'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature

Chronologie

1802
- Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris.

Chronologie historique

1848

Bibliographie sÉlective


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