wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Victor Hugo



Joyeuse vie - Poéme


Poéme / Poémes d'Victor Hugo





Bien! pillards, intrigants, fourbes, crétins, puissances!
Attablez-vous en hâte, autour des jouissances!

Accourez! place à tous!
Maîtres, buvez, mangez, car la vie est rapide.
Tout ce peuple conquis, tout ce peuple stupide.

Tout ce peuple est à vous!

Vendez l'état! coupez les bois! coupez les bourses!
Videz les réservoirs et tarisse/, les sources!

Les temps sont arrivés.
Prenez le dernier sou! prenez, gais et faciles.
Aux travailleurs des champs, aux travailleurs des villes!

Prenez, riez, vivez!

Bombance! allez! c'est bien! vivez! laites ripaille!
La famille du pauvre expire sur la paille.

Sans porte ni volet.
Le père en frémissant va mendier dans l'ombre;
La mère n'ayant plus de pain, dénùmeiit sombre,

L'enfant n'a plus de lait.



II



Millions! millions! châteaux! liste civile!

Un jour je descendis dans les caves de
Lille1 ;

Je vis ce morne enfer.
Des fantômes sont là sous terre dans des chambres,
Blêmes, courbes, ployés; le rachis tord leurs membres

Dans son poignet de fer.

Sous ces voûtes on sou lire, et l'air semble un toxique;
L'aveugle en tâtonnant donne à boire au phtisique;

L'eau coule à longs ruisseaux;
Presque enfant à vingt ans, déjà vieillard à trente.
Le vivant chaque jour sent la mort pénétrante

S'infiltrer dans ses os.

Jamais de feu; la pluie inonde la lucarne;
L'oil en ces souterrains où le malheur s'acharne

Sur vous, ô travailleurs.
Près du rouet qui tourne et du fil qu'on dévide,
Voit des larves errer dans la lueur livide

Du soupirail en pleurs.

Misère! l'homme songe en regardant la femme.
Le père, autour de lui sentant l'angoisse infâme

Étreindre la vertu,
Voit sa fille rentrer sinistre sous la porte,
El n'ose, l'oil fixé sur le pain qu'elle apporte.

Lui dire :
D'où viens-tu :'

Là dort le désespoir sur son haillon sordide;
Là, l'avril de la vie. ailleurs tiède ei splendide,

Ressemble au sombre hiver;
La vierge, rose au jour, dans l'ombre est violette:

Là, rampent dans l'horreur la maigreur du squelette,
La nudité du ver;

Là frissonnent, plus bas que les égouts des rues.
Familles de la vie et du jour disparues,

Des groupes grelottants;
Là, quand j'entrai, farouche, aux méduses pareille.
Une petite fille à ligure de vieille

Me dit :
J'ai dix-huit ans!

Là, n'ayant pas de lit, la mère malheureuse

Met ses petits enfants dans un trou qu'elle creuse.

Tremblants comme l'oiseau;
Hélas! ces innocents aux regards de colombe
Trouvent en arrivait! sur la teire une tombe

En place d'un berceau!

Caves de
Lille! on meurt sous vos plafonds de pierre!
J'ai vu, vu de ces yeux pleurant sous ma paupière.

Râler l'aïeul flétri,
La fille aux yeux hagards de ses cheveux vêtue.
Et l'enfant spectre au sein de la mère statue!

O
Dante
Alighieri!

C'est de ces douleurs-là que sortent vos richesses,
Princes! ces dénùments nourrissent vos largesses,.

O vainqueurs! conquérants!
Votre budget ruisselle et suinte à larges gouttes
Des murs de ces caveaux, des pierres de ces voûtes.

Du cour de ces mourants.

Sous ce rouage allreux qu'on nomme tyrannie,
Sous cette vis que meut le fisc, hideux génie,

De l'aube jusqu'au soir.
Sans trêve, nuit et joui", dans le siècle où nous sommes.

Ainsi que «les raisins on écrase «les hommes.
Et l'or sort «lu pressoir.

C'est de cette détresse et de ces agonies.

De cette ombre, où jamais, dans les âmes ternies.

Espoir, tu ne vibras,
C'est de ces bouges noirs pleins d'angoisses améres,
C'est de ce sombre amas de pères et «le mères

Qui se tordent les bras,

Oui, c'est de ce monceau d'indigences terribles
Que les lourds millions, étincelants, horribles.

Semant l'or en chemin.
Rampant vers les palais et les apothéoses.
Sortent, monstres joyeux et couronnés de roses.

Et teints de sang humain!



III



O paradis! splendeurs! verse/ à boire aux maîtres!
L'orchestre rit, la fête empourpre les fenêtres,

La table éclate et luit;
L'ombre est là sous leurs pieds; les portes sont fermées
La prostitution des vierges affamées

Pleure dans cette nuit!

Vous tous qui partagez ces hideuses délices,

Soldais pavés, tribuns vendus, juges complices,

Évéques eflrontés,
La misère frémit sous ce
Louvre où vous êtes!
C'est de fièvre et de faim et de morts que sont faites

Toutes vos voluptés!

A
Saint-Cloud, effeuillant jasmins et marguerites.
Quand s'ébat sous les fleurs l'essaim des favorites,

Bras nus et gorge au vent,
Dans le festin qu'égaie un lustre à mille branches.
Chacune, eu souriant, dans ses belles dents blanches

Mange un enfant vivant!

Mais qu'importe! rie/.!
Se plaindra-t-on sans cesse?
Serait-on empereur, prélat, prince et princesse,

Pour ne pas s'amuser?
Ce peuple en larmes, triste, et que la faim déchire.
Doit être satisfait puisqu'il vous entend rire

Et qu'il vous voit danser!

Qu'importe!
Allons, emplis ton coffre, emplis ta poche.
Chantez, le verre en main,
Troplong,
Sibour,
Baroche!

Ce tableau nous manquait.
Regorgez, quand la faim tient le peuple en sa serre,
El laites, au-dessus de l'immense misère.

Un immense banquet!



IV



Ils marchent sur toi, peuple!
O barricade sombre,
Si haute hier, dressant dans les assauts sans nombre

Ton front de sang lavé,
Sous la roue emportée, étincelanie et folle.
De leur coupé joyeux qui rayonne et qui vole,

Tu redeviens pavé' !

A
César ton argent, peuple; à toi la famine.
N'es-tu pas le chien vil qu'on bat et qui chemine

Derrière son seigneur?
A lui la pourpre; à toi la hotte et les guenilles.
Peuple, à lui la beauté de ces femmes, tes filles.

A toi leur déshonneur!



V



Ah! quelqu'un parlera.
La muse, c'est l'histoire.
Quelqu'un élèvera la voix dans la nuit noire.

Riez, bourreaux bouffons!
Quelqu'un te vengera, pauvre
France abattue,
Ma mère! et l'on verra la parole qui tue

Sortir des cieux profonds!

Ces gueux, pires brigands que ceux des vieilles races.
Rongeant le pauvre peuple avec leurs dents voraces,

Sans pitié, sans merci.
Vils, n'ayant pas de cour, mais ayant deux visages.
Disent : -
Bah! le poète! il est dans les nuages! -

Soit.
Le tonnerre aussi1.



Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Victor Hugo
(1802 - 1885)
 
  Victor Hugo - Portrait  
 
Portrait de Victor Hugo

Biographie / Ouvres

C'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature

Chronologie

1802
- Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris.

Chronologie historique

1848

Bibliographie sÉlective


mobile-img