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Victor Hugo



A un voyageur - Poéme


Poéme / Poémes d'Victor Hugo





Ami, vous revenez d'un de ces longs voyages

Qui nous font vieillir vite, et nous changent en sages

Au sortir du berceau.
De tous les océans votre course a vu l'onde.
Hélas ! et vous feriez une ceinture au monde

Du sillon du vaisseau.

Le soleil de vingt cieux a mûri votre vie.
Partout où vous mena votre inconstante envie.

Jetant et ramassant.
Pareil au laboureur qui récolte et qui sème.
Vous avez pris des lieux et laissé de vous-même

Quelque chose en passant.

Tandis que votre ami, moins heureux et moins sage.
Attendait des saisons l'uniforme passage

Dans le même horizon.
Et comme l'arbre vert qui de loin la dessine,
A sa porte effeuillant ses jours, prenait racine

Au seuil de sa maison!



Vous êtes fatigué, tant vous avez vu d'hommes t
Enfin vous revenez, las de ce que nous sommes.

Vous reposer en
Dieu.
Triste, vous me contez vos courses infécondes,
Et vos pieds ont mêlé la poudre de trois mondes

Aux cendres de mon feu.

Or, maintenant, le cour plein de choses profondes,
Des enfants dans vos mains tenant les têtes blondes.

Vous me parlez ici,
Et vous me demandez, sollicitude amère! -
Où donc ton père? où donc ton fils? où donc ta mère?

-
Ils voyagent aussi!

Le voyage qu'ils font n'a ni soleil, ni lune;
Nul homme n'y peut rien porter de sa fortune,

Tant le maître est jaloux!
Le voyage qu'ils font est profond et sans bornes.
On le fait à pas lents, parmi des faces mornes.

Et nous le ferons tous !

J'étais à leur départ comme j'étais au vôtre.
En diverses saisons, tous trois, l'un après l'autre.

Ils ont pris leur essor.
Hélas! j'ai mis en terre, à cette heure suprême.
Ces têtes que j'aimais.
Avare, j'ai moi-même

Enfoui mon trésor.

Je les ai vus partir.
J'ai, faible et plein d'alarmes.
Vu trois fois un drap noir semé de blanches larmes



Tendre ce corridor.
J'ai sur leurs froides mains pleuré comme une femme.
Mais, le cercueil fermé, mon âme a vu leur âme

Ouvrir deux ailes d'or !

Je les ai vus partir comme trois hirondelles

Qui vont chercher bien loin des printemps plus fidèles

Et des étés meilleurs.
Ma mère vit le ciel, et partit la première,
Et son ceil en mourant fut plein d'une lumière

Qu'on n'a point vue ailleurs.

Et puis mon premier-né la suivit; puis mon père.
Fier vétéran âgé de quarante ans de guerre.

Tout chargé de chevrons1.
Maintenant ils sont là ! tous trois dorment dans l'ombre.
Tandis que leurs esprits font le voyage sombre,

Et vont où nous irons!

Si vous voulez, à l'heure où la lune décline,
Nous monterons tous deux la nuit sur la colline

Où gisent nos aïeux2.
Je vous dirai, montrant à votre vue amie
La ville morte auprès de la ville endormie :

Laquelle dort le mieux?

Venez ; muets tous deux et couchés contre terre.
Nous entendrons, tandis que
Paris fera taire

Son vivant tourbillon.
Ces millions de morts, moisson du fils de l'homme.
Sourdre confusément dans leurs sépulcres, comme

Le grain dans le sillon !



Combien vivent joyeux qui devaient, sours ou frères.
Faire un pleur éternel de quelques ombres chères !

Pouvoir des ans vainqueurs!
Les morts durent bien peu.
Laissons-les sous la pierre!
Hélas ! dans le cercueil ils tombent en poussière

Moins vite qu'en nos coeurs!

Voyageur! voyageur!
Quelle est notre fclie!

Qui sait combien de morts à chaque heure on oublie?

Des plus chers, des plus beaux?
Qui peut savoir combien toute douleur s'émousse.
Et combien sur la terre un jour d'herbe qui pousse

Efface de tombeaux !



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Victor Hugo
(1802 - 1885)
 
  Victor Hugo - Portrait  
 
Portrait de Victor Hugo

Biographie / Ouvres

C'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature

Chronologie

1802
- Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris.

Chronologie historique

1848

Bibliographie sÉlective


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