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Robert Desnos



Biographie de Robert Desnos


Poésie / Poémes d'Robert Desnos





VIE DE ROBERT DESNOS



1900



Le 4 juillet 1900 naît à Paris, 32, boulevard Richard-Lenoir (XIe arrondissement), Robert Desnos, second et dernier enfant de M. Lucien Desnos et de Madame, née Claire Guillais.

M. Desnos père est mandataire aux Halles pour la volaille et le gibier.



1902



En 1902 la famille Desnos déménage et s'installe 11, rue Saint-Martin (IVe arrondissement), puis vers 1913, 9, rue de Rivoli (IVe arrondissement). C'est à ce quartier des Halles, et tout particulièrement au quartier Saint-Merri que restent attachés les souvenirs d'enfance de Robert Desnos. Dans les dernières pages qu'il a écrites avant son arrestation, il évoque :

Les charmes de la rue de la Verrerie, les marchands de cierges, les petits ateliers de mécanique où la limaille jaillissait parmi les étincelles bleues.

Importance de l'enseigne « John Tavernier » le fabricant de bonbons de la rue du cloître Saint-Merri. Les éplucheuses de queues de cerises. Muraour et l'odeur des orangers. La carderie. La construction des nouveaux magasins du Bazar de l'Hôtel-de-ViUe. Le mendiant à Yangle de la rue Saint-Bon. La crémerie Mauguin rue Saint-Martin. La petite fille de la rue des Juges-Consuls. (.Journal, 21 février 1944)



1911



Robert Desnos est élevé selon les principes de la petite bourgeoisie française : éducation religieuse (première communion en l'église Saint-Merri le Ier juin 1911), école laïque (école maternelle de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, école communale 36, rue des Archives, école municipale supérieure Turgot).



1913



Il obtient son certificat d'études en juin 1913, et quitte l'école Turgot en 1916, pourvu du brevet élémentaire (et ayant acquis des rudiments d'anglais et d'espagnol). Si la communale lui a paru très formatrice, il garde un mauvais souvenir du collège où il estime avoir perdu son temps.



1916



De 1913 à 1916, ce sont les lectures faites en marge de l'école (Baudelaire, Hugo, romans populaires, bandes dessinées) et les événements qui défraient la chronique (la bande à Bonnot) qui retiennent l'attention de Robert Desnos :



Il y avait les images des grands et des petits magasins, chromos distribués aux portes en même temps que des ballons, et qui figuraient généralement les aventures féeriques, dans des palais à l'architecture d'opéra, de personnages vêtus de soieries et de velours, images devinettes, images primes des épiceries...

Il y avait les affiches que le vent et la pluie intégraient peu à peu dans le bois des palissades qui, par leurs plaies, laissaient entrevoir ces étranges terrains vagues maintenons disparus de Paris. Leur superposition même ménageait des rencontres imprévues entre le boxeur et l'automobile, entre le roman feuilleton et l'annonce des trains de plaisir. {Félix Labisse, 1945.)



Et Desnos se fait lyrique pour chanter les belles images de son enfance :

Il y avait les intelligents dessinateurs des Belles Images, du Jeudi de la Jeunesse, de l'Épatant et de l'Intrépide, où O. Ri explorait le ventre doré de la planète et les joailleries du ciel, où Forton, avec ses « Pieds Nickelés >, créait une trinité nouvelle.

Il y avait les couvertures de Nick Carter, de Buffalo Bill, de Fantomas et des suppléments illustrés du Petit Parisien et du Petit Journal.

Il y avait les illustrations de Jules Verne et de Paul d'Ivoi, illustrations qui petit à petit, sortaient des volumes fatigués, des reliures brisées et commençaient à vivre d'une vie individuelle et lourde de mystère (Ibid.).

Tout un monde imaginaire se met à prendre corps dans la rêverie de l'enfant :

Tout un musée Grêvin prolongeait ainsi les heures de la soirée, quand le gaz sifflait tragiquement dans les suspensions et quand les voix des grandes personnes, comme jaillies de profondes cavernes, ne pénétraient plus qu'avec peine dans les jeunes cervelles investies par le sommeil (Ibid.)

Passionné de littérature et d'imagerie moderne, imperméable aux discours patriotiques qui se tiennent autour de lui (famille, école), il décide d'arrêter ses études et de faire carrière hors du commerce. M. Desnos père met alors son fils en demeure de trouver les moyens de sa politique :



1917



Robert Desnos travaille comme commis dans une importante droguerie : Darrasse, rue Pavée; il y assume plusieurs fonctions et traduit en particulier des prospectus pharmaceutiques en diverses langues.



1918



Il écrit et commence â publier (dans la Tribune des jeunes, revue de tendance socialisante, patronnée par Henri Barbusse).



1919



Il devient secrétaire de Jean de Bonnefon, journaliste, écrivain. Ses fonctions lui laissent le temps de lire (et la bibliothèque de Bonnefon est somptueuse), d'écrire (Prospectus, Le fard des Argonautes, L'ode à Ccco).

Il lie des relations amicales avec Henri Jeanson, Armand Salacrou, Rirette Maîtrcjean, qui avait connu le milieu anarchiste de la bande à Bonnot.

Le poète Louis de Gonzague Frick lui donne accès à diverses revues (Lutctia, Dits modernes) et l'introduit dans les milieux littéraires modernistes et d'avant-garde. C'est à cette époque que Desnos place ses Prospectus sous le signe de Laurent Tailhade et Guillaume Apollinaire; c'est aussi le moment où il découvre Dada, ses manifestes et manifestations; il entre en relation avec Roger Vitrac et Benjamin Péret; par l'intermédiaire de ce dernier, il rencontre une fois André Breton.





1920-1921



Mais le service militaire interrompt pour deux ans sa vie parisienne (1920 : service à Chaumont en Haute-Marne; 1921 : service au Maroc).



1922



Dès son retour à la vie civile, Desnos s'intègre au groupe de Littérature (Breton, Aragon, Éluard, Pèret, Crevel) : il participe de manière éclatante aux expériences d'écriture automatique, de sommeils hypnotiques, de récits de rêves ou de fantasmes : il expérimente de façon exemplaire les limites du langage et de la personnalité (cf. Littérature, n.s. n08 5 à 12). Il entre dans ce qu'il appelle plus tard « les espaces du sommeil (A la mystérieuse).



1924



André Breton marque à plusieurs reprises le rôle irremplaçable que Desnos a alors joué dans la dynamique du mouvement surréaliste :



... Il n'est, depuis 1921, aucune personnalité qui en poésie ait marqué aussi fortement son empreinte que celle de Robert Desnos... Le surréalisme est à l'ordre du jour et Desnos est son prophète... (André Breton, Journal littéraire, 5 juillet 1924.)

Robert Desnos parle surréaliste à volonté (André Breton, Manifeste du surréalisme.)



Robert Desnos participe aux diverses manifestations surréalistes (première représentation de L'Étoile au front de Raymond Roussel dont l'ouvre exerce sur lui une fascination considérable), il signe les déclarations et lettres ouvertes surréalistes (La révolution d'abord et toujours; Lettre ouverte à M. Paul Claudel); il dessine et peint surréaliste (des dessins de lui sont exposés à la première exposition surréaliste).



1925



Il écrit régulièrement dans la revue du groupe surréaliste : La Révolution surréaliste (décembre 1924-décembre 1929). Passionné de cinéma, il publie des chroniques cinématographiques dans divers journaux : Paris-Journal (1923), Le Journal littéraire (1925-1926), Le Soir (1926-1928), il écrit des scénarios . Mirutit à quatorze heures (1925), Les récifs de l'amour (1930)> Les mystères du métropolitain (1930).



Un de ses poèmes sert de motif à une réalisation cinématographique de Man Ray : L'étoile de mer. L'étoile est la figure poétique et rêvée de l'étoile de music-hall Yvonne George. (Théodore Fraenkel, l'un des amis les plus proches de Robert Desnos, dit à ce propos : « Son amour pour Yvonne George fut violent, douloureux, inlassablement attentif. Il ne fut jamais partagé. ») La chanteuse meurt en avril 1930.

Pour assurer sa subsistance, Robert Desnos pratique divers métiers (Commis au Cercle de la Librairie, à la Librairie Bailîièrc, 1922-1924); il écrit sur commande pour Jacques Doucet : De l'érotisme (1923), un panorama du mouvement surréaliste (1927); il lui vend des manuscrits {Les Nouvelles Hébrides, 1922). A partir de 1925, grâce à ses amitiés dans le milieu du journalisme (Henri Jeanson, Eugène Merle), il entame une carrière journalistique, d'ailleurs fort peu payée; il est caissier puis rédacteur à Paris-Soir (1924-1926), rédacteur au journal Le Soir (1926-1929), à Paris-Matinal (1927-1928), fournit des échos au Merle (journal satirique d'Eugène Merle). Cette activité journalistique qui occupe une large part de son temps et de son attention le rend moins assidu aux réunions surréalistes.



1926



En avril 1926, il s'installe 45, rue Blomet, dans l'ancien atelier d'André Masson. Sous l'emprise de la fatigue, de la drogue ou du vin, il y transcrit ses rêves, ses hallucinations (Journal d'une apparition dans La Révolution surréaliste, n° 9-10; Les ténèbres). A deux pas du Bal nègre, du quartier Montparnasse où évoluent des artistes, des réfugiés politiques, des excentriques de tous les pays, Desnos est aussi tout proche de la rue du Château où se réunissent Georges Malkine, Marcel Duhamel, Raymond Queneau, les frères Prévert.



1927



Lorsqu'en 1927, Breton, Aragon, Éluard, Péret et Unik justinent leur engagement politique au parti communiste (Au grand jour), Desnos fait partie de ceux qui proclament l'incompatibilité de l'activité surréaliste avec une action militante au parti communiste.



1929



L'écart s'est progressivement accentué entre Breton et Desnos. Les motifs de rupture s'accumulent : Desnos est devenu un professionnel du journalisme (dont, d'ailleurs, il dénonce lui-même les compromissions : Les mercenaires de l'opinion dans Bifur, n° 2, juillet 1929), Son voyage à Cuba (mars-avril 1928), comme représentant de la Razon au congrès de la Presse latine, fait quelque tapage. Lorsque enfin au début de 1929, André Breton et Aragon essaient de relancer l'activité collective (réunion de la rue du Château, 11 mars 1929), Desnos s'abstient, comme Leiris, Masson, Bataille, Limbour. En décembre 1929, la publication par A. Breton du Second Manifeste du surréalisme marque la rupture définitive :



Une grande complaisance envers soi-même, c'est essentiellement ce que je reproche à Desnos...



Les exclus ripostent par le pamphlet : Un cadavre et Desnos publie dans Le courrier littéraire d'Eugène Merle (1 er mars 1930), le Troisième Manifeste du surréalisme. Ainsi s'achève la polémique.



PUBLICATIONS JUSQU'EN 1930 :



Deuil pour deuil, 1924, chez Kra (réédité en 1962, Gallimard).



C'est les bottes de 7 lieues cettephrase « Je me vois », 1926, éditions de la Galerie Simon, avec quatre eaux-fortes d'André Masson.



La liberté ou l'amour, 1927, chez Kra (réédité en 1962, Gallimard).

La liberté du texte entraîne un procès; l'épisode du Club des buveurs de sperme est supprimé. Il a été réintroduit dans la réédition de 1962.



La papesse du diable, 1929, t roman de mystère, de magie et d'amour », éditions de Lutèce, sous les pseudonymes de Jehan Sylvius et Pierre de Ruynes. Ce texte a été écrit par Desnos en collaboration avec Renée Dunan, journaliste et romancière, réédité en 1966 par Éric Losfeld.



The night of loveless nights, 1930, illustrations de Georges Malkine, hors commerce, Anvers.



Corps et biens, 1930, Gallimard (réédité en 1968, Poésie/Gallimard). Comprend les poèmes publiés en revue de 1919 a 1929, avec des remaniements ou des ajouts.



Les années trente sont marquées par divers bouleversements dans la vie du poète : il vit avec Youki Foujita (une des reines de Montparnasse), d'abord 6, rue Lacre-telle, puis à partir de juillet 1934, au 19, rue Mazarine (VIe arrondissement). La jeune femme trouve sa figuration poétique dans l'image de la sirène à laquelle répond, pour l'amant, l'image de l'hippocampe (parfois celle de l'oiseau auquel la sirène apprend à chanter).



1931



Le poème Siramow inscrit cette redécouverte de l'amour qui conduit sans trahison de l'étoile à la sirène, de la disparue à la vivante :

Sais-tu quelle chaîne effrayante de symboles m'a conduit de toi qui fus l'étoile à elle qui est la sirène? Ô sceurs parallèles du ciel et de l'Océan!



1932



Pour Youki, il compose Le livre secret (1932) où poèmes et gouaches alternent, Les nuits blanches (1932) où les récits de rêves de Youki alternent avec les poèmes-chansons de Desnos.



1933



Jusqu'en 1933, la vie du couple est matériellement difficile : Desnos fait de la gérance d'immeubles, écrit pour l'A.L.I. (Agence Littéraire Internationale), fait quelques conférences à Radio-Paris.

C'est en novembre 1933 qu'il réalise avec Paul Deharme la célèbre émission radiophonique : La grande complainte de Fantomas (diffusée sur Radio-Paris et les postes régionaux).

Paul Deharme crée Information et publicité, organisme qui propose et réalise des émissions publicitaires essentiellement radiophoniques. Grâce à Armand Salacrou qui confie à Desnos la publicité de tous les produits pharmaceutiques dont il a la gestion (la Marie-Rose, le vermifuge Lune, la Quintonine, le thé des familles, le vin de Frileuse), le poète devient rédacteur publicitaire aux Studios Foniric, 22, rue Bayard, et anime l'équipe qui invente et réalise au jour le jour les émissions diffusées sur Radio-Luxembourg et le Poste Parisien (parmi les plus connues : Le salut au monde, adaptation radiophonique du poème de Walt Whitman, avec la collaboration de nombreux artistes et d'Aléjo Carpentier pour la musique, en juillet 1936; La clé des songes en 1938).

Cette activité radiophonique (1934-1939). par l'invention et la disponibilité perpétuelles qu'elle exige, le contact permanent avec le public, le travail collectif qu'elle implique, satisfait grandement Desnos. Il y expérimente tout particulièrement les relations du texte publicitaire avec le motif musical et tente de promouvoir une culture et un art radiophoniques.

Captivante, l'activité radiophonique ne lui laisse guère le temps de publier. Il laisse inachevé un roman entrepris en 1931 : La raison sociale ou Us horreurs de l'amour; il s'astreint, en 1936, à écrire un poème chaque soir :



Durant toute cette année et jusqu'au printemps 1937, je m'étais contraint à écrire un pohne chaque soir, avant de m'endormir. Avec ou sans sujet, fatigué ou non, j'observai fidèlement cette discipline. J'emplis ainsi une série de cahiers où, on l'imagine, le déchet fut grand quand, en 1940, j'entrepris de les relire. (Postface d'État de veille, 1943)



1936



Il écrit pour les enfants de ses amis (Le parterre d'Hyacinthe, La ménagerie de Tristan pour les enfants de Lise et Paul Deharme, en 1932; La géométrie de Daniel pour le fils de Madeleine et Darius Milhaud en 1939)- Seul le recueil des Sans cou est publié en 1934 avec l'aide amicale d'Armand Salacrou.

Par la pratique radiophonique, Desnos peut donner libre cours à sa passion de la musique; il fait de la critique musicale et constitue une importante discothèque. Par ailleurs il écrit des textes destinés à être mis en musique : La cantate pour l'inauguration du musée de l'Homme, La cantate des quatre éléments (toutes deux pour une musique de Darius Milhaud), des lyrics pour des films (Panurge) et des chansons de variétés (dont un grand nombre mises en musique par Cliquet-Pleyel). De la publicité radiophonique il passe parfois à la production de documentaires cinématographiques. Il écrit ainsi le commentaire de Records 37, réalisé par J.-B. Bru-nius, celui de Sources noires (1938). Dès 1933, Desnos fut alarmé par la montée du fascisme en Europe. En 1934, u adhère au Front commun de Gaston Bergery contre le fascisme et le gros capital, mais aussi contre le principe marxiste de la lutte des classes; il se range du côté du Front populaire en 1936. Très attaché à l'Espagne où il a noué des relations amicales lors de séjours en 1932 et 1935, il est particulièrement touché par la guerre civile qui s'y déroule et l'intervention italienne et allemande qui conduit la république espagnole à l'échec. Il aide son ami Jean-Louis Barrault à monter Numance.



1937



Participant activement aux manifestations de l'Association internationale des écrivains pour la défense de la culture dont le deuxième congrès, tenu symboliquement en Espagne républicaine, s'achève à Paris le 18 juillet 1937 (avec un spectacle présenté par Desnos), il prête son concours pour l'animation des Maisons de la culture, il publie des poèmes et des critiques de disques dans Commune (1938-1939), Europe (1939), enfin il se charge de la rubrique des disques dans Ce soir (1937-1939), quotidien de tendance communiste créé et dirigé par Aragon. En ces années qui précèdent la guerre, la position de Desnos est clairement engagée : contre le fascisme, contre l'antisémitisme; devant la défaite des républicains espagnols, l'extension du nazisme, Desnos est de ceux qui pensent que la guerre est inévitable et qu'il faut s'y préparer matériellement et moralement : en tant qu'intellectuel c'est sur ce dernier point qu'il essaie d'intervenir, dénonçant tout esprit de soumission et de défaite, exaltant les conquêtes des hommes sur les divers fléaux qui les menacent, tentant de faire partager à ses auditeurs, ses lecteurs ou son public sa volonté de lutter et de vaincre. C'est ainsi qu'en 1939 la lutte contre le fascisme hitlérien conduit à ranimer des positions nationalistes. Certains ont vu alors dans Desnos un belliciste et un patriote naïf qui faisait siennes les positions idéologiques qu'il avait combattues à l'issue de la guerre 1914-1913. C'est oublier que la situation historique avait changé.



1939



Le 3 septembre 1939, c'est la guerre. Le sergent fourrier Desnos rejoint le 436e régiment de pionniers (1er compagnie) à Nantes; son régiment est envoyé en Lorraine. L'hiver est rude, la guerre est absente; deux permissions mettent Desnos devant l'évidence : à l'arrière, aux Deux Magots ou au Flore, on est défaitiste. En cet hiver 1939 1940, le plus dur est de garder le moral et Desnos s'y emploie. La débâcle de juin 1940, les marches forcées à travers la France conduisent son régiment jusqu'en Dordogne (Prats-du-Périgord). Ce brutal effondrement n'entame pas le courage du poète :



II faut mettre les choses au pire, c'est-à-dire victoire d'Hitler, et garder de côté nos espoirs, sûr : puissance de l'Angleterre, possible: attitude des U.S.A., douteux: intervention des U.R.S.S. En ce qui concerne une victoire allemande nous avons vu des événements analogues : captivité de Jean le Bon, captivité de François Ier, le royaume de Bourges, 1814, 1815;, 1870 et tant d'autres défaites. L'histoire d'un pays vivant est faite de cela et quant aux pertes de territoires, elles sont la rançon de l'activité et delà vie. La Chine est un précieux exemple en ce sens qui survit aux millénaires en dépit des conquêtes. Non, ce qui importe c'est le degré de vassalité auquel nous serons réduits et partant de combien nos libertés seront hypothéquées et notre vie sociale diminuée. En ce sens il nous faudra du courage à tous les deux, beaucoup de courage mais je suis dis maintenant sûr d'en sortir en deux ou trois ans (Lettre à Youki, 3 juillet 1940.)

Le 20 août 1940, Desnos reçoit un laissez-passer pour Paris. Le 10 septembre il entre comme rédacteur littéraire et d'informations au journal Aujourd'hui que crée Henri Jeanson.



PUBLICATION DB 1931 A 1940



Les sans cou, 1934, avec deux eaux-fortes d'André Masson, hors commerce.

L'espoir que Desnos et Jeanson pouvaient avoir de garder une certaine liberté d'opinion à Aujourd'hui est vite déçu : Jeanson quitte le journal le 21 novembre; Georges Suarez en prend la direction. Désormais le journal est aux mains de l'occupant. Desnos cependant ne le quitte pas : il abandonne sa chronique La revanche des médiocres, se cantonne dans les comptes rendus littéraires où ses colères resurgissent cependant (polémique avec Louis-Ferdinand Céline en 1941 avec Pierre Pascal en 1942. « Philoyoutre, antifasciste, enjuivé, perdu de tout >, telles sont les épithètes que Desnos récolte dans la bataille). Sa participation au journal se réduit bientôt à de brefs articles signés : « L'homme de jour » (il n'est pas seul à utiliser cet . omnibus .) Le moindre événement lui est prétexte à rappeler qu'il faut lutter et ne pas désespérer mais le contexte n'étant pas polémique, la censure laisse passer.



1942



Si Desnos se maintient au journal c'est que ses fonctions, même réduites, lui permettent d'assister aux conférences de presse quotidiennes où les nouvelles sont filtrées, orientées pour la publication. En effet depuis juillet 1942 il fait partie du réseau « Agir » auquel il transmet les informations qu'il recueille; il aide également à la confection de fausses pièces d'identité.

Son travail au journal lui laisse le temps d'écrire et de publier, et les années 1942-1944 contrastent avec les années trente.



1943



Fortunes (1942) rassemble les ouvres de 1930-1937, État de veille (1943) achève le bilan de l'année 1936-1937 et propose des « couplets » destinés à être mis en musique ainsi que « quelques poèmes, en apparence plus classiques .. Ce recueil s'achève sur cette réflexion qui ne cesse de hanter Desnos en cette période :

En définitive ce n'est pas la poésie qui doit être libre, c'est le poète.

En 1943 encore, il publie un roman sur les drames de la drogue dont il a été à plusieurs reprises témoin : Le vin est tiré.



1944



Il est déjà arrêté quand paraissent Contrée, Le bain avec Andromèdes ces textes tentent de réaliser une poésie où coexistent les contraires (sujets de circonstance et thèmes constants, langage populaire et perfection formelle; le prosaïque et le poétique). Enfin les Trente chantefables pour les enfants sages paraissent également en 1944-Au moment de l'arrestation du poète, Calixto est achevé, un recueil de nouvelles est en cours d'élaboration : Jours de noces, ainsi qu'un recueil poétique : Sens. Pendant cette période, Desnos rédige des scénarios de films (Bonsoir mesdames, bonsoir messieurs), adapte pour l'écran des ouvres littéraires (La belle Sarrazine à partir du Succube de Balzac), fait des projets d'opéra-films ou de ballets.

En même temps, il publie des poèmes dans des revues clandestines (dans Profil littéraire de la France, Poésie 42, Lettres, L'honneur des poètes, Europe, Méridiens, Confluences, Messages, Poésie 44).

Le 22 février 1944 il est arrêté en même temps qu'André Verdet, et incarcéré à Fresnes; il subit deux interrogatoires, les 4 et s mars; le 20 mars il est transféré à Compiègne (camp de Royallieu).

Le 27 avril, il fait partie du convoi de mille sept cents hommes, déportés en représailles à la condamnation à mort de Pucheu à Alger. Le 30 avril le convoi atteint Auschwitz. Le 12 mai il repart pour Buchenwald. Le 25 mai, réduit à un millier d'hommes, le convoi gagne Flossenburg.

Enfin les 2-3 juin, cent quatre-vingt-cinq hommes, dont Desnos, sont acheminés vers le camp de Floba en Saxe où les prisonniers fabriquent des carlingues de Messer-schmitt. C'est là que pendant près d'un an, Desnos lune pour survivre à la faim, à l'humiliation, à la totale détresse.



1945



Le 14 avril 1945, le fcommando de Floha est évacué; une part est acheminée jusqu'à Terezin, en Tchécoslovaquie; la plupart des prisonniers y arrivent épuisés, malades et meurent du typhus. Robert Desnos meurt le 8 juin 1945.



Nul écrit du poète ne subsiste de cette année en camp de concentration. Ceux qui revinrent de Floha et eurent l'occasion de côtoyer Desnos témoignent unanimement de son énergie à défendre la dignité humaine dans ces conditions où rien d'humain ne semblait exister. Ainsi alla-t-il jusqu'au bout du combat qu'il avait choisi de mener.



Publications de 1941 A 1945 :



Fortunes, 1942, Gallimard (réédité en 1969, Poésie/Gallimard).

État de veille, 1943, éditions R. J. Godet, Paris, dix gravures de Gaston-Louis Roux.

Le vin est tiré, 1943, Gallimard.

Contrée, 1944, éditions R. J. Godet, Paris, eau-forte de Picasso (réédité en 1962, avec Calixto, Gallimard).

Le bain avec Andromède, I944> éditions de Flore, Paris, illustrations de Félix Labisse.

Trente chantefables pour les enfants sages, 1944, Grund, Paris, illustrations de Félix Labisse.

Trente chantefables pour les enfants sages, 1944, Grund, Paris, illustrations d'Olga Kowalewsky.

Félix Labisse (essai critique), 1945, éditions Séquana.

N. B. : la publication de tous ces textes avait été préparée par Robert Desnos avant son arrestation.



Publications après 1945 (compte non tenu des rééditions signalées précédemment) :





La place de l'Étoile, 1945, Antipoème, collection « Humour », Rodez (pièce de théâtre écrite en 1927 et remaniée début 1944)-

Choix de poèmes, 1946, éditions de Minuit.

La rue de la Gaité, 1947, Les 13 Épis, Paris, Eaux-fortes de Lucien Coutaud (contient également Le voyage en Bourgogne, vraisemblablement composé en 1930).

Les trois solitaires, 1947, Les 13 Épis, Paris, lithographies d'Yvette Aide. (Récit écrit en 1928 sous le titre : Les territoires de la nuit, Les trois solitaires. Le recueil comporte également : Longtemps après... hier, Poème pour Marie; A la Hollande; Mon tombeau.)

Les regrets de Paris, 1947, Cahiers du Journal des Poètes, Bruxelles-Amibes (comprend cinq poèmes dont quatre déjà publiés dans Contrée et Réflexions sur la poésie).

Chantefables et chantefleurs, 1952, Grund, Paris, dessins de Christiane Laran.

De l'érotisine considéré dans ses manifestations écrites et du point de vue de l'esprit moderne, 1953, Cercle des Arts, Paris (texte écrit en 1923, à l'intention de Jacques Doucet).

Domaine public, 1953, Gallimard, (réunit Corps et biens, Fortunes, quelques poèmes extraits d'autres recueils et quelques inédits).

Mines de rien, 1957, Broder (comprend sept poèmes).

Calixto, suivi de Contrée, 1962, Gallimard.

Cinéma, 1966, Gallimard (scénarios, articles de critique cinématographique).

De tous les spectacles, sans date, P.A.B., (fragment de prose).



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Robert Desnos
(1900 - 1945)
 
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Biographie

VIE DE ROBERT DESNOS

Bibliographie

Robert Desnos, the son of a café owner, was born on July 4, 1900, in Paris. He attended commercial college, and then worked as a clerk before becoming a literary columnist for the newspaper Paris-Soir. He first published poems in the Dadaist magazine Littérature in 1919, and in 1922 he published his first book, Rrose Selavy, a collection of surrealistic aphorisms. While on leave in Morocco from hi

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