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JADIS ET NAGUÈRE


Poésie / Poémes d'Paul Verlaine





Quatre années s'écoulent entre la publication de Sagesse en novembre 1880 (avec la date de 1881) et la première édition de Jadis et Naguère qui est achevée d'imprimer le 30 novembre 1884. Quatre années importantes qui voient le retour de Verlaine dans le monde littéraire. Depuis 1880, Verlaine vit avec Lucien Létinois dans ia ferme de Juniville près de Rethel. Au début de 1882, il doit vendre cette exploitation et regagner Paris. Il renoue alors avec ses anciens amis et tente, mais vainement, de retrouver sa place dans l'administration. Il publie de nombreux poèmes dans diverses revues. En janvier 1883, Lucien Létinois meurt de la typhoïde et Verlaine en éprouve une peine immense. Au mois de juillet, il s'installe dans la ferme de Coulommes que sa mère vient d'acheter et y demeure jusqu'en juin 1885. Il va s'abandonner de nouveau à l'ivresse et à la débauche. Mais les poèmes de Jadis et Naguère ne rendent pas compte de ces années car, pour une très grande part, ils furent écrits bien avant. Trente-six poèmes ont été composés avant 1881 et de la période 1881-1884 ne datent que les deux « Prologues », « A la louange de Laure et de Pétrarque », « A Albert Mérat », « Langueur », « L'Aube à l'envers » et « Madrigal ». Et tous, à l'exception de « Les Uns et les Autres » et « Le Poète et la Muse », furent publiés entre 1867 et 1884 dans les revues suivantes : La Gazette rimée. Le Hanneton. La Revue des lettres et des arts, La Nouvelle Némésis, Le Parnasse contemporain, La Renaissance littéraire et artistique, Paris-moderne, La Nouvelle Rive gauche, La Nouvelle Lune, Le Chat noir, La Libre Revue, La Revue critique, Lutèce.





Jadis et Naguère rassemble donc des poèmes dont la composition s'étale sur une quinzaine d'années. On peut les répartir en trois groupes. Tout d'abord, les dix-huit poèmes qui furent écrits avant l'arrivée de Rimbaud à Paris en septembre 1871. On entend dans certains comme un écho des Fêtes galantes ; mais ce n'est plus l'univers intemporel de ce livre ; le temps a repris ses droits ; la fête a pris fin. Tous les personnages ont affreusement vieilli. Pierrot n'a plus rien de lunaire, il a perdu sa gaieté et son bel habit blanc, il est devenu un spectre, couvert d'un linceul ; le squelette se laisse deviner à travers le visage que ne recouvre plus le fard, mais une blanchâtre farine. Le clown, « histrion sinistre », et le « maigre baladin » revêtus de défroques sordides méprisent le public qu'ils ont pour métier dé faire rire. Toutefois, la comédie « Les Uns et les Autres » s'efforce de prolonger les Fêtes galantes. Verlaine s'inspire des comédies poétiques de Théodore de Banville, qui félicite Verlaine d'avoir écrit cette pièce. Les amants s'y abandonnent au plaisir de la conversation galante et plaisamment s'invitent à l'amour :



[...] Venez cueillir la primevère

De l'amour renaissant timide après l'hiver.



Rires, pleurs simulés, caresses et baisers, coquetteries et caprices permettent d'oublier le temps qui passe, dans une Arcadie éternelle. Mais il manque la concision et les quatre cents vers diluent le charme poétique. D'autres poèmes ont un simple caractère descriptif, comme la peinture pittoresque de « L'Auberge » ou la vision d'un été accablant dans « Allégorie ». « Intérieur », en écho à « L'Invitation au voyage » de Baudelaire, entraîne en revanche dans le songe et cette rêverie au conditionnel ne manque pas de beauté. Les « Vers jeunes » regroupent six poèmes que Verlaine avait composés pour un livre en projet. Les Vaincus, auquel il travaillait en 1869 et qui dans son esprit devait former un diptyque avec les Fêtes galantes. Attentif aux critiques lancées contre les thèses de l'Art pour l'art et aux développements du réalisme, il voulait peindre des scènes populaires qui marquent un engagement dans la vie sociale. « Le Soldat laboureur » peint avec sympathie un survivant de la Grande Armée qui est devenu paysan. « Les Loups », sous une forme symbolique, déplorent le triomphe des riches et des puissants sur les classes populaires. Dans « La Soupe du soir ». Verlaine décrit la vie misérable des ouvriers avec des accents semblables à ceux de François Coppée. « Les Vaincus », dont les quarante premiers vers ont paru en mai 1867 mais qui furent achevés en 1872 après la répression de la Commune, évoquent l'écrasement de révoltes populaires mais chantent l'espoir qui doit rester au cour de ceux qui luttent pour leur liberté. Il reste que ces poèmes longs et déclamatoires n'ont rien d'original.

Un deuxième groupe de dix-huit poèmes fut écrit en 1873 et 1874; la plupart, soit treize d'entre eux, se trouve dans Cellulairement. Ils relèvent d'esthétiques différentes. Les cinq poèmes de « Naguère », « récits diaboliques », peignent tous l'âme révoltée qui cherche l'absolu en dehors de Dieu. « La Grâce » évoque une comtesse invitée à se damner par amour mais qui refuse et en mourant gagne le Paradis. Dans « L'Impénitence finale », une jeune marquise, amoureuse infidèle, meurt sans se repentir. Don Juan, dans « Don Juan pipé », se révolte contre la condition humaine mais ne parvient pas à s'identifier au diable. « Amoureuse du diable » peint la damnation acceptée et consentie. Derrière ces personnages, on décèle fort bien la présence de Rimbaud, avec qui Verlaine vient de vivre. Le comte qui supplie sa femme de le rejoindre en enfer. Don Juan qui rêve de devenir Satan, représentent Rimbaud. Et comment ne pas voir dans « Amoureuse du diable » une transposition de l'existence même de Verlaine et de ses fureurs d'alcoolique? De ces poèmes écrits avec verve, mais longs et narratifs, il faut distinguer ce pur chef-d'ouvre, « Crimen araoris », qui évoque symboliquement l'aventure spirituelle de Rimbaud. Verlaine dépeint un palais oriental où l'on se livre, dans une atmosphère luxueuse et voluptueuse, à tous les vices. Un mauvais ange de seize ans résiste aux séductions de la fête infernale et proclame, la torche au poing, son nouvel idéal ; il veut abolir l'opposition du Bien et du Mal, du permis et du défendu, de la sainteté et du péché. D faut que se fondent et s'unissent les sept péchés capitaux et les trois vertus théologales pour que règne enfin l'Amour véritable :



Par moi l'enfer dont c'est ici le repaire

Se sacrifie à l'Amour universel !



De sa torche, il met le feu au palais qui s'embrase. Mais un coup de tonnerre retentit : le sacrifice n'a pas été agréé. La révolte orgueilleuse se trouve châtiée : tout disparait et s'évanouit. Il ne reste que l'univers réel : un paysage nocturne de bois noirs et d'étangs, qui baigne dans la lumière de l'espérance. Ce poème a été écrit selon le « système » nouveau dont Verlaine parle en mai 1873 (voir l'introduction de SagessE). Les images luxuriantes, où dominent l'or et le rouge, se combinent avec raffinement, nettes ou harmonieusement fondues. Le vers de onze syllabes, qui laisse toujours une impression d'inachèvement, convient parfaitement pour exprimer cette tentative qui finalement échoue. Dans les vingt-et-une premières strophes, il se désarticule et s'organise selon un rythme ternaire 4/3/4 ; dans les quatre dernières, il parvient à retrouver un certain équilibre harmonieux. Les voyelles graves et éclatantes du début contrastent avec la douceur des derniers vers ; que l'on compare les deux premiers vers coruscants :



Dans un palais, soie et or. dans Ecbatane,

De beaux démons, des Satans adolescents aux vers apaisés de la fin :



Les doux hiboux nagent vaguement dans l'air

Tout embaumé de mystère et de prière



Verlaine a sans doute écrit là son plus beau poème. D'autres pièces évoquent la vie passée avec nostalgie et Verlaine se plaît à écouter la « musique lointaine et discrète » des souvenirs. Rêves, regrets et souvenirs se mêlent dans « Images d'un sou » et dans « Kaléidoscope ». Dans ce dernier poème écrit au futur, Verlaine montre qu'au rêveur s'offre toujours un univers imaginaire susceptible de le charmer. A des impressions venues de la réalité (« O ce cri sur la mer, cette voix dans les bois ! », les pétards de la fête forainE) se fondent des souvenirs et des rêveries. Passé et avenir coïncident, comme il arrive dans la paramnésie :



Ce sera comme quand on a déjà vécu.



Le poète ne sépare plus ce qu'il a déjà connu de ce qu'il va vivre. Entre le sommeil et l'éveil, le rêveur contemple des images qui surgissent et disparaissent dans une fantasmagorie féerique et splendide. « Images d'un sou » rappelle les événements qui précédèrent son incarcération, mais ces souvenirs se tissent à des légendes, des contes et des chansons populaires en qui se dissout et « s'évapore » l'allusion biographique. Dans « Un pouacre », mais sur un ton sarcastique, le passé et l'avenir se rejoignent d'une manière tragique. D'autres souvenirs apparaissent : de Londres dans « Sonnet boiteux », de la folie charnelle dans « Vers pour être calomnié » et dans « Luxures ». Verlaine s'amuse à pasticher certains contemporains ou à s'imiter lui-même dans « A la manière de plusieurs » : « Pantoum négligé » rappelle les vers d'Alphonse Daudet, « Paysage » parodie le prosaïsme de Coppée, « Le Poète et la Muse » renvoie à « Tristesse d'Olympio » de Victor Hugo. Quant à l'« Art poétique », il doit être lu en se souvenant du conseil que donne Verlaine lui-même : « N'allez pas prendre au pied de la lettre mon Art poétique - qui n'est qu'une chanson. » Verlaine n'a nullement l'intention de fixer une esthétique. Avec simplicité, il indique ce que fut pour lui la poésie dans Romances sans paroles : essentiellement une musique. Aussi refuse-t-il les représentations trop précises, les couleurs trop vives, l'éloquence romantique et les sonorités trop affirmées de la rime. II leur préfère les impressions indécises, les nuances subtiles, les musiques raffinées obtenues par le vers impair.

Enfin, sept poèmes datent des années 1881-1884 ; ils offrent la plus grande diversité. « A la louange de Laure et de Pétrarque » est écrit à la gloire du sonnet, mais le ton dément l'intention. « A Albert Mérat » ne reflète qu'une attitude passagère, qui s'oppose à tout ce qu'il a chanté dans « Art poétique ». « Langueur », que les décadents ont pris pour leur art poétique, sous une apparence parodique laisse entrevoir les profondeurs de la vie intérieure du poète :



L'âme seulettc a mal au cour d'un ennui dense



« L'Aube à l'envers » évoque la banlieue parisienne de manière humoristique. « Madrigal » ressemble fort à un pastiche de Mallarmé. Aucun de ces poèmes n'est à prendre au sérieux. Les deux « Prologues » donnent congé aux songes d'autrefois. Non sans désinvolture. Verlaine abandonne ces « petites mouches de [ses] soleils noirs ». Converti, il ne s'intéresse plus à « ces choses crépusculaires » auxquelles il préfère désormais l'évidence du monde vrai.

Ce livre composite possède-t-il vraiment une structure? Verlaine, s'il a rassemblé des poèmes très disparates, éloignés dans le temps et qui ne relèvent pas tous de la même esthétique, a pris soin de diviser le livre en deux parties. Jadis et Naguère, chacune précédée d'un prologue. Beaucoup de critiques ont vu là une division factice qui ne correspondrait à rien de réel. Est-ce si sûr ? Bien qu'il juge ce livre comme « le fruit de la hâte » et qu'il affirme que Verlaine « s'y débarrasse » d'anciens poèmes, Jacques

Borel a une intuition heureuse en y voyant « le livre des expériences mortes. ou avortées ». Verlaine dit en effet adieu à toutes les formes esthétiques qui l'ont inspiré. Dans Jadis, il dit adieu à l'univers des Fêtes galantes, aux tentations réalistes, à la poésie sociale des « Vaincus », à l'impressionnisme des Romances sans paroles, à son goût pour le pastiche et la parodie. A cet égard, « Art poétique » peut être lu comme un congé définitif à tout ce qui a pu l'attirer jadis. Dans Naguère, il s'éloigne de la révolte rimbaldienne qui un temps le séduisit et dont sa foi chrétienne le détourne maintenant. Au changement de sa vision du monde correspond un renouvellement de l'esthétique. La poésie a désormais pour lui une signification spirituelle. Bien qu'il soit paru après Sagesse, Jadis et Naguère se situe antérieurement dans l'itinéraire poétique de Verlaine.






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Paul Verlaine
(1844 - 1896)
 
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Ouvres

Après une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b

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