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Paul Verlaine



Crimen amoris - Poéme


Poéme / Poémes d'Paul Verlaine





Dans un palais, soie et or, dans
Ecbatane ,
De beaux démons, des
Satans adolescents,
Au son d'une musique mahométane,
Font litière aux
Sept
Péchés de leurs cinq sens.



C'est la fête aux
Sept
Péchés : ô qu'elle est belle !
Tous les
Désirs rayonnaient en feux brutaux ;
Les
Appétits, pages prompts que l'on harcèle.
Promenaient des vins roses dans des cristaux".



Des danses sur des rhythmes d'épithalames

Bien doucement se pâmaient en longs sanglots

Et de beaux chours de voix d'hommes et de femmes

Se déroulaient, palpitaient comme des flots,



Et la bonté qui s'en allait de ces choses Était puissante et charmante tellement
Que la campagne autour se fleurit de roses
Et que la nuit paraissait en diamant.



Or le plus beau d'entre tous ces mauvais anges
Avait seize ans sous sa couronne de fleurs.
Les bras croisés sur les colliers et les franges,
D rêve, l'oil plein de flammes et de pleurs.



En vain la fête autour se faisait plus folle,
En vain les
Satans, ses frères et ses sours,
Pour l'arracher au souci qui le désole,
L'encourageaient d'appels de bras caresseurs :



Il résistait à toutes câlineries.

Et le chagrin mettait un papillon noir

A son cher front tout brûlant d'orfèvreries*.

Ô l'immortel et terrible désespoir !



II leur disait : « Ô vous, laissez-moi tranquille ! »
Puis, les ayant baisés tous bien tendrement,
Il s'évada d'avec eux d'un geste agile,
Leur laissant aux mains des pans de vêtement.



Le voyez-vous sur la tour la plus céleste
Du haut palais avec une torche au poing ?
Il la brandit comme un héros fait d'un ceste :
D'en bas on croit que c'est une aube qui point.



Qu'est-ce qu'il dit de sa voix profonde et tendre
Qui se marie au claquement clair du feu
Et que la lune est extatique d'entendre? «
Oh ! je serai celui-là qui créera
Dieu '' !



«
Nous avons tous trop souffert, anges et hommes, «
De ce conflit entre le
Pire et le
Mieux. «
Humilions, misérables que nous sommes, «
Tous nos élans dans le plus simple des voux



« Ô vous tous, ô nous tous, ô les pécheurs tristes, « Ô les gais
Saints, pourquoi ce schisme têtu ? «
Que n'avons-nous fait, en habiles artistes, «
De nos travaux la seule et même vertu d !



«
Assez et trop de ces luttes trop égales ! «
Il va falloir qu'enfin se rejoignent les «
Sept
Péchés aux
Trois
Vertus
Théologales ! «
Assez et trop de ces combats durs et laids !



«
Et pour réponse à
Jésus qui crut bien faire «
En maintenant l'équilibre de ce duel, «
Par moi l'enfer dont c'est ici le repaire «
Se sacrifie à l'Amour universel! »



La torche tombe de sa main éployée.
Et l'incendie alors hurla s'élevant,
Querelle énorme d'aigles rouges noyée
Au remous noir de la fumée et du vent.



L'or fond et coule à flots et le marbre éclate ;
C'est un brasier tout splendeur et tout ardeur ;
La soie en courts frissons comme de l'ouate
Vole à flocons tout ardeur et tout splendeur.



Et les
Satans mourants chantaient dans les flammes,
Ayant compris, comme ils s'étaient résignés !
Et de beaux chceurs de voix d'hommes et de femmes
Montaient parmi l'ouragan des bruits ignés.



Et lui, les bras croisés d'une sorte fière.
Les yeux au ciel où le feu monte en léchant.
Il dit tout bas une espèce de prière.
Qui va mourir dans l'allégresse du chant.



Il dit tout bas une espèce de prière.
Les yeux au ciel où le feu monte en léchant...
Quand retentit un affreux coup de tonnerre.
Et c'est la fin de l'allégresse et du chant.



On n'avait pas agréé le sacrifice :
Quelqu'un de fort et de juste assurément
Sans peine avait su démêler la malice
Et l'artifice en un orgueil qui se ment.



Et du palais aux cent tours aucun vestige.
Rien ne resta dans ce désastre inouï,
Afin que par le plus effrayant prodige
Ceci ne fût qu'un vain rêve évanoui "...



Et c'est la nuit, la nuit bleue aux mille étoiles;
Une campagne évangélique s'étend,
Sévère et douce, et, vagues comme des voiles,
Les branches d'arbre ont l'air d'ailes s'agitant.



De froids ruisseaux courent sur-' un lit de pierre ;
Les doux hiboux nagent vaguement dans l'air
Tout embaumé de mystère et de prière ;
Parfois un flot qui saute lance un éclair.



La forme molle au loin monte des collines
Comme un amour encore mal défini,
Et le brouillard qui s'essore des ravines
Semble un effort vers quelque but réuni.



Et tout cela comme un cour et comme une âme,
Et comme un verbe, et d'un amour virginal,
Adore, s'ouvre en une extase et réclame
Le
Dieu clément qui nous gardera du mal.








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Paul Verlaine
(1844 - 1896)
 
  Paul Verlaine - Portrait  
 
Portrait de Paul Verlaine


Ouvres

Après une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b

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