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Jules Laforgue



Le loup et les bergers - Fable


Fable / Poémes d'Jules Laforgue





Un
Loup rempli d'humanité

(S'il en est de tels dans le monde)

Fit un jour sur sa cruauté,
Quoiqu'il ne l'exerçât que par nécessité,

Une réflexion profonde. «
Je suis haï, dit-il; et de qui? de chacun.

Le
Loup est l'ennemi commun :
Chiens, chasseurs, villageois, s'assemblent pour sa perte;
Jupiter est là-haut étourdi de leurs cris :
C'est par là que de loups l'Angleterre est déserte.

On y mit notre tête à prix.

Il n'est hobereau qui ne fasse

Contre nous tels bans publier;

Il n'est marmot osant crier
Que du
Loup aussitôt sa mère ne menace.

Le tout pour un âne rogneux,
Pour un mouton pourri, pour quelque chien hargneux,

Dont j'aurai passé mon envie.
Et bien! ne mangeons plus de chose ayant eu vie :
Paissons l'herbe, broutons, mourons de faim plutôt.

Est-ce une chose si cruelle?
Vaut-il mieux s'attirer la haine universelle? »
Disant ces mots, il vit des
Bergers, pour leur rôt,

Mangeants un agneau cuit en broche.

«
Oh! oh! dit-il, je me reproche
Le sang de cette gent : voilà ses gardiens

S'en repaissants eux et leurs chiens;

Et moi,
Loup, j'en ferai scrupule?
Non, par tous les
Dieux! non; je serois ridicule :

Thibaut l'agnelet passera,



Sans qu'à la broche je le mette;
Et non-seulement lui, mais la mère qu'il tette,

Et le père qui l'engendra. »
Ce
Loup avoit raison.
Est-il dit qu'on nous voie

Faire festin de toute proie,
Manger les animaux; et nous les réduirons
Aux mets de l'âge d'or autant que nous pourrons?

Ils n'auront ni croc ni marmite?

Bergers, bergers! le
Loup n'a tort

Que quand il n'est pas le plus fort :

Voulez-vous qu'il vive en ermite?



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Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue

Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

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