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Jules Laforgue



La mouche et la fourmi - Fable


Fable / Poémes d'Jules Laforgue





La
Mouche et la
Fourmi contestoient de leur prix.

«
O
Jupiter! dit la première.
Faut-il que l'amour-propre aveugle les esprits

D une si terrible manière,

Qu'un vil et rampant animal
A la fille de l'air ose se dire égal!
Je hante les palais, je m'assieds à ta table :
Si l'on t'immole un bouf, j'en goûte devant toi;
Pendant que celle-ci, chétive et misérable,
Vit trois jours d'un fétu qu'elle a traîné chez soi.

Mais, ma mignonne, dites-moi,
Vous campez-vous jamais sur la tète d'un roi,

D'un empereur, ou d'une belle?
Je le fais; et je baise un beau sein quand je veux;

Je me joue entre des cheveux;
Je rehausse d un teint la blancheur naturelle;
Et la dernière main que met à sa beauté

Une femme allant en conquête,
C'est un ajustement des mouches emprunté.

Puis allez-moi rompre la tête

De vos greniers! -
Avez-vous dit?

Lui répliqua la ménagère.
Vous hantez les palais; mais on vous y maudit.



Et quant à goûter la première

De ce qu'on sert devant les
Dieux,

Croyez-vous qu'il en vaille mieux?
Si vous entrez partout, aussi font les profanes.
Sur la tête des rois et sur celle des ânes
Vous allez vous planter, je n'en disconviens pas;

Et je sais que d'un prompt trépas
Cette importunité bien souvent est punie.
Certain ajustement, dites-vous, rend jolie;
J'en conviens; il est noir ainsi que vous et moi.
Je veux qu'il ait nom mouche : est-ce un sujet pourquoi

Vous fassiez sonner vos mérites?
Nomme-t-on pas aussi mouches les parasites?
Cessez donc de tenir un langage si vain :

N'ayez plus ces hautes pensées.

Les mouches de cour sont chassées;
Les mouchards sont pendus; et vous mourrez de faim.

De froid, de langueur, de misère,
Quand
Phébus régnera sur un autre hémisphère.
Alors je jouirai du fruit de mes travaux :

Je n'irai, par monts ni par vaux,

M'exposer au vent, à la pluie;

Je vivrai sans mélancolie :
Le soin que j'aurai pris de soin m'exemptera.

Je vous enseignerai par là
Ce que c'est qu'une fausse ou véritable gloire.
Adieu : je perds le temps; laissez-moi travailler;

Ni mon grenier, ni mon armoire

Ne se remplit à babiller. »





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Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue

Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

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