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Jules Laforgue



Daphnis et alcimadure - Fable


Fable / Poémes d'Jules Laforgue





Aimable fille d'une mère
A qui seule aujourd'hui mille cours font la cour,
Sans ceux que l'amitié rend soigneux de vous plaire,
Et quelques-uns encor que vous garde l'Amour,

Je ne puis qu'en cette préface

Je ne partage entre elle et vous
Un peu de cet encens qu'on recueille au
Parnasse,



Et que j'ai le.secret de rendre exquis et doux.

Je vous dirai donc...
Mais tout dire,

Ce seroit trop; il faut choisir,

Ménageant ma voix et ma lyre,
Qui bientôt vont manquer de force et de loisir.
Je louerai seulement un coeur plein de tendresse,
Ces nobles sentiments, ces grâces, cet esprit :
Vous n'auriez en cela ni maître ni maîtresse,
Sans celle dont sur vous l'éloge rejaillit.

Gardez d'environner ces roses

De trop d'épines, si jamais

L'Amour vous dit les mêmes choses :

Il les dit mieux que je ne fais;
Aussi sait-il punir ceux qui ferment l'oreille

A ses conseils.
Vous l'allé/, voir.

Jadis une jeune merveille
Méprisoit de ce dieu le souverain pouvoir :

On l'appeloit
Alcimadure :
Fier et farouche objet, toujours courant aux'bois,
Toujours sautant aux prés, dansant sur la verdure,

Et ne connoissant autres lois
Que son caprice; au reste, égalant les plus belles,

Et surpassant les plus cruelles;
N'ayant trait qui ne plût, pas même en ses rigueurs
Quelle l'eût-on trouvée au fort de ses faveurs!
Le jeune et beau
Daphnis, berger de noble race,
L'aima pour son malheur : jamais la moindre grâce
Ni le moindre regard, le moindre mot enfin,
Ne lui fut accordé par ce cour inhumain.
Las de continuer une poursuite vaine,

Il ne songea plus qu'à mourir.

Le désespoir le fit courir

A la porte de l'inhumaine.
Hélas! ce fut aux vents qu'il raconta sa peine;

On ne daigna lui faire ouvrir



Cette maison fatale, où, parmi ses compagnes,
L'ingrate, pour le jour de sa nativité,

Joignoit aux fleurs de sa beauté
Les trésors des jardins et des vertes campagnes. «
J'espérois, cria-t-il, expirer à vos yeux;

Mais je vous suis trop odieux,
Et ne m'étonne pas qu'ainsi que tout le reste
Vous me refusiez même un plaisir si funeste.
Mon père, après ma mort, et je l'en ai chargé.
Doit mettre à vos pieds l'héritage
Que votre cour a négligé.
Je veux que l'on y joigne aussi le pâturage,
Tous mes troupeaux, avec mon chien;
Et que du reste de mon bien
Mes compagnons fondent un temple
Où votre image se contemple.
Renouvelants de fleurs l'autel à tout moment.
J'aurai près de ce temple un simple monument;

On gravera sur la bordure :
Daphnis mourut d'amour, passant, arrête-toi.
Pleure, et dis : «
Celui-ci succomba sous la loi

De la cruelle
Alcimadure. »
A ces mots, par la
Parque il se sentit atteint :
Il auroit poursuivi; la douleur le prévint.
Son ingrate sortit triomphante et parée.
On voulut, mais en vain, l'arrêter un moment
Pour donner quelques pleurs au sort de son amant :
Elle insulta toujours au fils de
Cythérée,
Menant dès ce soir même, au mépris de ses lois.
Ses compagnes danser autour de sa statue.
Le dieu tomba sur elle et l'accabla du poids;

Une voix sortit de la nue.
Echo redit ces mots dans les airs épandus : «
Que tout aime à présent : l'insensible n'est plus. »
Cependant de
Daphnis l'Ombre au
Styx descendue
Frémit et s'étonna la voyant accourir.



Tout l'Érèbe entendit cette belle homicide

S'excuser au berger, qui ne daigna l'ouïr

Non plus qu'Ajax
Ulysse, et
Didon son perfide.






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Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue


Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

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