wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Etienne Jodelle



Chanson pour le sieur de brunel - Chanson


Chanson / Poémes d'Etienne Jodelle





L'Esprit auquel les
Dieux et la
Nature,
L'astre bénin, la sage nourriture,

L'art et l'expérience
Ont fait tant d'heur que son désir suprême
Recherche en tout la perfection même

De qui tient son essence,



Bien qu'en son choix tantôt il se propose
Pour objet l'une et tantôt l'autre chose,

Variable en son change
Comme de tout le cours est variable,
Il est pourtant en son but immuable

Et jamais ne s'y change.



C'est son seul but que d'aimer et de suivre
L'objet parfait et en lui toujours vivre

Tant que parfait il dure ;
Mais quand l'objet se change avecques l'âge,
De changer lors ce n'est de lui l'outrage,

Mais c'est du temps l'injure.



Je ne veux point prendre tant d'arrogance
Que de vouloir que parfait on me pense,

Mais il faut que je die
Que rien ne peut, fors la chose parfaite,
Ni me ravir, ni rendre au joug sujette

Ma raison et ma vie.



Celui qui sait l'architecture antique,
Corinthienne, ionique, dorique,

Aussitôt qu'il découvre
Quelque palais où l'ordre et où la grâce
Est offensée, aussitôt il se lasse

Du regard d'un telle oeuvre.



Et quand le
Temps ravisseur, qui dévore
Tout ouvre beau, nous laisse voir encore

Dedans quelque ruine
La beauté grande et l'art d'un édifice
Qui par les traits de quelque frontispice

Tout entier se devine,



On juge bien pour lors que chose telle
Durant son temps fut parfaitement belle ;

Mais quant à la demeure,
Nul en ce lieu ne peut choisir son aise
Et n'y a nul à qui tout ce heu plaise

Si ce n'est pour une heure.



Celui qui sait l'architecture vraie

De cet
Amour que ma loi veut que j'aie

Du défaut se retire,
Et quand il voit des choses les mieux nées
Par tant de temps de grâces ruinées,

Sans aimer il admire.



Je sais fort bien reconnaître une
Dame,

Soit quant au corps, soit même quant à l'âme,

Quelle les
Dieux l'ont faite ;
Je sais encor les fautes mieux connaître,
J'en sais l'Idée et sais ce qu'il faut être

Avant qu'être parfaite.



Vivant toujours en la constance vraie
De n'aimer rien que paravant je n'aie

Des perfections preuve,
Je sais choisir ou bien rejeter celle
Qui est parfaite ou vulgairement belle

Sans que pris je me treuve.



Ayant choisi, moi-même je viens rendre,
Et en prenant moi-même me sens prendre

Si fort que l'âme mienne,
Ayant trouvé le bien qu'elle désire,
Ayant atteint le but où elle tire,

Se fait serve à la sienne.



Tout autant vit l'affection extrême
Dans moi que vit la perfection même ;

Mais avec la ruine,
Tant des beautés qui tout le corps décorent
Que des beautés qui tout l'esprit honorent,

L'affection décline.



Je ne fais plus que remarquer les traces
Où j'avais vu paravant tant de grâces,

Et louant tout l'ouvrage,
Je suis marri que notre grande ouvrière
Ne fait durer la beauté journalière

Contre l'effort de l'âge.



J'accuse encor la céleste ordonnance
D'avoir comblé d'une telle abondance

Et ce corps, et cette âme,
Pour tout soudain ses bienfaits en retraire
Et leur laisser seulement au contraire

Le regret et le blâme.



Lors en gardant ma constance première,
Je sors de là pour jeter ma lumière

Sur quelque autre excellence,
Car de vouloir tant seulement pour une
Garder en moi la constance commune

Ce serait inconstance.



Lorsque premier de moi tu fus choisie,
Tu enflambais le
Ciel de jalousie

Tant tu étais parfaite ;
Alors tu fus digne objet de mon âme
Puisque le
Ciel ne veut qu'elle s'enflamme

D'une chose imparfaite.



Mais maintenant que l'on voit inconstante
Cette beauté et qu'on voit permanente

Dans moi la brave chasse
Dont je poursuis toujours un bien suprême,
Change avec moi en accusant toi-même

Le cour comme la face.



Tel sans raison le plus souvent accuse
Qui a beaucoup plus de besoin d'excuse ;

M'accusant de la sorte,
Tu dois penser, puisque mon ardeur vive
S'étend, qu'il faut que mon mal qui arrive

De toi, non de moi, sorte.



S'il sort de toi, tu es seule coupable
Et moi je reste encore plus louable

D'avoir telle constance
Que mon amour qui fut vers toi si grande,
Sur l'autre
Amour qui sans fin me commande,

N'a point eu de puissance.



Toi, donc, au lieu de souffrir quelque peine,
Soit du regret de cette beauté vaine,

Soit de moi qui se change,
Réjouis-toi d'avoir été servie
D'ami parfait, puisque toute sa vie

Au seul parfait se range.



Et t'enrôlant au nombre des parfaites,
Moque-toi lors de tes beautés défaites

Ainsi que de fumées,
Et crois que
Dieu toutes beautés volages
Eût fait durer s'il voulait qu'en tous âges

Nous vous eussions aimées.



Car quoi qu'on die il faut que l'on confesse
Que quand on met l'amour en la maîtresse,

La beauté le fait faire ;
Si la beauté de son sujet s'étrange,
Il faut qu'Amour avec l'objet se change,

C'est chose nécessaire.



Et quand quelqu'un de sa maîtresse âgée
Ne veut en soi voir la flamme changée

Jusqu'à la sépulture,
Il n'en faut pas une constance faire :
C'est s'obstiner et se rendre contraire

Aux lois de la
Nature.



Et si tu dis que je t'aimais à l'heure

Pour le seul corps et que l'amour meilleure

Ne se voit si légère,
Je le veux bien ; mais s'il faut que je t'aime
D'esprit, encore je t'aimerai de même

Que j'aimerais ma mère.



Mêmes encore (qui est-ce qui l'ignore ?)
Leur âge vieil, qui les femmes dédore

Tout ainsi qu'une image,
Leur ôte aussi de l'esprit l'allégresse :
Appelle donc l'amour vers la vieillesse

Aveuglement et rage.



Si tu me dis que tout ce discours montre
Que je fais cas de la seule rencontre

Sans en aimer pas une,
Vu que jamais on ne vit en ce monde
Rien de parfait et vu que là je fonde

Cette
Amour non commune,



J'entends d'autant que l'homme on peut connaître,
J'entends d'autant que parfaite peut être

Notre essence mortelle,
Autant qu'était parfaite en tout la tienne
Et autant qu'est parfaite encor la mienne,

Aimant d'une
Amour telle.





Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Etienne Jodelle
(1532 - 1573)
 
  Etienne Jodelle - Portrait  
 
Portrait de Etienne Jodelle

Biographie / Ouvres

1532

Bibliographie

Poète et dramaturge français, l'une des gloires - mais la plus méconnue - de la Pléiade, Jodelle est aussi musicien, peintre, architecte, orateur et « vaillant aux armes ». Élève de Muret au collège de Boncourt, il fait jouer dès l'âge de vingt ans une pièce, Eugène, première tentative pour créer une comédie nationale. Jodelle semble avoir écrit une autre comédie, La Rencontre, qui, elle, est perd

mobile-img