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Vie de Rutebeuf


Poésie / Poémes d'Rutebeuf





Nous ne savons rien de la vie de Rutebeuf, un Champenois qui vécut à Paris dans la seconde moitié du xnf siècle. Nous en sommes réduits à l'imaginer, à la reconstituer à partir de son ouvre, à interpréter son surnom dont le poète a fait plusieurs fois l'exégèse en rude bouf' et qui se révèle singulièrement ambigu. Fruste, bourru, lourd comme un bouf de labour qui creuse avec obstination le même sillon, reprend les mêmes jeux poétiques et les mêmes développements, il se rattache, par-delà la courtoisie dont il rejette la morale et le style, à la tradition épique des chansons de geste et des premières croisades. Si le poète rudement ouvre comme il l'écrit dans Le Mariage de Rutebeuf (vers 45) et La Voie de paradis (vers 18-19), c'est que sa condition instable et difficile de jongleur, qui n'a jamais pu devenir le ménestrel d'un prince, constitue une entrave constante à la création poétique. Mais du bouf, qui est l'animal divin de la crèche et de saint Luc, il a l'ardeur, la persévérance, la modestie, la bonté et l'esprit de sacrifice qui finissent par triompher de toutes les difficultés, la force et le pouvoir de creuser le sillon spirituel selon Denys l'Aréopagite. Cependant, la forme la plus fréquente du surnom est Rustebués, dont le premier élément (ruste, ruistE) signifie « vigoureux », « impétueux », et fait du poète un taureau déguisé en bouf, dans une dualité contradictoire, opposant le moi. objet des malheurs, et le je. qui est la conscience souffrante, peu à peu dépouillée de sa cohérence, de son humanité, de sa réalité.





Ce surnom ambigu reflète le caractère disparate de l'ouvre de Rutebeuf témoin actif des grands débats de son temps (sur la croisade et les frères mendiants2), poète de l'actualité qui dénonce le mal avec la passion de la vérité et qui travaille souvent à la commande, dépendant d'autrui pour sa subsistance, et dont la vie connut les vicissitudes inhérentes à cette condition, encore que la permanence des thèmes plaide en faveur d'une sincérité certaine. La poésie de Rutebeuf- clerc par le savoir et jongleur par le métier - cultive tous les tons, tous les genres : il a poursuivi de ses critiques les moines mendiants, ses bêles noires, et leurs protecteurs, pour défendre l'université ; il a prêché la croisade que tous les ordres de la société tendaient à négliger; il a montré, dans ses Poèmes de l'infortune, au-delà de l'image traditionnelle du pauvre jongleur, le drame et la poésie de la pauvreté, principe unifiant de l'ouvre, en une vertigineuse litanie, toujours recommencée ; il n a pas négligé les plaisanteries et l'humour des fabliaux dont Le Testament de l'âne est un très bel exemple; il a écrit les vies de sainte Marie l'Egyptienne, la courtisane repentie, et de sainte Elisabeth de Hongrie, des poèmes à la Vierge, et une pièce de théâtre sur la déchéance et la rédemption du clerc Théophile, double du poète - miracle au demeurant difficile à interpréter ; retrace-t-il, à grands traits et de manière symbolique, l'itinéraire réel du poète, ou exprime-t-il ses tentations, ses rêves, ses espoirs, ou bien présente-t-il un cas extrême qui atténue les propres fautes de Rutebeuf?



Cette dispersion thématique s'observe dans chaque poème que menace la disparité des motifs qui le composent, accentuée par une versification à l'image de cette instabilité fondamentale, puisqu'elle est souvent fondée sur la succession de deux octosyllabes et d'un quadrisyllabe sur la même rime sans que les trois vers qui riment constituent à eux seuls une même phrase. Cette instabilité poétique est à l'image de la condition du jongleur, malheureux par sa propre faute, à cause de ses faiblesses et de ses vices (paresse, insouciance et folie, passion du jeU), mais surtout victime d'un appauvrissement constant, les malheurs s'enchaînant les uns aux autres dans un engrenage fatal - mariage pitoyable conclu sous une mauvaise étoile, ennuis familiaux, disparition des amis, difficulté à écrire - et, pour s'assurer le nécessaire, contraint de vivre au gré de protecteurs successifs dans un incessant état de dépendance, homme de la marge, de l'errance, du dehors. C'est pourquoi la majeure partie de l'ouvre ressortit à une poésie de commande, écrite pour soutenir une cause (croisade, université), pour être le porte-parole d'un puissant (poèmes pieuX), pour divertir (fabliauX), dans une grande diversité, mais avec des reprises, car il faut écrire vite et exploiter ce qui a plu. Mais l'habileté n'est pas toujours payante; aussi le jongleur cherche-t-il des recours dans l'humour et la dérision qui établissent une distance entre soi et le malheur, dans la pensée de la mort égalilaire qui peut ouvrir les portes du paradis, dans l'intercession de la Vierge secourable aux pécheurs les plus coupables.



L'ouvre évolue entre deux pôles, deux modèles antithétiques, auxquels le poète s'identifie tour à tour, le Christ et les moines mendiants, dont il reproduit le passé et le présent, rêvant de jouer le rôle des frères mendiants d'hier, se reprochant de ressembler aux frères mendiants d'aujourd'hui ; de là une ouvre écartelée, douloureuse, qui toujours surprend et interroge ; les Poèmes de l'infortune sont-ils les exercices ascétiques d'une humiliation nécessaire au salut, ou les pitreries cyniques d'un jongleur possédé par le démon ? De là, au cour de cette poésie, le sentiment et l'expérience de la métamorphose, sublimation de la diversité jongleresque, qui rejoint Le Roman de la Rose de Jean de Meun avec sa philosophie de l'instabilité et de la transformation, qu'on peut observer dans l'homme et dans la société, dans la nature et les arts ; le monde politique (naissance de la royauté), économique (puissance de l'argenT) et religieux (apparition des ordres mendiantS) change, tout comme le monde physique et psychologique (dans l'expérience de l'amouR), et les débats de l'actualité doivent être compris comme des preuves de ces mutations.

A la regarder de près, l'ouvre apparaît d'une étrange modernité, au moins dans certains poèmes, microcosmes de l'ensemble, comme La Complainte de Rutebeuf ou La Pauvreté de Rutebeuf. Dans le premier, la progression thématique et tout un jeu d'échos créent la sensation d'un dénuement total, une impression de vide, de mutilation et de dés humanisation qu'évoque la nudité : et si me sont nu li costé (vers 78) ; le poète est dépouillé de son avoir et de son être dans un monde disloqué qui perd sa cohérence (lui et sa femme sont dans deux lits différentS). Quanques j'ai fet est a réfère (vers 17) : « tout ce que j'ai fait est à refaire ». Survient alors la reprise des premiers vers du Guignon d'hiver :



Et si me sont nu li costé

Contre l'yver.

Cist mot me sont dur et diver.

Dont moult me sont changié li ver

Envers antan .



La vraie poésie commence malgré soi, quand tout a disparu en soi, autour de soi ; elle naît du vide, de la solitude, elle passe par le dépouillement, l'obscurcissement de la nuit, la mutilation de l'être. Il faut mourir au quotidien pour accéder à la poésie : si ce qui est d'yver, « de l'hiver », est diver, « hostile, cruel », de l'yver naissent li ver. L'accouchement de la femme de Rutebeuf, mentionné deux fois, devient symbole, souligné par le jeu sur le verbe gésir repris quatre fois dans les vers 94-103. Or gésir pouvait signifier : être couché, avoir des relations charnelles; accoucher; être malade; être mort. Ce passage, de prime abord, figure le monde renversé où ce qui devrait être source de joie apporte i la douleur. Au-delà, mort et vie ne font qu'un, comme le symbolisent le lit, lieu de l'amour et de la vie, lieu de la maladie et de la mort, et l'accouchement, toujours risqué. En outre, derrière le vers 105, Et s'en sui mehaigniez du cors, « Et je suis infirme », se glisse le souvenir d'un autre mehaigné, le roi du Graal, dépositaire des secrets de l'Autre Monde.

La descente aux enfers doit se poursuivre, liée à l'ascension poétique qui se fraie un chemin difficile à travers de nouveaux malheurs (les hommes abandonnent le poète, Dieu le harcèle, le vent qui effeuille les arbres l'affecte dans son corpS) et d'autres jeux annominatifs, répétant syllabes et mots :



Ce sont ami que vens enporte.

Et il ventoit devant ma porte

Ses enporta,

Conques nus ne m'en conforta

Ne du sien riens ne m'aporta.



Les mots rendus à leur plénitude sonore rencontrent les grands thèmes d'une poésie unique.



La Pauvreté de Rutebeuf, qui est une requête au roi, approfondit la misère du poète. Le voici à la mort (vers 30) sans un lit pour agoniser (vers 31). Le langage lui échappe : Bien sai pater, ne sai qu'est notre, « Je sais ce qu'est Pater, mais noster m'est inconnu. » La foi s'obscurcit, sombre dans l'impossible : Li credo m'est deveeiz (vers 47), « Le credo m'est refusé. » Le jeu de mots sur credo, qui a le sens de « crédit » et de « credo », masque la désespérance, mais il signifie à la fois que le poète ne peut plus emprunter ni prier. On passe à un manque plus profond, au cour de l'être, vidé de ses raisons d'espérer. Le poète n 'est plus qu 'une apparence misérable .



Mais, dans cette descente sans fin, on découvre une troisième strophe étonnante, la plus poétique et la plus signifiante pour les gens du Moyen Age :



Granz rois, s'il avient qu'a vos faille,

A touz ai ge failli sanz faille.

Vivres me faut et est failliz ;

Nuns ne me tent, nuns ne me baille.

Je touz de froit, de fain baaille,

Dont je sui mors et maubailliz.

Je suis sanz coûtes et sanz liz,

N'a si povre juqu'a Sanliz.

Sire, si ne sai quel part aille ;

Mes costeiz connoit le pailliz.

Et liz de paille n'est pas liz,

Et en mon lit n'a fors la paille.



Le retour des mêmes sonorités fait résonner le poème comme une sphère vide. Les mots se vident de leur sens, matière qui s'émancipe au profit de la syllabe -aill-. Litanie de cris et d'appels, la strophe est chargée d'une forte négativité à quoi tout concourt, organisée autour de la mort du poète. Mais en même temps le je culmine, retrouve sa réalité, juste avant que n'éclate la somptueuse image de la paille qui rayonne avant de se disperser. La pauvreté se creuse, jusqu'à la béance de l'être : naissance divine de la poésie à travers la faille, « le manque ». Même si la paille est chemin vers le vide, si tout continue d'échapper au jongleur, il n'est plus le même, pour s'être réchauffé un instant au feu de la vraie réalité dont il reste le poème.

On a rattaché Rutebeuf à diverses lignées de poètes, à la tradition primesautière (Marot, La FontainE) et lyrique (Villon, Verlaine, ApollinairE) de la plainte réaliste, au courant puissant des grands satiriques et des moralistes lyriques (Du Bellay, Ronsard, d'Aubigné, HugO) ; mais une lecture plus attentive ne révélerait-elle pas qu'il est, pour une part, proche de Baudelaire ?

La poésie est pour Rutebeuf l'ouvre pénitentielle d'un homme hanté par la mort qui est nécessaire pour atteindre à la foi et à la poésie, nécessaire au redressement de l'être et de la vie ; aussi la poésie devient-elle, sous sa plume, répétitive, pédagogique, poussant à l'exemple, se donnant en exemple, dans un discours qui rejoint celui des morts - du Christ, des prophètes, des martyrs, des saints -, mais qui subit l'influence d'autres discours, comme celui des moines mendiants, foyer de réflexion dans les deux sens du terme, dans un double mouvement de descente et de montée, parcours solitaire d'un homme en lutte contre ses fantasmes et toute une société qui ne respecte plus les valeurs traditionnelles qu'il défend, et qu'il dénonce grâce à quelques symboles élémentaires.

Si le feu et l'air occupent une place réduite dans la poésie de Rutebeuf - le feu, le plus souvent dans des symboles conventionnels (flammes de l'enfer ou feu des passionS), apparaît sous une forme dévoratrice et, davantage, sous la forme niée du feu éteint dans un monde qui se refroidit; le vent apporte avec lui la destruction, témoin Le Guignon d'hiver et La Complainte de Rutebeuf. et, quelquefois, la ruine de l'Apocalypse -, en revanche, l'eau, plus ambiguë, joue un rôle capital dans un système antithétique qui oppose, d'un côté, l'eau stagnante à l'eau courante :



L'eve qui sans corre tornoie

Assez plus tost un home noie

Que celle qui adés decort.

Pour ce vous di, se

Diex me voie,

Tiex fet senblent qu'a

Dieu s'aploie

Que c'est l'eve qui pas ne cort... d'un autre côté, la source abondante au ruisseau tari et à la mer profonde; comme le dit un chevalier rebelle à la croisade :



J'aing mieux fontainne qui soronde

Que celé qu'en estei s'esgoute.

Et vostre meir est si parfonde

Qu'il est bien droiz que la redoute.



L'eau est la substance privilégiée du poète, et prime l'eau claire, cette « belle eau claire » dont parle le charlatan du Dit de l'herberie. fraîcheur substantifiée, miroir dans lequel on ne saurait se perdre, force rajeunissante, curative et dynamisanté, héroïne de la douceur et de la pureté. C'est la source et l'iaue qui decourt avec régularité sans jamais tarir ni déborder en crue dévastatrice et boueuse, symbole de la grandeur céleste et mondaine, force agissante liée à la conversion, comme le ruisseau où l'ermite Zozime plonge son visage dans La Vie de sainte Marie l'Egyptienne, le sang et l'eau du flanc du Christ, les larmes de la pénitence et de la pureté du cour. Mais cette substance de vie est aussi substance de mort pour la rêverie ambivalente, avec cette eau profonde qui tourbillonne sur place, eau dormante, lourde, « leçon d'une mort immobile, d'une mort en profondeur, d'une mort qui demeure avec nous, près de nous, en nous » (Gaston BachelarD), parfait symbole de l'hypocrisie dont les masques dissimulent la destruction et la ruine. Cette eau maléficiée prend aussi la forme du torrent en crue, de la pluie qui accable le pauvre, et surtout de la mer profonde dont la traversée, du coup, devient une épreuve purificatrice.



Il faut, en effet, purifier un monde dégénéré et perverti, en proie à l'hypocrisie, à la violence et à la mort, dont les moines mendiants sont les symboles et les dangereux agents.

Une image obsessionnelle exprime la vision pessimiste de Rutebeuf : celle des architectures en ruine et des objets brisés, qui traduit l'instabilité d'un monde à la dérive, où tout chancelle, à l'image de l'Eglise qui se désagrège et dont les vertus se brisent et se lézardent comme des verrières. Vielle brisée, humble pot de ménage en mille morceaux, maison trop déserte et povre et gaste (Le Mariage de Rutebeuf, vers 102-103) qui fait fuir les amis, ville en flammes : toutes les valeurs positives de la société féodale s'écroulent, au désespoir de Rutebeuf, profondément conservateur quand il défend contre les moines mendiants le statu quo universitaire, quand il prône la croisade, quand il utilise des genres comme le récit hagiographique ou le fabliau, ou dans les manifestations d'une piété traditionnelle. Il déplore que la chevalerie réceptacle et gardienne des vertus, ne remplisse plus sa fonction :



De Gresse vint chevalerie

Premièrement d'ancesserie.

Si vint en France et en Bretaingne ;

Grant pièce i a esté chierie.

Or est a mesnie escherie.

Que nus n'est tels qui la retiengne :

Mort sont Ogier et Charlemaine ;

Or s'en voist, que plus n'i remaingne"!



Les paladins, les premiers croisés et les martyrs ont disparu de notre monde, emportant avec eux l'idéal de prudhomie et les vertus qu'ils avaient illustrées : le courage et le sens de l'honneur, la générosité, à la fois largesse et esprit d'hospitalité, l'amour qui va de la délicatesse dans les rapports sociaux à l'amitié et à la charité chrétienne (Morte est Pitiez et Chariteiz et Amistiez. écrit-il dans La Complainte de Guillaume de Saint-AmouR), la justice qui distinguait les bons des mauvais, défendait les bonnes causes et distribuait les richesses avec équité. La foi chrétienne s'éteint, annonce des catastrophes apocalyptiques :



Li feus de charité est froiz

En chascun cuer de crestien .



Largesse, humilité, charité, que vivifiait une profonde piété, ne font plus recette dans ce monde que Rutebeuf, tour à tour, plaint, accuse, menace; de nouvelles valeurs les ont remplacées : l'avarice et l'envie qui régnent sur la ville imaginaire (RomE) du Dit d'Hypocrisie, beau spécimen de littérature allégorique, l'égoïsme, l'oubli d'autrui et la méchanceté, l'hypocrisie et l'orgueil. Un mot-clé de l'ouvre résume bien les nouvelles relations humaines : l'adjectif substantivé amer, avec lequel le poète joue pour l'opposer au verbe amer « aimer » et pour le lier à la mer :



Ne doit l'en bien Renart amer.

Qu'en Renart n'a fors que l'amer '".



Ainsi se constitue un système d'oppositions en noir et blanc qui traverse toute l'ouvre, les poèmes allégoriques comme La Voie de paradis et Le Dit d'Hypocrisie, la querelle de l'université, les plaidoyers en faveur de la croisade, l'histoire de sa déchéance morale et sociale : dans le monde d'autrefois, on vivait selon la foi chrétienne ; aujourd'hui, le mal a terrassé et vaincu le bien, au point que l'échelle des valeurs est renversée et que triomphe l'argent dont l'esprit concret de Rutebeuf exprime la suprématie par les symboles de la bourse et des pièces de monnaie. Tout est refusé à qui en est démuni, alors que le riche obtient tout, considération, honneur, science, amitié. L'argent vous permet d'enterrer votre âne dans le cimetière, à en croire Le Testament de l'âne; la bourse vide entraine l'expulsion pure et simple : A l'uis. a l'uis. qui n'a argent « à la porte, à la porte, qui n'a pas d'argent ! ». est-il dit dans La Voie de paradis et dans La Vie de sainte Marie l'Égyptienne. Riche, on vous adule; pauvre, on vous traite de fou, on vous rejette, on vous refuse toute aide, vous n'avez plus de parents. Mais cet argent, qui va toujours à l'argent, est trompeur : il asservit et damne le riche.



Toutefois, aujourd'hui, il occupe la première place et ruine les vraies valeurs, si bien qu'on vit dans un monde à l'envers.

Ce renversement, qui affecte le cour aussi bien que le monde, se traduit par un jeu suggestif de symboles et d'antithèses. Le Mal livre une guerre constante au Bien, guerre violente ou sournoise, que signalent des titres comme La Discorde de l'université et des jacobins, La Bataille des vices contre les vertus. Le Débat du croisé et du décroisé ou Le Débat de Chariot et du barbier. Les agresseurs ont le visage tantôt des frères mendiants qui n'ont rien de pacifique ni de charitable malgré leurs prêches et leurs protestations, tantôt des riches qui, par les prêts usuraires, les marchés à terme, les fraudes et d'autres moyens encore plus pernicieux, visent à anéantir les pauvres, tantôt des vices comme Avarice, Cupidité, Orgueil, Luxure ou Hypocrisie, qui attaquent les demeures des vertus dans une guerre sans relâche, avec sièges, assauts, duels, batailles. Personne ne vient au secours du bien, de la Terre sainte contre les Infidèles, de Dieu contre Hypocrisie, de Guillaume de Saint-Amour contre les imposteurs. Renan, l'incarnation du Mal, parcourt le royaume en toute liberté, « capable de déclencher un affreux conflit dont le pays pourrait fort bien se passer11 ». Toutes les forces se conjuguent pour accabler le pauvre dans une guerre sans merci : l'égoïsme et l'avarice des riches, la rigueur divine, les éléments naturels, comme le vent, la pluie, le froid, ses propres vices et en particulier sa passion pour le jeu. En face du Mal, de plus en plus agressif et triomphant, le Bien est désarmé : ses amis se raréfient et disparaissent les uns après les autres, et c'est ce glas qui retentit dans toute l'ouvre de Rutebeuf.

Les serviteurs du Mal ont usurpé tous les pouvoirs. Les vices gouvernent les cités allégoriques de La Voie de paradis et du Dit d'Hypocrisie, que ce soit Hypocrisie, Envie ou A varice. Renart domine le royaume de Noble :



Et Renars règne !

Renars a moult régné el règne.



Il représente en particulier les frères mendiants qui ont circonvenu l'esprit du roi de France et du pape, occupé le siège de saint Pierre et l'empire de César. Aussi les justes et les malheureux sont-ils abandonnés, les héros livrés à eux-mêmes : Guillaume de Saint-Amour oublié de ses alliés, Jérusalem négligée des chevaliers, le jongleur délaissé par ses parents et ses amis, l'Eglise méprisée de ses enfants, Dieu dédaigné par les hommes. Chacun est abandonné au moment du plus grand besoin, le pauvre au plus profond de la misère, le clerc Théophile quand il est privé de ressources par son évêque... Nous sommes loin ici de la banalité ordinaire : on décèle une véritable hantise de la solitude dans cette insistance à déplorer le sort des abandonnés, et surtout des pauvres, dont la misère crée le vide autour d'eux : li povre amis est en espace. « l'ami pauvre est tenu à l'écart » (La Paix de Rutebeuf, vers 19).

Qui plus est, on dépouille les pauvres du peu qui leur reste par le jeu du crédit et des gages, on s'enrichit par tous les moyens (aumônes, legs, exécutions de testament, prêts...), on détourne les fonds de leur destination, construisant des palais avec l'argent de la croisade. Véritables sangsues, les riches, riches borjois d'autrui sustancel3, ne cessent de s'enrichir, les pauvres de s'appauvrir, auxquels on ôte leur dernier recours, puisque les moines vivent maintenant de mendicité. Résultat : un dénuement total chez Théophile réduit à chacier pain (vers 236 et 309) et le poète qui de fain baaille l4. contraint de rentrer les mains vides à la maison où il est mal accueilli". Ce dénuement, que manifeste souvent l'absence de vêtement, de robe ou de chemise '6 et qui contraste avec le luxe des riches, s'étend de surcroît au domaine moral et intellectuel, puisque le poète manque de sagesse et de mémoire :



Povre sens et povre mémoire

M'a Diex doné, li rois de gloire,

Et povre rente.



Ce thème est illustré par le très beau symbole de l'arbre dépouillé de ses feuilles dans Le Dit des gueux de Grève, Le Guignon d'hiver et La Complainte de Rutebeuf.

Dans ce monde à l'envers, le Bien est asservi au Mal, les vertus aux vices (Avarice, Orgueil, Convoitise, HypocrisiE) qu'entourent de maléfiques vassauxl8, l'université aux frères mendiants, le roi Noble au démoniaque Renan, saint Louis et le royaume aux moines. Le pauvre, qui dépend d'autrui pour sa subsistance, est tyrannisé par la griesche, le « guignon », par le jeu de dés, maître exigeant qui requiert une constante application et une parfaite obéissance. Le riche n'échappe pas à cet asservissement : sers a autrui chaté ", il a prêté hommage à l'argent et porte les armes de l'avarice, il a remplacé le service de Dieu par celui de son corps dont il est l'esclave par la luxure, la gourmandise ou les plaisirs de sa classe. Tous les hommes n'ont-ils pas un jour ou l'autre rendu hommage au diable, comme le clerc Théophile ?

Ce monde perverti est déréglé et instable, soumis à une fortune capricieuse, à la fuite du temps toujours défavorable. Si le pauvre est ballotté d'un extrême à l'autre « comme l'osier » (Le Guignon d'hiver, vers 34), l'hiver en vient à occuper toute la scène, dans une sorte d'ostracisme du printemps qu'a remarqué Germaine Lafeuille. L'été rappelle l'hiver, juillet ressemble à février, les mouches poursuivent le pauvre, noires en été, blanches en hiver. La pauvreté amenant la disparition de la belle saison, le froid s'étend sur le monde ou refroidier voi charité, le feu de charité est froiz en chascun cuer de crestien. Nous voici plongés dans un long hiver :



Por ce que li mondes se change

Plus sovent que denier a Change,

Rimer vueil du monde divers.

Toz fu estez, or est yvers.



Ce changement pernicieux est symbolisé par les images du jeu de dés et de la roue de Fortune, laquelle, aveugle et irrationnelle, règle le cours du monde, mais menace aussi les riches et les puissants.



Il s'agit, d'autre part, d'un monde qui se ferme. Ce monde clos, maléfique pour Rutebeuf, est tantôt celui dont ne peuvent sortir les damnés, emmurés dans la « prison obscure » de l'enfer, ou les pauvres enfermés dans leur misère, tantôt l'espace où ion ne peut entrer : le pauvre jongleur se heurte aux portes des puissants qui, à l'exemple de saint Louis , refusent de le recevoir et de lui donner l'aumône ; les 'noines mendiants se retranchent dans de véritables forteresses qu'ils construisent au cour même de Paris. La porte fermée n'est pas pour Rutebeuf le symbole de la sécurité qui protège le moi contre les agressions extérieures et permet la construction de l'être, mais elle signifie qu'il n'y a plus de passage des ténèbres à la lumière, du dénuement à la richesse, du profane au sacré, de l'ignorance à la révélation, plus d'accès à une réalité supérieure, dans une solitude totale sans communication avec personne. Le Bien, au contraire, ouvre l'espace : Dieu et la Vierge brisent la porte de l'enfer, la générosité rend inutiles les murailles, les portes des bons sont toujours ouvertes.

Dans le même temps, l'obscurité triomphe de la lumière qui s'est éteinte et que le poète demande à Dieu de rallumer :



Ha ! Jhesucriz, car te ravise

Que la lumière soit esprise

C'on a estaint pour toi despire!



Le noir, qui l'emporte sur la clarté, marque l'emprise du Mal, couleur des vices, des diables, de l'enfer et de la détresse. Le malheureux a le cour triste et noirci (La Complainte de Rutebeuf, vers 36), pale et noirci (La Vie de sainte Marie l'Egyptienne, vers 330); il ne voit plus, au physique comme au moral. Cette cécité grandissante, dont font état plusieurs des Poèmes de l'infortune25, correspond-elle à une expérience réelle du poète? Ce n'est pas certain; c'est plutôt un symbole important, un signe extérieur d'aveuglement moral, comme ceux des yeux bandés dans les représentations de la Synagogue ou de la taupe. La perte de l'oil droit, lequel est en relation avec l'activité et le futur, symbolise pour Rutebeuf la misère. Mais celle-ci, qui ne provient pas nécessairement d'un éloignement de Dieu, ne fait-elle pas de Rutebeuf un voyant, à en croire Gilbert Durand ? La perte de l'oil droit permet au poète, devenu visionnaire et tourné vers le passé, de composer ses poèmes ; il devient le prophète, le mage, que Dieu guide et à qui sa seconde vue donne la possibilité de voir le monde dans sa réalité et de le juger.



Dans ce monde paradoxal où maîtres et sujets, vertus et vices ont inversé leurs rôles, le Mal s'est glissé à l'intérieur du Bien, il en a revêtu l'apparence. Royaume d'Hypocrisie, monde de l'incertitude. La vérité est persécutée dans la personne des justes ; l'injustice, institutionnalisée, est cautionnée par le roi et le pape; le mensonge est devenu parole d'Evangile. C'est le temps des fausses promesses : les frères parlent de paix et font la guerre; les riches, tels que Brichemer2 , promettent de l'argent qu'ils ne donnent jamais ; les chevaliers s'enivrent et se targuent de prouesses qu'ils n'accomplissent pas ; l'ivresse fait rêver les pauvres. La haine prend le masque de l'amitié ou de l'amour pour achever son ouvre de destruction; les traîtres sont dans la place, trompant le pauvre peuple, trahissant Dieu. Le poète, par l'invective, l'ironie ou la déploralion, tente d'arracher son masque à Hypocrisie qui s'est emparée du monde. Le blanc cache le noir, la séduction masque la pourriture, l'habit dissimule la bête - loup, renard, hérisson - dont le retour menace toujours l'homme. Des bêtes cruelles, dangereuses, trompeuses, tapies sous l'apparence humaine, nous guettent : chiens qui se combattent pour un os, bêtes et oiseaux de proie, scorpions et serpents, voire loup blanc des Plaies du monde (vers 118) et once de La Métamorphose de Renart (vers 157) ; elles ont tout envahi, elles nous cernent. N'est-ce pas le sens profond du poème allégorique de La Métamorphose de Renart, transposition hallucinée de la société contemporaine, où les quatre conseillers du lion Noble, le renard, le loup Isengrin, le chien Roonel et l'âne Bernard, ont asservi et perverti leur maître ? L'omnipotence, la prolifération et le triomphe de Renart, dont Rulebeuf n'a pu venir à bout et dont il est devenu la victime et peut-être l'émule2*, sont ceux de la tromperie et des bas instincts, libérés par l'abandon des vraies valeurs.

Au cour de ce monde masqué, la mort nous guette, bête qui mord et dévore, prête à nous assaillir à chaque instant, sans que personne puisse prévoir sa venue. Chaque moment peut être fatal. Pour Rutebeuf qui se situe à un moment de changement où, selon Philippe Ariès , on passe de la mort apprivoisée à la mort de soi, plus dramatique et plus personnelle, elle est derrière chacun, la massue levée ou les filets en main ; elle frappe sans avertir l'homme qui est à la merci d'un funeste accident, et tout se déroule avec une effrayante rapidité :



Et il muert si soudainement

C'on ne veut croire qu'il soit mort.



Rien ne peut l'empêcher de survenir, ni la beauté, ni la force, ni la sagesse. Rutebeuf le répète dans La Croisade de Tunis (vers 105-107) à grand renfort de lieux communs :



Foulz est qui contre mort cuide troveir deffence :

Des biaux, des fors, des sages fait la mors sa despance,

La mors mort Absalon et Salemon et Sance.



La richesse ne sert à rien, mais pas davantage la piété. De toute façon, la vie est courte, car nous n'avons point de demain, nous portons le trépas en nous, la certitude étant qu'on doit mourir. L'on ne peut rien emporter, il ne reste au mieux que l'amour de Jésus-Christ.

Mourir est douloureux, au physique d'abord : Rutebeuf ne s'est jamais lassé de jouer sur la mort qui mord, sur le mors amer de la mort vilaine et amère. Mais aussi d'un point de vue moral, car on éprouve le sentiment d'avoir gaspillé sa vie à ne rien faire, de l'avoir dépensée en jeux futiles, d'arriver devant Dieu les mains vides. Il faut donc mériter le paradis quand il est encore temps. Ce sentiment, le poète le prend à son compte dans Le Repentir de Rutebeuf (vers 4-9). La mort débouche surtout sur le Juïse, le Jugement, qui, selon la vie qu'on aura menée, nous vaudra une éternité de bonheur au paradis ou de malheur en enfer. Si le règne de l'injustice est si proche de son écroulement terrible, ses représentants auront à se justifier devant l'impitoyable justice de Dieu : il s'agit d'une nouvelle justice, d'un nouveau renversement, dans le sens du Bien. La peur frappera les plus hardis, en sorte qu'on les porroit prendre à la main, et que même les justes se tairont. Tous ces thèmes, cent fois traités, se regroupent autour de la vision du Christ en croix, montrant ses plaies, séparant les justes des méchants qu'il enverra a senestre, à gauche, c'est-à-dire en enfer, dont les images matérielles s'organisent autour des thèmes d'obscurité, de t'amme, de claustration et d'impureté : c'est la fournaise d'enfer le bouillant, punaise (puantE), laide et obscure, dans le monde clos de ce mal hosté, de ce mauvais hôtel, prison, maison à la porte fermée, puits tout plein d'ordure, dans ces marais infernaux qui véhiculent l'idée de souillure et d'ordure, enfer l'entoié, le fangeux, palu d'enfer qui est vils et obscure.

Comment échapper à cette obsession et à cette terreur de la mort ? Il faut se préparer à celle-ci en se pénétrant de ces tragiques vérités et en les répandant autour de soi, en se conciliant Dieu et la Vierge, en méritant l'intercession de cette dernière par une vie de sacrifice et par le service du Créateur selon sa condition : pour le clergé, ne penser qu'aux âmes et secourir son prochain au double point de vue spirituel et matériel; pour les chevaliers, opter pour un nouvel idéal qui passe par la croisade où l'on peut trouver la palme du martyre ; pour le poète, dénoncer le mal, dire la vérité sans se soucier des risques, indiquer des modèles, prêcher la croisade.

Ainsi est-il possible d'atteindre à la sainteté qui apporte une fin apaisée, et douce, et sur ce point comme sur d'autres Rutebeuf retrouve l'idéal de la première chanson de geste. Témoin sainte Elisabeth de Hongrie qui chante, met en fuite le démon, parle de Dieu, li purs, li fins, li afinez (vers 2008) ; elle connaît l'heure de sa mort, ce qui la remplit de joie ; son cadavre répand une très douce odeur, on se dispute les reliques de son corps, et de nombreux miracles se produisent. La mort devient donc pour Rutebeuf l'occasion d'un retour sur soi et d'une conversion.

Mais Le Repentir de Rutebeuf, qu'on appelle aussi, à tort, La Mort de Rutebeuf, est-il bien le mot de la fin pour le poète qui, renonçant à l'ironie et aux jeux gratuits de la poésie, a décidé de « servir Dieu parfaitement », à sa manière, dans un poème de ton grave et humble, appliqué à répéter les vérités essentielles, utiles à tous les hommes, qu'il a fini par découvrir : ne penser qu'à Dieu et à sa bonté, ne plus mentir à soi-même ni aux autres, se rappeler que la richesse n'est d'aucun secours contre la mort, qu'il faut retrouver la santé de l'âme et changer de vie? Faut-il en rester à ce poème discrètement pathétique, ponctué de plaintes, d'interrogations douloureuses, et qu'on pourrait qualifier de verlainien ?

En effet, dans son itinéraire, où placer La Paix de Rutebeuf. qui a tout l'air d'un poème du désespoir ? Le poète cherche plus de stabilité et de sagesse dans un monde incertain où l'on ne cesse de perdre. Impossible de la trouver ici-bas : le boen ami de condition moyenne devient grand seigneur, triomphent la flatterie et la médisance, en sorte que le prince change d'avis à tout moment. L'instabilité régissant ce monde, mieux vaut prendre les devants, se tourner vers Celui qui tôt voit par lui-même et qui représente la justice, la stabilité, la permanence. Voilà la vraie sagesse auprès de laquelle toutes les solutions humaines sont sans valeur : Tuit li autre sunt d'un endroit (vers 36).



Mais, comme le poème ne s'arrête pas sur ce vers, on peut se demander s'il ne faut pas lui trouver un autre sens. La Paix de Rutebeuf est tout entière construite sur une opposition significative, entre un appel et une absence de réponse : les vers 37-38 ne contredisent-ils pas, en reprenant l'expression boen ami, les quatre premiers, où Rutebeuf demande à Dieu, nommé trois fois, de sauvegarder l'ami de condition moyenne en qui il a mis sa confiance ? N'indiquent-ils pas que sa prière n'a pas été exaucée, puisqu'il a perdu par mescheance son bon ami ? De plus, par un renversement de la figure du Tout-Puissant, Dieu, insensible au déséquilibre du monde, ne cesse de lui faire la guerre, au point de l'acculer a une solitude et à une misère totales qui rappellent Le Mariage de Rutebeuf et La Complainte de Rutebeuf. L instabilité ne caractériserait-elle pas aussi Dieu qui aurait 'ous les traits d'un maître capricieux, malgré l'enseignement de l'Eglise que vient de reproduire Rutebeuf? S'avançant sur u" terrain dangereux, le poème se fait singulièrement ambigu, en particulier dans les deux derniers vers :



J'avrai asseiz ou que je soie,

Qui qu'en ait anui et pezance.



Ou bien le poète n'aura plus besoin de rien, ayant décidé de mener une vie de pénitence, tout entière soumise à Dieu, même si l'on doit regretter à la cour l'amuseur qu'il était. Ou bien il utilisera tous les moyens pour parvenir à ses fins, en revenant à la morale du siècle, sans faire de quartier à personne.

On peut en rester à cette dernière image d'un texte volontairement ambigu, développant à sa surface une morale de la conversion et de la soumission à Dieu, mais contenant la révolte d'un jongleur qui, après avoir observé et subi les vicissitudes du monde, doutant de la sollicitude de Dieu, décide de s'imposer par n'importe quel moyen à la société qui l'a rejeté.



Si, dans ce recueil, nous donnons l'intégralité des Poèmes de l'infortune, en revanche nous avons dû faire un choix parmi les poèmes des autres sections : Poèmes pour prier Notre-Dame, Poèmes de la croisade. Poèmes contre les moines mendiants. Nous avons suivi le texte de l'excellente édition d'Edmond Faral et Julia Bastin, que nous avons corrigé en quelques endroits. Lorsqu'une correction, nécessaire au sens, ne s'appuie sur aucun manuscrit, elle est signalée par des italiques ; lorsqu'un ou plusieurs vers sont empruntés à un autre manuscrit que le manuscrit de base, ils sont placés entre crochets. Pour nos traductions, certaines, déjà publiées, ont été reproduites avec l'aimable autorisation des Editions Champion que nous remercions chaleureusement ; nous les avons modifiées ou corrigées en plus d'un endroit. Enfin, quand il s'agit de textes plus narratifs, nous avons abandonné la disposition vers par vers.

Nous tenons à remercier deux amis chers, Michel Rousse, qui nous a proposé diverses corrections, et Bernard Bréant, qui a participé à la traduction des Poèmes pour prier Notre-Dame.



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Rutebeuf
(1230 - 1280)
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