Jules Supervielle |
S'ouvre le ciel touffu du milieu de la nuit Qui roule du silence Défendant aux étoiles de pousser un seul cri Dans le vertige de leur éternelle naissance» De soi-même prisonnières Elles brûlent une lumière Qui les attache, les délivre Et les rattache sans merci. Elles refoulent dans les siècles L'impatience originelle Qu'on reconnaît légèrement A quelque petit cillement. Le ciel de noires violettes Répand une odeur d'infini Et va chercher dans leur poussière Les soleils que la mort bannit Une ombre longue approche et hume Les astres de son museau de brume. On devine l'ahan des galériens du ciel Tapis parmi les rames d'un navire sans âge Qui laisse en l'air un murmure de coquillage Et navigue sans but dans la nuit éternelle, Dans la nuit sans escales, sans rampes ni statues, Sans la douceur de l'avenir Qui nous frôle de ses plumes Et nous défend de mourir. Le navire s'éloigne derrière de hautes roches de ténèbres, Les étoiles restent seules contractées au fond de leur fièvre Avec leur aveu dans la gorge Et l'horreur de ne pouvoir Imaginer une rose Dans leur mémoire qui brûle |
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Jules Supervielle (1884 - 1960) |
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Portrait de Jules Supervielle | |||||||||
Biographie / OuvresSes parents, français, se sont expatriés en Uruguay pour fonder une banque. De retour en France pour des vacances, l'année même de la naissance de Jules, il meurent tous les deux : il devait y avoir quelque chose dans l'eau du robinet. C'est son oncle et sa tante qui l'élèvent et qui s'occupent de la banque en Uruguay. Ce n'est qu'à l'âge de 9 ans qu'il apprend qu'il est adopté. ChronologieDe 1880 à 1883 : Bernard, oncle du poète, fonde en Uruguay une banque avec sa femme Marie-Anne. Cette entreprise devient rapidement familiale : Bernard demande à son frère Jules, père du poète, de venir le rejoindre en Uruguay. Jules fait du trio un parfait quatuor en épousant sa propre belle-soeur, Marie, soeur de Marie-Anne et mère du poète. |
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