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Simone de Beauvoir

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La fin d'un monde


Poésie / Poémes d'Simone de Beauvoir





En août 1914, Hélène et Simone sont comme d'habitude en vacances chez leur grand-père à Meyrignac, pendant que leurs parents sont à Divonne-les-Bains, au Grand Hôtel dont le directeur est un de leurs amis. La troupe de théâtre amateur de Georges donne des représentations chaque soir à l'hôtel et au casino, en échange de quoi ils sont hébergés gratuitement. Lorsque la nouvelle de la mobilisation générale arrive, Georges et Françoise se précipitent sur la route pour rejoindre leurs filles. Divonne-les-Bains est située tout près de la frontière suisse, à quelques kilomètres de Genève ; pour se rendre dans le Limousin il faut parcourir plus de cinq cents kilomètres, ce qui leur prendra deux jours entiers. Les trains débordent de gens affolés qui cherchent à rentrer chez eux, il fait très chaud, Georges et Françoise arrivent épuisés. Les enfants écoutent et regardent, étonnés, les adultes-qui-savent-tout aux prises avec l'incertitude, l'excitation et la peur.



Pour Simone, il ne fait pas de doute que la France vaincra rapidement l'ennemi héréditaire, reconquérant ainsi l'Alsace et la Lorraine. Elle invente de nouveaux jeux, patriotiques bien sûr : elle y tient le rôle de Poincaré, sa sour celui du tsar et leur cousine celui de George V. Elles organisent des conférences internationales sous les grands arbres du parc et gagnent des batailles dans les champs, qu'elles laissent jonchés de cadavres prussiens.



En septembre, les premiers blessés arrivent. Les femmes de la famille se rendent régulièrement à la gare d'Uzerche pour distribuer aux soldats de la nourriture et des vêtements tricotés. Pour l'instant tout le monde reste à la campagne : on craint l'occupation - les souvenirs de 1870 sont encore vivaces - et on prépare des kilos de confitures, de pâtés, de toutes sortes de conserves en vue d'un possible siège. Mais la mobilisation rattrape Georges, réformé en 1913 pour une insuffisance du cour. En 1914, cela n'empêche pas son rappel, et il est versé dans les zouaves ; il part pour le front en octobre. Quelques semaines plus tard, il est victime d'une crise cardiaque. D'abord hospitalisé, il est ensuite rapatrié à Paris au début de 1915. Son régiment sera décimé à Verdun.

La vie à Paris en temps de guerre est bien plus rude qu'à Meyrignac. Le ravitaillement est difficile, l'inflation sans limite. Georges est à Paris, mais toujours mobilisé. Il est affecté au ministère de la Guerre, dans les bureaux, ce qui implique de vivre sur sa solde. Les petites économies de la famille ne survivent pas longtemps, et les placements faits avant guerre se révèlent médiocres. L'heure est au dévouement et au renoncement : Simone se jette dans ce rôle avec délice. En signe de haine de l'ennemi, elle piétine une poupée qui porte la mention « made in Germany » ; ses parents l'empêchent de jeter à la poubelle des porte-couteaux en argent de la même provenance... « Nos ennemis, c'étaient les Allemands, aux casques à pointe, qui déjà nous avaient volé l'Alsace et la Lorraine et dont je découvris dans les albums de Hansi la grotesque hideur. » Elle prie, quête pour les réfugiés et organise le respect du couvre-feu et du black-out dans la maison.

Mais rapidement l'atmosphère familiale devient pesante. Aux contraintes financières vont s'ajouter les obligations familiales : le grand-père Brasseur a des crises de terreur, persuadé que les Allemands vont envahir Paris, sa femme souffre de troubles dus à une dépression. Il serait bien trop cher de l'envoyer en maison de repos, et Françoise décide de prendre sa mère chez elle. Elle l'installe dans la chambre partagée par Louise et Simone qui dorment sur des lits de camp dans le salon ; Hélène a depuis toujours son lit dans le couloir. Le bureau paternel, qui sert pourtant peu, reste sacré : on se serre dans les autres pièces. Les difficultés matérielles, l'amertume de son mari, les soucis causés par ses parents minent l'humeur de Françoise. Elle se met facilement en colère, des scènes éclatent avec Georges, avec ses filles sa main se fait leste et ses réflexions acerbes.

Pour les deux petites filles, le monde rassurant de l'enfance a volé en éclats. Leur mère, épuisée, angoissée, n'a plus le temps de leur montrer affection et patience, noyée dans une ronde sans fin de corvées, de soucis et d'obligations. Leur père, si joyeux et charmeur, est devenu distant, triste et pessimiste. En 1918, il décide de ne pas reprendre son métier d'avocat : son héritage, presque entièrement placé en emprunts russes, s'est envolé et il n'a plus d'argent pour louer un bureau. Sa femme le lui reproche, il répond par de cruelles réflexions sur sa dot jamais versée.



Après l'armistice, le père de Françoise se lance à nouveau dans les affaires, toujours certain de refaire un jour fortune. Il dirige une usine de bottes et chaussures, et remporte de juteux contrats avec l'armée. Mais cette prospérité ne dure pas longtemps une fois la paix établie, et son gendre, qu'il avait nommé codirecteur, doit trouver autre chose. Un cousin Beauvoir, codirecteur de la Banque de Paris et des Pays-Bas, propose alors à Georges une situation dans les services de publicité, mais ses talents de vendeur sont minces... Jusqu'à la fin de sa vie, il vivra de ce genre de travail, passant d'une société à une autre pour un salaire modeste, toujours plus amer devant ce monde qui ne pouvait plus lui offrir la douceur de vivre d'avant-guerre.

Les revers de fortune sont soigneusement cachés à toutes les relations de la famille. Quoiqu'il en coûte, il faut maintenir les apparences : un dîner de temps à autre, pour lequel on embauche une bonne en extra, la fréquentation du cours privé. Une fois par mois, le premier vendredi, Françoise reçoit, elle se doit d'avoir son « jour » : elle envoie des cartes de visite à des relations mondaines qui viennent prendre le thé et des gâteaux. Les enfants n'ont le droit d'y toucher qu'après que les invités se sont resservis. Ces dépenses d'apparat commencent à irriter Hélène et Simone qui n'ont de vêtements neufs que lorsque les anciens sont indécents à force d'être trop petits et qui n'ont plus jamais droit aux sucreries... Même leur père estime que ses filles, après tout, pourraient bien fréquenter le lycée. Mais Françoise, rognant sur toutes les dépenses, s'évertue à garder l'image d'une vie bourgeoise. Abandonner maintenant, ce serait renoncer définitivement à tout ce qu'on lui a toujours appris à respecter et admirer.

Pourtant en 1919 il faut se rendre à l'évidence : même en économisant sou par sou, la situation est devenue impossible. Il faut abandonner le bel appartement et trouver un logement moins cher. Pendant que leurs filles sont chez leur tante Hélène à La Grillère, dans le Limousin, Françoise et Georges déménagent. Au 71, rue de Rennes, l'appartement est au cinquième étage, sans ascenseur et sans balcon, au-dessous des chambres de bonne. Petit, il est néanmoins bien éclairé du fait de sa hauteur : les fenêtres donnent sur le Panthéon et la tour Eiffel. Mais les gros meubles sombres écrasent les petites pièces, et les enfants, de retour d'un été passé dans la grande demeure familiale, sont atterrées. En dehors du bureau paternel, intouchable, il y a une chambre pour les parents, une salle à manger communiquant avec un salon, une cuisine et une pièce minuscule qui abritera les deux sours jusqu'à ce qu'elles quittent la maison ; Louise a une chambre au sixième étage. Il faut descendre les eaux usées tous les matins et monter du charbon pour le chauffage.

Pour couronner tous ces bouleversements, Louise se marie et quitte le service des Beauvoir. Plusieurs jeunes filles se présentent alors, envoyées, comme Louise, de Meyrignac. Mais ou bien elles ne donnent pas satisfaction, ou bien elles ne se plaisent pas à Paris et repartent pour la campagne. Finalement, Françoise se passe de bonne, ce qui est le signe définitif de son déclassement. Toutes les familles bourgeoises ont un domestique. Et cette femme d'à peine plus de trente ans, élevée pour faire partie de la bonne société, se retrouve brutalement obligée de tout faire, du ménage aux courses, sans oublier l'éducation des enfants. Il n'y a plus de réceptions, plus de dîners ; mais grâce à une volonté extraordinaire, Françoise arrivera toujours à dissimuler sa ruine. En façade, les usages sont maintenus coûte que coûte : seuls les intimes savent les difficultés rencontrées par la famille.



Malgré les efforts de Françoise pour maintenir les apparences, Simone et Hélène voient bien que chaque centime est compté, chaque dépense mûrement réfléchie. Les enfants vont au cours Désir, revendiquant ainsi l'appartenance de leurs parents à la bonne société; mais elles s'y rendent attifées de vêtements tristes et usés. Lorsque les deux sours sont invitées chez des amies, il est entendu qu'elles ne rendront pas l'invitation. Plus d'une fois elles entendront des commentaires apitoyés et plus ou moins méprisants sur leur allure et les efforts de sa mère pour donner le change.

Au moment où Simone sort de l'enfance, tout ce qu'elle avait connu petite a définitivement disparu. Sa mère aimante et attentive est maintenant toujours occupée, soucieuse ou en colère et veut contrôler absolument la vie de ses filles, cherchant envers et contre tout à leur inculquer les valeurs héritées de sa famille. Son père, si intelligent et cultivé, si admiré, est amer, aigri par sa ruine. Il est fier de l'intelligence de sa fille aînée, mais méprise les intellectuels, qu'il soupçonne d'être des libres penseurs - ou pire encore lorsque ce sont des femmes. Décidément le monde des adultes n'a rien d'attirant avec ses corvées, ses obligations domestiques et son hypocrisie. Quand les deux sours rêvent de leur futur mari, Simone imagine un homme brillant, avec lequel elle partagera un bureau où ils passeront leur temps à lire et à écrire, tandis que l'idéal d'Hélène est un homme d'action, un sportif. L'avenir donnera raison à leurs rêves.





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Simone de Beauvoir
(1908 - 1986)
 
  Simone de Beauvoir - Portrait  
 
Portrait de Simone de Beauvoir

Ouvres

Née dans une famille bourgeoise et catholique, Simone de Beauvoir entreprend, à l'âge de 17 ans, des études de lettres et de mathématiques. En 1926, elle adhère à un mouvement socialiste et suit des cours de philosophie à la Sorbonne pour préparer le concours de l'agrégation. C'est à cette époque qu'elle fait la connaissance de Jean-Paul Sartre, qui fréquente le même groupe d'étudiants qu'elle. Dé

Bibliographie sÉlective


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