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La poésie de Rutebeuf


Poésie / Poémes d'Rutebeuf





La poésie de Rutebeuf se comprendrait mal si l'on ne savait que la seconde moitié du XIIIe siècle fut une période de conflits, de crises et d'incertitudes.

L'Eglise romaine passe par des moments difficiles, son autorité décline sur les rois et sur les clercs. Les élections des papes sont souvent longues : Urbain IV, né à Troyes, donc Champenois comme Rutebeuf, fut élu le 29 août 1261, trois longs mois après la mort de son prédécesseur Alexandre IV, élection évoquée dans Le Dit d'Hypocrisie. Grégoire X ne fut élu, le 1er septembre 1271, qu'après deux ans et dix mois de délibérations, après que les habitants de Viterbe, exaspérés, eurent arraché le toit du palais.



Dans le même temps, « la réalité, en 1250. c'était l'Etat laïque et sa jeune armée de fonctionnaires, ardents à défendre les prérogatives d'un maître dont l'autorité faisait leur propre prestige... Saint Louis, lui-même, prêt à servir le Christ mais non l'évêque de Rome, et qui défendit Frédéric II. soutenait ses vassaux contre les empiétements de la juridiction d'Eglise ' ».

Des signes annoncent une profonde transformation : achèvement des grands travaux à la Sainte Chapelle en 1248, à Notre-Dame en 1250. à Amiens en 1269. à Reims, pour la grande sculpture, en 1260: prédication de Joachim de Flore (1148-1202) qui annonce pour 1260 l'avènement du troisième âge de l'humanité, la venue du règne de l'Esprit après ceux du Père et du Fils, l'établissement de l'Evangile éternel annoncé par l'Apocalypse : le peuple de Dieu accéderait dans la joie à la pauvreté totale, sans qu'il ait besoin d'Eglise, puisque le genre humain, composé de moines et de saints. formerait une Eglise nouvelle, purifiée, spirituelle. Pour certains, François d'Assise (mort en 1226) était le précurseur de ce temps de lumière, et le franciscain Gérard de Borgo San Donnino commentait l'ouvre de Joachim, suscitant contre lui le traité de Guillaume de Saint-Amour sur les Périls des temps nouveaux (1254). où sont attaqués les moines mendiants et leur protecteur, le pape, traité qui lui valut d'être condamné en 1257,

Le monde réagit contre la tutelle de Rome qui n'avait pas donné de successeur à Frédéric II pour être seule à la tête du monde, et qui s'arroge un pouvoir illimité sous le prétexte du péril hérétique : Innocent IV autorise, en 1252, les inquisiteurs à utiliser la torture, bien que le catharisme eût été extirpé. Aussi accuse-t-on l'Eglise de ne servir que ses intérêts temporels et d'être la servante de Mammon. la grande prostituée de l'Apocalypse ; aussi lui résiste-t-on de tous côtés : les franciscains prêchent contre Rome le dépouillement total et la liberté spirituelle : Joinville et Jean de Meun reprochent aux représentants de l'Eglise leur hypocrisie et leur pouvoir excessif; les pauvres, agités d'idées messianiques de l'âge d'or, déclenchent en Flandre, en 1280, les premières grèves de l'histoire, s'organisent en troupes autour de moines révoltés (pastoureauX), pillent les greniers de l'Eglise, voient dans le pape et les évêques des figures de l'Antéchrist ; les nobles veulent jouir des richesses de ce monde, hostiles aux trouble-fête que sont les moines et le pape, témoin la tirade sur le paradis dans Aucassin et Nicolette (début du xmc sièclE) ; en 1258, les barons anglais se soulèvent contre Henri III qu'ils jugent trop docile aux demandes du pape.



Deux faits nouveaux entraînent de graves remous : l'essor des universités et le développement des ordres mendiants, franciscain et dominicain.

Cette période de vive activité intellectuelle est l'âge d'or de la scolastique pour laquelle « penser est un métier dont les lois sont minutieusement fixées » : on apprend à définir les mots (grammairE), on apprend les lois de la démonstration pour exposer et dénouer un problème (logiquE) ; on s'appuie sur les textes des civilisations précédentes (chrétienne, antique, arabE) pour construire sa propre ouvre, car, selon Guibert de Tournai, « la vérité est ouverte à tous, elle n'a pas encore été possédée tout entière ». Le livre devient un instrument de travail, dont certaines transformations facilitent l'usage : feuilles de parchemin plus minces, format plus petit, minuscule gothique qui permet d'écrire plus vite, multiplication des abréviations, plume d'oie à la place du roseau, diminution de l'ornementation, diffusion des manuels et des cours des professeurs. « Le livre, écrit Jacques Le Goff. a cessé d'être un article de luxe pour devenir un produit industriel et un objet commercial que fabrique et vend un peuple de copistes et de libraires. »



Si, jusqu'au XIIIe siècle, les moines blancs (cistercienS) et noirs (clunisienS). se rattachant tous deux aux bénédictins, restèrent dans leurs monastères, les ermites dans leurs forêts et les reclus dans leurs petites cellules sans se heurter au clergé séculier, en revanche, les ordres nouveaux vécurent dans le monde, parcourant villes et campagnes deux par deux, prêchant et enseignant, mendiant pour vivre, cependant que le développement foudroyant des ordres mendiants suscita de nombreuses vocations parmi les jeunes et les clercs les plus éminents. Saint Dominique fonde son ordre en 1215 à Toulouse ; en 1217. une équipe de sept frères s'installe à Paris où ils seront bientôt cent vingt et se transporteront dans le couvent de Saint-Jacques, pépinière de docteurs. Quant aux franciscains, ils se répandent dans le midi de la France, puis gagnent Paris où ils se groupent successivement près de l'abbaye de Saint-Denis, à Vau-vert. à Saint-Germain-des-Prés (1230) et où ils obtiennent, en 1231, une chaire à l'université. A la fin du règne de saint Louis, les dominicains (ou prêcheurs ou jacobinS) sont dix mille, les franciscains (ou cordeliers ou mineurS) trente mille, sans compter qu'il naît sans cesse de nouveaux ordres, les carmes constitués en ordre mendiant en 1247, les ermites de saint Augustin, les servites de Florence, les chanoines croisiers des Pays-Bas. les frères sachets de l'ordre de la Pénitence de Jésus-Christ.



Leurs activités, réduites d'abord à la prédication, s'étendent et se diversifient : ils confessent, administrent les sacrements et ainsi concurrencent le bas clergé ; ils se glissent dans les facultés de théologie, ouvrent des écoles pour leurs religieux et les autres clercs, se heurtent aux maîtres séculiers d'autant plus violents que les frères mendiants ne s'associent pas aux grèves et dispensent gratuitement leur enseignement.

Chargés de toutes sortes de missions, ambassadeurs auprès du Grand Khan, aumôniers, réformateurs, médiateurs, fournissant de nombreux dignitaires (évêques. cardinaux, papes, chapelains, inquisiteurS) et des écrivains de grand rayonnement qui multiplient les sommes et les miroirs, ils sont de plus en plus puissants, en contact avec les foules autant qu'avec les grands de ce monde, comme saint Louis qui les défend contre les séculiers, choisit parmi eux son confesseur, le dominicain Geoffroy de Beaulieu. et ses familiers (l'encyclopédiste Vincent de Beauvais. également dominicaiN), leur confie des enquêtes administratives. | La mendicité choquait les hommes du Moyen Age, elle rejetait hors des cadres normaux ces frères très mobiles qui s'installaient où ils le jugeaient bon. On leur conseillait avec Jean de Meun (vers 1269-1278). dans Le Roman de la Rose, de s'enfermer dans des abbayes ; on les accusait avec Rutebeuf d'être hypocrites, de tromper et de voler le monde. Leur richesse scandalisait ; elle provoqua d'ailleurs des divisions parmi les franciscains dont les uns. les spirituels, entendaient demeurer fidèles à l'idéal de pauvreté absolue, et dont les autres, les conventuels, qui l'emportèrent, opposaient à la possession individuelle, interdite, la possession collective du couvent, légitime.



On connaît au XIIIe siècle, surtout à travers les commentaires du philosophe arabe Averroès, l'ensemble de l'ouvre d'Aristote : au logicien du XIIe siècle s'ajoutent le physicien, le moraliste de l' Ethique à Nicomaque, le métaphysicien. Deux tendances s'affrontent : celle des grands docteurs. Albert le Grand et Thomas d'Aquin. qui veulent concilier Aristote et l'Ecriture, la foi. qui seule donne une certitude, et la raison, moyen d'approche vers cette certitude, et celle des averroïstes, Boèce de Dacie et Siger de Brabant, qui acceptent la contradiction et veulent suivre et Aristote et l'Ecriture. Boèce de Dacie. dont on ne sait comment il a fini et qui sépare radicalement foi et savoir, affirme, dans sa Summa de bono, que la plus haute béatitude consiste dans l'exercice de la vertu ici-bas et que la vie humaine doit être guidée par la raison, partie divine de l'homme. Siger de Brabant, condamné par les évêques de Paris et de Cantorbéry et mort en prison (1240-1282). soutient qu'il y a deux vérités et proclame : « Ne parlons pas ici des miracles de Dieu ; c'est sur le plan naturel que nous avons à traiter des choses naturelles. » L'homme doit passer sa vie à étudier pour atteindre la vérité scientifique qu'il faut libérer de l'influence de la théologie.



Après avoir procuré un instrument de connaissance qui avait servi à explorer les mystères de la nature, à classer et à ordonner les espèces et les genres. Aristote fournit une pensée séduisante de fond antichrétien. Pas de création : de toute éternité, les intelligences sont mues par Dieu, moteur premier des sphères célestes : la matière ni le cosmos n'ont eu de commencement. Pas de liberté pour l'homme : il n'existe ni personne ni destin individuel, mais seulement une espèce humaine : le corps de chacun se corrompt comme toute chose et meurt ; survit certes la raison, mais c'est une raison commune à tous qui, séparée de sa forme charnelle, va se perdre dans l'impersonnel. L'incarnation et la rédemption n'ont pas de sens dans cet univers nu et abstrait.

Cette influence d'Aristote et d'Averroès s'est exercée dans un cercle restreint, mais à un point central qui réunissait les promoteurs de la culture et les étudiants de la faculté des Arts.

Aussi, après 1250, l'ennemi n'est-il plus le Parfait cathare, mais le Philosophe. Le pape mobilise les ordres mendiants contre Aristote et Averroès : en 1255, il commande à Albert le Grand une réfutation d'Averroès; en 1258, il établit dans les deux chaires maîtresses de la théologie parisienne deux Italiens, un dominicain et un franciscain, Thomas d'Aquin (qui enseigna à Paris de 1256 à 1259, puis de 1268 à 1272) et Bonaventure.



Le déclin de la papauté et les incertitudes de la foi entraînent la fin de l'esprit de croisade. Déjà en 1204. plutôt que d'aller à Jérusalem, les croisés s'étaient emparés, par deux fois, de Constan-tinople. En Terre sainte. Frédéric II avait conclu un traité de commerce avec l'Infidèle. Louis IX songe-t-il à prendre la croix ? Ses conseillers sont catastrophés. Selon Joinville, « ils firent péché mortel tous ceux qui conseillèrent au roi le voyage ». On lance des croisades non contre les Sarrasins, mais contre les Hussites de Bohême4. L'empire latin de Constantinople, fondé en 1204 (quatrième croisadE), disparaît en 1261, au profit de Michel VIII Paléologue. Les tentatives de réconciliation entre Rome et les orthodoxes échouent, comme les entreprises de saint Louis, pris à Mansourah en 1250 (septième croisadE) et mourant de la peste, en 1270, à Tunis d'où il pensait gagner la Tripolitaine et l'Egypte (huitième croisadE). En revanche, le Mamelouk prend Jérusalem (août 1244), Césarée (1265). Jaffa, Antioche (1268), Saint-Jean-d'Acre (18 mai 1291); l'Islam s'étend : il atteint l'Inde. l'Insulinde (Sumatra et JavA), les côtes d'Afrique orientale. Zanzibar; il repousse dans les montagnes d'Ethiopie les chrétiens de rite copte. Égyptiens et Soudanais.

Raymond Lulle prône le dialogue avec les adversaires de l'Église. Dans le Livre du Saint-Esprit (1276-1278). un Grec et un Latin échangent leurs points de vue devant un mahométan ; dans le Livre du Gentil el des trois sages, un païen tartare interroge un juif, un chrétien et un musulman.

Plus d'élan allègre : les armées occidentales n'avancent plus, chassées de leurs avant-postes. L'Europe est menacée par l'Asie, par les troupes mongoles qui. en 1241 et 1243, pénètrent en Pologne et en Hongrie : on croit y reconnaître les peuples de Gog et Magog. les cavaliers de l'Apocalypse, avant-coureurs de la fin des temps. La Complainte de Constantinople de Rutebeuf évoque la menace tartare en 1260.

On prend conscience que la région christianisée ne représente qu'une petite partie de l'univers et on ne peut plus croire au succès prochain de la chrétienté : que la création est plus vaste qu'on ne l'avait cru et qu'elle est pleine d'hommes qui n'ont pas reçu la parole de Dieu, refusent de l'entendre, ne se laissent pas vaincre facilement par les armes.

De là succède à la guerre sainte le temps des explorateurs, des commerçants, des missionnaires : mieux vaut, pense-t-on. négocier et pénétrer dans ces royaumes par les affaires et la prédication pacifique (Marco PolO). On se rend compte qu'il est barbare et peu chrétien de convertir par la force ou d'exterminer les mécréants. Naît même un nouvel espoir, car on découvre que des communautés nestoriennes survivent sous les khans tartares qui les laissent en paix. Les Mongols passent pour de bons sauvages en qui l'on voit non plus le fléau précurseur du feu de Dieu, mais des alliés possibles qui prendront à revers l'Islam. L'Occident envoie des prédicateurs.



En même temps que l'espace, on découvre le temps : « Le temps jusqu'ici avait forme un bloc homogène où, dans l'exemplarité divine, le passé et l'avenir se trouvaient cohérents au présent, entretenaient avec lui des rapports mystiques. Au regard de l'éternité, l'époque de la Création, celle de la fin du monde se confondaient et l'instant vécu s'y mêlait5. » Mais cette notion commence à se désagréger au xntc siècle. Humbcrt de Romans, maître général des dominicains, reçut du pape l'ordre de réfléchir sur l'histoire du schisme grec pour préparer un concile qui tenterait de réunir les deux Églises séparées. Dans son Traité en trois parties (1273). il voulut trouver des raisons, et non plus seulement des raisons surnaturelles, aux événements du temps ; il s'évertua à discerner les rapports réels que les faits entretenaient entre eux et ce qui les reliait aux changements perceptibles dans leur environnement matériel et psychologique. Un moment constructif anime l'histoire, entraînant la progression des cultures en Ile-de-France et la montée des cathédrales ; mais on a fait l'expérience de l'échec (échecs de saint Louis, chute de l'empereur Frédéric II, de l'empire latin de ConstantinoplE). L'Occidental « ne croit plus à l'unité de l'histoire chrétienne ni à sa nécessité. Elle se découvre à lui contingente, relative, humaine6 ».

Si l'empire allemand est en crise, au point qu'il n'y eut personne à sa tête de 1250 à 1273. la seconde moitié du xmc siècle voit l'hégémonie de la France, dont le roi, oint à Reims, a un caractère sacré : Philippe Auguste, dès le début du XIIIe siècle, avait supplanté tous ses rivaux et vaincu l'Empereur ; à quoi s'ajoute le prestige personnel de saint Louis dont on admire la chevalerie et la droiture, qui propose à la noblesse du monde entier un nouvel idéal, la prudhomie, fondée sur la crainte de Dieu, et dont l'arbitrage est sollicité dans le Nord, pour la succession des comtés de Flandre et de Hainaut, et en Angleterre, pour ramener la paix entre Henri III et ses barons révoltés (1264)7. De son côté, Charles d'Anjou, le frère de saint Louis, dans le sud de l'Italie (où Adam de la Halle ira le rejoindrE), obtient le royaume de Sicile (1265) que se disputaient les héritiers de Frédéric II ; il domine la ligue guelfe (partisans des papeS) qui unit l'Italie ; il acquiert successivement la Dalmatic. l'Albanie, le Péloponnèse, la couronne de Jérusalem (1277). En 1308. Charles-Robert d'Anjou, son petit-fils, devient roi de Hongrie.



Le français tend à devenir la langue universelle", même si le droit, l'administration, la théologie, la rhétorique et la médecine utilisent toujours le latin. Mais on prêche en français, on rédige en cette langue les chartes et les actes de vente, on écrit en français, dès 1275. les chroniques de Saint-Denis. Le français de Paris est admiré de Jean de Meun qui s'excuse des faiblesses de son langage. Les étrangers l'utilisent, Brunetto Latini, Martino da Canale qui compose une prière à saint Marc et une chronique de Venise en langue française qui « cort parmi le monde et est la plus délitable à lire el à oïr que nule autre ». Le français se répand en Angleterre sous la forme de l'anglo-normand, langue de la justice, de l'enseignement et de l'Eglise (mais, paradoxalement, Bouvines avait marqué le début d'un décliN), en Flandre, en Hollande, en Allemagne où des précepteurs enseignent le français, langage de la vie chevaleresque et courtoise ; en Italie, naît une littérature franco-italienne, truffée de traits dialectaux lombards et vénitiens, cependant qu'en Orient les barons francs sont à l'origine d'un sabir, la lingua franco, et font rédiger en français les Assises de Jérusalem, recueil de coutumes. En 1300. un Anglais proclamait que le doulz français était la plus bel et la plus gracious language et le plus noble parler, après latin d'escole, qui soit ou monde et de tous gens mieulx prisée et amee que nul autre ; quar Dieu le fis! si doulce et amiable principalment à l'oneur et loenge de luy mesme. Et pour ce il peut comparer au parler des angels du ciel, pour la grant doulceur et biaultee d'icel.



Prestige aussi de Paris dès le XIIe siècle, centre d'intense cbullition intellectuelle, exalté par les clercs urbains qui prônent la clarté du raisonnement, l'exactitude scientifique, l'alliance de la foi et de l'intelligence, condamné par les moines cisterciens qui dénoncent cet enfer de toutes les turpitudes et de la sodomie en particulier et invitent à retrouver le mysticisme oriental. Les étudiants s'y pressent, de quatre à cinq mille sur une population de cent cinquante mille habitants environ. On y fonde des collèges : Sorbonne de Robert de Sorbon, en 1257. collèges de Raoul d'Harcourt et du cardinal Jean Lemoine. Si Bologne demeure la capitale du droit, Salerne et Montpellier celles de la médecine. Paris se distingue par l'étude de la philosophie et de la théologie. Maîtres et élèves convergent vers la rive gauche de la Seine où enseignent des professeurs réguliers du chapitre de Notre-Dame, des chanoines de Saint-Victor, des moines de Sainte-Geneviève, des professeurs indépendants qui ont obtenu la licentia docendi, le droit d'enseigner, et où se distinguenl des maîtres aussi prestigieux que le Rhénan Albert le Grand. l'Italien Thomas d'Aquin, Siger de Brabant. dans un prodigieux bouillonnement intellectuel et de constantes confrontations qui font de Paris ce paradis de l'intelligence dont le nom revient à plusieurs reprises dans Le Jeu de la Feuillée. d'Adam de la Halle. Tous les prélats du monde entier - de Scandinavie, de Hongrie, de Morée ou de Saint-Jean-d'Acre - venaient s'y instruire, et les papes protégeaient l'université de Paris dont certains avaient été les élevés (Innocent III, Innocent V. Jean XXI).



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Rutebeuf
(1230 - 1280)
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