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René Daumal



L'enfui tourne court - Poéme


Poéme / Poémes d'René Daumal





Le char de feu, il était vide lorsque je pus le voir,

il était vide et ruisselant de lumières sans profondeur

lorsque j'osai rouler avec lui

et me rouler dans l'ornière creusée par le soc solaire

de la boule lente et rouge d'or de gorge, et je roulais et de la gorge et de la nuque sur les feux vifs des roues,

-
Ah ! c'est moi que tu véhicules ! -

je suis cloué aux cataclysmes, aux cataractes

et aux déluges de feu dans les gorges des monts sourds

et dans ma gorge la muette

au seul cri d'ogre.

Car sauvage renoué à la mèche du fouet fendant sec la

peau brûlée je me tordais avec les brins d'étoupe et

ma langue d'amadou, cloué, cloué et renoué aux feux et martelé chez les cyclopes

- encore les mêmes jadis, encore les mêmes plus tard

et, la ligne des temps bouclée, encore les mêmes sur

les sept nouds identiques du grand cinglant, le vent,

la flamme, et les mêmes toujours le marteau et les tenailles et le

pétrin et ce grand corps de charbon qui se relève et qui n'en

finit pas de se relever,



l'homme des houillères, tout de charbon luisant et cimenté d'élytres de la moelle à la peau,

il se relève encore, toujours, et c'est moi-même sous la pince chauffée à blanc.

Et le tumulte, le vieux vacarme forgé de foudres et tissé de pirouettes

- pour le rire sec à postérité perpétuelle -

il vient en cône sur mon front, il bout et se secoue en entonnoir,

oui, cloué aux sept nouds, empoigné à la gorge, au

front, à la nuque, les roues du char, ce sont mes plaies, mes ancres, qui me retiennent par le vide (il y a longtemps que le

sang ne vient plus)

- «À jamais, à jamais, à jamais!» je crie mais cette parole à trop d'échos

et ses trop faciles mensonges les voilà fauchés au pied : ici sans appui, plus bas sans appui, plus bas sans appui la chute, la chute plus bas plus bas plus d'appui sans appui la chute, c'est ce qu'on appelle toujours, et sans jamais d'appui toujours la chute ni haut ni bas et c'est immobile que se découvre l'oil, sous les paupières de suie, l'oil de houille profonde toujours.



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René Daumal
(1908 - 1944)
 
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