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Pierre de Ronsard



Sonets - Sonnet


Sonnet / Poémes d'Pierre de Ronsard





I



Je n'ay plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, denervé, démuselé, depoulpé,
Que le trait de la
Mort sans pardon a frappé :
Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

Apollon et son filz, deux grans maistres ensemble,
Ne me sçauroient guérir; leur mestier m'a trompé.
Adieu, plaisant
Soleil ! mon oil est estoupé,
Mon corps s'en va descendre où tout se desassemble.

Quel amy me voyant en ce point despouillé
Ne remporte au logis un oil triste et mouillé,
Me consolant au lict et me baisant la face,

En essuiant mes yeux par la
Mort endormis?
Adieu, chers compaignons, adieu, mes chers amis!
Je m'en vay le premier vous préparer la place.



II



Meschantes
Nuicts d'hyver,
Nuicts, filles de
Cocyte
Que la
Terre engendra, d'Encelade les seurs,
Serpents d'Alecton, et fureur des fureurs.
N'approchez de mon lict, ou bien tournez plus vite.

Que fait tant le
Soleil au gyron d'Amphytrite?
Leve-toy, je languis accablé de douleurs;
Mais ne pouvoir dormir, c'est bien de mes malheurs
Le plus grand, qui ma vie et chagrine et despite.

Seize heures pour le moins je meur les yeux ou vers,
Me tournant, me virant de droit et de travers,
Sus l'un, sus l'autre flanc; je tempeste, je crie.

Inquiet je ne puis en un lieu me tenir,
J'appelle en vain le
Jour, et la
Mort je supplie,
Mais elle fait la sourde et ne veut pas venir.



III



Donne-moy tes presens en ces jours que la brume
Fait les plus courts de l'an, ou de ton rameau teint
Dans le ruisseau d'Oubly dessus mon front espreint,
Endor mes pauvres yeux, mes gouttes et mon rhume.

Miséricorde, ô
Dieu! ô
Dieu, ne me consume
A faulte de dormir; plustost sois-je contreint
De me voir par la peste ou par la fièvre esteint,
Qui mon sang deseché dans mes veines allume.

Heureux, cent fois heureux, animaux qui dormez
Demy an en voz trous, soubs la terre enfermez,
Sans manger du pavot, qui tous les sens assomme !

J'en ay mangé, j'ay beu de son just oublieux,
En salade, cuit, cru, et toutesfois le
Somme
Ne vient par sa froideur s'asseoir dessus mes yeux.



IV



Ah !
Longues
Nuicts d'hyver, de ma vie bourrelles
Donnez-moy patience, et me laissez dormir!
Vostre nom seulement et suer et frémir
Me fait par tout le corps, tant vous m'estes cruelles.

Le
Sommeil tant soit peu n'esvente de ses ailes
Mes yeux tousjours ouvers, et ne puis affermir
Paupière sur paupière, et ne fais que gémir,
Souffrant comme
Ixion des peines étemelles.

Vieille umbre de la terre, ainçois ' l'umbre d'Enfer,
Tu m'as ouvert les yeux d'une chaisne de fer.
Me consumant au lict, navré de mille pointes :

Pour chasser mes douleurs ameine moy la
Mort.
Hà!
Mort, le port commun, des hommes le confort,
Viens enterrer mes maux, je t'en prie à mains jointes!



V



Quoy! mon ame, dors-tu engourdie en ta masse?
La trompette a sonné, serre bagage, et va
Le chemin déserté, que
Jesus-Christ trouva,
Quand tout mouillé de sang racheta nostre race.

C'est un chemin fâcheux, borné de peu d'espace,
Tracé de peu de gens, que la ronce pava,
Où le chardon poignant ses testes esleva;
Pren courage pourtant, et ne quitte la place.

N'appose point la main à la mansine, après,
Pour ficher ta charue au milieu des guerets,
Retournant coup sur coup en arrière ta vue.

Il me faut commencer, ou du tout s'emploier,
Il ne faut point mener, puis laisser la charue ;
Qui laisse son mestier, n'est digne du loier.



VI



Il faut laisser maisons et vergers et jardins,
Vaisselles et vaisseaux que l'artisan burine,
Et chanter son obseque en la façon du
Cygne,
Qui chante son trespas sur les bors
Maeandrins.

C'est fait, j'ay dévidé le cours de mes destins,
J'ay vescu, j'ay rendu mon nom assez insigne,
Ma plume vole au
Ciel pour estre quelque signe,
Loin des appas mondains, qui trompent les plus fins.

Heureux qui ne fut onc, plus heureux qui retourne
En rien comme il estoit, plus heureux qui séjourne,
D'homme, fait nouvel ange, auprès de
Jesus-Christ,

Laissant pourrir çà-bas sa despouille de boue,
Dont le
Sort, la
Fortune, et le
Destin se joue,
Franc des liens du corps pour n'estre qu'un esprit.








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Pierre de Ronsard
(? - 1585)
 
  Pierre de Ronsard - Portrait  
 
Portrait de Pierre de Ronsard


Biographie

1524
- (10 ou 11 septembre) : naissance au château de la Posson-nière (Couture, Loir-et-Cher).

Orientation bibliographique


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