Pierre de Ronsard |
... Si quelque grand seigneur quelque chose commande, Si bonnet ou chapeau ou son coche demande, S'il veut aller dehors, ou parler à quelqu'un, S'il faut l'accompagner, le flatteur importun Est toujours le premier et, plein de diligence, Devant les vrais amis sans vergogne s'avance, Courant, suant, pressant, afin de mieux user Du seigneur dont il veut du crédit abuser. Si ce pipeur rusé se trouve en compagnie, Il a de mots dorés la parole garnie, De louanges, d'honneurs, à tout propos louant Le seigneur courtisé dont il va se jouant, Et dit à haute voix : « O mon Dieu, que je nomme Heureux le serviteur avoué d'un tel homme ! Ô le gentil seigneur ! Jamais l'oil du soleil, Ce dira le flatteur, ne verra son pareil. » Mais quand la roue tourne, et l'aveugle Déesse Le fait tomber en bas, la tourbe flatteresse, Qui ne suit que le bien, au grand galop s'enfuit. Ainsi qu'une putain, quand elle voit détruit Le ribaud qu'elle aimait, plus ami ne l'appelle, Le laisse en la prison et fait amour nouvelle, Ainsi font les flatteurs, qui arrachent alors Le masque de leur face et suivent les plus forts, Traîtres et déloyaux, dédaignant la personne Qu'ils adoraient naguère en la fortune bonne. Et non tant seulement ils s'en reculent loin Ainsi que d'un aspic, de peur d'en avoir soin, Mais comme malheureux en tous lieux le méprisent, L'appellent un coyon, et de son nom médisent... |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Pierre de Ronsard (? - 1585) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Pierre de Ronsard | |||||||||
Biographie1524 - (10 ou 11 septembre) : naissance au château de la Posson-nière (Couture, Loir-et-Cher). Orientation bibliographique |
|||||||||