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Pierre de Ronsard



élégie a son livre - Élégie


Élégie / Poémes d'Pierre de Ronsard





Mon fils, si tu savais ce qu'on dira de toi,
Tu ne voudrais jamais déloger de chez moi,
Enclos en mon étude, et ne voudrais te faire
Salir ni feuilleter aux mains du populaire.
Quand tu seras parti, sans jamais retourner, Étranger loin de moi te faudra séjourner.
Car ainsi que le vent sans retourner s'envole,
Sans espoir de retour s'échappe la parole.
Or tu es ma parole, à qui de nuit et jour
J'ai conte les propos que me contait
Amour,
Pour les mettre en ces vers qu'en lumière tu portes,
Crochetant maugré moi de ma chambre les portes,
Pauvret
I qui ne sais pas que nos citoyens sont
Plus subtils par le nez que le
Rhinoceront.
Donc avant que tenter la mer et le naufrage,
Vois du port la tempête, et demeure au rivage :
Tard est le repentir de tôt s'être embarqué.
Tu seras tous les jours des médisants moqué
D'yeux, et de hausse-becs *, et d'un branler de teste.
Sage est celui qui croit à qui bien l'admoneste.
Tu sais (mon cher enfant) que je ne te voudrais



Tromper : contre nature impudent je faudrais,

Et serais un
Serpent de farouche nature

Si je voulais trahir ma propre géniture,

Car tout tel que tu es, naguère je te fis,

Et je ne t'aime moins qu'un père aime son fils.

Quoi ? tu veux donc partir, et tant plus je te cuide *

Retenir au logis, plus tu hausses la bride.

Va donc puisqu'il te plaît, mais je te supplirai

De répondre à chacun ce que je te dirai,

Afin que toi, mon fils, tu gardes en l'absence

De moi le père tien, l'honneur et l'innocence.

Si quelque dame honnête et gentille de cour,

Qui aura l'inconstance et le change en horreur,

Me vient, en te lisant, d'un gros sourcil reprendre

De quoi je ne devais oublier ma
Cassandre,

Qui la première au cour le trait d'amour me mit,

Et que le bon
Pétrarque un tel péché ne fit.

Qui fut trente et un ans amoureux de sa dame,

Sans qu'une autre jamais lui pût échauffer l'âme,

Réponds-lui je te pri', que
Pétrarque sur moi

N'avait autorité de me donner sa loi,

Ni à ceux qui viendraient après lui, pour les faire

Si longtemps amoureux sans leur lien défaire.

Lui-même ne fut tel, car à voir son écrit,

Il était éveillé d'un trop gentil esprit

Pour être sot trente ans, abusant sa |eunesse

Et sa
Muse au giron d'une vieille maîtresse :

Ou bien il jouissait de sa
Laurerte, ou bien

Il était un grand fat d'aimer sans avoir rien.

Ce que je ne puis croire, aussi n'est-il croyable.

Non, il en |ouissait, puis la fit admirable.

Chaste, divine, samte; aussi l'amoureux doit

Célébrer la beauté dont plaisir il reçoit.

Car celui qui la blâme après la jouissance

N'est homme, mais d'un
Tigre il a pris sa naissance.



Quand quelque jeune fille est au commencement

Cruelle, dure, fière, à son premier amant,

Constant, il faut attendre : il peut être qu'une heure

Viendra sans y penser, qui la rendra meilleure.

Mais quand elle devient voire de jour en jour

Plus dure et plus rebelle, et plus rude en amour,

On s'en doit éloigner, sans se rompre la tête

De vouloir adoucir une si sotte bête.

Je suis de tel avis : me blâme de ceci,

M'estime qui voudra, je le conseille ainsi.

Les femmes bien souvent sont cause que nous sommes

Volages et légers, amadouant les hommes

D'un espoir enchanteur, les tenant quelquefois

Par une douce ruse, un an, ou deux, ou trois,

Dans les liens d'Amour sans aucune allégeance;

Cependant un valet en aura jouissance,

Ou bien quelque badin emportera ce bien

Que le fidèle ami à bon droit cuidait sien.

Et si ne laisseront, je parle des rusées

Qui ont au train d'amour leur? jeunesses usées,

(C'est bien le plus grand mal qu'un homme puisse avoir

Que servir une femme accorte à décevoir),

D'enjoindre des travaux qui sont insupportables,

Des services cruels, des tâches misérables;

Car sans avoir égard à la simple amitié

De leurs pauvres servants, cruelles n'ont pitié,

Non plus qu'un fier corsaire, en arrogance braves,

N'a pitié des captifs à l'aviron esclaves.

Il faut vendre son bien, il faut faire présents

De chaînes, de carquans, de diamants luisants;

Il faut donner la perle, et l'habit magnifique,

Il faut entretenir la table et la musique,

Il faut prendre querelle, il faut les supporter.

Certes j'aimerais mieux dessus le dos porter

La hotte, pour curer les étables d'Augée ',

Que me voir serviteur d'une
Darne rusée.

La mer est bien à craindre, aussi est bien le feu,

Et le
Ciel, quand il est de tonnerres émeu;

Mais trop plus est à craindre une femme clergesse,

Savante en l'art d'amour, quand elle est tromperesse :

Par mille inventions, mille maux elle fait,

Et d'autant qu'elle est femme, et d'autant qu'elle sait.

Quiconque fut le
Dieu qui la mit en lumière,

Il fut premier auteur d'une grande misère.

D fallait par présents consacrés aux autels

Acheter nos enfants des grands
Dieux immortels,

Et non user sa vie avec ce mal aimable,

Les femmes, passion de l'homme misérable,

Misérable et chétif, d'autant qu'il est vassal,

Durant le temps qu'il vit, d'un si fier animal.

Mais je vous pri', voyez comme par fines ruses

Elles savent trouver mille feintes excuses,

Après qu'ell's ont failli
I voyez
Hélène, après

Qu'Ilion fut brûlé par la flamme des
Grecs,

Comme elle amadoua d'une douce blandice *

Son badin de mari, qui lui remit son vice.

Et qui, plus que devant, de ses yeux fut épris

Qui scintillaient encor des amours de
Paris.

Que dirons-nous d'Ulysse? encores qu'une trope

De jeunes poursuivants aimassent
Pénélope,

Dévorant tout son bien, si est-ce qu'il brûlait

D'embrasser son épouse, et jamais ne voulait

Devenir immortel avec
Circe la belle.

Pour ne revoir jamais
Pénélope, laquelle

Pleurant lui récrivait de son fâcheux séjour,

Pendant qu'en son absence elle faisait l'amour.

Si bien que le
Dieu
Pan de ses jeux prit naissancel,

D'elle et de ses muguets la commune semence,

Envoyant tout exprès, pour sa commodité,

Le fils * chercher le père en
Sparte la cité.



Voilà comment la femme avec ses ruses dompte

L'homme, de qui l'esprit toute bête surmonte.

Quand on peut par hasard heureusement choisir

Quelque belle maîtresse, et l'avoir à plaisir,

Soit de haut ou bas lieu, pourvu qu'elle soit fille

Humble, courtoise, honnête, amoureuse et gentille,.

Sans fard, sans tromperie, et qui sans mauvaistié

Garde de tout son cour une simple amitié.

Aimant trop mieux cent fois à la mort être mise,

Que de rompre sa foi quand elle l'a promise,

D la faut honorer, tant qu'on sera vivant,

Comme un rare joyau qu'on trouve peu souvent.

Celui certainement mérite sur la tête

Le feu le plus ardent d'une horrible tempête.

Qui trompe une pucelle et mêmement alors

Qu'elle se donne à nous, et de cour et de corps.

N'est-ce pas un grand bien, quand on fait un voyage,

De rencontrer quelqu'un qui d'un pareil courage

Veut nous accompagner, et comme nous passer

Les torrents, les rochers, fâcheux à traverser?

Aussi n'est-ce un grand bien de trouver une amie

Qui nous aide à passer cette chétive vie,

Qui sans être fardée ou pleine de rigueur.

Traite fidèlement de son ami le cour?

Dis-leur, si de fortune une belle Çassandxe

Vers moi se fût montrée un peu courtoise et tendre,

Et pleine de pitié eût cherché de guérir

Le mal dont ses beaux veux dix ans m'ont fait mourir,

Non seulement du corps, mais sans plus d'une oillade

Eût voulu soulager mon pauvre cour malade,

Je ne l'eusse laissée, et m'en soit à témoin

Ce jeune enfant ailé qui des amours a soin.

Mais voyant que toujours elle marchait plus fière,

Je déliai du tout mon amitié première,

Pour en aimer une autre en ce pays d'Anjou

Où maintenant
Amour me détient sous le joug,

Laquelle tout soudain je quitterai, si elle

M'est comme fut
Cassandre, orgueilleuse et rebelle,

Pour en chercher une autre, afin de voir un jour

De pareille amitié récompenser m'amouf,

Sentant l'affection d'un autre dans moi-même :

Car un homme est bien sot d'aimer, si on ne l'aime,

Or si quelqu'un après me vient blâmer de quoy

Je ne suis plus si grave en mes vers que j'estoy

A mon commencement, quand l'humeur
Pindarique

Enflait ampoulément ma bouche magnifique,

Dis-lui que les amours ne se soupirent pas

D'un vers hautement grave, ains * d'un beau style bas,

Populaire et plaisant, ainsi qu'a fait
Tibulle,

L'ingénieux
Ovide, et le docte
Catulle.

Le fils de
Vénus hait ces ostentations :

Il suffit qu'on lui chante au vrai ses passions

Sans enflure ni fard, d'un mignard et doux style,

Coulant d'un petit bruit, comme une eau qui distille.

Ceux qui font autrement, ils font un mauvais tout

A la simple
Vénus, et à son fils
Amour.

S'il advient quelque jour que d'une voix hardie

J'anime l'échafaud par une tragédie

Sentencieuse et grave, alors je ferai voir

Combien peuvent les nerfs de mon petit savoir.

Et si quelque
Furie en mes vers je rencontre,

Hardi j'opposerai mes
Muses à l'encontre,

Et ferai résonner d'un haut et grave son.

Pour avoir part au bouc, la tragique tançon *.

Mais ores * que d'Amour les passions je pousse.

Humble, je veux user d'une
Muse plus douce.

Je ne veux que ce vers d'ornement indigent -.

Entre dans une école, ou qu'un brave régent

Me lise pour parade : il suffit si m'amie

Le touche de la main dont elle tient ma vie.



Car je suis satisfait, si elle prend à gré

Ce labeur que je voue à ses pieds consacré.



I



Tyard on me blâmait, à mon commencement,
De quoi j'étais obscur au simple populaire,
Mais on dit aujourd'hui que je suis au contraire.
Et que je me démens, parlant trop bassement.

Toi de qui le labeur enfante doctement
Des livres immortels, dis-moi, que dois-je faire?
Dis-moi, car tu sais tout, comme dois-je complaire
A ce monstre têtu, divers en jugement ?

Quand je tonne en mes vers, il a peur de me lire;
Quand ma voix se désenfle, il ne fait qu'en médire.
Dis-moi de quel lien, force, tenaille, ou clous

Tiendrai-je ce
Proté qui se change à tous coups?
Tyard, je t'entends bien, il le faut laisser dire,
Et nous rire de lui, comme il se rit de nous.



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Pierre de Ronsard
(? - 1585)
 
  Pierre de Ronsard - Portrait  
 
Portrait de Pierre de Ronsard

Biographie

1524
- (10 ou 11 septembre) : naissance au château de la Posson-nière (Couture, Loir-et-Cher).

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