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Récits de vie - UN LIVRE, DEUX FIGURES, TROIS DOCUMENTS


Poésie / Poémes d'Marguerite Yourcenar





La biographie c'est l'écriture d'une vie, mais dans le cas de Mémoires d'Hadrien c'est aussi presque une vie d'écriture. Vingt-sept années séparent en effet la conception du projet en 1924, de la première publication chez Pion en 1951. Jamais le roman n'aurait été ce qu'il est sans cette longue cohabitation de l'auteur avec son personnage. Le livre ne pouvait pas être une ouvre de jeunesse : on a vu que les risques d'incompréhension de la personnalité de l'empereur, implicitement rattachés à une question de maturité ou d'expérience, étaient réfléchis dans le texte par la figure de Marc Aurèle.



Le récit de la lente maturation des Mémoires devrait donc concerner plus que «les quelques lecteurs qu'intéresse la genèse d'un livre»'. Car l'écriture de soi c'est également une manière pour l'écriture de commenter sa propre genèse, et l'on verra2 que c'est bien à un exercice de cet ordre que se livre Marguerite Yourcenar dans ses Carnets de notes. Pour l'heure, on s'en tiendra aux principaux faits qui révèlent les problèmes posés à la romancière par la reconstitution vivante et plausible d'un empereur du IIe siècle, en guise de prélude à l'étude plus approfondie que nous feront, dans le prochain chapitre, des solutions qu'elle leur a apportées.



L'histoire d'une écriture



En 1924, Marguerite Yourcenar qui a vingt et un ans visite la Villa Adriana2. Ce fut «le point de départ, l'étincelle». Commence alors une rêverie qui par une série de «mutations imprévues» conduira, une trentaine d'années plus tard, à Mémoires d'Hadrien. Yourcenar prétend qu'au temps où elle a découvert la Villa celle-ci devait être «encore assez proche de ce qu'avaient vu les derniers romains quand ils ont cessé d'y résider». Peu importe la vraisemblance de cette allégation. Elle signifie que la ruine est pour la romancière la marque d'un temps perdu, corrodé, mais aussi l'espoir d'une résurrection possible puisqu'elle nous rattache au passé : «Deux douzaines de paires de mains décharnées, quelque vingt-cinq vieillards suffiraient pour établir un contact ininterrompu entre Hadrien et nous. »

Entre 1924 et 1929 elle rédige plusieurs versions du futur roman et propose l'une d'elle à l'éditeur Fasquelle (qui la refuserA) sous le titre Antinoos. Nouveau détail important. Dans les premières esquisses, le point focal du récit semble bien avoir été le jeune éphèbe, Hadrien n'étant encore saisi que par réfraction, à travers ses amours.

«Tous ces manuscrits ont été détruits et méritaient de l'être.» Les travaux recommencent en 1934, et le «projet [est] repris et abandonné plusieurs fois entre 1934 et 1937». C'est que Yourcenar n'imaginait pas son récit autrement que sous la forme de dialogues.



La seule phrase qui subsiste de cette version est celle qui prouve qu'elle a enfin trouvé le point de vue du livre: «Je commence à apercevoir le profil de ma mort. » Changement capital sur lequel on reviendra mais qui place désormais Hadrien et l'imminence de sa fin au centre du récit.

Rien de notable à signaler entre 1939 et 1948, période où le projet reste en sommeil, rien, sinon l'essentiel, volontairement passé sous silence : « Les expériences de la maladie, et d'autres plus secrètes, qu'elles entraînent avec elles, et la perpétuelle présence ou recherche de l'amour. » Ne se croirait-on pas, déjà, dans Animula vagula blandula ? Comblant la distance qui la séparait d'elle-même, bouleversée par le drame de la guerre, Yourcenar se rapproche de son personnage.

La réunion définitive se produira dans des circonstances bien curieuses qui sont une parfaite illustration de ce hasard objectif défini par Engels comme «la rencontre d'une causalité externe et d'une finalité interne ». Fin 1948 Yourcenar reçoit une malle contenant des papiers personnels. Relisant une correspondance de famille, elle déplie un feuillet dont l'en-tête est «Mon cher Marc...». Ignorant «de quel ami, de quel amant, de quel parent éloigné» il s'agit (est-il besoin de souligner, vraiment, ce que sous-entendent pareilles hypothèses?) Yourcenar reconnaît d'anciens brouillons des premières pages d'Hadrien. Elle reprend alors en 1949 l'ouvre abandonnée et rédige «séance tenante», au cours d'un voyage en train, le premier chapitre.

Suivent trois années de recherches «qui n'intéressent que les spécialistes» et la publication, enfin, en 1951.

Un bref parallèle s'impose avec la genèse des Mémoires (rappelons qu'on adopte avec le mot ainsi graphie le point de vue du narrateuR) car elle mime à sa façon un changement de forme et de projet. Hadrien met lui aussi quelque temps à placer sa voix. Il passe d'une lettre pour informer Marc Aurèle de son mal à un récit de vie complet, et d'une autobiographie officielle à une autobiographie intime'.

Voici le bilan que Yourcenar tire de ce long détour dans sa Chronologie : « Ce qui eût été vingt ans plus tôt une poétique rêverie sur une grande figure du passé gréco-romain est devenue une tentative de "recréer du dedans " / 'histoire. » Changeant de sujet en privilégiant le « portrait du prince» et en décidant de ramener au rang d' «épisode tragique » la « passion d'Hadrien pour Antinous », Yourcenar a dû changer la forme initialement envisagée dans ses esquisses.



L'invention d'une forme



Car le récit de la genèse de l'ouvre c'est aussi le récit de la genèse d'un genre (ou sous-genrE) littéraire dont Yourcenar peut à bon droit être considérée comme l'inventeur.

L'originalité formelle de Mémoires d'Hadrien tient pour l'essentiel à l'hybridation inédite de genres littéraires divers; elle dénonce le caractère lisse et transparent d'une ouvre trop commodément rangée sous la vague étiquette de «classique». Chez les vrais créateurs de formes, qu'ils soient romanciers ou bâtisseurs d'églises - on ne parle pas ici des amateurs de jeux formels d'autant plus fastidieux qu'ils trahissent leur gratuité - les choix esthétiques procèdent d'exigences impérieuses qui les rendent absolument nécessaires. Ainsi dans une cathédrale, tous les membres de l'architecture remplissent une fonction: un déambulatoire est d'abord une réponse au problème posé par la régulation des entrées et sorties des fidèles ; de même on peut juger décoratifs un pinacle ou une gargouille, mais le premier sert avant tout à mieux contenir la poussée d'un arc-boutant et la seconde à rejeter loin des murs les eaux pluviales. Cela n'empêche évidemment pas que l'un et l'autre puissent être sculptés avec plus ou moins d'art.



L'architecture nous ramène à l'archéologie, et l'archéologie aux Mémoires. En effet la stratification formelle imaginée par Yourcenar résulte d'une ambition originale qui est de « refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors ».

La romancière a d'abord écarté une première forme d'écriture de soi, au nom de la vraisemblance historique, celle du journal intime : « Les Romains ne tenaient pas de journaux intimes ; ils tenaient peut-être des livres de raison ou des carnets sur lesquels ils notaient leurs rendez-vous d'affaires ou de politique, ou d'amour, ou des pensées détachées comme Marc Aurèle, mais pas de journal au sens où nous l'entendons. »' Pourtant il semble bien que Patien-tia, qui raconte au présent ou au passé proche les derniers mois d'existence de l'empereur, relève de ce genre.



Les mémoires s'imposaient donc pour évoquer les grandes lignes d'une vie. D'autres, empereurs ou hommes politiques, ont précédé Hadrien dans cette voie du récit rétrospectif où l'auteur, qui fut acteur de l'Histoire, se prend comme objet de son propre discours: César ou Tibère dans leurs Commentaires, Claude qui aurait composé une autobiographie en huit volumes, Vespa-sien, etc. On peut considérer que les chapitres qui vont de Varius à Disciplina Augusta ressortissent en effet à ce genre. A une réserve près, et elle n'est pas mince : ces mémoires impériaux étaient surtout des récits écrits à des fins apologétiques d'autojustification ou d'autoglorification alors qu'Hadrien ne se raconte que pour «mieux se connaître». Animula en particulier échappe complètement à la définition générique des mémoires.

Ce désir de connaissance de soi rapproche Mémoires d'Hadrien d'un genre bien postérieur au IP siècle, celui de l'autobiographie proprement dite (dont Rousseau est le véritable fondateuR). Une certaine façon de penser son action pour approfondir son intériorité, des aveux, des notations intimes, des rêveries, etc., sont les marques incontestables d'une écriture autobiographique.

A ces genres divers il convient encore d'ajouter celui de la lettre, puisque l'ensemble du roman se présente sous la forme d'une longue missive adressée à Marc Aurèle. De fait, c'est là une forme d'écriture de soi qui, sous les espèces de la lettre morale, est bien représentée aux deux premiers siècles de l'Empire. La correspondance de Sénèque avec Lucilius ou celle de Marc Aurèle avec Fronton, pour ne citer que les plus célèbres, montrent ainsi que la lettre est à la fois une manière de conseiller, d'exhorter, d'instruire son correspondant (il ne faut pas sous-estimer cette visée didactique du récit de vie hadrianique qui peut se lire aussi comme un traité d'éducation du princE), et un exercice spirituel d'examen et de construction de soi par le biais de l'ouverture qu'on donne à l'autre sur soi-même2. Bien entendu le choix de la forme épistolaire obéit également chez Yourcenar à d'autres considérations : « Derrière ce quelqu'un [Marc Aurèle] il y avait un public à qui s'adresser. »' C'est le lecteur que les Mémoires d'Hadrien visent évidemment à instruire...

Le ballet étourdissant des genres se poursuit si on se place maintenant du point de vue de l'auteur. Car les Mémoires se veulent, et sont d'une certaine manière, une biographie historique des plus fidèles. Cependant Yourcenar a fait, en plaçant le récit dans la bouche d'Hadrien, un choix énonciatif qui opère une discrimination radicale entre le roman et la biographie stricto sensu. Même si un historien pourrait parfaitement envisager de reconstituer l'univers mental d'un personnage comme Hadrien, il ne se permettrait certainement pas de lui attribuer ce qui doit rester, en toute rigueur méthodologique, une opération conjecturale2. Reste que d'un point de vue littéraire ce pari osé (dont nous étudierons un peu plus loin les justificationS) constitue l'apport novateur de l'écrivain au genre du roman historique3.

Biographie, autobiographie, traité d'éducation, lettre philosophique, testament politique, journal intime, mémoires, autoportrait, roman historique, récit personnel..., tous ces genres réunis finissent par constituer une chimère que l'on ne se risquera pas à étiqueter. Et s'il nous arrive dans la suite de parler de « mémoires apocryphes», on aura garde de se souvenir que c'est par simple commodité.

La conclusion provisoire qu'on peut toutefois tirer de cette revue des genres, c'est que l'écriture de soi dans Mémoires d'Hadrien s'étoile, sur le plan formel, en un nombre impressionnant d'écritures de soi qui, en multipliant les angles de vue du sujet sur lui-même, approfondissent singulièrement le portrait d'Hadrien... et celui de l'auteur.



L'écriture de l'Histoire



Quand même le lecteur qui s'apprête à lire Mémoires d'Hadrien ne saurait pas que le héros éponyme est un empereur romain du IIe siècle, ni que l'histoire suit l'Histoire d'aussi près que possible, la quatrième de couverture de l'édition que nous utilisons aurait tôt fait de le lui apprendre. Feuilletant l'ouvrage il sera alors d'autant plus surpris (et inquiet, si ses connaissances en Histoire romaine lui semblent pour le moins « fragiles ») de ne trouver aucune note d'accompagnement dans le texte. L'absence d'explicitation érudite n'est d'ailleurs pas totale, puisque figure à la fin du livre une Note dans laquelle Marguerite Yourcenar a rejeté tout ce qui concerne ses sources. Il n'en reste pas moins que, même pour la publication de ses ouvres dans la Pléiade, qui procure comme on sait des textes définitifs accompagnés d'un très savant apparat critique, elle n'a pas souhaité que des appels de notes viennent couper le fil de la lecture. Ce choix étrange mérite qu'on s'attarde un peu sur ses mobiles.



1. La connaissance par las sources



Le parti pris est en effet surprenant, si l'on songe que le travail de reconstitution auquel s'est livré la romancière a exigé des années de minutieuses recherches, et si l'on considère que la connaissance de l'Histoire est l'un des plus fermes piliers de sa poétique. Passionnée d'exactitude, elle se déclare peu intéressée par le roman dit « historique » qui prend, à la façon d'Alexandre Dumas, des libertés avec les faits et se résume à « un bal costumé, réussi ou non ». Or la fidélité aux faits est la baguette de sourcier du romancier; c'est elle qui lui permet de remonter le cours du temps.

La lecture de la Note (au moins diagonalE) permettra de s'en convaincre. En démontrant que le récit est gagé sur une documentation exhaustive, c'est la fidélité, et mieux encore la vérité de son interprétation qu'argumente Marguerite Yourcenar.

L'intérêt du discours savant c'est qu'il pose et déjoue simultanément la coupure entre passé et présent. On peut ainsi lire dans la Note : « Les innombrables mentions d'Hadrien ou de son entourage, éparses chez presque tous les écrivains du IIIe et du HT siècle, aident à compléter les indications des chroniques et en remplissent souvent les lacunes. » La marque du temps écoulé c'est la fragmentation, la dispersion d'un corpus et, par conséquence, d'un corps. Mais Your-cenar-Isis peut réunir les membra disjecta d'Hadrien-Osiris et redonner vie à son personnage1.

Comme on voit, l'appareil exégétique n'a pas qu'une fonction d'attestation de la vérité : il personnalise la recherche, il la transforme en quête, il dramatise l'interrogation sur le passé.

Pourquoi alors ne pas souligner par des notes dans le corps du texte la caution que la documentation historique apporte à l'imaginaire romanesque?

La lecture des Mémoires apporte la première réponse. Elle permet de vérifier qu'on se passe fort bien d'éclairages de ce genre. La cohérence de l'ouvre est si forte, elle est d'elle-même si bien autoréféren-cée, que la mise à disposition de « pièces justificatives » n'apporterait pas d'élément véritablement indispensable à la compréhension. Au fond il suffit de savoir que la Note existe, que l'érudition est à l'horizon du texte, ou tout simplement que les historiens ont salué la qualité de cette reconstitution, pour que l'effet de vérité soit assuré et que l'on fasse crédit à la romancière de sa scrupuleuse fidélité.

D'autres raisons plus sérieuses entrent en ligne de compte. Le roman n'est pas seulement historique; c'est, à part égale, une ouvre poétique comme le prouve le fait que la «reconstitution (...) faite à la première personne [soit] mise dans la bouche de l'homme qu'il s'agissait de dépeindre ». En sorte que placer des notes dans le texte ce serait prendre le risque de détruire l'illusion d'un foyer de perception placé dans la conscience du personnage. En s'immisçant dans le roman par le biais d'une annotation érudite, l'univers réfé-rentiel réintroduirait une distance, objectiverait le récit, et menacerait en définitive l'adhésion du lecteur au monde fictionnel.

Ceci posé, Marguerite Yourcenar accorde elle-même que la «valeur humaine» de sa reconstitution2 «est singulièrement augmentée par la fidélité aux faits». Il s'ensuit que la connaissance de ces derniers, quoique non indispensable, est un moyen d'approfondir sa compréhension de l'ouvre et de devenir vraiment « un suffisant lecteur » au sens où l'entendait Montaigne. Le plaisir du texte ne peut qu'en être renforcé puisqu'à l'agrément de la découverte viendra s'ajouter celui de la reconnaissance, et qu'on pourra se délecter aux jeux de la réécriture-invention (de la « science-fiction » en quelque sortE) qui introduisent au cour de la poétique de Mémoires d'Hadrien.



2. Présentation des documents



Dans cet esprit, nous proposons ci-après trois outils destinés à enrichir la lecture de Mémoires d'Hadrien.

Le premier est une généalogie simplifiée de la famille d'Hadrien et de Trajan qui devrait aider à préciser la nature des liens de parenté entre diverses figures importantes de l'entourage d'Hadrien. Elle jettera sans doute quelques lumières également sur la question de l'adoption1 qui resurgit plusieurs fois dans les Mémoires.

On trouvera ensuite une chronologie historique2. Elle fait apparaître en gras les dates des événements les mieux connus de la vie de l'empereur, selon le calendrier grégorien évidemment ; un Romain comme Hadrien préciserait les époques à partir de la date de la fondation légendaire de Rome (ab Urbe conditA) en 753 av. J.-C. Elle permet aussi de situer dans le temps les passages du roman dont la pagination est indiquée entre crochets et en italiques.



Le tableau qui suit ne propose donc pas un résumé de l'histoire ; il est à considérer comme une simple tentative visant à mettre en coïncidence la chronologie historique et la chronographie romanesque, le contenu fïctionnel de l'ouvre et son réfèrent « réel ».

Cette articulation est forcément approximative tant les problèmes de l'écriture du temps sont nombreux et délicats dans Mémoires d'Hadrien. Sans même évoquer certaines difficultés ponctuelles, qui intéressent surtout les érudits, ni les mouvements d'anticipation ou de rétrospection qui émaillent le texte, on peut d'ores et déjà signaler que la chronographie dans Mémoires d'Hadrien n'est pas toujours successive et linéaire. Les accélérations, les condensations, les synthèses, les «dates [qui] se mélangent», etc., constituent autant de problèmes qui éclairent certains aspects importants de l'écriture de soi, envisagée du point de vue du narrateur. Cette «leçon littéraire» s'attachera à en étudier quelques-uns, mais le tableau qui suit devrait permettre au lecteur attentif d'en découvrir d'autres et d'enrichir ainsi son propre questionnement.

Reste que ce curriculum vitae confirme malgré tout, comme on pourra s'en convaincre en observant la pagination, la structure chronologique globale du récit de vie, à compter du moment où celui-ci débute véritablement, c'est-à-dire à partir de Varius, multiplex, multiformis.



Le dernier outil de lecture est une carte de l'Empire à la fin du IIe siècle. Hadrien a beaucoup voyagé (douze années sur vingt années de règnE); ce fut même chez lui, comme le signalent les auteurs de l'étude à laquelle nous empruntons ce document1, mieux qu'une fantaisie d'esthète, une méthode de gouvernement. Yourcenar, qui a parfaitement vu et rendu cette finalité politique et pragmatique du voyage, lui attribue une fonction supplémentaire: Hadrien aurait fait de ses pérégrinations dans les provinces de l'Empire « une école d'étonnement, presque une ascèse, un moyen de perdre ses propres préjugés»2, bref, une véritable technique de connaissance et de gouvernement de soi (v. chap. 3). Autant dire qu'une meilleure intelligibilité du récit passe donc par un minimum de représentation de l'espace dans lequel se déroule l'action.





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Marguerite Yourcenar
(1903 - 1987)
 
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