wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 
left_old_somall

Louis-Ferdinand Destouches

right_old_somall

Retour de Karen et fin de captivité


Poésie / Poémes d'Louis-Ferdinand Destouches





Karen avait dû apprendre en Espagne la captivité de Louis mais elle n'avait aucune raison de hâter son retour. De quel secours pouvait-elle lui être à Copenhague ? Pourtant son désappointement fut réel, à n'en pas douter, de le voir toujours incarcéré quand elle rentra enfin dans son pays, en juin 1946. Se retrouver face à Lucette dans son appartement du 20 Ved Stranden ne devait guère l'enchanter non plus. Après tout, c'est avec Louis seul qu'elle avait noué depuis des années et des années une forme de vieille complicité amoureuse. Elle était possessive, Karen. Ombrageuse aussi. Elle aimait régner sans partage. Sur ses amants, ses anciens amants, ses amis de cour, ses complices du temps passé. N'avait-elle pas contribué autrefois à éloigner Elizabeth Craig à jamais ? Le vieux rêve de Céline, celui de voir cohabiter dans la plus parfaite harmonie les femmes qu'il avait aimées et son épouse d'aujourd'hui, sans l'ombre d'une méfiance, d'une jalousie, témoignait à l'évidence d'une singulière naïveté. De surcroît, Karen trouva son appartement dans un état déplorable. Bébert avait fait des siennes, on l'a déjà dit. Les porcelaines étaient en miettes, les fauteuils lacérés. Karen n'eut qu'une hâte : remettre tout en ordre, chasser Lucette et vivre seule. En bref, Lucette fut proprement mise à la porte, mise à la rue avec son chat et ses quelques bagages.



« Elle a été dire à Louis par la suite que c'est moi qui avais voulu partir, qu'elle ne comprenait pas pourquoi je n'habitais plus avec elle. Moi-même, je suis restée discrète, je ne voulais surtout pas insister, risquer de contrarier Louis avec ces querelles. Une possibilité de logement s'est présentée alors grâce à ce gardien de prison artiste-peintre de la Vestre Faengsel, Henning Jensen, qui était très pauvre et qui rêvait d'aller dans le Midi avec sa femme. Nous avons donc conclu un accord. Ma mère a mis à sa disposition une chambre à Menton en lui laissant un peu d'argent et lui m'a laissé pendant ce temps son logement, un atelier de peintre, une soupente au 8 Kronprincesse-gade. Il n'y avait aucun confort, c'est le moins que l'on puisse dire. Le froid y a été terrible l'hiver qui suivit. Je laissais un verre d'eau pour la nuit. Le lendemain, il était pris en glace. L'oncle de Louis m'avait envoyé une sorte de couverture-coussin chauffante sur laquelle se pelotonnait Bébert. Une nuit, il y a eu un court-circuit et j'ai retrouvé le chat qui commençait à brûler ! Je l'ai sauvé de justesse. »



Cet atelier était fort bien situé, en plein centre de Copenhague, en bordure d'un grand parc, le Kongens Hâve. Mais cela ne rachetait pas son exiguïté, son inconfort. Un journaliste en témoignera par la suite : « Je me trouve soudain entre les murs mansardés d'une piaule de "quartier". Lucarne, divan, lit de camp, table (papiers et feuilles volanteS), poêle de fortune (d'infortunE), tapis-poil de chèvre, toiles sans cadres aux murs et dans les coins entassées. A côté, une pièce minuscule, grise : assiettes sales, réchaud à alcool, papiers gras, bouteilles vides, tout ça à même le pavé. C'est classique47. »

Lucette dut y emménager en septembre.

Rien n'avait progressé entre-temps sur un plan juridique. Céline restait détenu à l'infirmerie de la prison. Le ministre de la Justice avait pris ses vacances en juillet. Mikkelsen partit de son côté pour l'Angleterre. Il voulait consulter là-bas plusieurs juristes, étudier la procédure anglaise en matière d'extradition. Le 7 août, il adressa une note au ministère de la Justice, soulignant que Céline était emprisonné sans aucune raison, que les Français de leur côté n'avaient jamais réclamé un interrogatoire de l'écrivain. En Angleterre, Céline aurait été depuis longtemps appelé à comparaître devant un juge pour décider une bonne fois de son élargissement.

Dans une lettre personnelle au ministre, Mikkelsen ajoutait : « Voilà dix mois que cet écrivain fort apprécié et célèbre dans le monde entier est détenu dans des conditions lamentables et contre l'avis des médecins ; sa santé nerveuse est tellement compromise que je doute qu'il se remette jamais des suites de sa captivité. C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir vous pencher au plus vite sur cette affaire, non seulement à titre humanitaire, mais pour prévenir les critiques qu'elle déclenchera inévitablement un jour ou l'autre contre notre justice et l'attitude de notre pays envers les écrivains proscrits48. »

Thorvald Mikkelsen ne se trompait pas. Les critiques depuis n'ont pas manqué. Le ministre de la Justice ne l'imaginait guère, il se déroba, il crut habile de dire à l'avocat que ce serait au ministère des Affaires étrangères de statuer en dernier ressort.

Céline, depuis déjà de longues semaines, n'en pouvait plus. H avait espéré un moment un prompt élargissement, après le retour de Mikkelsen. Il s'abandonnait maintenant à un abattement absolu. Ses lettres à Lucette sont éloquentes :

« Mon petit chéri J'ai demandé ce matin à Mikkelsen puisqu'il n'arrivait à rien de me faire rentrer en France - Je n'y tiens plus. Il est très beau de raisonner lorsque l'on est dehors-mais dedans c'est une autre affaire-Je ne suis pas venu chercher une prison au Danemark. Cela je peux le trouver en France tant que je veux - Or depuis 8 mois je fais de la prison absolument à l'oil (...) On m'a tendu un piège-on m'a gardé 9 mois en sécurité et parfaite connaissance de cause et puis on m'a arrêté et rendu malade en prison un peu plus que je n'étais - Si la justice française fait la loi au Danemark pourquoi venir ici m'exiler ? Je l'écris à Mikkelsen, je suis à bout de ses salades - il se paye de mots - Qu'on me livre pour me transborder à Fresnes et qu'on en finisse. Assez ! On ne m'a pas interné ici, on m'a bel et bien emprisonné - Ils n'en ont pas le droit - Je ne leur ai rien fait - En Suisse en Espagne on vous-interne. La belle excuse que l'internement n'existe pas au Danemark ! Et Vitale alors ! et tant d'autres ! Salades ! On veut en réalité se rouler aux pieds de la France et des Juifs ! On m'a condamné à la prison avant les tribunaux français c'est charmant ! Je veux rentrer-Je demande qu'on t'épargne - toi tu n'es pour rien en tout ceci personne ne te réclame. Que tu rentres chez ta mère avec Bébert et que moi on me fasse tout ce qu'on veut je m'en fous bien ! Je ne veux pas encore me prêter à d'autres grimaces comme la première fois, répondre à des questions imbéciles à propos de crimes qui n'existent pas et auxquels d'ailleurs personne ne croit ! J'en ai assez-J'ai perdu 40 kilos-Je veux crever mais pas être encore en plus le bouffon de tous ces tartufes bafouilleux - Je t'embrasse Louis49. »

Ce n'était là qu'une vérité de l'instant, qu'une déclaration d'intention à laquelle il ne donna pas suite. Elle témoigne toutefois de sa colère et de son abattement.

Lucette Destouches : « Le désespoir que Louis avait et que j'avais, personne ne peut l'imaginer. C'était intolérable. Je crois que si on en parle, on rabaisse la,-chose, on la rend ordinaire. J'ai essayé de me supprimer. Louis aussi voulait se suicider. Il hésitait parce qu'il savait que j'étais là et moi j'étais retenue par sa présence. Nous étions tout le temps en train de nous dire : "il vaut mieux mourir". Plus tard, à sa sortie de prison, il avait tellement changé. Ce n'était plus le même homme.

« J'allais tous les jours chez Mikkelsen pour avoir des nouvelles de Louis. Depuis le début, il ne cessait de me rassurer, de me dire que ce n'était qu'une question de jours, il fallait simplement qu'il rencontre différentes personnes. Et je vivais avec cet espoir. Venaient ensuite les déceptions. Les lettres de Louis permettent de comprendre tout cela. Chaque fois, son moral descendait ou remontait. L'anxiété était à son paroxysme chez lui déjà anxieux de nature. Il ne pouvait pas attendre calmement. En plus il allait très mal. Quand je venais le voir, on l'amenait en le soutenant, comme un pantin. Il ne voyait plus clair. On lui faisait des piqûres pour le soutenir, des vitamines... Oui, après l'épreuve de la prison, Céline changea du tout au tout. Lui qui aimait parler, que l'on écoutait des heures, c'était fini, absolument fini, il ne voulait plus voir personne. »



Le 13 août, Louis quitta l'infirmerie de la prison pour retourner à la section K de la Vestre Faengsel. Tout allait donc de mal en pis. Son état de santé inquiétait sérieusement ses proches. Mais que pouvait faire Mikkelsen ? Il voyait bien que les autorités ne songeaient qu'à faire traîner les choses. Il réclama un certificat de santé officiel pour son client. On le lui refusa. La légation de France qui avait promis une note spécifiant les chefs d'accusation retenus contre Céline tardait à la remettre. Elle parvint seulement au ministère de la Justice le 20 septembre et ne contenait guère d'éléments nouveaux sinon le crime imputé à Céline d'avoir dénoncé le docteur Rouquès dans sa nouvelle préface à l'Ecole des cadavres publiée sous l'Occupation, ce docteur Rouquès, on s'en souvient, qui avait intenté un procès à Céline et Denoël, en 1939, parce qu'il se jugeait diffamé par l'écrivain, traité de juif, ce qu'il n'était pas ! La légation française s'étonnait, en conclusion, de voir les Danois considérer les actes reprochés à Céline comme « délit politique », ce qui semblait inadmissible de la part d'un pays non pas neutre mais allié de la France...

Le ministre danois de la Justice ne fut guère convaincu par cette note et continua à tenir ces charges comme insuffisantes. Charbonnière s'en doutait un peu. Le 21 septembre, il écrivit à Georges Bidault, son ministre des Affaires étrangères, pour lui exprimer son scepticisme quant à l'extradition de Céline : « A vrai dire si les écrits de cet individu démontrent surabondamment sa bassesse et son ignominie, il ne semble pas qu'ils puissent être considérés comme prouvant d'une manière péremptoire sa collusion avec l'ennemi, c'est-à-dire sa trahison. Je suis même surpris que, s'agissant d'un collaborateur aussi notoire que Céline, il n'ait pas été possible au Juge d'Instruction de rassembler des témoignages plus convaincants. Je crains donc que ces nouvelles pièces ne soient pas par elles-mêmes suffisantes pour amener le Gouvernement danois à modifier son point de vue et à accorder enfin l'extradition de l'inculpé30. » L'attente, toujours l'attente...

Les Danois donnèrent lecture à Céline des chefs d'accusation transmis contre lui par la légation. Et le 19 octobre, il fut de nouveau interrogé par la police danoise, comme inculpé. Mikkelsen assista à son interrogatoire et profita de l'occasion pour insister sur l'état de santé de son client. Céline qui avait réfuté ce jour-là, et pour ne pas changer, toutes les accusations, entreprit alors de rédiger un « mémoire en défense », des « réponses aux accusations portées contre moi par la Justice française au titre de trahison et reproduites par la Police Judiciaire danoise au cours de mes interrogatoires pendant mon incarcération 1945-1946 à Copenhague ». Ce texte fut définitivement mis au net le 6 novembre.



Céline y reprenait point par point les accusations dont il faisait l'objet. Dès qu'il avait appris par exemple que son nom figurait sur les circulaires du « Cercle européen » comme membre d'honneur, il avait protesté par lettre et exigé rectification immédiate. Antisémite ? Non, il ne se souvenait pas avoir écrit une seule ligne antisémite depuis 1937 et de toute façon il n'avait jamais poussé à la persécution antisémite mais protesté seulement contre l'action de certains clans sémites qui poussaient alors la France à la guerre. Les lettres privées signées de son nom et publiées dans la presse de l'Occupation lui semblaient « douteuses » ou « arrangées ». D n'avait jamais mis les pieds à l'ambassade d'Allemagne. Otto Abetz le détestait. « J'ai toujours trouvé l'action politique d'ABETZ grotesque et désastreuse et l'Homme lui-même un fléau de médiocrité, un emplâtre de vanité terrible, un clown pour cataclysme comme son patron était un "mage pour le Brandebourg". Ce mot a fait fortune et le tour de Paris. » Ses relations littéraires avec l'Allemagne étaient inexistantes. Il revenait encore sur la question juive, précisant qu'il aurait fort bien pu devenir haut commissaire aux Juifs, et il ajoutait ces lignes stupéfiantes : « Tout bien examiné, honnêtement envisagé, sans passion, considérant les circonstances, les juifs devraient m'élever une statue pour le mal que je ne leur ai pas fait et que j'aurais pu leur faire. Eux me persécutent, je ne les ai jamais persécutés. Je n'ai point profité de leur faiblesse temporaire, je n'ai pris aucune revanche des outrages sans nombre, mensonges, calomnies féroces par lesquels avant la guerre ils avaient essayé de m'abattre et de me perdre. Je n'ai jamais demandé de persécutions contre personne. Le démocrate dans toute cette affaire, impeccable, c'est moi. » Quant à la dénonciation de Rouquès, c'était une plaisanterie ! Tout le monde le connaissait comme un militant communiste, un ancien médecin-chef d'une ambulance sur le front Rouge durant la guerre d'Espagne et le responsable d'un « maquis » dans le midi de la France, la Gestapo n'avait vraiment rien à apprendre sur son compte. Mieux, en rappelant l'affaire Rouquès de 1939 et comment les journaux de droite style Je suis partout l'avaient à cette époque laissé tomber, c'est une leçon indirecte à la presse de la Collaboration qu'il donnait pour l'occasion.

Et il concluait son « mémoire » par ces lignes :

« Certes, on aurait pu penser, vu mes livres, que j'allais devenir pour les Allemands le fanatique collaborateur, mais c'est tout le contraire qui s'est passé ! Or, à coups de calomnies, mensonges, faux et inventions, transformer, esbroufer, basculer, travestir un suspect en coupable, c'est le sport classique de toutes les Révolutions - le jeu mignon de tous les fanatismes. Utiliser les transes populaires pour faire décapiter l'adversaire jalousé, envié, détesté, le truc n'est pas d'hier. Cela s'appelle alors le châtiment. Ainsi furent "châtiés" en France : Lavoisier, Champfort (siC), Chénier et cent autres - petits et grands51. »

Croyait-il sincèrement tout ce qu'il venait d'écrire dans ce mémoire ? Était-il persuadé de n'avoir jamais écrit une ligne antisémite depuis 1937 ? De n'avoir jamais mis les pieds à l'ambassade d'Allemagne ? Peut-on prendre ici Céline en flagrant délit de mensonge ? Ou bien, tout simplement, ne cessait-il de rabattre inconsciemment la réalité au niveau de ses seuls désirs, de ses seules illusions ?



Il était devenu si faible, Céline, que les gardiens de la Vestre Faengsel prirent bientôt l'initiative de faire nettoyer sa cellule par un homme de corvée. Ils craignaient pour sa vie. De leur côté, les autorités danoises avaient plutôt favorablement accueilli son « mémoire en défense » et semblaient disposées à se montrer plus clémentes. Plutôt que de le renvoyer à l'infirmerie de la prison, elles le firent donc admettre dans un hôpital civil, le Sundby Hospital où Céline fut traité plus énergiquement pour ses bourdonnements d'oreilles incessants, pour son état général bien entendu et aussi pour la pellagre, cette vieille maladie de type avitaminose dont souffraient autrefois les prisonniers. Pour l'écrivain, c'était presque un avant-goût de la liberté, l'occasion de retrouver un peu de force et de liberté, autrement dit d'exprimer avec ferveur son pessimisme le plus sarcastique. « Je me sens vous savez comme un cheval de corrida espagnol dont on recoud le ventre, qu'on soigne en somme, mais toujours et pas plus qu'il ne faut pour qu'il puisse retourner à la corrida », écrivit-il alors à Mikkelsen52.

Fin octobre, l'avocat se rendit pour un bref séjour à Paris. Il y rencontra quelques amis et fidèles de l'écrivain comme Marie Canavaggia ou le docteur Camus. Mais il n'eut guère d'éclaircissements, semble-t-il, sur l'instruction et les conditions du procès qu'on allait intenter là-bas à son client. Le seul vrai procès qui intéressait à cette époque l'opinion publique, c'est celui qui venait de s'achever le 1er octobre, comme pour marquer d'un point (presquE) final la guerre et ses cauchemars. A Nuremberg, le Tribunal international avait prononcé neuf condamnations à mort contre Goering, Ribbentrop, Keitel, Kaltenbrunner, Rosenberg, Hans Frank, Wilhelm Frick, Alfred Jodl et Seyss-Inquart. Céline qui n'intéressait plus grand nombre sinon les animateurs infatigables du Comité national des Écrivains et Guy de Girard de Charbonnière, et qui commençait à subir la plus redoutable des conspirations, la conspiration du silence, n'avait guère la force de s'y intéresser. Le seul procès qui le préoccupait, c'était le sien. La seule victime, c'était lui. Le seul horizon, celui de sa prison ou de sa chambre d'hôpital...

Depuis près de trois mois, Karen venait lui rendre visite à peu près une fois par semaine. Elle ne témoignait pas, dans ses propos, d'une bienveillance excessive à l'égard de Lucette, elle l'accusait de gaspiller son argent, de s'acheter un manteau de fourrure luxueux, de se ruiner à tort et à travers en fleurs ou parfums pour offrir à Untel ou Untel, bref d'entamer dangereusement la provision d'or que gérait Hella Johansen. Louis hésitait à la croire. Mais comme le pire est toujours sûr, à la longue, il se laissa convaincre et écrivit à Lucette quelques lettres fort blessantes pour ne pas dire insultantes où il lui reprocha sa prodigalité inconsidérée .S'il avait écrit les Beaux Draps, c'est uniquement pour subvenir à leurs besoins. Il alla jusqu'à critiquer son état de santé, sa forme physique précaire. « En m'enfermant on a libéré ta folie, ton romantisme épileptique de dépense qui ne conservera plus rien-tu passerais sur un agonique pour un panier de fraises53. »

Lucette fut très cruellement blessée, on s'en doute. Mais elle connaissait trop Louis et cette façon qu'il avait toujours d'amplifier à l'excès, dans le jeu de l'écriture, le moindre de ses sentiments, pour s'abandonner trop longtemps à un désespoir tragique. Généreuse, oui, elle l'était. Et dépensière ? Peut-être. Mais ce n'est pas elle qui avait accès à l'or, ce n'est pas elle qui avait pu dilapider le « trésor de guerre » de Céline. Elle n'eut aucun mal à l'en convaincre. De sa chambre du Sundby Hospital, l'écrivain procéda alors, en novembre 1946, à une orageuse confrontation dont Lucette a gardé le souvenir :



« Quand Louis était à l'hôpital, je lui ai expliqué que je n'avais jamais eu l'or entre les mains, je n'avais pas pu le vendre. Karen l'avait gardé. Ce n'était pas difficile à mettre au point. Louis a convoqué Karen, Mme Lindequist, Hella Johansen et Mikkelsen à l'hôpital. Karen a avoué qu'elle pensait alors que je quitterais le Danemark, qu'elle resterait seule avec Louis et d'ailleurs que cet or était à elle. Je ne pouvais rien dire. Alors, le ton a monté. Louis avait beau être couché, malade et tout, il a retrouvé un peu de sa force, il a haussé la voix, c'était tragique. Karen a pleuré et elle a dit : "très bien je vais le rendre". Mikkelsen a ajouté, en anglais : "vous allez venir demain à mon bureau et me rapporter l'or". Mais l'or, à vrai dire, c'était peu de chose, dans une boîte à biscuits. A force d'en parler, on croirait que c'est un trésor. Karen a avoué qu'elle en avait dépensé la moitié. Mikkelsen a donc gardé l'autre moitié. Comme il nous a offert l'hospitalité pendant quatre ans, cela faisait un équilibre. A partir de ce jour, il nous a remis 350 couronnes, deux fois par mois. »

Lucette acquittée au « tribunal » du Sundby Hospital, Karen condamnée et chassée de sa vie, qualifiée par lui dans sa correspondance d'« idiote ivrogne malfaisante », Louis continua d'attendre impatiemment l'improbable dénouement de sa situation juridique au Danemark. Mieux valait tout de même pour lui moisir à Copenhague que comparaître devant les cours de justice de la Seine.

Le 16 novembre, Le Vigan y fut condamné à dix ans de travaux forcés. Le président du tribunal aurait bien voulu que l'acteur compromît Céline, rejetât sur lui la responsabilité de ses opinions subversives. Le Vigan évita tous les pièges et toutes les lâchetés. Céline lui en témoignera sa reconnaissance dans D'un château l'autre : « Traqués à mort qu'on a été... pas qu'un petit peu !... et en Cour !... ce qu'il a pu être héroïque !... quelle attitude ! je pense la façon qu'il a fait face !... et en menottes !... qu'il m'a défendu !... y en a pas beaucoup !... y a personne !... et la horde chacale plein la salle !... et qu'il a fallu qu'ils écoutent !... forcés !... que c'était moi le seul patriote !... le vrai patriote !... le seul !... qu'ils étaient eux, baveux, râleux, que venimeux hyènes54 ! »

La peine de Le Vigan pouvait paraître légère en regard des verdicts normalement prononcés par les tribunaux de l'époque (Le Vigan fut effectivement libéré en 1949, il s'exilera en Argentine où il mourra en 1972). Mais Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau, eux, furent condamnés à mort le 22 novembre (ils seront finalement graciéS). Qui dit mieux ? Et de quoi pouvait se plaindre en regard Céline ? De rien, de tout, de la vie, du seul cas qui le préoccupait, le sien, de sa santé si délabrée qu'il prit la peine, le 30 novembre 1946, après plus de onze mois de détention, de dresser lui-même son bilan médical à l'intention des autorités danoises - un bilan bien entendu catastrophique. Tout y passa : maux de tête, oreilles, insomnies, rhumatismes, cour, paralysie radiale, intestins, eczéma, pellagre, dentition. Il força à peine la note... Mais il avait surtout lieu de se plaindre de l'indécision des Danois»

Un appui inespéré lui vint à ce moment-là des États-Unis à l'initiative de Julian Cornell, un avocat de New York qui avait traduit son « mémoire en défense » et entrepris de faire circuler une pétition en sa faveur, aidé par un jeune professeur d'origine juive, Milton Hindus. qui enseignait à la Brandeis University dans le Massachusetts. L'écrivain Henry Miller, le compositeur Edgar Varèse, l'éditeur James Laughiin signèrent parmi d'autres cette pétition qui réclamait la libération de l'écrivain, soulignait qu'il n'était poursuivi en vérité que pour des délits d'opinion, rappelait ses faits d'armes durant les deux guerres mondiales et insistait enfin sur le climat de vengeance et de règlements de comptes qui pesait alors sur la France.



Dans les conditions plus clémentes du Sundby Hospital, Céline renoua alors des rapports épistolaires avec ses vieux amis de Paris : Henri Mahé, Marcel Aymé, André Pulicani, Daragnès ou le docteur Camus. Comme s'il avait besoin de retrouver son pays, son passé et sa langue maternelle, d'écrire pour survivre, se rassurer, s'illusionner, protester, hurler, maudire, se plaindre, s'attendrir, exagérer, bref développer toute la gamme excessive de ses sentiments, la folie de son écriture, son besoin d'un lien, d'un cri aussi vital qu'un cordon ombilical pour combattre l'asphyxie qui le menaçait : le silence. Peu de correspondances d'écrivains seront aussi fécondes que la sienne durant toute cette période de l'exil danois, avec ces milliers et ces milliers de lettres, cette correspondance qu'il avait entamée au plus profond de son désespoir avec

Lucette...

Symptomatique de son retour au passé est ainsi sa lettre du 17 janvier à Lucien Descaves, à son premier défenseur du Voyage qui venait de faire paraître lui-même Souvenirs d'un ours où il relatait entre autres les mésaventures du Goncourt de 1932. Ah ! l'abbé Mugnier que Céline s'était amusé à scandaliser autrefois à la table de Lucien Descaves, et ses défenseurs du Renaudot comme Noël Sabord !... « Je suis vous le savez accusé du pire, trahisons etc. Rien de tout cela ne tient debout. Tout ce qui m'a été transmis est faux : inventions, tissu de ragots, ignobles et absurdes, haines et haines c'est tout. Mais ce sont les suspects que l'on guillotine le plus pendant les révolutions, suspect c'est pire que tout. Alors l'exil, mais l'exil plus la prison, plus la maladie, c'est trop. J'ai une bonne âme bien résistante, bien vaillante, bien gaie aussi - mais elle commence tout de même à se lasser - elle ne passera pas le printemps je crois dans cette prison, elle s'échappera alors, elle ira je vous en préviens se poser dans le fantôme de votre arbre, elle sera redevenue oiseau... vous dire bonjour56. »

Le 24 janvier 1947, Céline quitta le Sundby Hospital pour réintégrer sa cellule de la Vestre Faengsel. Le jour même se tint une importante réunion du ministre de la Justice, de son collègue des Affaires étrangères et de quelques hauts fonctionnaires. Ils décidèrent une fois de plus, très énergiquement, de n'adopter aucune ligne de conduite. Un comble ! Mikkelsen adressa du coup le 27 au ministre de la Justice une lettre cinglante.

«... Si, au mépris de la lettre et de l'esprit du traité d'extradition signé entre la France et le Danemark, ainsi qu'au mépris du droit des gens et des principes humanitaires les plus fondamentaux, on désire enfreindre les usages auxquels les nations civilisées se sont jusqu'à présent conformées, alors, bien sûr, qu'on n'hésite pas à extrader cet homme, dont la détention dans les prisons danoises a fait une épave ! Mais si tel est le but recherché, cet homme a le droit d'être informé de ce qui a été décidé à son endroit, afin que je puisse prendre, en son nom, toutes mesures utiles à sa sauvegarde, de même que c'est son droit d'exiger des conditions de vie décentes étant donné que, comme déjà indiqué, il y a seulement heu de lui appliquer le régime de la surveillance et de la garde à vue, et non pas le maintenir en réclusion comme un dangereux criminel57. » A sa lettre, Mikkelsen joignit l'appel des personnalités du monde littéraire et intellectuel des États-Unis. Le lendemain, il fut reçu par le ministre qui lui reprocha la véhémence de son message. Qu'importe ! Mikkelsen avait marqué un point. Il fallut bien songer à transférer Céline dans un hôpital civil en dehors de la prison.



Chose faite le 26 février. Céline fut admis au Rigshospital (l'hôpital national de CopenhaguE) où il restait théoriquement sous surveillance et où il avait dû s'engager sur l'honneur à ne pas quitter les lieux sans l'autorisation de la police judiciaire. Il y bénéficia très vite d'un régime de faveur, libre de ses mouvements dans l'enceinte de l'établissement, libre aussi de correspondre et de recevoir qui il voulait. Il lui fallait seulement demander une autorisation spéciale à la police pour aller en ville, rendre visite par exemple à son avocat.

Mikkelsen, à partir de cet instant, cessa de harceler le ministère de la Justice, comme s'il se satisfaisait de cet arrangement provisoire. Et Helga Pedersen écrivit (sans rirE) dans son ouvrage Le Danemark a-t-il sauvé Céline ? : « Entre-temps, la mise à l'étude d'une libération définitive allait bon train aux ministères de la Justice et des Affaires étrangères, et l'on sait déjà que cela aboutit à l'ordre de remise en liberté du 19 juin 194758. » La notion de vitesse ou de « bon train » est, comme on le voit, des plus personnelle pour les juristes danois.

Le 1er mars 1947, Céline adressa sa première lettre à Milton Hindus qui bientôt fera le voyage au Danemark-un Milton Hindus étrangement fasciné par la personnalité de l'écrivain français, attiré par son génie crépusculaire, la force de son imagination, la puissance syncopée de son style et la démesure morbide de ses pamphlets. Comme il l'écrira en introduction de l'ouvrage qu'il lui consacrera par la suite : « Si moi, Juif d'Amérique, je suis allé m'entretenir avec Céline l'été dernier, c'est parce qu'il m'avait spirituellement atteint et ébranlé pendant la guerre, comme Hitler avait ébranlé mon pays et mes congénères en particulier. Je considérais Céline - et je le considère toujours - comme un phénomène artistique sans équivalent dans le monde contemporain59. »

Céline de son côté fut touché par l'intérêt inespéré que lui manifestait ce jeune intellectuel américain. Il multipliera avec lui les prévenances, les amabilités, développera dans sa correspondance tout un jeu de séduction philosémite, lui écrira certaines des lettres les plus pénétrantes sur son art romanesque, envisagera devant lui d'émigrer aux Etats-Unis, voire de se retrouver médecin au Groenland - la fuite vers le Grand Nord toujours...

Au moment où Céline se rétablissait au Rigshospital, le chat Bébert tomba malade. Il fallut l'opérer le 7 mars d'une tumeur cancéreuse. Mais le matou de Montmartre en avait vu d'autres. Il supporta le choc pour se rétablir bien vite avec cette sérénité plus lente et plus sage des chats vieillissants, fidèles, silencieux et énigmatiques.

Début mars, Céline acheva Guignols band 2 et, le 20 mars, la nouvelle et définitive version de son ballet Foudres et Flèches. Mais le temps n'était pas encore venu où il ne pourrait s'occuper que de littérature. Si la pression juridique se relâchait au Danemark, elle ne faisait que commencer en France. Son vieil ami Antonio Zuloaga, l'attaché de presse de l'ambassade d'Espagne à Paris, demanda en avril 1947 à Me Albert Naud s'il voulait bien se charger à Paris de la défense de l'écrivain. L'avocat, ancien résistant, arrêté par la Gestapo, emprisonné deux mois à la Santé et qui avait participé aux combats pour la libération de la capitale, accepta. Commença alors, à partir du 19 avril, une correspondance entre les deux hommes qui éclaire toute l'évolution juridique de l'affaire Céline en France60.



Que retenir des premières lettres que lui adressa l'écrivain depuis le Rigshospital et où on le voit plaider son cas pour instruire en quelque sorte son propre avocat ? Il commença par lui décrire la personnalité de Guy de Girard de Charbonnière : « En vérité il s'y est fort mal pris, l'homme est sot - Les Danois au point de vue juridique s'alignent sur l'Angleterre, ils ne croient pas à la véhémence, toute attaque qui leur semble partiale les met immédiatement en suspicion. Charbonnière s'y est fort mal pris, il a tenté de me faire extrader par "furia". »

Le 12 mai 1947 : « Vous avez vu mon dossier-il contient 95 p. 100 de haine et 5 p. 100 de collaboration (ou soi-disant tellE). Si je ne dis rien on me recouvre d'ordure, si je proteste on me trouve monstrueux. »

Le 25 mai, il revient à la charge : « Les Beaux Draps ? Qui les a lus ? Personne - J'en tire cent pages d'anthologie patriotique - mes soi-disant lettres au journaux ? des tripatouillages ou des faux - Évidemment ils sont dix, ils sont cent, ils sont mille à Paris qui ont intérêt à ce que l'on me bâillonne, assassine, supprime (tel DenoëL) ! Patriote? je le suis mille fois plus que ceux qui m'accusent. Je n'ai voulu qu'empêcher qu'on déclare la guerre d'une façon aussi conne - et que l'on découvre ainsi la faiblesse française. »

Le 18 juin, il évoque son antisémitisme en termes inhabituels, formulant des regrets pour ne plus considérer bientôt qu'un seul martyre... celui des antisémites eux-mêmes ! : « Je suis le seul antisémite traqué pour son antisémitisme qui puisse vraiment être actuellement utile aux juifs... Ceux-ci sont loin d'être populaires, on les déteste autant et plus qu'avant Hitler (...) or je me suis persuadé par l'expérience hélas ! que l'antisémitisme ne menait à rien et qu'au surplus il n'avait plus aucune raison d'être. (...) L'antisémitisme est une provocation politique ou policière - Malheur au sincère qui s'y mouille ! C'est une farce abjecte. Je ne pardonnerai jamais aux allemands d'avoir dressé ce panneau électoral en parfaite connaissance de l'escroquerie qu'ils commettaient. (...) Personne ne m'a jamais soupçonné de calculs ni de lâcheté. Je pense aux miens, aux miens d'abord, les souffrances actuelles des antisémites en prison me tiennent à cour je vous l'assure. (...) Je suis médecin avant tout - que notre martyre serve à quelque chose. »

Autres correspondances de Céline qui débutent à ce moment-là, celle d'Albert Paraz (au total 353 lettres de CélinE) fin mai 1946, celle de Charles Deshayes (134 lettreS) en juin.

Le premier était né à Constantine. Il avait fréquenté dans les années vingt les milieux anarchistes et surréalistes et les cafés de Montmartre. Deux romans publiés avant la guerre chez Denoël, Bitru en 1936 et les Repues franches l'année suivante, ne l'avaient guère imposé dans le monde littéraire. Il avait fait à peu près tous les métiers : fakir, représentant de stylos, figurant de cinéma, revendeur de champignons, etc. Ce qui frappe chez Paraz qui allait être gazé accidentellement au centre de recherche de Béni-Ounif dans le Sahara en 1939 (il ne se remettra jamais de cette affection des poumonS), c'est son non-conformisme, sa gouaille, sa liberté de ton et d'esprit et sa verve un peu populacière. Céline qu'il avait peut-être croisé avant la guerre chez Denoël, représentait à ses yeux le grand, l'inaccessible écrivain, on n'ose pas dire le modèle. Céline en difficulté au Danemark, proscrit, maudit, en attente de jugement, voilà l'occasion de lui écrire, de l'encourager, de braver les modes, les conformismes de la pensée, le confort idéologique et épurateur de l'époque. Et Paraz se démènera sans compter pour aider l'écrivain, à la mesure de ses moyens et de ses relations. Leur correspondance sera pour l'auteur du Voyage comme une formidable bouffée d'oxygène, une façon de briser sa solitude, de respirer un peu l'air de Paris...

Charles Deshayes, de son côté, était un jeune journaliste lyonnais qui voulait créer un mouvement de presse favorable à l'écrivain. Mais Naud jugea la manouvre maladroite et surtout inopportune. Il dissuada le journaliste. « Pour l'instant », lui écrivit-il, « il serait absolument contre-indiqué de déclencher une campagne quelconque en faveur de Céline. (...) J'ai à l'heure où je vous écris la quasi-certitude d'obtenir du Danemark un refus d'extradition. H faut que j'aie sur ce point une assurance formelle et une décision définitive avant d'entreprendre quoi que ce soit en France. »

Avec l'été, le ciel s'éclaircissait donc au-dessus de Copenhague. En juin, Céline signa le contrat de la nouvelle édition américaine de Mort à crédit p.^facée par Milton Hindus (qu'il remercia en termes dithyrambiques, le priant d'adresser aussi ses remerciements à Julian Cornell pour la pétitioN) et de Guignols band avec l'éditeur James Laughlin. La mise en liberté de Céline, la décision définitive de ne pas l'extrader ne pouvaient plus être qu'une question de jours. D'autant que le journal communiste danois Lang og folk menait campagne contre Céline depuis le mois d'avril et que, le 9 juin 1947, un médecin-chef et vingt-cinq médecins du Rigshospital hostiles à l'écrivain qu'ils tenaient pour un collaborateur, avaient signé une pétition pour réclamer son départ.

Le 24 juin 1947, à onze heures du matin, il fut enfin libéré officiellement. Il signa la déclaration suivante (en anglaiS) : « Je soussigné Louis Ferdinand Destouches déclare sur l'honneur ne pas quitter le Danemark sans le consentement des autorités danoises », reçut le reste de son argent séquestré, c'est-à-dire 2025 couronnes et s'installa avec Lucette dans la soupente du 8, Kron-princessegade...

Quatre longues années allaient encore s'écouler avant que l'écrivain ne regagnât son pays. Pour l'instant, la peur immédiate, physique, de l'extradition, les menaces contre sa liberté, sa vie, tout cela s'estompait. Le reste serait affaire de patience, de misère, d'ennui, de procédures, de chinoiseries juridiques, de colères, d'impuissance, de découragement, de malveillance, dans ce Danemark qu'il allait prendre à jamais en grippe. Mais la guerre et ses dernières conséquences tragiques s'achevaient pour lui. Les Danois l'avaient remis en liberté. Les Danois ne l'extradaient pas. D'un château l'autre-fin ! Céline venait d'échapper au dernier, c'est-à-dire à la prison.






Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.



Louis-Ferdinand Destouches
(1894 - 1961)
 
  Louis-Ferdinand Destouches - Portrait  
 
Portrait de Louis-Ferdinand Destouches


mobile-img