wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Julien Gracq



La basilique de pythagore - Poéme


Poéme / Poémes d'Julien Gracq





Il y i dans un coin de ma mémoire cette ville alerte dont je n'ai pas encore voulu jouir.
Les boulevards tournent avec les rayons du soleil et l'ombre est de tout temps réservée aux rues de traverse et au quartier désuet des conspirateurs.
C'est là que je m'achemine à midi sonné par des ruelles où le vent perpétuel rebrousse les herbes.
De très vieux hôtels à baldaquins de pierre s'entremêlent çà et là à quelques-unes de ces charmantes gares de campagne désaffectées que la ville a avalées au passage - aussi bien conservées, ma foi, que
Jonas dans sa baleine.
Au coin de la rue se balance la pancarte bleue défraîchie de la salle d'attente des premières classes.
Une maison hospitalière y donne - pourquoi pas ? - ses jeux folâtres; par la grille du guichet il m'est donné parfois de surprendre, au creux d'un ballot de cotonnades, les ébats les moins condamnables.
On se croit tout à coup - dans une apothéose de madras de couleur et cette ombre, cette ombre fraîche ! - au cour de quelle
Caroline du
Sud !
Et la poussière ! - cette fine poussière de charbon des gares très patinées, dont l'odeur enivre.
Tout autour, un jardin, accueillant, - des colchiques, des bougainvilliers.
Il est défendu de s'arrêter longtemps.
L'ombre d'un gratte-ciel tout blanc éteint la petite gare, on pense tout à coup à la
Sicile, aux rues en falaise de je ne sais quelle
Salerne de béton où dans un ouragan de mouches l'ombre des loggias de l'Hôtel de ville haut perché écrase les maisons du port et leurs belles lingeries multicolores, leur grand pavois des jours de fête, qui sont tous les jours.
Il y a aussi une débauche d'horloges de fer, comme de grandes araignées.
Si débonnaires, si tranquilles.
Le ferraillement énorme d'un tramway entre au cour de tout cela comme un tremblement de terre, une explosion de vaisselle, ou le tintamarre réjouissant de ces tubes de métal accordés qu'ébranlent les portes des magasins pleins de pénombre où l'on marchande des bibelots d'osier, des porcelaines, des flacons treillissés de parfums exotiques.
Pour en revenir à la petite gare, dans son jardin s'est réfugié un cèdre.
Entre les murailles verticales qu'il touche et qui font sauter le cour de joie à leur élan lisse, il étend ses branches comme ces niveaux d'eaux croupies des puits très profonds, les années de sécheresse.



On a du le descendre là au bout d'une corde, et c est dans cette galerie de forage, sous ce culot de verdure, sous ces clapets de verdure dormnés par cent trente-cinq étages et l'éclat neuf en plein jour de toutes les étoiles, c'est la que je donne mes rendez-vous d'amour et mes baisers voraces, mes premiers baisers.



Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Julien Gracq
(1910 - 2007)
 
  Julien Gracq - Portrait  
 
Portrait de Julien Gracq

Biographie / Ouvres

1910
- Naissance de Louis Poirier le 27 juillet à Saint-Florent-le-Vieil dans le Maine-et-Loire, région des Mauges, dans la maison du grand-père paternel.

mobile-img