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Jean-Pierre Claris de Florian



La sauterelle - Fable


Fable / Poémes d'Jean-Pierre Claris de Florian





C'en est fait, je quitte le monde ;



Je veux fuir pour jamais le spectacle odieux



Des crimes, des horreurs, dont sont blessés mes yeux.



Dans une retraite profonde,



Loin des vices, loin des abus,



Je passerai mes jours doucement à maudire



Les méchants de moi trop connus.



Seule ici bas j'ai des vertus :



Aussi pour ennemi j'ai tout ce qui respire,



Tout l'univers m'en veut ; homme, enfants, animaux,



Jusqu'au plus petit des oiseaux,



Tous sont occupés de me nuire.



Eh !
Qu'ai-je fait pourtant ? . que du bien.
Les ingrats !



Ils me regretteront, mais après mon trépas.



Ainsi se lamentait certaine sauterelle,



Hypocondre et n'estimant qu'elle.



Où prenez-vous cela, ma sour ?



Lui dit une de ses compagnes :



Quoi !
Vous ne pouvez pas vivre dans ces campagnes



En broutant de ces prés la douce et tendre fleur,



Sans vous embarrasser des affaires du monde ?



Je sais qu'en travers il abonde :



Il fut ainsi toujours, et toujours il sera ;



Ce que vous en direz grand'chose n'y fera.



D'ailleurs où vit-on mieux ?
Quant à votre colère



Contre ces ennemis qui n'en veulent qu'à vous,



Je pense, ma sour, entre nous,



Que c'est peut-être une chimère,



Et que l'orgueil souvent donne ces visions.



Dédaignant de répondre à ces sottes raisons,



La sauterelle part, et sort de la prairie



Sa patrie.



Elle sauta deux jours pour faire deux cents pas.



Alors elle se croit au bout de l'hémisphère,



Chez un peuple inconnu, dans de nouveaux états ;



Elle admire ces beaux climats,



Salue avec respect cette rive étrangère.



Près de là, des épis nombreux



Sur de longs chalumeaux, à six pieds de la terre,



Ondoyants et pressés se balançaient entre eux.



Ah que voilà bien mon affaire !



Dit-elle avec transport : dans ces sombres taillis



Je trouverai sans doute un désert solitaire ;



C'est un asile sûr contre mes ennemis.



La voilà dans le bled.
Mais, dès l'aube suivante,



Voici venir les moissonneurs.



Leur troupe nombreuse et bruyante



S'étend en demi-cercle, et, parmi les clameurs,



Les ris, les chants des jeunes filles,



Les épis entassés tombent sous les faucilles,



La terre se découvre, et les bleds abattus



Laissent voir les sillons tout nus.



Pour le coup, s'écriait la triste sauterelle,



Voilà qui prouve bien la haine universelle



Qui partout me poursuit : à peine en ce pays



A-t-on su que j'étais, qu'un peuple d'ennemis



S'en vient pour chercher sa victime.



Dans la fureur qui les anime,



Employant contre moi les plus affreux moyens,



De peur que je n'échappe ils ravagent leurs biens :



Ils y mettraient le feu, s'il était nécessaire.



Eh !
Messieurs, me voilà, dit-elle en se montrant ;



Finissez un travail si grand,



Je me livre à votre colère.



Un moissonneur, dans ce moment,



Par hasard la distingue ; il se baisse, la prend,



Et dit, en la jetant dans une herbe fleurie :



Va manger, ma petite amie.









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Jean-Pierre Claris de Florian
(1755 - 1794)
 
  Jean-Pierre Claris de Florian - Portrait  
 
Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian

Biographie / Ouvres

Jean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans.
Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes.
Banni de Paris pendant

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