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Jean-Marie Chassaignon



Effervescence du sang, ébranlement du cerveau, éruption des volcans - Poéme


Poéme / Poémes d'Jean-Marie Chassaignon





Si natura negat facit indignatio.

L'art supplée quelquefois au défaut de la nature".

Ainsi l'arbre élevé dans des serres brûlantes,
Préparé, fécondé, par la chaleur de l'air, Étale un fruit précoce au milieu de l'hiver.



Pueros
Medea trucidât
Atque humana palam coquit exta nefarius
Atreus.



Frappez :
Dieux tout-puissants que ma fureur implore.

Dieux vengeurs, s'il en est, puisque je vis encore,

Frappez, mon crime affreux ne regarde que vous ;

Le ciel n'a-t-il pour moi que des tourments trop doux ?

Je vois ce qui retient un courroux légitime,

Dieux, vous ne savez point comme on punit mon crime.

Mais quoi ! quelle vapeur vient obscurcir les airs !
Grâce au ciel on m'entrouvre un chemin aux enfers.
Descendons... les enfers n'ont rien qui m'épouvante.



Mais, que vois-je, perfide... ah grands dieux, quelle horreur !
C'est du sang ! tout le mien se glace dans mon cour,
Le soleil s'obscurcit, et la coupe sanglante
Semble fuir d'elle-même à cette main tremblante'.
Je me meurs...
Ah! mon fils, qu'êtes-vous devenu?



J'avançais à pas lents sous ces voûtes profondes,

Séjour des noirs forfaits et des esprits immondes,

Je vis un malheureux sur un autre acharné.

Dieux! j'en frémis encor.

Il lui rongeait la tête, et sa bouche cruelle

Faisait couler le sang sous sa dent criminelle.

Tel un tigre affamé, dans le fond des tombeaux

D'un cadavre hideux dévore les lambeaux,

Les os demi-rompus, de la triste victime,

Se brisent sous l'effort de la dent qui l'opprime.



Déjà depuis trois mois dans mon cachot funeste,

Je sentais dans mon sein s'amasser la terreur ;

Quand d'un songe effrayant la prophétique horreur,

Offrit à mes esprits la plus fatale image ;

Je m'éveillai tremblant...

Mes fils dormaient : j'y cours : leurs gestes, leurs visages.

Sur mon sort tout à coup éclairant mes présages,

De la faim sur leur lit exprimaient les douleurs.





Ils s'écriaient : mon père, et répandaient des pleurs ;
Nous nous levons : on vient : nous attendions d'avance.
L'aliment qu'on accorde à la simple existence.
Chacun se tait, j'écoute, et j'entends, de la tour,
La porte en mur épais se changer sans retour,
Je fixai mes enfants sans parole et sans larmes,
J'étais mort... ils pleuraient... je cachais mes alarmes,
Mais lorsque enfin (soleil devais-tu te montrer)
Dans eux tous à la fois je me vis expirer,
Je dévorais ces mains;
Renaud me dit : mon père
Vis, tu nous mangeras :
Raymond,
Dolcé,
Sévère
M'offrirent à genoux leur sang pour me nourrir.

Je restais seul vivant, mais indigné de vivre.

Ma vue en s'égarant s'éteignit à la fin ;

Et ne pouvant mourir de douleur, ni de faim.

Je cherchais mes enfants avec des cris funèbres;

Pleurant, rampant, hurlant, embrassant les ténèbres.



Mille noires vapeurs obscurcissent le jour,
Les astres de la nuit interrompent leur course.
Les fleuves étonnés remontent vers leur source.



Et
Pluton même tremble en son obscur séjour.

Sa voix redoutable

Trouble les enfers

Un bruit formidable

Gronde dans les airs.

Un voile effroyable

Couvre l'univers.

La terre tremblante

Frémit de terreur,

L'onde turbulente

Mugit de fureur,

La lune sanglante

Recule d'horreur.
Dans le sein de la mort de noirs enchantements

Vont troubler le repos des ombres,
Les mânes effrayés quittent leurs monuments,
L'air retentit au loin de leurs longs hurlements,
Et les vents échappés de leurs cavernes sombres,
Mêlent à leuts clameurs d'horribles sifflements.



La nuit sur les mortels répandait ses pavots

Et je m'abandonnais aux douceurs du repos,

Quand soudain dans l'horreur d'un songe épouvantable,

Dieux! j'en frémis encore, une voix lamentable

Vint porter par ses cris la terreur dans mes sens ;

L'air retentit au loin de funèbres accents.

Je cherche cette voix : ô spectacle terrible !

Dans un champ dévasté je vois un spectre horrible

Il traîne en chancelant de lugubres flambeaux,

Et semble s'élever d'entre mille tombeaux ;

De mânes entourée, et de sang dégoûtante

Cette ombre à pas tardifs, s'avance, et m'épouvante.

À l'instant m'enlevant dans les nues
Ce fantôme s'ouvrit des routes inconnues,
Et sur un monstre ailé traversant l'univers,



Dans sa course rapide il infectait les airs.
Que vois-je ? sous nos pas les plantes desséchées
Sont, par un souffle impur, sur la terre couchées ;
Les animaux plaintifs font gémir les forêts.
Les reptiles brûlants tarissent les marais :
D'un astre ensanglanté les feux pâles et sombres,
Découvrent à mes yeux la demeure des ombres ;
Vers ce séjour fatal un fleuve tortueux
Roule dans les désens ses flots tumultueux,
Il est formé de sang, il se grossit de larmes,
Son effroyable nuit fait naître les alarmes ;
Sur son rivage aride on voyait des serpents,
De monstrueux aspics, et des dragons rampants.
Près de ces tristes bords, voisins du noir
Tartare,
Est un temple fameux de structure barbare ;
Le crime en a jeté les premiers fondements.
Sur un vaste massif d'antiques ossements
S'élève un double rang de colonnes informes.
Leurs frêles chapiteaux, et leurs bases difformes
Toujours souillés du sang des victimes des dieux
Offrent de tous côtés un aspect odieux.
L'architrave est chargé d'affreux hiéroglyphes
Et des crânes saillants séparent les triglyphes.



Aux rayons pâlissants de leurs torches funèbres
Des larves nous guidaient au milieu des ténèbres.
Nous entrons... je frémis... un morne, et long silence
De la nuit éternelle annonce la présence ;
Une ombre me conduit dans ce lieu redouté
Et me renverse aux pieds de la divinité ;
On voit à ses côtés des lémures, des urnes,
Des branches de cyprès, et des oiseaux nocturnes.
Là des bras décharnés portant de sombres feux Éclairent d'un faux jour ce salon ténébreux,
Des tableaux effrayants suspendus aux murailles
Offrent de toutes parts de sanglantes batailles.
Dans leurs murs entrouverts des peuples égorgés
Par la fureur des eaux des pays ravagés,



La famine et la mort désolant les campagnes.
Des volcans enflammés renversant des montagnes :
Plus loin on voit des vols et des assassinats,
La foudre dans les champs tomber en mille éclats,
Des vaisseaux engloutis, des villes embrasées.
Sous leurs débris fumants, des femmes écrasées.
Des enfants malheureux l'un sur l'autre expirants,
Des tortures, des fers, des bourreaux, des tyrans.



Esce allor de la selva un suon repente che par rimbombo di terren che treme, e ' mormorar de gli
Austri in lui si sente e ' pianto d'onda che fra scogli geme.
Corne rugge il leon, fischia il serpente, corne urla il lupo e corne l'orso freme v'odi, e v'odi le ttombe, e v'odi il tuono : tanti e si fatti suoni esprime un suono.



Da gli occhi de' mortali un negro vélo raspisce il giorno e 'I sole, e par ch'avampi negro via più ch'orror d'inferno il cielo, cosi fiammcggia infra baleni e lampi.
Fremono i tuoni, e pioggia accolta in gelo si versa, e i paschi abbatte e inonda i campi.
Schianta i rami il gran turbo, e par che crolli non pur le quercie ma le rocche e i colli.



Ma già discendon l'ombre orrido vélo che di rossi vapor si sparge e tigne ; la terra in vece del notturno gelo bagnan rugiade tepide e sanguigne ; s'empie di mostri e di prodigi il cielo, s'odon fremendo errai larve maligne : votô
Pluton gli abissi, e la sua notre tutta verso da le tartaree grotte.



Ciel ô ciel, quels torrents de cendre de fumée !
Le
Vésuve en fureur de sa cime enflammée
Vomit des rocs brûlants, et des métaux fondus ;
La lave roule au loin jusqu'aux mers écumanres ;
Herculane est couvert de ces masses fumantes ;
Pompeïa n'est plus.

Le soleil est éteint.
Les feux de ce tonnerre
Ont seuls droit d'éclairer et d'embraser la terre ; À cette lueur sombre, à ces longs tremblements,
Neptune avec effroi, s'élançant du rivage,
Court aux bords africains énoncer ce ravage
Par des mugissements.

Le choc des éléments a brisé ces montagnes ;
La sulfurate ardente a brûlé ces campagnes ;
Ces pins sont arrachés ; ces murs sont renversés ;



Tous les vents échappés de leurs grottes profondes.
De cent vaisseaux épars ont semé sur les ondes
Les débris fracassés.



Gaillard

Mais quels feux ! quel fracas horrible
Confond mes sens et mes esprits !
L'univers croule,
Dieu terrible ;
Je vais périr sous ses débris.
Le ciel nous déclare la guerre ;
L'ange précédé du tonnerre.
Paraît dans les airs enflammés ;
Il parle : la terre s'entrouvre,
Et des tombeaux qu'elle découvre,
Les ossements sont animés.



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Jean-Marie Chassaignon
(1735 - 1796)
Portrait de Jean-Marie Chassaignon
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