Jean Orizet |
La brousse et la nuit ne font qu'un lorsque le voyageur prend son tour de veille auprès du feu de camp. Quelques bûches ranimeront la flamme qui réchauffe et tient les bêtes à distance. Nuit rugissante d'Afrique: tout autour, les lionnes réunies en bandes ont commencé la chasse. Par leurs appels répercutés de proche en proche, elles se renseignent, tout en marquant leur territoire, sur l'emplacement du troupeau d'impalas, la marche d'un koudou isolé, la ligne de fuite d'une girafe, proies déjà vaincues par le terrible coup de patte, au terme de la poursuite. Après la curée des grands fauves, arrivent les hyènes qui raclent et brisent les os des carcasses comme en se riant. L'aube seule ramènera le silence, annonciateur de somnolentes digestions à l'ombre des acacias nains. Enfin, c'est l'heure des vautours, monstrueux fruits de plumes noires que le matin trouve piqués sur la cime des arbres morts : ils sont les éboueurs de ce champ de bataille et n'auront que les restes des restes, quand le monde animal est encore assoupi, à l'exception du guépard, chasseur diurne. Le voyageur s'éveille sous l'ébène. En contrebas, dans la rivière à sec, un froissement de roseaux indique la présence d'éléphants. Eux n'ont jamais eu peur des lions. |
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Jean Orizet (1937 - ?) |
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Portrait de Jean Orizet | |||||||||
OuvresAprès avoir pratiqué le métier de journaliste, Jean Orizet devient le cofondateur, en 1969, de la revue Poésie 1 et travaille comme éditeur aux éditions du Cherche-midi. Ecrivain, voyageur et humaniste, ses textes, dont 'L' Attrapeur de rêves' ou 'La Cendre et l'étoile', lui permettent de figurer au rang des poètes les plus importants de sa génération. |
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