Jean Orizet |
Le héron était cloué, ailes ouvertes, sur la porte du moulin, il se l'appropriait lentement, la pénétrait avec l'hiver pour sésame, et le meunier n'y pouvait rien. Près de la maison, dans cet ovale tisane - oil borgne d'un troupeau de saules - quelques salamandres protégeaient le roi des Aulnes - taches oranges sur leur dos volées aux tournesols du jardin. Chaque été elles embrasaient la savane, entre épicéa et charmille. Ces demoiselles, je les savais sorcières à l'oil mouillé; comme elles j'aimais l'août brûlant qui change en brins tabac la barbe du maïs. Un jour, grand-père s'en va, emportant mon secret. Le lendemain, une salamandre crève la surface et le soleil envahit son ventre. Héron, saule ou sorcière, ils savent, quand elle surgit, tourner le dos à la mort. |
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Jean Orizet (1937 - ?) |
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Portrait de Jean Orizet | |||||||||
OuvresAprès avoir pratiqué le métier de journaliste, Jean Orizet devient le cofondateur, en 1969, de la revue Poésie 1 et travaille comme éditeur aux éditions du Cherche-midi. Ecrivain, voyageur et humaniste, ses textes, dont 'L' Attrapeur de rêves' ou 'La Cendre et l'étoile', lui permettent de figurer au rang des poètes les plus importants de sa génération. |
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