wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Jean Anouilh



Le rat - Fable


Fable / Poémes d'Jean Anouilh





Un rat sortait de l'Opéra :
Plastron blanc et cravate noire...
C'était un rat dont tout
Paris savait l'histoire.
On disait que, pendant l'occupation des chats,
Il avait stocké du gruyère.
Il était décoré pourtant, de mine fière,
Mais de cette fierté incertaine des rats.
Il est rare que ces gens-là
Aient la conscience tranquille...
Portant beau, poil lustré et ras
Ongles faits par les manucures;
Costumes du meilleur tailleur;
Dès qu'il sort de l'égout et se fait place en ville
Un rat a voiture
Et chauffeur,
Chevalière d'or, jolies filles-Cette race toujours inquiète
A besoin pour se rassurer
De s'entourer de beaux objets



L'illusionnant sur sa puissance :

C'est un défaut qui tient au manque de naissance.

Le chauffeur de mon rat, un gros chien du pays,

Décoré d'ailleurs, lui aussi,

Pour avoir combattu les chats héréditaires

Lors de la précédente guerre,

Acceptait ses hauteurs sans lui montrer les dents

Tant le prestige de l'argent

Est, hélas! puissant chez les bêtes...

«
C'est un rat, disait-il, mais c'est un rat honnête.

Il en est.
Et la preuve est qu'il est décoré. »

Ah! mon
Dieu que les chiens sont bêtes!...

Pauvres niais abusés, lisant journaux de rats,

Qui ne sauront jamais que ce que rat dira.

Ce soir-là, saluant son maître à la portière,

Le chien ravi lui fit le salut militaire.

Il exultait.
La vie lui paraissait plus belle.

Il dit : «
Monsieur sait la nouvelle,

Que, pendant que
Monsieur écoutait l'opéra,

A donnée la radio ?» - «
Qu'importe, dit le rat

Lassé, montant dans son automobile;

Laissons la radio à un peuple imbécile -

J'ai mes informateurs. » - «
Quoi,
Monsieur ne sait



Je crois,
Monsieur, qu'il faut, tous deux, qu'on s'y

Si on veut faire place nette.



La radio nous annonce une invasion des chats.

Il va falloir tuer tout cha ! »

(Il prononçait à l'auvergnate

Etant chien de
Clermont-Ferrand.)

Le rat, entendant

Ces mots, bondit soudain des quatre pattes.

Laissant l'engin de luxe aux portes nickelées,

Dépouillant son plastron, sa pelisse fourrée,

Jetant sa canne et son chapeau

Rat nu, en poil de rat,

Comme au jour de naissance,

Le rat ne fit qu'un bond jusqu'à l'égout voisin

D'où il cria au sot :

«
Apprenez, sotte engeance,

Que la race des rats a bien d'autres desseins !

Un rat gras à
New
York vaut un rat gras à
Vienne

Ou à
Paris.

Courage, mon ami!

Défendez le pays :

Et lorsque nous aurons enfin

Vaincu la race des félins,

Informez-moi, que je revienne. »





Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.



Jean Anouilh
(1910 - 1987)
 
  Jean Anouilh - Portrait  
 
Portrait de Jean Anouilh


Carrière

Formation

Biographie de jean anouilh

Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère est musicienne et professeur de piano, elle joue dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province.

Ouvre

Théâtre

mobile-img