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Jean Anouilh



Le coq cocu - Fable


Fable / Poémes d'Jean Anouilh





Portant beau, chantant haut, hardi, couvert de

femmes
Et de plumes de toutes couleurs;
Envié des petits coqs maigres déjà coureurs,
Qui doivent, pour tirer furtivement un coup,

Gagnant peu et risquant beaucoup,

Echafauder maintes et ténébreuses trames ;

Un coq, seigneur de la basse-cour, qui l'eût cru ?

Etait bel et bien cocu.



Il avait tout soumis et les corps et les âmes.

On tremblait devant lui.

Mais le triomphe, à la longue, agace les dames.

Ce grand homme après tout ce n'est que leur mari.

Et lorsqu'il rentre triomphant de ses victoires,

Sous les folles acclamations,

Leur sourire est pincé en pensant à l'histoire

Qu'il faudra écouter dix fois à la maison.



Le conquérant se perd en mettant ses pantoufles.

Et le plus grand génie n'a pas toujours raison

Dans un conflit de casseroles.

Et puis, surtout, un esprit malicieux leur souffle

Que dans toutes ces inventions,

(Géniales, si l'on veut : il n'est pas aussi drôle

Qu'on l'imagine, vous savez, à la maison !)

Elles ont bien joué aussi leur petit rôle,

Quoiqu'on ne cite pas leur nom.

La vague jalousie, qui stagne au cour des femmes,

Se change en haine, passé le temps clair de l'amour.

Mais qui peut admirer toujours ?

Notre coq confiant vivait dans la méprise.

(Coq célèbre trouve à sa guise

Poulette idiote qui se pâme.)

Il se voyait toujours adulé, sans rivaux.

Seul, peut-être, le coq des voisins, un nouveau,

Noir et rouge, assez beau, il est vrai, de plumage,

Qui le narguait de loin derrière son grillage...

Mais, par la force des choses, sans danger.

Ces dames,
Dieu merci, ne pouvaient que rêver

Très platoniquement à ce bel étranger.

Pour les autres - adolescents suant de haine

Et de peur - il faudrait picorer de la graine

Avant que de pouvoir prétendre

Aller au bout de la carte du
Tendre!

Il y a loin jusqu'au coucher...



Les femmes, le jour volontiers sentimentales,

Entre les draps, la nuit, aiment bons et gros mâles.

Il ne faut pas leur en conter.

Les femmes justement adorent la faiblesse,

La maigreur et la dureté vaine de la jeunesse.

Et sans s'en douter

Notre coq était

Cocu et recocu de minuit à matines.



Il le resta jusqu'à ce que le maître queux

Qui régnait sur cette cuisine

Par un privilège divin,

Le promût un jour coq au vin,

Lui évitant bien des constatations chagrines.

Encor celui-ci mourut-il heureux.

La plupart des cocus piétinent,

Le doute se glissant un beau jour dans leur âme,

Parce qu'ils imaginent un amant de leur femme

Susceptible de leur plaire à eux.



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Jean Anouilh
(1910 - 1987)
 
  Jean Anouilh - Portrait  
 
Portrait de Jean Anouilh

Carrière

Formation

Biographie de jean anouilh

Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère est musicienne et professeur de piano, elle joue dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province.

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