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Jacques Chessex



élégie de mon père - Élégie


Élégie / Poémes d'Jacques Chessex





Ce matin je regarde monter la brume dans la couleur jaune des vallons

Je songe avec l'oiseau dans l'air comme dans la mort

Je songe à la musique enveloppée de brume dans les pentes

J'écoute la voix de mon père dans mon corps



Ce matin je regarde le visage de mon père

dans la brume dorée et jaune des collines

J'écoute l'appel d'un unique oiseau à la cime de l'arbre encore emperlé de pluie

Je vois le visage de mon père aux yeux de ciel

de juillet et d'éclair métallique avant l'orage

Son regard aigu et bon sur mes songes



Ce matin je descends dans l'écorce de l'arbre

et dans la pierre
Je ploie à la fraîcheur du vent dans la souple herbe
Je marche dans cette herbe à côté de mon père
Puis il s'arrête il approche un visage au front

ridé et lisse
Peut-être je touche ses yeux de prairie dans le ciel

entre les nuages
Peut-être j'entre dans le lac de verre de ces yeux



Avec les arbres les nuages la cime des monts
Peut-être je descends sous la terre du rocher

avec ces yeux

Ce matin je ne sais plus si c'est toi qui parles

ou si c'est moi
Tellement fort et précise parle ta voix dans ma voix
Je regarde un paysage d'ombre et d'air
J'écoute en toi le passage de la rivière

ô mon père
Et le vent qui fait bouger tes cheveux

pas encore blancs

Ce matin je marche dans l'herbe de jadis avec mon

père
Je rêve que je ne verrai jamais ses cheveux blancs
Ni que j'entendrai la rivière dans le temps

qui lui reste à vivre
Ni cet automne qui vient de vallon en vallon avec le

givre
Avec le chant de l'oiseau dans cet air jaune
Ni l'appel au fond de son corps

plus triste appel
Que les voix de la forêt, des pentes, des vallons
Plus triste et mélodieux appel

que celui de mon cour mortel 0 si tu dois être mort en moi si longtemps
Jusqu'à ma mort peut-être si tu dois attendre

la vraie mort








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Jacques Chessex
(1934 - 2009)
 
  Jacques Chessex - Portrait  
 
Portrait de Jacques Chessex


Biographie

Jacques Chessex fait ses études à Fribourg, puis à Lausanne où il entreprend des études de lettres et rédige un mémoire sur Francis Ponge. Il s'oriente ensuite vers l'enseignement du français, mais écrit dès son plus jeune âge de la poésie. Il publie en 1954 un premier recueil Le jour proche, bientôt suivi de trois autres volumes Chant de printemps, Une Voix dans la nuit, Batailles dans l'air.

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