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Henri Michaux



Vieillesse de pollagoras - Poéme


Poéme / Poémes d'Henri Michaux





Je voudrais bien savoir pourquoi je suis toujours le cheval que je tiens par la bride.



Avec l'âge, dit
Pollagoras, je suis devenu semblable à un champ sur lequel il y a eu bataille, bataille il y a des siècles, bataille hier, un champ de beaucoup de batailles.

Des morts, jamais tout à fait morts, errent en silence ou reposent.
On pourrait les croire dégagés du désir de vaincre.

Mais soudain ils s'animent, les couchés se relèvent, et tout armés attaquent.
Ils viennent de rencontrer le fantôme de l'adversaire d'autrefois qui lui-même, secoué, tout à coup se précipite en avant fiévreusement, sa parade prête, obligeant mon cour surpris à accélérer son mouvement en ma poitrine et en mon être renfrogné qui s'anime à regret.

Entre eux ils livrent leurs batailles, sans jamais s'interférer aux précédentes, ou aux suivantes, dont inconnus et paisibles circulent les héros, jusqu'à ce que rencontrant à leur tour leur contemporain adversaire, ils se redressent en un instant et foncent irrésistiblement au combat.

C'est ainsi, dit
Pollagoras, que j'ai de l'âge, par cette accumulation.

Encombré de batailles déjà livrées, horloge de scènes de plus en plus nombreuses qui sonnent, tandis que je me voudrais ailleurs.

Ainsi, tel un manoir livré au
Poltergeist, je vis sans vivre, lieu de hantises qui ne m'intéressent plus, quoiqu'elles se passionnent encore et se refassent tumultueusement en un fébrile dévidement que je ne puis paralyser.

La sagesse n'est pas venue, dit
Pollagoras.
La parole s'étrangle davantage, mais la sagesse n'est pas venue.

Comme une aiguille sismographique mon attention, la vie durant, m'a parcouru sans me dessiner, m'a tâté sans me former.

A l'aurore de la vieillesse, devant la plaine de la
Mort, je cherche encore, je cherche toujours, dit
Pollagoras, le petit barrage lointain en mon enfance par ma fierté édifié, tandis qu'avec des armes molles et un infime bouclier, je circulais entre les falaises d'adultes obscurs.

Petit barrage que je fis, croyant bien faire, croyant merveille faire, et me placer en forteresse non délogeable.
Petit barrage trop solide que ma résistance fit.

Et il n'est pas le seul.

Combien en bétonnai-je au temps de ma défense folle, dans mes années effrayées!

Il faut que je les dépiste tous à présent, recouverts de fibres vivantes.

Ma vie fléchissante qui n'a plus qu'un filet cherche, avide, les torrents qui se gaspillent encore, et l'ouvre magnifique du courageux petit bâtisseur doit être ruinée pour le bénéfice du vieil avare attaché à la vie.








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Henri Michaux
(1899 - 1984)
 
  Henri Michaux - Portrait  
 
Portrait de Henri Michaux


Bibliographie

En 1922, lors de son séjour à l'hôpital consécutif à ces problèmes cardiaques, il découvre Lautréamont, dont l'oeuvre lui donne la liberté et l'étincelle créative pour écrire ses propres poèmes. « Cas de folie circulaire », fut son premier poème publié en 1922 dans la revue littéraire Le Disque Vert, dirigée par Franz Hellens. Celui-ci, fervent amateur de Michaux, ira jusqu'à le nommer co-directeu

Ouvres d'henri michaux

Henri Michaux (Namur, 24 mai 1899 - Paris, 19 octobre 1984) est un écrivain, poète et peintre d'origine belge d'expression française naturalisé français en 1955. Son ouvre est souvent rattachée au courant surréaliste, même s'il n'a pas fait partie du mouvement.

Biographie

Né le 24 mai 1899 à Namur, Henri Michaux arrive en 1924 à Paris où il côtoie les peintres surréalistes et se lie d'amitié avec Jules Supervielle et le peintre Zao Wou KI. Après avoir longuement voyagé de 1927 à 1937 en Asie et en Amérique du Sud, il se retire dans le Midi durant la guerre. Il est mort à Paris le 19 octobre 1984. Si la mescaline est en grande partie à l'origine de son ouvre pictura

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