Notre temps - Poéme

De sable était le lit secret de nos ténèbres,
Et la résine et l'océan sur tes cheveux-Deux légendes d'années de hasards et de voux
Tentaient de se connaître aux fièvres de nos lèvres.
Plus tard les écureuils sur l'arbre de l'amour
Se poursuivaient si vifs moins inquiets que nos cours
Par ce bel été vert au seuil du désespoir.
Notre temps noir et rouge est un lierre emmêlé
Au malheur au vertige à l'enfer d'avant l'aube,
Il nous faut bien tresser notre part d'or et d'ombre À ses rameaux pourris qui cachent mal
Hamlet
Et sa folie bêlant au tombeau d'Ophélie,
Il nous faut bien dresser le ciel de notre vie
Sous ces basses nuées d'où tombe un sang trop pauvre.
L'homme ne trouve plus son image et son ange
Dans le jour des autres ni dans son île sombre,
Il n'est plus que le lieu des cris et de l'orage,
Il nous faut bien pourtant chanter dans cet oubli
Et dire : un sable dur fleurissait dans nos mains,
La résine et la mer se brûlaient sur nos lèvres,
Nos légendes venaient s'aimer et se connaître
Prêtes à vaincre les ténèbres de demain.