Georges Emmanuel Clancier |
Que de lieues depuis le départ Dans la lumière qui tremblait. De cités à l'énigme familière, De corps, d'âmes et d'instants Au long sillage brouillé, (Belle armée, fanfaronne débâcle). Jusqu'où la route traversiere ? La nuit plénière Sous ses diamants efface Les haltes du hasard, Dissipe sous le souffle Immense de sa houle Les dunes et le havre Où se lovent nos jours. L'éternité, nos mains liées L'élèvent entre elles. De nos voux l'éclair Consume la première Lueur de l'être Et cueille l'ultime Voix sonnant à l'abîme. L'haleine océane dans le noir. Pays de sel, pays de sable, Barbare marée de l'origine, Femme surgie aux glissades du phare, Fuite blafarde sur les tables des grèves. Le souffle ténébreux, le halètement fauve Et toujours le ruissellement des galaxies. Tu buvais la laiteuse nuit, Espérais la brise natale, Femme surgie, femme perdue, Âme de l'île. Tant de songe fin, de tendresse en la roche. Tant de promesse au loin sur la cime et son nuage D'une vie, d'une alliance à la lisière du matin, Tant de jeunesse dans la destinée que dessine, Muraille du royaume, la roche. Épine, oriflamme rousse, Langage minutieux de la pluie Sur les taillis d'hiver, Lierre et houx (Hier et où ?), Pays dans la distance. Entre l'ombelle et le maïs, Le noisetier et le hêtre. Cette alliance fut conclue Pour la plus fraîche odeur, Pour la paix du regard Qui feront verdir ce pré Tout au creux de la mémoire. Je suis celui qui pourrait être. Tu n'es que songe du monde captif. Il se fait tard mais le jour est sauvé. Elle, ma voix, mon chant, ma liberté, Nous errons sous la forêt solaire. Vous y viendrez amoureux de notre ombre. Ils savent, ils croient savoir, ils parlent D'elles qui nous furent douces et ne sont que silence. Moi qui tant vous ressemble, Nous vie dans le vide. Moi qu'amour et mort, Espoir, absence déchirent, Que voulez-vous que me donne un mot Qui ne crie, ne songe ni ne chante, Ne s'éteint au seuil du silence Telle cette joie au bord des larmes Qui me ressemble et vous ressemble, Nous qui sommes trace éphémère Dans la merveille et dans l'effroi. Pauvre plagiat de dieu, Pour qui ? Pour ton ombre Ou quelle autre image Aussi fragile, aussi fugace Que toi si tu sais avouer ? Et pourtant sauvé. Sauvé peut-être Le temps que ta parole, Que ton regard à jamais Dérobe au monde un jour Et le donne en partage. Si tu es, Toi l'innommé, l'absent Qu'en ce monde nul ne sait Sinon par songe de faiblesse ou d'orgueil, Tu ne peux être que secret, Tu ne serais que le secret. Celui qui ravit, qui déchire, Qui creuse une ombre en chaque chose Ou dans le ciel interne. Qu'ils se taisent Ceux qui osent te proclamer ! Ils ne clament que désir (Tremblement ou superbe) Et te nommant t'annulent. Toi, secret peut-être Du secret que nous sommes. Le visage de l'homme (Le visage, le visage), Regard, ardeur froide et noire. De plus en plus proche, De plus en plus présent Et silence, vertige entre image et silence, Angoisse du vain appel, Rien que l'image, le défi. Nul nom pour retrouver l'invisible quiétude. Cour solaire loin Nous sommes, nous fûmes tes fils, Et du cour noir de la terre. De la mère par toi fécondée. Miracle des gouttes de rosée Où se lit l'univers, Joie et terreur Dans l'oil minuscule Né de lumière et de ténèbre. Épris de sa clarté Et promis à la nuit. Bonjour adieu Cour solaire Si près si loin Dans le temps. Vieil homme du futur, Voix de la vie, Bouche de lumière. Sous l'étincelle campagnarde De tes yeux, de tes mots Te voici, Père apaisé Des caves et des granges Anciennes, Et fils De l'usine univers. Et parfois j'aurai cru Qu'à travers ma voix. Mon sang, mon regard, Ce monde en sa vraie Lumière se changeait. |
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Georges Emmanuel Clancier (1914 - ?) |
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Portrait de Georges Emmanuel Clancier | |||||||||
La vie et l'Ouvre de georges-emmanuel clancier1914 Naissance à Limoges le 3 mai. Famille limousine de paysans, d'artisans et d'ouvriers porcelainiers. Le père, officier d'infanterie pendant la guerre, devient, la paix revenue, agent commercial. |
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