François Mauriac |
Trop longtemps j'ai souffert de dénouer l'étreinte Où votre humanité goûte une brève mort. Pour un embrassement libre de toute crainte. J'ai fait de toi cet Arbre, et je suis sans remords ! J'ai feint d'être jalouse, Atys, et je me flatte D'avoir d'un faux-semblant joué les dieux du ciel. Pour que, grand arbre humain, chaud de sève écarlate, La résine à ton flanc coule comme le miel. Un jeune pin tendu vers l'essence divine Fait des signes au ciel avec ses longues mains. Sa cime cherche un dieu, mais ses lentes racines Dans mon corps ténébreux creusent de lents chemins. Livre en vain tes cheveux à tous les vents du monde ! Tends tes branches au dieu que tu voudrais saisir ! Rien, rien n'arrachera ta racine profonde A mon immense corps engourdi de plaisir. Plus tu t'érigeras vers l'azur dont l'abîme Recèle un pur amour inconnu de nos dieux. Plus tes membres profonds jouiront de leur crime Dans la nuit de mon corps que j'ai fermé sur eux. Mais, brève éternité dont Cybèle s'enchante, Toute étreinte a fini quand les dieux l'ont voulu. Homme, arbre, sève ou sang ou résine gluante. Un jour, fleuve brûlant, tu ne couleras plus. Jusqu'à la fin des temps, il faudra que je porte Alys debout, rongé d'essaims et de fourmis. Tes racines seront la chevelure morte. Les serpents sur mon cour à jamais endormis. Reptiles embaumés que rien ne putréfie. Au cadavre d'Atys ils emmêlent mon sort : Je tends cet arbre mort aux dieux que je défie. Je me ramasse toute autour d'un arbre mort. Mes vignes, mes forêts et mes sillons avides Jaillissent en rayons de ce corps calciné. Les astres, dans leur nuit cherchant ce gibet vide. Comme un troupeau de dieux ont vers lui cheminé. Et seule, je ne sais, noire colonne , ô pâtre. Doux arbre humain qui fus de feuilles frémissant. Sur ton cadavre nu, quel aigle va s'abattre, S'agriffer à l'écorce et te couvrir de sang... |
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François Mauriac (1885 - 1970) |
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Portrait de François Mauriac | |||||||||
Biografie / cronologieBibliographieFrançois Mauriac naît le 11 octobre 1885 dans la maison familiale du 86, rue du Pas-Saint-Georges à Bordeaux, fils de Jean-Paul Mauriac (1850-1887), marchand de bois merrains et propriétaire terrien dans les Landes de Gascogne, et Claire Mauriac née Coiffard, héritière d'une famille du négoce bordelais. Dernier d'une fratrie composée d'une sour aînée (Germaine née en 1878) et de trois frères (Raym |
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