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Francis Jammes



Une feuille morte tombe... - Poéme


Poéme / Poémes d'Francis Jammes





Une feuille morte tombe, puis une autre, des platanes

dont la cime au soleil semble de corne pâle,

et j'entends des cailloux froids que les hommes cassent.



Je ne sais pas où les fleurs du jardin sont allées.
Sous le frisson brillant de la nuit des rosées, les derniers géraniums lourds fleurissent glacés.



Une enfant rouge est immobile sur la route

et, dans l'allée grinçante, picore une poule rousse,

deux poules rousses aux ondulations douces.



Les pissenlits amers et laiteux des prairies s'espacent, et l'arbousier donne ses fades fruits aux lèvres des tendres petites filles.



Telle est la vie.
J'ai vu, haut, devant ses brebis, et défaisant de l'air à sa flûte de buis, le berger les compter une à une, et puis



se remettre à marcher à côté de son âne

qui portait les bidons vers la brumeuse montagne

où les herbes odoriférantes font le bon fromage.



Entre les haies fanées les dernières mélisses

à l'odeur fade et forte, aux fleurs blanches, flétrissent

sans que l'abeille d'or, aux ailes nervées, y glisse.



Dans le buffet poli les poires sont trop mûres et, de la treille jaune, il tombe au pied du mur des grains de raisins noirs que le froid rend durs.



Les premiers petit-houx, coriaces et piquants, portent des boules lisses, rouges comme du sang, dont on fait des bouquets d'automne charmants.



Engourdie par le froid, au soleil se repose

une sauterelle.
Là-bas une belle rose

éclatée va mourir comme meurent les choses...



Il est loin, le jardin d'Été où sont les sauges,

où, près des tomates écarlates et des roses,

tombait le triste et blanc calme des
Dimanches chauds.



Il est bien loin ce jour où j'ai pensé à toi avant de te connaître, en traversant les bois, mes chiens devant, sous le mouillé soleil matinal.



Alors, la noire épaisseur des feuilles ne laissait que par moments entrevoir la vue, et c'était, dans mon cour et mes yeux, la clarté des vallées.



Alors, c'était des montagnes claires comme la pensée

la plus pure, c'était des pics violets,

c'était un tremblement rose sur les sommets.



C'était des larmes dans mon cour et des sourires plus divinement doux que ceux des petites filles qui essaient sagement leurs premières aiguilles.



Il est bien loin ce jour où j'ai pensé à toi, où, dans mon âme, planèrent comme des voix d'anges, quand j'eus franchi la lisière du bois.



Mon âme grave se prosterna sur la grand'route.

Une espèce de chose religieuse et douce

nageait dans l'azur pur où peinaient les boufs roux,



C'était comme un chant que l'on n'entend pas, comme un mendiant d'hiver qui traîne ses pas vers la paille d'auberge où la nuit l'endormira.



Ce jour-là, tout à coup, dans une grande tendresse, le village, à genoux et triste, s'est montré et, des acacias, il tombait des caresses.



Les canards, balançant leurs pieds, allaient aux mares.
Les vignes bleues couraient sous les fenêtres noires, et l'on entendait, dans l'école communale,



le murmure d'abeilles que font les alphabets, lorsque les enfants doux chantent l'A,
B,
C,
D devant les beaux tableaux de sciences utiles.



Sur les vieux seuils brisés où les vîeillardes filent, du ciel bleu se posait comme près d'une rive se pose le martin-pêcheur aux plumes vives.



Maintenant tu es loin, petite caressante.

Où est ta gorge tendue et mince, et ta hanche

qui s'arrondit et se ramasse comme une vague ?



Je te revois avec tes cheveux noirs comme une hirondelle, tes yeux beaux comme toi, ta bouche un peu épaisse, et ton cou pur, large à l'épaule, et volontaire.



Nous rîmes.
Je te disais : oh! tu as l'air d'une de ces vieilles gravures de dans
Musset où on est sur un âne sur de la mousse.



Alors tu m'embrassais.
Ton tremblement de rire aigu se mêlait aux baisers de nos lèvres confondues...
Puis nous redevenions sérieux et tout seuls.



Et tu regardais sur mon grand chapeau de soleil, que j'avais posé là, une branche de glaïeul que j'y avais jetée négligemment.





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Francis Jammes
(1868 - 1938)
 
  Francis Jammes - Portrait  
 
Portrait de Francis Jammes

Ouvres

Francis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj

La vie et l'Ouvre de francis jammes

Après avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa

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