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Splendeurs et misères de la famille bourgeoise






Une réflexion critique sur la société passe nécessairement par une réflexion sur la structure familiale, qui en est la cellule de base. En elle, en effet, se concentrent les traditions et le principe d'autorité sur lesquels repose la vie sociale. Bien qu'en son essence, la famille ne soit pas « bourgeoise ». elle est devenue pourtant le symbole du monde bourgeois. Elle appafaîlf donc comme le miroir de la société, mais elle n'est pas un simple prétexte pour parcourir l'univers social, ni une vérification des lois de l'hérédité, comme chez Zola, clic intéresse en elle-même : pour des écrivains passionnés, comme nous le verrons ailleurs, par les détours et les ambiguïtés du psychisme, c'est la vie familiale, avec ses tensions et ses drames, qui est mise au premier plan. Analyse psychologique et intimisme l'emportent en général sur l'étude proprement sociologique comme la concevaient Balzac ou Zola.





Individu et ordre familial



Depuis la fin du siècle dernier, l'individualisme anarchisant s'en est pris à la famille. « Familles ! je vous hais », déclarait Gide dans Les Nourritures terrestres. Réagissant contre cette tendance, l'avant-guerre avait célébré l'ordre familial, parangon des vertus bourgeoises (Paul Bourget, René Bazin, Henry BordeauX). Après la guerre, au contraire, et en raison des bouleversements qu'elle avait provoqués, on ressent davantage l'instabilité du monde, les conflits de générations s'accusent et l'individualisme reprend tous ses droits.



Dans Les Faux-Monnayeurs (1925) de Gide, précisément, plusieurs adolescents entrent en conflit avec leur famille, mais avec des succès divers. Armand ne s'évade que par la dérision. Olivier se laisse conduire par les circonstances. Seuls les plus déterminés, comme Bernard, savent résister à l'emprise familiale. Très significativen.ent, Gide a fait de son personnage principal un bâtard. Cette situation, que le héros découvre au début du roman, le met en marge de l'ordre familial et l'incite à chercher sa voie en toute indépendance. Son retour final au foyer n'apparaît cependant pas comme une capitulation, mais plutôt comme une preuve qu'il a mûri et qu'il domine désormais son goût puéril des attitudes théâtrales. Donc, s'il retourne auprès de ce « faux » père qui l'a aimé sincèrement, plus même que ses vrais enfants, on peut voir là de la part de Gide une volonté de déprécier les « liens du sang » et les sentiments « tout faits » qui unissent les membres d'une famille.

A travers les « Profitendieu », dont le nom est bien significatif, Gide dénonce le pharisaïsme bourgeois. Il insiste sur le conformisme, le désir de respectabilité, l'hypocrisie - ou pire, la mauvaise foi - de ses personnages.

Dans les premiers volumes de la série des Thibault, avant le panorama historique de L'Été 1914, ce sont bien les individus et leur confrontation à l'ordre social qui sont au centre du récit. Ici c'est M. Thibault qui incarne à la fois le pharisaïsme et l'ordre bourgeois. Il joue avec conviction, mais aussi avec complaisance, son rôle de bon chrétien. Et il a le culte de l'autorite paternelle, où il voit la clé de l'ordre social. Pour lui la famille est la « cellule première du tissu social » et le « pivot sur lequel [...] tourne l'Etat bourgeois d'aujourd'hui2 ». Contre lui, Jacques, adolescent sensible et inquiet, lecteur passionné des Nourritures terrestres, ne peut que se révolter. Ce nouvel « enfant prodigue » s'enfuit, avant d'être enfermé dans un pénitencier, une des « bonnes ouvres » de son père. Mais même Antoine, qui pourtant n'est pas un révolté, remet en question à sa manière l'autorité de M. Thibault. Il enfreint ses ordres et ne partage pas ses croyances. À quelque degré que ce soit, le refus des valeurs paternelles constitue bien une remise en question de l'ordre traditionnel bourgeois, liée chez Martin du Gard à la condamnation formelle qu'il a portée contre la guerre.

C'est aussi dans le cadre d'une famille que Duhamel entreprend de décrire la société bourgeoise (La Chronique des Pasquier, 1933-1944). Mais à la différence des Thibault, qui sont des grands bourgeois, les Pasquier appartiennent à la petite bourgeoisie, dont l'auteur nous montre l'ascension sociale.



Pour Duhamel, il existe « deux bourgeoisies3 », l'une caractérisée par l'accession à la culture, qui représente la véritable élite, et l'autre, la bourgeoisie d'argent, profiteuse et cupide. Ces deux bourgeoisies sont représentées chez les Pasquier d'un côté par Joseph, l'homme d'affaires qui fait fortune, ou par le médiocre Ferdinand, le raté, dont les préoccupations restent tout aussi bassement matérialistes, et de l'autre par Laurent, le savant, ou Cécile, la musicienne, qui sont, chacun à sa manière, des serviteurs désintéressés de l'esprit.

La vision que Duhamel donne de la famille est mitigée. La mère est une figure idéale de bonté, d'abnégation, et d'amour. Elle est l'âme de cette famille, dont par ailleurs le romancier nous décrit les égoïsmes et les mesquineries. Le père, personnage très pittoresque, est un peu ridicule par son désir naïf d'ascension sociale et de respectabilité bourgeoise, mais surtout ses infidélités conjugales font le tourment et la honte de Laurent, encore adolescent (Le Jardin des bêtes sauvages, 1934). Quant à cette autre famille, ou plutôt cette anti-famille, constituée, à l'encontre de l'ordre bourgeois, par la communauté d'amis du « désert de Bièvres » (transposition de l'Abbaye de Créteil à laquelle Duhamel avait participé avant la guerrE), elle se révèle tout aussi décevante (Le Désert de Bièvres. 1937).

Dans Les Hommes de bonne volonté, Jules Romains représente Duhamel sous les traits de Chalmers. qui par bien des aspects ressemble à Laurent Pasquier. Celui-ci est vu par Jallez, au sein de sa famille, et il est parfaitement accordé à l'esprit de la « tribu », c'est-à-dire aux yeux de Jallez à ce « monstre » qu'est la Famille4. L'« amitié douloureuse » qui lie les deux écrivains explique en partie l'aspect caricatural du portrait, car en réalité Duhamel n'est pas un peintre toujours tendre de la vie familiale. Mais l'épisode de la famille Chalmers est surtout révélateur de la méfiance de Jules Romains à l'égard du cocon familial. La famille ne constitue pas à ses yeux, pas plus qu'à ceux de Jallez, un « unanime » dynamique, accordé à la vie moderne, à la grande ville, comme l'est au contraire le groupe, plus ouvert. Pour lui elle diminue l'individu, l'absorbe, tout en multipliant en quelque sorte l'égoïsmc individuel.

L'ouvre de Jacques de Lacretelle traite souvent des rapports difficiles de l'individu avec son groupe familial ou social. Dans Silbermann (prix Fcmina, 1922), le narrateur, un lycéen, prend fait et cause pour son ami Silbermann victime de l'antisémitisme. Il entre ainsi en conflit avec ses parents dont il découvre à cette occasion la lâcheté et le conformisme. Avec Les Hauts-Ponts (4 volumes de 1932 à 1935). Lacretelle suit sur trois générations l'histoire d'un domaine familial vendu par ses propriétaires ruinés, puis racheté par leur fille, pour être définitivement reperdu. L'héroïne principale. Lise Darembert. prête à tout pour reconquérir son patrimoine, satisfait là d'ailleurs non pas un devoir familial, mais plutôt une passion personnelle. Cette passion la met en conflit avec celles de son propre fils, qui se désintéresse totalement du domaine. Ainsi les « Hauts-Ponts » qui auraient pu symboliser la continuité, l'unité de la famille, en révèlent au contraire la précarité.



Les tourments de l'individu, pris entre les nécessités de son engagement familial et social et son exigence de liberté, sont la matière de l'ouvre de Jean Schlumberger. L'esprit d'inquiétude et d'aventure s'y oppose au conformisme, au sens bourgeois du confort et des traditions. Le héros d'Un homme heureux (1921). que son bonheur étouffe, éprouve l'impérieux besoin de rompre avec la vie familiale, à laquelle il tient cependant. Avec son beau roman, Saint-Saturnin (1931), qui lui fit atteindre un vaste public, Schlumberger orchestre ses thèmes autour d'un domaine de famille qui risque d'être perdu, tout comme Lacretelle avec Les Hauts-Ponts. Ici, le patrimoine est menacé par le patriarche lui-même qui, après une vie exemplaire, sent s'éveiller en lui des désirs et des ambitions longtemps refoulés. Le récit, construit selon le rythme des saisons, souligne les effets destructeurs du temps. À mesure que l'esprit du vieillard se dégrade, c'est tout un ensemble de vertus et de traditions bourgeoises qui s'effondrent et toute une unité familiale qui se défait.

Chez certains héros de l'entre-deux-guerres, inquiets, désaxés par les bouleversements que connaît le monde, le goût du désordre5 et la rupture avec les conventions bourgeoises léguées par la famille, s'associent avec le secret dégoût de ce désordre.



À cet égard, les romans de Radiguet sont assez ambigus. Ils semblent prêcher à la fois pour l'ordre et le désordre. Ainsi, le héros du Diable au corps (1923) enfreint tous les tabous et tourne en dérision l'ordre social, incarné d'ailleurs par des petits-bourgeois mesquins. Il raconte son histoire avec cynisme et constate non sans sarcasme que les choses finissent toujours par rentrer dans l'ordre, cet ordre fût-il mensonger : l'enfant bâtard sera pris pour son fils légitime par le mari berné. Pourtant le cynisme du narrateur se double de sévérité à l'égard de son aventure et d'une sorte de tristesse désenchantée, comme s'il désavouait les désordres auxquels il s'est livré.

Avec Le Bal du comte d'Orgel (1924), Radiguet, comme Lautréamont passant des Chants de Maldoror aux Poésies, semble vouloir célébrer le Bien après avoir célébré le Mal : ici l'héroïne sacrifie sa passion à la fidélité conjugale. Mais sous l'objectivité apparente du narrateur omniscient perce une sorte d'ironie impitoyable qui souligne la passivité de François, la duplicité inconsciente de Mahaut, et la « frivolité grandiose6 » du comte d'Orgel qui, après l'aveu fait par sa femme, ne veut s'intéresser qu'aux préparatifs de son « bal ». L'imitation de La Princesse de Clèves a une tonalité quelque peu parodique, tout comme la référence au philtre de Tristan et Yseult à propos du cocktail bu par les deux héros. Le livre est plus désinvolte qu'édifiant.

Quant à l'ouvre de Marcel Arland, fortement influencée par Gide, elle est hantée par la révolte de l'individu contre les valeurs que lui impose l'ordre social. Gilbert, le héros de L'Ordre (prix Goncourt, 1929). se dresse contre sa famille bourgeoise et devient l'amant de sa belle-sour. Mais son échec final révèle les limites de sa révolte et indique chez Arland une nostalgie de l'ordre, difficile à concilier avec les revendications individualistes.

La même année 1929 voit paraître L'Âme obscure de Daniel-Rops. Celui-ci, qui s'était fait l'interprète du « nouveau mal du siècle » (Notre Inquiétude, 1928), peint dans son roman l'échec d'un héros gidien, qui se perd pour s'être laissé prendre aux séductions du scepticisme et de la disponibilité. Avec L'Épée de feu (1939), le désordre constitué par la désunion d'une famille bourgeoise laisse dans le trouble et le désarroi des jeunes gens qui cherchent en vain des raisons de vivre. Des thèmes de résonance gidienne (adolescents en révolte, fugue, tentative de suicide, dénonciation du pharisaïsme bourgeoiS) s'inscrivent ici dans une perspective qui n'a plus rien de gidien : celle d'une apologie de l'ordre chrétien traditionnel. Daniel-Rops par ailleurs est aussi un des théoriciens du mouvement politique Ordre nouveau, qui critique les valeurs du monde bourgeois au nom des traditions chrétiennes.



L'enfer familial



Certains insistent sur la cruauté à laquelle peuvent atteindre les rapports entre membres d*une même famille, lorsqu'ils sont déchirés par les jalousies et les conflits d'intérêt. Les Loups, tel est le titre significatif que Guy Mazcline a donné à un vaste roman (prix Goncourt 1932) où sont évoqués, sur le mode réaliste, armateurs et riches commerçants du Havre.

C'est une famille de la bourgeoisie parisienne enrichie par la finance que peint Philippe Hériat avec Les Enfants gâtés (prix Goncourt 1939). Ce livre constitue le premier volume paru du cycle consacré aux Boussardel. Ici. l'argent domine tout. C'est lui qui, en même temps, divise la famille et l'unit. Au sein de ce clan plein d'orgueil existe une réfractaire. Agnès Boussardel. narratrice du roman. Son regard sans indulgence nous fait découvrir cet ensemble de rites, d'hypocrisies et de férocités qui constituent l'« esprit de famille ». au sein de la grande bourgeoisie. Elle n'est pas pourtant sans être sensible à la « magie », à l'« affreux prestige7 » des liens du sang.

Cette « magie » - blanche ou noire -, Mauriac la met en scène dans plusieurs de ses romans. Ainsi, il évoque la force et la poésie du lien familial avec Le Mystère Frontenac (1933), poésie qui est celle de l'enfance elle-même. Par essence, ce « mystère » transcende l'individu, le transfigure, lui fait atteindre le domaine du « sacré » : éternellement, mystiquement, resteront unis la mère et ses cinq enfants. C'est là comme une réponse au


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