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RONSARD






Comme Du Bartas, Ronsard se rapporte volontiers à un état premier, proche de la création. Il n'est pas cependant dans sa nature de remonter en deçà de celle-ci pour concevoir, comme Maurice Scève, un état antérieur à l'existence du monde, où un Dieu, enclos dans son immensité, subsisterait solitairement. Au contraire, ce n'est pas sans un vif penchant pour le caractère confus et varié des premiers âges de la vie, que Ronsard incline à rêver d'une époque non très éloignée de la création encore récente, monde peuplé par les daimons ou les amours, où un voile couvre la lumière, où la terre et l'onde étant, comme il le dit, sans art, sans forme, sont brouillés avec les cieux. Ainsi, dans tel sonnet des Amours, Ronsard se compare non sans quelque complaisance aux êtres des premiers temps, errant dans un monde encore voisin de la création, monde presque totalement informe et manifestement à peine ébauché.





Tout à fait comme Du Bartas, mais avec une secrète jouissance, fort différente de l'espèce d'horreur éprouvée par le poète des Semaines, Ronsard évoque un univers crépusculaire, privé de contours précis, mais sillonné par des forces mystérieuses animant une « lourde matière » que traversent leurs courants multiples. C'est en effet un trait de Ronsard que de se refuser à l'horreur épique inspirée à Du Bartas par le spectacle de l'initiale informité. La « masse impure » est pour lui éveillée et mise en branle par un pouvoir vigorateur qui de toutes parts la pénètre, et la confusion interne et externe qui en résulte est une confusion vivante, la révélation d'une activité divine universelle. Aussi, chez Ronsard, l'indétermination, cette notion négative, qui semble refuser aux écrivains qui la pratiquent un accès direct et positif à tout ce qui est, ne paraît-elle jamais incommoder le poète des Amours. Le plus naturellement du monde, toute négativité se change chez lui en son contraire. Toute indétermination se hâte de revêtir sous l'action de sa plume quelque forme déterminée. Jamais la poésie de Ronsard ne consentirait à se montrer statique ou simplement descriptive. Il faut que l'état premier où elle apparaît se trouve aussitôt, presque sans transition, touché, traversé, transporté par un courant qui en change la nature et qui lui donne une forme. Ce courant est donc créateur. Plus précisément encore, il est à la fois créateur et transformateur. Il donne une forme, une forme vivante à ce qui risquait de n'avoir ni forme ni vie.



Combien de fois ne voyons-nous pas dans cette poésie un dieu, un démon, une force poétique, une passion pénétrer l'objet considéré et se mêler à lui dans un rapport troublant et fécondant, qui a pour caractéristique principale d'en faire un véhicule, un moteur prêt à se mettre en mouvement. Certes, cela ne veut pas dire que la passivité antérieure de l'objet cède sans résistance à l'irrésistible attaque qu'il subit. On dirait plutôt que l'activité surgissante a la vertu de mettre en marche ce qui était inerte ou de muer par l'opération de sa propre énergie la masse originaire en un nouveau facteur de vie. Ce transfert a un nom chez Ronsard. Il s'appelle vigueur. Toute la poésie ronsardienne est pénétrée, animée de vigueur. C'est elle qui transforme la matière elle-même, la matière, en soi toujours si épaisse et si mal définissable, en un jaillissement merveilleusement plural de gouttelettes de vie. La poésie de Ronsard n'est donc ni une pure représentation de la pensée indéterminée, ni une poésie, non plus, des réalités déterminées. Elle ne se fixe pas sur des objets précis et solidement définis. C'est une poésie qui cherche à exprimer par le truchement des objets et au travers de ceux-ci certaines vertus inépuisables qui métamorphosent les objets en les traversant. Ainsi jamais le pouvoir déterminant ne trouve-t-il son terme dans une détermination finale. Il va de forme en forme sans jamais être borné dans son élan.



RONSARD : TEXTES

Avant qu'Amour, du Chaos odieux

Ouvrît le sein qui couvait la lumière,

Avec la terre, avec l'onde première.

Sans art, sans forme, étaient brouillés les deux.

Ainsi mon tout errait séditieux

Dans le giron de ma lourde matière, Sans art, sans forme, et sans figure entière.



(Les Amours, sonnet 43; version de 1578.)



Ainsi la grande universelle masse

Verrait mourir ses membres discordants,

S'elle n'avait un esprit au dedans,

Infus partout, qui s'agite et remue,

Par qui sa course en vie est maintenue,

Esprit actif mêlé dans le grand tout...

(Franciade, 4, p. 220.)



Dieu est partout, partout se mêle

Dieu ... et tient en vigueur toute chose,

Comme notre âme infuse dans nos corps.

Car Dieu partout en tout se communique...

(Le Chat.)



Tout ainsi les Daimons, qui ont le corps habile,

Aisé, souple, dispos, à se muer facile,

Changent bientôt de forme et leur corps agile est

Transformé tout soudain en tout ce qui leur plaît...

Le don de la poésie est semblable à ce feu



... sautant et jaillissant, jetant de toutes parts

Par l'obscur de la nuit de grands rayons épars

(Discours à Jacques Grévin.)


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