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Regard vers l'Angleterre romantique






Combats autour de Shakespeare.



Les romantiques français eurent un point de ralliement : Shakespeare. Voltaire avait été l'annonciateur avant Louis-Sébastien Mercier, le prophète du romantisme, qui s'était déclaré épris de passion pour le grand dramaturge du passé, tout comme Pierre Letourneur (1736-1788) qui l'avait mis à jour en compagnie de Fontaine-Malherbe et du comte de Catuelan, avant que Ducis apporte ses fadeurs.



Au début du XIXe siècle, imposer Shakespeare fut un dur combat. Au théâtre de la Porte-Saint-Martin, les acteurs anglais furent hués, reçurent des oufs pourris, entendirent durant le spectacle : « Parlez français! A bas Shakespeare, le lieutenant de Wellington! » comme en témoigne Stendhal qui apprend l'anglais pour lire dans le texte Shakespeare dont la vérité humaine le passionne. Il y aurait une longue étude à faire des relations de Shakespeare avec les auteurs français et l'on verrait bientôt qu'il excelle à mettre en lumière les aspects parfois cachés de chacun, aussi bien au temps de Voltaire, qu'à celui de Letourneur, de François Guizot, d'Amédée Pichot qui aide ce dernier à corriger le travail de Letourneur, de Benjamin Laroche, d'Emile Montégut, de François-Victor Hugo, d'Alfred de Vigny, mais il faudrait citer tous les grands de toutes les littératures, les Schlegel et les Tieck, les Coleridge, jusqu'à Yves Bonnefoy sans oublier Claudel, Gide ou Camus.



Stendhal, esprit indépendant, combattit donc vaillamment pour les nouveaux principes. Comparatiste, il oppose Racine à Shakespeare sans rabaisser le premier. Le Danois Georg Brandès l'exprime fort bien : « Stendhal montre que Shakespeare réussit plus souvent que Racine à produire sur la scène l'illusion complète et que la véritable jouissance, que l'art nous procure, dépend de cette illusion et de l'impression qu'elle laisse en nous. Or, ce qui détruit surtout l'illusion c'est l'admiration qu'excitent les beaux vers. » Il se demande ensuite si le devoir du poète romantique est de se livrer à de beaux développements en vers harmonieux ou de traduire fidèlement les émotions de l'âme. Stendhal répond à cette question primordiale en proscrivant le vers du drame tragique. Il ne conseille pas d'imiter Shakespeare mais de retenir son don d'observation du monde et son habileté à donner aux contemporains la tragédie qui leur correspond. Pour lui, le romantisme est synonyme d'art moderne, et l'on peut penser que Shakespeare comme Racine lurent romantiques en ce qu'ils exprimaient, chacun à sa manière, une époque donnée.

Un Ludovic Vitet (1802-1873), âgé de vingt ans, avant même de donner sa pièce les Barricades, 1826, se rapprochera le plus de cet idéal romantique et entrera dans les vues de Stendhal, étudiant Shakespeare mieux qu'aucun autre.



Les Poètes anglais.



L'influence de Shakespeare sur le drame romantique français sera donc prépondérante. Un autre nom doit être cité, celui de John Milton (1608-1674) et il n'est que de rappeler son Paradis perdu pour distinguer des rapports profonds avec le romantisme allemand et le romantisme français. Les rencontres Chateaubriand-Klopstock-Milton, Schlegel-Shakespeare produiront ces taches d'huile bientôt répandues.

Edmund Spenser (1552-1599) fut un des premiers à découvrir en Angleterre les ressources profondes et durables d'un art exigeant. N'oublions pas non plus qu'on lit beaucoup l'idole de Diderot, Samuel Richardson (1689-1761) dont les romans sentimentaux, comme Clarisse Harlowe qui suggère la Nouvelle Héloïse, passionnent le public européen et contribuent à la formation de nouvelles sensibilités.

Plus encore, Walter Scott (1771-1832), renonçant à des poèmes parfois artificiels, à de meilleures romances, et, pour répondre aux succès de Byron, écrivant ses grands romans historiques, va en imprégner la France. Il montre quel parti le roman peut tirer de l'histoire et on n'oubliera plus cette leçon. Déjà bien connu des poètes de transition comme Soumet qui d'un de ses romans tire le drame Emilie, il influence profondément roman et drame. Il agit sur les mentalités de l'époque non seulement en France, mais aussi en Italie (ManzonI) ou en Allemagne (La Motte-Fouqué). Selon Stendhal, il vaut mieux pour peindre les costumes et les visages que les sentiments et les passions. Son moyen âge ressuscité, ses goûts de la chevalerie vont plaire. Un Quentin Durward rend populaire la figure de Louis XI, mais on s'attache à tous ses romans, y compris les plus anglais. De toutes parts vont surgir les imitateurs. Le Cinq-Mars de Vigny, les Trois mousquetaires de Dumas, les Chouans de Balzac, Notre-Dame-de-Paris de Hugo, la Chronique du règne de Charles IX de Mérimée, le Capitaine Fracasse de Gautier s'inscrivent dans cette postérité du roman historique lancé par Walter Scott.



On se doit, après avoir rappelé les poètes de la nuit et des tombeaux : Young et ses Nuits, Hervey et ses Méditations, Gray et son Cimetière, inspirateurs de tant d'élégiaques du XVIIIe siècle (comme eux, Byron, Leopardi, Heine, Lamartine, Hugo méditeront devant des tombes ouverteS), d'en venir au grand poète anglais, celui qui fournit le plus parfait modèle romantique et dont la poésie pessimiste marquera la jeune génération française : George Gordon Noël, 6e baron Byron, dit Lord Byron (1788-1824).

Qu'au moment de l'insurrection hellénique, il se soit rendu en Orient, qu'il soit mort à Missolonghi, son visage, sa naissance, son caractère, les étapes de sa biographie, tout cela, autant que le Pèlerinage de Childe Harold, 1812, Manfred, 1817 ou Don Juan, 1819, en fait le modèle du héros et de l'écrivain romantique. Il semble, plus qu'humain, jailli du cerveau d'un poète génial qui en fait un héros inoubliable. A part une réserve de Stendhal qui l'admire, mais trouve ses drames « mortellement ennuyeux », l'admiration est totale. Plus que l'Angleterre, Byron devient la Grèce. Des poètes de transition à ceux de la nouvelle génération, Byron et Grèce vont devenir synonymes de poésie. On va les chanter avec un enthousiasme tel, mais avec souvent si peu d'intelligence de la personnalité profonde du poète que Sainte-Beuve, dans le Globe, proteste contre l'abus des mots : Byron, liberté, hymne funèbre.



Déjà Lamartine et Hugo jettent dans des articles leurs sentiments d'admiration. Ils ne voient en lui que le poète du scepticisme et du pessimisme gravissant les degrés du génie; ils oublient tous les autres aspects de l'ouvre, et notamment la charge satirique qu'on trouve dans Donjuan. Pour Hugo, c'est l'occasion d'opposer la poésie de Byron à la poésie du XVIIIe siècle en un raccourci éloquent : « La différence entre le rire de Byron et celui de Voltaire vient de ce que Voltaire n'avait pas souffert. » C'est le souvenir du poète anglais qui attirera les regards des romantiques vers l'Orient. La mort du poète en terre étrangère, son dévouement à une cause de liberté auront une profonde répercussion sur leurs ouvres comme sur leurs idées politiques.

Lamartine, formé à l'élégie comme la pratiquaient les poètes du XVIIIe siècle, mais devant la conduire à des sommets inespérés, soumis au doute dans une foi fragile, vit en Byron l'ange déchu. A son imitation, il se veut héros romantique, il revêt son masque pour écrire un Cinquième chant de Childe Harold où il peut exprimer sous le couvert de celui qu'il admire des doutes et des sentiments révolutionnaires encore timides qui s'exprimeront mieux dans ses Méditations poétiques.

Mais tout le jeune romantisme français ne porte-t-il pas la marque de Lord Byron? Le plus proche est incontestablement Alfred de Musset que le sculpteur Préault appellera un jour « Mademoiselle Byron ». Le délicat, le fragile Musset reconnaît la voix du modèle comme celle d'une âme sour. Écoutons ce que dit Brandès : « C'est un Byron français plus faible, plus tendre, plus gracieux, comme Heine est un Byron allemand moins grand, mais plus arrogant et plus spirituel, comme Paludan-Muller est le Byron danois, satirique, orthodoxe et conservateur. » Plus que ses contemporains nés pour la plupart dans de solides provinces, c'est le « pâle enfant du vieux Paris » comme dit Coppée, Alfred de Musset, qui, par sa sensibilité maladive, percevra le mieux le message de Byron, mais aucun ne restera insensible à son influence et à sa personnalité. Amédée Pichot, Benjamin Delaroche, Auguste-Jean-Baptiste Defau-conpret ont bien servi Byron en le traduisant comme ils le firent pour bien des maîtres étrangers.



Il faut dire encore que le pas de Calais est sans cesse franchi, notamment par Charles de Rémusat (1797-1875) qui apporte ses informations dans le Globe, cette revue si tournée vers l'étranger. Un Villemain, un Guizot si proche des Anglais par son caractère protestant, le Vigny prédestiné à l'Angleterre de Chatterton, aimant une Anglaise (comme Lamartine ou BerlioZ), un Philarète Chasles, un Gustave Planche sont sans cesse réceptifs à ce qui vient d'Angleterre et n'oublions pas les apports qui passent à travers les mailles du snobisme, du dandysme, de l'anglomanie.

De merveilleux poètes anglais ont cependant une influence plus tardive; il s'agit des lakistes ainsi nommés parce qu'ils résidèrent à la même époque (entre 1805 et 1830) dans la région des lacs au nord de l'Angleterre : William Wordsworth (1770-1850), ami de Walter Scott, dont les Ballades lyriques ouvrent une nouvelle voie; Percy Bysshe Shelley (1792-1822), ami de Byron qu'il accompagne à Venise, de John Keats (1795-1821) dont il a le temps de chanter la mort; Robert Southey (1774-1843), ami de Wordsworth et de Samuel Taylor Coleridge (1772-1834), autre « lakiste » dont on n'oubliera pas la Ballade du vieux marin; l'Irlandais Thomas Moore (1779-1852), proche de l'Écossais Robert Burns (1759-1796) pour ses chansons et de Byron pour la partie orientale, mais moins fort que ces deux derniers; Charles Lamb (1775-1834), bon critique et poète de verve et son ami William Hazlitt (1778-1830), critique éclairé et moderne; Thomas de Quincey (1785-1859), l'opiomane, en rapports étroits avec cette école. Ils sont tous de grands romantiques, plus proches de nous parfois qu'un Byron, et l'on ne saurait oublier de placer auprès d'eux William Blake (1757-1827) l'auteur du Mariage du Ciel et de l'Enfer, le peintre étonnant, celui qui nous dit que « l'imagination c'est l'éternité ». Ces personnalités, parfois étranges, ne se séparent pas de la plus haute idée de la poésie.



Les premiers romantiques français ne les connaîtront guère. Sainte-Beuve est le seul qui en sache la valeur et s'efforce de les populariser par des traductions. Un rapprochement avec les lakistes pourra être fait à propos de Brizeux, mais il n'est que fortuit.

Malgré tout ce qui pouvait nous séparer de l'Angleterre, l'ennemie de Napoléon, c'est d'elle que viendra l'influence la plus marquée, qu'elle soit directe ou qu'elle passe par les poètes allemands.





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