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Raisonner la raison






Encore un Anglais...



L'ambition métaphysique des grands penseurs du XVIIe siècle n'est pas battue en brèche sur le seul terrain des sciences de la nature. Un autre Anglais, Locke (1632-1704), médecin et philosophe, opère dans les sciences de l'homme une mutation comparable à celle de Newton. Son Essai philosophique concernant l'entendement humain, 1690, traduit et diffusé (en françaiS) dans toute l'Europe dès 1700, est un des livres fondateurs des Lumières : « Locke créa la métaphysique [c'est-à-dire l'analyse des idées] à peu grés comme Newton avait créé la physique » (d'Alembert, Discours préliminaire de l'Encyclopédie, 1751). Dans les Lettres philosophiques (Voltaire, 1734), Locke est exalté comme le premier véritable philosophe, qui observe au lieu d'imaginer, qui avoue son ignorance au lieu de bâtir des systèmes, qui s'efforce de distinguer ce qu'il sait de ce qu'il ne sait pas ou ne peut savoir.





Système, métaphysique, expérience



C'est que Locke, comme certains savants hollandais par lui fréquentés, et comme Newton, refuse de construire déductivement (à partir de vérités a priori dont on déroule les conséquences logiqueS) un système fondé sur des principes saisis directement par la raison, et garantis par la véracité divine {idées innées du XVIIe sièclE). Il s'agit d'observer, d'analyser la formation de nos idées, leur combinaison dans notre esprit. La question cruciale, qui obsède la philosophie du XVIIe* siècle, devient dès lors celle de-Porigine de nos connaissances, celle de leur validité. Remonter à l'origine de nos idées, pour le XVIIIe siècle, c'est analyser les sensations (sensualismE). L'esprit humain, s'il veut enfin parvenir à des vérités solides, doit renoncer à connaître la nature et la cause profonde de la pensée, pour se concentrer sur l'origine et la combinaison des idées. On peut alors appliquer la méthode inductive, reconstituer là genèse des connaissances à partir des idées les plus simples, et donc s'interroger sur les moyens et les limites des connaissances. La célèbre statue de Condillac, qui s'anime sensation après sensation (Traité des sensations, 1754) en fournit le modèle classique ; mais tout le siècle va travailler sur cette base, c'est-à-dire une expérience fictive de l'origine. « Mon idée serait de décomposer, pour ainsi dire, un homme et de considérer ce qu'il tient de chacun des sens qu'il possède. Je me souviens d'avoir été quelquefois occupé de cette espèce d'anatomie métaphysique » (Diderot, Lettre sur les sourds et muets à l'usage de ceux qui entendent et qui parlent, 1751. Voir aussi : Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité, 1755 ; Essai sur l'origine des langues, achevé en 1761 ; Diderot, Lettre sur les aveugles, 1749 ; Marivaux, la Dispute, 1744).



Le rationalisme des Lumières se révèle donc paradoxal. D'un côté, on ne cesse d'exalter la raison, de traquer lès croyances, les superstitions, les préjugés. La raison diffuse la lumière, chasse les monstres, prépare le bonheur des hommes. Ses progrès lents, trop lents, combien fragiles, se déchiffrent pourtant à travers l'Histoire, et éclatent dans le siècle présent. Mais d'un autre côté, il s'agit d'une raison qui a sciemment renoncé à connaître le fond des choses, dont les vérités ne sont plus gagées sur une garantie absolue, divine. L'immense effort de sécularisation dépose, au creux des Lumières, un germe de scepticisme secret, ou, comme on voudra, une nostalgie des vérités absolues. Lg_ XVIIIe siècle pratique un rationalisme sceptique avide d'action. Voltaire est un bel exemple de cette oscillation, lui qui sait bien que, pour pacifier les hommes, il faut d'abord raisonner la raison, lui rappeler ses limites mais qui ne doute jamais des certitudes métaphysiques qui animent son combat... et sans lesquelles il n'y aurait pas de combat. Est-ce à dire qu'en se coupant de la transcendance, en se laïcisant, la raison devait nécessairement se fanatiser, comme certains le prétendent avec une insistance parfois suspecte ? Mieux vaut suivre t'analyse d'E. Cassirer : pour le XVIIIe siècle, la fonction essentielle de la raison « est le pouvoir de lier et de délier [...] elle ne connaît pas de repos tant qu'elle n'a pas mis en pièces [...] Incroyance et la "vérité-toute-faite". Mais après ce travail dissolvant, s'impose de nouveau une tâche constructîve. [...] C'est par ce double mouvement intellectuel que l'idée de raison se caractérise pleinement : non comme l'idée d'un être, mais comme celle d'un faire » (Cassirer E., la philosophie des Lumières, 1932, souligné dans le textE). Autrement dit, les Lumières repoussent unanimement l'esprit de système, fondé sur la déduction à partir de principes innés (xvn< sièclE), mais non l'esprit systématique, qui organise les corrélations issues de l'analyse des phénomènes : car la raison, selon le XVIIIe siècle, « ne comprend véritablement que ce qu'elle engendre à partir de ses éléments » (Cassirer E., ouv. cit.).



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