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QU'EST-CE QUE LE REALISME?






La doctrine



. On conçoit que le terme de réalisme ait été d'abord utilisé par les peintres : un tableau peut jouer sur l'impression de réel, à la limite jusqu'au trompe-l'oil, tandis qu'un texte donne à voir (ou à entendre, parfois à sentiR) par l'intermédiaire de mots qui ne représentent pas une réalité, mais permettent au lecteur de s'en créer une représentation. Quand le mot «réalisme» s'introduit dans la critique littéraire, vers 1850, il n'est pas popularisé par un manifeste, comme le romantisme l'avait été par la préface de Cromwell. Sans doute le positivisme d'Auguste Comte a-t-il influencé les auteurs dits «réalistes», mais Champfleury, qui passe à son corps défendant pour le porte-parole du mouvement, n'a aucune culture philosophique. Les partisans du réalisme se donnent-ils au moins des parrains parmi les écrivains de la génération antérieure? Stendhal, longtemps méconnu, trouve quelques adeptes, par exemple Taine; son esprit d'observation et d'analyse, son souci de détail et du fait vrai, mais aussi son anticléricalisme sont alors mieux reconnus que son égotisme ou son italianisme. Le cas de Balzac est plus complexe. Dès 1847, Champfleury lui témoignait son admiration : «Dans l'Antiquité, la poésie était l'interprète de la Science; aussi Homère était le plus savant naturaliste de son temps », et rappelant comment Homère avait su décrire les réalités de son époque, il concluait : « Ne trouve-t-on pas dans ces quelques lignes toute votre science; à la place de l'histoire naturelle, mettez la société du XIXe siècle... » C'est à Champfleury que la veuve de Balzac (ancienne comtesse HanskA) confiera le soin, en 1851, de mettre en ordre ses ouvres inédites. Taine voit dans les romans de Balzac, qui organise autour d'un événement ordinaire (mariage, mort, faillite...) des intrigues ou des sentiments dissimulés, le modèle du roman réaliste. En 1858, Théophile Gautier proteste contre la volonté de l'école réaliste de se donner Balzac pour maître, alors qu'il n'a « aucun rapport de tendance avec elle ». Un peu plus tard, Zola s'efforcera, de manière peu convaincante, de distinguer dans La Comédie Humaine ce qui appartient à l'observation de la réalité et ce qui relève de la « fantasmagorie ».





. On se demande parfois si ce qui fit l'essentiel du réalisme n'était pas un état d'esprit, celui qui animait les réunions du cénacle du café Momus. De 1843 à 1848, Champfleury y rencontrait Baudelaire, Henri Murger, Arsène Houssaye et d'autres «bohèmes». À partir de 1848, le groupe se retrouve à la brasserie Andler, rue de Hautefeuille, près du domicile de Courbet; les écrivains y côtoient des peintres (Corot ou DecampS) aussi bien que des critiques (Castagnary, Gustave Planche, Théophile SilvestrE). « La bonne foi insouciante des prêtres », « la facilité d'entrer dans le sanctuaire » et surtout « la bonne humeur» : voilà, d'après Champfleury, ce qui aurait fait dès ses origines la force du réalisme. On y ajoutera, surtout après le coup d'État, le goût pour les sujets simples et populaires qui deviennent autant de protestations contre l'idéologie du régime, la religion d'État, le « spiritualisme » des classes possédantes.

« La nouvelle école du réalisme ne cherche plus qu'une imitation servile de ce que la nature offre de moins poétique et de moins élevé», déplore Achille Fould, ministre d'Etat, bientôt membre de l'Académie des beaux-arts, à propos de Courbet dont Les Baigneuses, jugées grasses et repoussantes, furent interdites à l'Exposition de 1855. La Revue philosophique et religieuse s'étonne de son côté, en 1857, de « la persistance avec laquelle de jeunes écrivains essaient de lever et de secouer bruyamment un nouveau drapeau insurrectionnel ».



Les ouvres



Empêchée de parler de politique, la presse d'opposition trouve dans le feuilleton-roman, qui s'était développé sous la monarchie de Juillet, un biais pour évoquer les misères du temps. La fiction sert d'alibi à la satire ou au pamphlet et prend (parfoiS) les censeurs à contre-pied. Encore une circulaire du ministère de l'Intérieur du 6 juillet 1860 rappellera-t-elle aux préfets qu'il convient de surveiller ce type de production, suspect d'immoralité et dont des illustrations renforcent souvent le pouvoir nocif! Si Alexandre Dumas, qui ne survit que quelques semaines au Second Empire, Ponson du Terrail ou Paul Féval (dont Le Bossu paraît dans Le Siècle en 1857) demeurent les vedettes du genre, celui-ci est aussi servi par Champfleury, Duranty ou Murger.

D'Henri Murger (1822-1881), Les Scènes de la vie de bohème avaient paru en librairie en 1848. Elles évoquaient les différents types de bohèmes : les fanatiques de l'Art pour l'Art, les malheureux qui se prennent pour des artistes, les vrais artistes enfin qui, faute d'être fortunés, deviennent des victimes du marché de l'art. Curieux destin de ce roman réaliste : c'est grâce à un opéra (La Bohème, de PuccinI), genre conventionnel s'il en est, que ses héros, Mimi ou Musette, ont le mieux survécu auprès du public. Les feuilletons d'Eugène Sue, qui s'est exilé en Savoie après le coup d'Etat, sont accueillis comme les ouvres d'un opposant au régime. Il meurt en 1857 après avoir achevé Les Mystères du peuple, « histoire d'une famille de prolétaires à travers les âges », dont les livraisons sont interdites avant que les lecteurs aient eu le mot de la fin.



Si Dumas, Féval, Ponson du Terrail sont appréciés aujourd'hui encore pour leurs qualités de « feuilletonistes », leur habileté à relancer une intrigue et à en multiplier les ressorts, Edmond Duranty (1833-1880) est injustement méconnu. Son meilleur roman est sans doute Le Malheur d'Henriette Gérard (1860), histoire de la révolte d'une jeune fille mariée de force par sa famille à un riche vieillard (« despotisme de la sottise », notait BaudelairE). À l'occasion d'une note sur Duranty, en 1942, Jean Paulhan définissait plaisamment le roman réaliste : « Les romanciers s'appliquaient [...] à décrire le travail dans les mines, la condition des prostituées et les diverses façons de mettre le vin en bouteille - chacun d'eux s'étant réservé un petit coin du monde. Ils pensaient ainsi nous instruire et, bien entendu, ils n'y arrivaient pas : la seule impression forte, le sentiment irréfutable que nous donne un roman réaliste, c'est que les choses ont pu se passer comme ci ou comme ça, on n'en sait rien, on ne le saura peut-être jamais : elles ne se sont sûrement pas passées comme le dit le roman réaliste. » On en dirait autant à propos des romans de Champfleury ou des frères Goncourt, que nous avons mentionnés parmi les critiques d'art. La production du premier est inégale; on en retient aujourd'hui, à la rigueur, Chien-Caillou (1847), nouvelle qui brode des fantaisies sur le genre narratif, et Les Aventures de mademoiselle Mariette (1853), témoignage autobiographique sur la vie de bohème. De l'abondante production romanesque des seconds, citons Renée Mauperin (1864), ou Germinie Lacerteux (1865), aventures d'une malheureuse servante qui met à jour les maux de la société moderne, ou encore Manette Salomon (1867), document sur la vie d'atelier, qui préfigure L'Ouvre, de Zola, et où se donne libre cours la misogynie des deux frères : la femme tire vers le bas le génie de l'artiste. On se gardera d'oublier, à un échelon encore inférieur, les succès persistants de Paul de Kock : Une gaillarde (1849), Le Millionnaire (1857) ou La Famille Gogo (1858). Paul de Kock n'étudie pas vraiment des milieux : il représente des types sociaux, selon des recettes éprouvées déjà sous la monarchie de Juillet et qui ne varient que par des détails sous le Second Empire. Aussi y aurait-il peut-être quelque abus à le ranger parmi les romanciers réalistes.

Baudelaire et quelques autres poètes désargentés peuvent bien côtoyer Champfleury ou Duranty, le réalisme n'a que peu d'influence sur la vraie poésie. On hésitera à parler de « théâtre réaliste » : par définition, le genre théâtral mise directement sur l'illusion de réel, mais cette immense facilité oblige les auteurs les plus « réalistes » à un minimum de distanciation. Le terrain de prédilection de l'école réaliste est le roman. Mais si une abondante production illustre plus ou moins ses théories, il est significatif qu'on ne puisse, sans les réduire, ranger sous cette bannière les chefs-d'ouvre de la période.



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