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Paul VERLAINE - 1844-1896






L'ouvre de Verlaine prend souvent l'apparence d'une confidence prolongée, elle a tout pour appeler la complicité ou, au contraire, les jugements moraux qui n'ont jamais manqué à propos d'une vie confondue avec l'ouvre. Mais, même pour saisir la transmutation littéraire, il faut poser quelques jalons biographiques. D'abord de précoces curiosités littéraires qui débouchent sur les premières ouvres, et aussi les étapes habituelles d'une jeunesse bohème, le baccalauréat, puis un droit peu suivi et bien sûr les cafés. Verlaine a cependant un métier à l'Hôtel de Ville et il y rencontre des poètes comme Mérat et Valade : ailleurs, il rencontre encore Catulle Mendès, Heredia, Villiers de l'Isle-Adam ou les amis de Nina de Villard, un peu plus tard, Charles Cros, Coppée, France... Le premier livre ne tarde pas avec les sulfureux et fauves Poèmes saturniens (1866) édités grâce à la cousine Élisa, à mi-chemin entre Baudelaire et le Parnasse : le recueil, en tout cas, fait entendre une voix très personnelle que les Fêtes galantes (1869) reprennent dans un registre à la fois plus heureux et plus nostalgique, avec les couleurs d'un XVIIIe siècle à la Watteau. Mais la vie aussi est là et la rencontre de Mathilde Mauté est à l'origine de la Bonne Chanson (1870), dans le ton de l'épithalame. L'année suivante, et après les émotions de la Commune à laquelle il adhère, c'est la rencontre avec Rimbaud qui brise le couple et en constitue un autre, bien instable : Verlaine tire sur Rimbaud le 10 juillet 1873 et fait de la prison : les Romances sans paroles (1874) seront en partie l'écho de cette période de trouble, d'exil et de tourment.





À partir de 1874 et du séjour en prison qui est l'occasion de cette conversion, semble s'ouvrir une autre période : l'amour divin, désormais, se substitue ou accompagne l'amour profane (par exemple pour Lucien Letinois ou le jeune CazalS). Verlaine, qui fait un long séjour en Angleterre, trouve dans la religion un secours spirituel, mais aussi une source nouvelle d'inspiration qui produira les poèmes de Sagesse (1880-81). Au début des années 1880, Verlaine retrouve Paris et ses revues (il y publie l'Art poétique en 1882 ainsi que la série des Poètes maudits (1883) : grâce à elles et à Jadis et Naguère (1884), Verlaine s'impose comme un maître complaisant pour les jeunes « décadents » ; il est même connu au-delà de ces milieux et se présente à l'Académie ! Malgré ou à cause de ses incartades, de ses violences, de ses amours irrégulières, Verlaine exaspère et séduit tout en continuant d'écrire : après Amour (1888), Parallèlement (1889), Dédicaces (1890) et Bonheur (1891), citons encore Chansons pour elle (1891), Liturgies intimes (1892), Odes en son honneur (1892), Élégies (1893), Dans les limbes (1894), Épigrammes (1894). Mais la santé de Verlaine, prince des poètes, devient inquiétante, d'autant que la gêne s'ajoute à la maladie : malgré les soins de sa compagne Eugénie Krantz, Verlaine meurt le 8 janvier 1896. Chair (1896) et Invectives (1896), ainsi que les Biblio-sonnets (1913) paraîtront plus tard.



Une violente tristesse



Il faut oublier l'image d'un Verlaine fade et sucré. Ce qui a conduit à une telle interprétation, c'est peut-être l'utilisation par le symbolisme de certains thèmes verlai-niens, mais vulgarisés, d'un certain ton aussi, à la fois lyrique et dolent. Ce ton, cependant, ne semble à aucun moment, s'enfermer dans une formule stéréotypée : aux teintes glauques des Poèmes saturniens succédera la gaieté triste des Fêtes galantes, la sérénité accomplie de la Bonne Chanson avant les accents mystiques de Sagesse. C'est la marque d'une sincérité protéiforme, mais cette évolution a sa cohérence et l'on peut parler d'une couleur verlainienne qui joue souvent sur des teintes amorties...

L'explication semble en être donnée dès le Prologue des Poèmes saturniens où Verlaine définit l'exil du poète moderne dans une société laide et cruelle où il crée sans espoir d'être compris. Et c'est cette solitude qui peut se traduire par le rappel d'un passé heureux :



Souvenir, souvenir que me veux-tu ? ou par l'évocation d'une silhouette fanstasmée :



Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.



Rêve ou souvenir, le ton est celui d'une nostalgie et d'un « désir » dont on sait que Pétymologie latine le rapproche du regret. Et l'intensité de ce chant vient à la fois de son lyrisme et de sa mélancolie, de son noir profond. Cette poésie, plus tendue et violente qu'elle ne paraît souvent tente ainsi, semble-t-il, la rédemption esthétique d'un malheur existentiel dont l'angoisse revient dans toutes les visions de Verlaine. Telle est bien la source de l'émotion, tantôt flottante et vague (Chanson d'automnE), tantôt prenant la forme d'une eau-forte précise avec la silhouette :



D'une ville gothique éteinte au lointain gris.



Sans vouloir tourner en théorie raide un texte qui fait justement de la nuance une valeur essentielle, on retrouve dans cette double possibilité le conseil de la deuxième strophe de l'Art poétique voulant la chanson grise :



Où l'indécis au Précis se joint.



Et il est vrai que ce voile apparaît aussi bien dans la thématique que dans le choix d'un certain déséquilibre formel. Pour les thèmes, mystères, aube et crépuscule, automne, mort de l'année sans nier les périodes dans l'ouvre de Verlaine, on voit partout régner cette lumière pâle qui atténue les contours, cet amortissement des sons et des présences qui est moins la mort du monde que l'image d'une conscience qui souffre. D'où une mélodie en retrait, au timbre discret, mais qui est le seul à convenir pour traduire ce désarroi. Bien sûr, les questions de forme se mêlent ici étroitement au fond et le refus des exigences de la rime, le choix de l'impair s'accordent bien à l'esthétique en mineur définie par l'Art poétique :



De la musique avant toute chose.



De la mélancolie à la fête



Une telle définition oublie néanmoins le Janus qu'on peut voir en Verlaine et qui associe ou oppose la mélancolie et le sourire, la détresse et l'espoir. La gaieté, il est vrai, se teinte souvent d'un attendrissement et les masques et bergamasques sont :



Tristes sous leurs déguisements fantasques.



Mais cette fantaisie, justement, qui éclaire certains vers de Verlaine est moins une nuance de plus qu'une couleur dominante lorsque par exemple :



L'abbé divague. - Et toi

Tu mets de travers ta perruque.



Aucune contradiction entre ces deux couleurs, mais plutôt comme un accord de complémentaires qui rend Verlaine si difficile à définir. Un autre trait qui s'accorde bien à cette subtilité dans l'utilisation des registres serait sûrement l'humour dont Verlaine fait preuve dans ses « à la manière de » où l'on est parfois à mi-chemin de la sincérité et de la distance ironique. Si les « Vieux Coppées » sont franchement des satires, le ton est parfois plus ambigu avec, peut-être, le sonnet Langueur et surtout ces poèmes où Verlaine reprend des genres convenus ou se pastiche soi-même :



C'est à cause du clair de lune

Que j'assume ce masque nocturne

Et de Saturne penchant son urne

Et de ces lunes l'une après l'une.



Dans ce poème-pirouette, il y a moins un mensonge ou une malice de poète que le témoignage d'une sincérité supérieure : la quête de soi passe par l'inventaire des masques que l'on a pris puis abandonnés :



Nous fûmes trop ridicules un peu

Avec nos airs de n'y toucher qu'à peine [...].



Le jeu, d'ailleurs, va plus loin, puisque ce refus des recettes, ce regard ironique conduit souvent à une poésie plus ample : à côté des vignettes mélancoliques, des paysages abattus, on doit alors placer des tableaux plus larges, aux couleurs plus heureuses. Une petite scène s'anime alors du simple bonheur de vivre, tandis que, sur un registre différent, la fiancée espérée éclaire toute la Bonne Chanson :



La dure épreuve va finir

Mon cour, souris à l'avenir.



Plus tard, haussant encore le ton, Sagesse transforme l'amour humain en aspiration religieuse qui fait renaître un cour qui a « longtemps erré dans la corruption contemporaine, y prenant sa part de faute et d'ignorance » (Préface du recueiL). Au-delà du discours moral, on sent qu'une autre thématique s'installe, mais qui n'est peut-être que le reflet inversé de la polarité négative des Poèmes saturniens : disons plutôt que le regret se transforme désormais en espoir, la déploration en prière. À l'agnosticisme esthétisant du début succède une adhésion au monde où le poète ressuscite en rejoignant l'idéal : en apparence, la mutation est totale et le poète dit bien adieu à celui qu'il fut et en qui il ne se reconnaît plus ; mais il y a une unité à ce parcours fertile en reniements : elle tient à l'appel latent ou explicite que cette poésie exprime toujours : jusque dans la sensualité la plus violente, dans le croquis le plus insignifiant, on sent la présence d'une voix qui attend de nous, et reçoit, la sympathie et la complicité...






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