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LES POUVOIRS CONTRE LA PENSÉE






Descartes exalte le libre arbitre et le libre examen(L). Mais il précise que son entreprise ne doit « être préjudiciable ni à la religion ni à l'Etat » ; ces domaines ne sont pas « permis à d'autres qu'à ceux que Dieu a établis pour souverains » ou « prophètes » (1637, II). En période de Contre-Réforme et d'absolutisme, cette auto-censure peut aller loin.

Commençons par l'aspect religieux. L'ouvrage de Copernic (1543), dédié au Pape qui l'agréa, fut condamné par les protestants, champions du retour à la Bible, mais assez bien accueilli chez les catholiques. C'était la Renaissance ; il avait des avantages pratiques (c'est sur cette base que sera promulgué, en 1582, le calendrier grégorieN); un avertissement anonyme, trahissant la pensée de l'auteur défunt, affirmait qu'il visait à expliquer certaines apparences sans prétendre dire la vérité sur l'univers. Mais, au moment où la discipline de la Contre-Réforme remplace l'ouverture de la Renaissance les découvertes de Kepler (1609, 1619, 1627), les observations (à partir de 1609) et théories (1610, 1612, 1623 et 1632) de Galilée viennent contredire les affirmations d'une religion plus que jamais nécessaire à l'ordre social. Rome condamne Galilée en 1616 puis le contraint, en 1633, à l'abjuration du système copernicien, déclaré hérétique et absurde et dont l'enseignement est interdit, même à titre d'hypothèse pratique - ce qu'un décret de 1620 autorisait encore.





En France, la pensée copernicienne continuera à l'emporter en cosmologie. Mais elle ne pourra plus conduire la pensée générale du public, ni celle des savants aussi résolument qu'avant. La soumission idéologique limite l'esprit de recherche. Si «le mouvement de la Terre [...] est faux, tous les fondements de ma philosophie le sont aussi », écrit Descartes (novembre 1633). Il continue à être sûr de lui. Mais il ne publiera jamais les traités mécanistes de L'Homme et du Monde, qu'il venait d'achever. Son influence et même sa pensée en seront déséquilibrés au profit de domaines plus abstraits, voire idéalistes. De 1628 à 1637, il se consacre essentiellement à la technologie (physique et médecinE) et à « la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ». A partir de 1638-1640, il se tourne vers la métaphysique, la psychologie, la morale. En 1627, Bérulle, la plus haute autorité spirituelle française, exhortait Descartes a se consacrer à la philosophie. Une quinzaine d'années plus tard, son successeur Saint-Cyran rappelle que c'est « le désir de savoir » qui a perdu Adam. L'essentiel est de se « rendre parfaitement chrétien, à quoi la science ne sert de guères, y nuisant plutôt ; au contraire, l'obéissance et la soumission d'esprit y sert beaucoup ». Le rationalisme disciplinaire du pouvoir et de la morale s'oppose au rationalisme analytique, voire subversif, du savant.



La censure religieuse se double d'une (auto-) censure politique. Alors que tant d'autres philosophes, de Platon à Hobbes et Spinoza, sont aussi des théoriciens politiques, l'un des principes de Descartes, par ailleurs révolutionnaire, est « d'obéir aux lois et coutumes de mon pays », de suivre « les opinions les plus modérées », de « tâcher toujours plutôt à changer mes désirs que l'ordre du monde » (1637, III). «Je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes qui, n'étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d'y faire toujours, en idée, quelque nouvelle réformation » (1637, II) (2).



LA RAISON D'ÉTAT CONTRE LA CONSCIENCE



Alliés pour refréner la pensée scientifique, le pouvoir et la foi s'affrontent. En 1630-1631, Richelieu élimine le parti dévot du gouvernement. Mais une nouvelle élite religieuse réagit par la condamnation de toute action politique, se repliant sur la seule vie spirituelle. A sa tête : Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran. Ardent, exalté, austère, impérieux, il estime qu'« il n'y a rien qui soit plus capable d'irriter Dieu que de faire servir la religion à la politique ».

Saint-Cyran estime valide le mariage de Monsieur* (1632) que Richelieu veut faire casser comme contraire aux intérêts de l'Etat. Il condamne l'attrition, par laquelle on se repent de ses péchés par crainte de l'Enfer et non par pur amour de Dieu, comme dans la contrition. Or Richelieu admet l'attrition. En 1635, Saint-Cyran devient directeur spirituel des religieuses de Port-Royal. En août 1637, sous son influence, l'un des plus brillants avocats de Paris, Le Maître, qu'on croyait destiné à une grande carrière, décide de quitter le monde. «Je renonce aussi absolument aux charges ecclésiastiques qu'aux civiles [...]. Je ne veux pas seulement changer d'ambition, mais n'en avoir plus du tout », écrit-il au chancelier Séguier en lui renvoyant son brevet de conseiller d'État. En 1638, il s'installera, avec six autres solitaires, au monastère abandonné de Port-Royal des Champs. En mars, un ouvrage du P. Séguenot dénonce l'attrition. Richelieu profite de l'occasion pour arrêter Saint-Cyran, soupçonné de l'avoir inspiré (14 mai 1638). Celui-ci y gagnera l'auréole du martyre. Deux ans avant la publication de l'Augustinus, ouvre d'un ami de Saint-Cyran, il y a en France une élite prêre pour le jansénisme.



L'ANCIENNE ADMINISTRATION CONTRE LA NOUVELLE



Les besoins fiscaux de la guerre déclarée en 1635 demandent une administration plus soumise et plus efficace que celle des officiers : attachés aux formes et traditions, relativement solidaires de leurs administrés, prétendant juger de la validité ou de l'opportunité des décisions gouvernementales, ils pouvaient résister puisqu'ils étaient propriétaires de leurs charges. Louis XIII et Richelieu vont affirmer le pouvoir du Conseil du Roi aux dépens des Parlements* auxquels un édit du 2 février 1641 interdit de se mêler des affaires d'État. Ils multiplient les intendants et commissaires, étendant leurs pouvoirs aux dépens notamment des officiers de finances. Trésoriers et Élus (3). Un arrêt du 22 août 1642 et une déclaration du 16 avril 1643 confirment cette évolution qui sera l'une des causes de la Fronde mais aussi de la diffusion du jansénisme.



L'ÉVOLUTION DU PUBLIC



Enfin, la vie urbaine, les salons, la cour ont modifié l'existence et les mentalités. L'importance de la vie intellectuelle s'est accrue, au point que Richelieu s'inquiète : « le commerce des lettres » réduit « celui de la marchandise, qui comble les Etats de richesses » et « l'agriculture, vraie mère nourrice des peuples » (4). Les femmes qui, n'allant pas au collège, ne sont pas marquées par la tradition, ont pris une grande importance dans la vie socioculturelle : « on ne peut être estimé habile que quand on flatte leur goût et que l'on s'accommode à leur portée » (Chapelain, 6 février 1639)- C'est l'une des raisons du passage de l'héroïque au romanesque et à une poésie ludique.



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