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LECONTE DE LISLE 1818-1894






1818-1894



Deux périodes se partagent cette vie : la première est marquée par l'île de la Réunion où il passera une bonne part de son jeune temps et dont le souvenir est présent dans certaines visions de l'ouvre postérieure. Leconte de Lisle vient faire son droit à Rennes et devient un fouriériste convaincu qui collabore aux journaux de cette mouvance socialiste (la Phalange et la Démocratie pacifiquE) : notamment avec des nouvelles et de futurs poèmes antiques (qui sont en même temps démocratiques !). Mais la politique montre ses impasses et ses difficultés lorsque Leconte de Lisle cherche sans succès à se faire élire et que le coup d'État de 1851 met fin aux espoirs de toute une génération.





Avec les lectures historiques, philosophiques et religieuses, c'est l'art, dès lors, et la poésie qui occupent une vie rendue difficile par des soucis d'argent, et ce jusqu'à la pension impériale (1864). Les Poèmes antiques (1852) définissent un programme antiromantique qui, surtout, rend au poète une place essentielle parmi les hommes. L'esthétique et la pureté formelle du recueil inspirent d'ailleurs les jeunes poètes qui rejoindront Leconte de Lisle dans le Parnasse de 1866. Plus tard, les registres violents et coruscants triomphent dans les Poèmes barbares (1862) et les Poèmes tragiques (1884). Mais l'inspiration antique est aussi à l'origine de nombreuses traductions du grec et du latin (Homère, 1866-67 ; Hésiode, 1869 ; Théocrite, 1869 ; Eschyle, 1872 ; Sophocle, 1877 ; Euripide, 1883). En 1886, Leconte de Lisle succède à Hugo à l'Académie.



Une religion de la forme



Homère, Virgile, les hymnes hindous, les mythes lointains ou disparus : aux « montreurs » du romantisme, aux faiseurs de la poésie industrielle et fade, Leconte de Lisle veut opposer la dignité d'une forme sévère et ample, d'un texte lourd de savoir et de foi. Ce classicisme élargi, cet archaïsme si l'on veut, est donc d'abord un refus du lyrisme qui a sa contrepartie dans une puissance relevant de la poésie gnomique et sacrée :



Le temps, l'Étendue et le Nombre

Sont tombés du noir firmament

Dans la mer immobile et sombre

« Villanelle », Poèmes tragiques.



Le poète, comme chez Hésiode ou Lucrèce, est en effet capable d'embrasser l'univers, de fonder le monde, comme dans certaines cosmogonies, en lui donnant une forme verbale. Cette poésie moderne, dans la conscience qu'elle a de sa littérarité, peut prendre dès lors un ton archaïsant, en jouant, par exemple, sur l'orthographe des noms propres (Khirôn, Kybèle, Qua'ïn, l'Aithèr, ApolloN), sur la reprise d'une épithète qui en devient homérique, sur les mots rares (le kriss, le hinné, les letchis, les calaous, les pantouns !), sur une syntaxe imitée du grec ou sur un ton biblique qui ressuscitent avec eux le monde ancien ou exotique dont ils sont l'expression.



On ne peut en effet dissocier cette ambition cosmique d'une recherche poussée de la couleur qui, quoi qu'il en dise, rapproche Leconte de Lisle de certaines esthétiques romantiques. L'héritage du passé, par exemple, offre toute une palette d'exotismes, antiques, tragiques ou barbares, pour reprendre les titres des recueils. À chaque fois, une nouvelle qualité de rêve apparaît, de nouveaux thèmes pour l'imagination visionnaire, un nouveau panthéon et de nouveaux totems : le condor « par-delà l'escalier des roides Cordillères », l'éléphant dans sa savane, le jaguar rêveur « sous les noirs acajous, les lianes en fleur », le lion qui meurt et même l'ours polaire dans ce décor où :



Sur les hauts caps branlants, rongés des flots voraces

Se roidissent les Dieux brumeux des vieilles races,

Congelés dans leur rêve et leur lividité.

« Paysage polaire », Poèmes barbares.



On s'aperçoit ici du rôle essentiel que joue dans cette poésie le souci pictural ; l'adjectif, en particulier, semble indispensable pour peindre le substantif qui l'accompagne, le spécifie et en même temps le fige dans sa qualité : les cieux, irrémédiablement, sont mornes, la mer est blême, immobile ou sombre, la mangue est rouge et le sycomore épais. Et le même effet joue un peu lorsque Leconte de Lisle rend le monde précieux par des images déjà utilisées par les baroques : étangs de saphirs, monts d'émeraude, cascades en un brouillard de pierreries. Ces deux traits stylistiques révèlent un choix esthétique, une conception de la Beauté : la majuscule s'impose dans la mesure où Leconte de Lisle oppose là un idéal à une société qui a d'autres « valeurs » (au sens le plus financier du terme !). Il est en effet des ouvres parfaites, des poèmes ou des sculptures, qui ont pour elles une sorte de grâce harmonieuse et accomplie. Elles témoignent d'abord du travail d'un artiste qui a effacé jusqu'aux traces de son effort, elles témoignent aussi d'une solitude et d'un défi : celui-ci s'adresse au temps, comme dans toute ouvre d'art, mais surtout à une époque vulgaire à laquelle la Beauté oppose sa permanence et sa durée.






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