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Le romantisme






Le romantisme connaît surtout ses heures de gloire sous la Restauration et la monarchie de Juillet (1814-1848). Ce mouvement littéraire où la poésie occupe une place majeure vise avant tout à la libération de la subjectivité et de la sensibilité, en réaction contre le classicisme rigide du XVIIe siècle et le rationalisme philosophique du XVIIIe siècle. Le romantisme veut en finir avec le culte des idées et le règne des « lumières ». Ce qu'il prône, c'est une valorisation du sentiment, basée sur une exaltation du « moi » et sur ce qu'on a appelé le « vague des passions ». Comme l'a écrit Mme de Staël, le romantisme est l'expression d'un « mal du siècle». Le xixe siècle naissant se sent, en effet, en butte à un devenir hostile et à des tourments destructeurs. La fin de l'épopée napoléonienne a coupé les ailes aux grands rêves de gloire historique, et les créateurs sont conduits à trouver des ressources en eux-mêmes. Les tourments de l'âme deviennent ainsi le meilleur tremplin de leurs poèmes : tourments individuels (comme dans Le lac, de LamartinE) ou tourments plus métaphysiques (comme dans La mort du loup, de VignY).



Si le romantisme s'impose en France dans la première moitié du XIXe siècle, il s'est déjà exprimé en Allemagne et en Angleterre. Les Souffrances du jeune Werther (le héros est la proie d'un amour suicidairE) inaugure le romantisme allemand en 1774. La célèbre ouvre de Goethe sera suivie par une production riche et variée où les auteurs (Jean-Paul Richter. Hôlderlin. Heine, NovaliS) s'attachent à montrer les rapports complexes du conscient et de l'inconscient et à discerner les réseaux de «correspondances» qui existent entre l'univers et la pensée. Gérard de Nerval sera leur meilleur héritier en France. Quant au romantisme anglais illustré par William Blake, Keats, Shelley ou Byron - pour la plupart, morts précocement -, il privilégie surtout la mélancolie, la malédiction, l'autodestruction auxquelles répondent la haine du conformisme et le désir d'échapper au réel. Le romantisme français reprendra à son compte ces valeurs.



Si la France s'ouvre si bien aux influences étrangères, c'est en raison du travail de Mme de Staël et d'un livre comme De l'Allemagne (1810), au retentissement considérable et qui pose les grands jalons de l'art romantique où devront être privilégiés l'inspiration personnelle et le culte du «génie» (« Ah ! frappe-toi le cour ; c'est là qu'est le génie », pourra bientôt s'exclamer MusseT). Mme de Staël circonscrit « l'âme romantique » au « sentiment douloureux » que l'homme a «de l'incomplet de sa destinée». Pour donner un sens à cette destinée, la première vague romantique dominée par Chateaubriand en appellera à un réveil du sentiment religieux (tel est le message du Génie du christianisme, publié dès 1802), tout en célébrant avec nostalgie le paradis perdu de l'Ancien Régime. L'année 1830 marquera un tournant dans l'évolution du romantisme.



Le 25 février 1830, la Comédie-Française, bastion des classiques, donne une pièce de Victor Hugo, Hernani. Les jeunes loups du romantisme (parmi eux, NervaL) mènent l'assaut contre les traditionalistes et font triompher la pièce. Désormais le romantisme perdra beaucoup de sa teinture nostalgique et réactionnaire. Aux rêves d'un retour vers le passé, ij substituera une foi dans le progrès et dans l'avenir. Victor Hugo est le symbole vivant de cette évolution, voire de cette révolution. Le poète ne sera dès lors plus celui qui chante seulement ses émois et ses tourments, mais celui qui devient un guide, un mage, un phare pour l'humanité. Le romantisme finissant connaît ainsi la tentation de l'engagement politique, impardonnable erreur aux yeux des parnassiens qui édifieront leur mouvement sur une virulente dénonciation de cette déviation.

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