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LE NATURALISME - Naissance d'une doctrine






Autant que «réalisme», «naturalisme» est un terme ancien dans la langue, détourné de son sens pour désigner une doctrine et une esthétique nouvelles. En 1868, dans une préface à la deuxième édition de Thérèse Raquin où il défend son roman contre le reproche d'immoralité, Zola rend hommage à la «grande critique », la « critique méthodique et naturaliste qui a renouvelé les sciences, l'histoire et la littérature» (hommage à Taine dont nous savons qu'il se détachera plus tarD), et il revendique son appartenance au «groupe d'écrivains naturalistes » qui a « assez de courage et d'activité pour produire des ouvres fortes». On suppose que les autres écrivains du «groupe» sont plutôt ceux qu'on nommerait plus justement des « réalistes ».





. Si le naturalisme s'affirme autour de 1870 comme un mouvement autonome, c'est en se subordonnant non seulement à la science, mais aux hypothèses les plus avancées et les plus contestables du scientisme. Au premier rang d'entre elles figure la théorie de l'hérédité, dérivée des idées évolutionnistes de Darwin. L'exemple des sciences expérimentales doit servir à l'artiste : dans Thérèse Raquin, Zola a voulu montrer « les troubles profonds au contact d'une nature nerveuse. Qu'on lise le roman avec soin, on verra que chaque chapitre est l'étude d'un cas curieux de physiologie. » Les principes de thermodynamique, formulés par Carnot, inspirent également l'esthétique naturaliste, qui étudie non seulement dans l'homme, mais dans ses découvertes scientifiques, les effets de la dépense de l'énergie. Ces influences pourraient animer les ouvres qui en sont marquées; mais souvent, elles aboutissent au constat que l'homme n'est pas libre et que, s'exerçant en sens contraire, les énergies annihilent son activité.



. Fondé sur des principes, le naturalisme, tout comme le réalisme, se caractérise aussi par le choix des sujets. Triomphant dans le roman, il semble avoir imposé un certain type d'intrigues. Edmond de Goncourt le formulera en 1879 dans sa préface des Frères Zemganno : « Le jour où l'analyse cruelle que mon ami, M. Zola, et peut-être moi-même, avons apportée à la peinture du bas de la société, sera reprise par un écrivain de talent, et employée à la reproduction des hommes et des femmes du monde, dans des milieux d'éducation et de distinction, ce jour-là seulement, le classicisme et sa queue seront tués. » Le « roman réaliste de l'élégance», que Goncourt avait eu l'ambition de réaliser avec son frère, il confesse ne l'avoir pas écrit parce que «la femme et l'homme du peuple, plus rapprochés de la nature et de la sauvagerie », offrent moins de difficultés pour l'analyse que des mondains, dont la psychologie et les mours sont d'une originalité « toute de demi-teintes ».



. L'école naturaliste, c'est aussi, comme l'avait été le mouvement réaliste à ses débuts, un groupe d'amis. Céard, Huysmans, Maupassant, Hennique, Alexis se retrouvent à partir de 1878 autour de Zola dans sa petite maison de Médan, près de Poissy. Quelques-unes de leurs nouvelles seront recueillies dans un ouvrage collectif, Les Soirées de Médan, dont le thème principal est la guerre de 1870. Mais le groupe se désagrège à partir de 1885. Edmond de Goncourt n'avait pas attendu cette dispersion pour se tenir à l'écart : dès 1879, son Journal révèle sa jalousie envers Zola qui bénéficié, auprès de ses jeunes disciples, de l'influence que lui-même aurait rêvé d'exercer. 11 fallait aussi, au moins au début, un éditeur audacieux : c'est Georges Charpentier qui rachète, en 1872, les deux premiers volumes des Rougon-Macquart parus chez Lacroix et s'engage auprès de Zola pour les volumes suivants. Charpentier, qui fera beaucoup pour la diffusion du livre à bas prix, fut l'éditeur de la plupart des écrivains naturalistes. Il lança une revue artistique, La Vie moderne. Les dîners qu'il donnait à son domicile, rue de Grenelle, devinrent bientôt une institution.



Le « roman expérimental » d'après Zola



Les principes du roman naturaliste sont exposés par Zola dans Le Roman expérimental (1880), recueil d'articles publiés pour la plupart dans la revue Le Voltaire, en 1879. La méthode expérimentale que revendique Zola est celle qui a été appliquée par Claude Bernard dans son Introduction à la médecine expérimentale. Le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur. « L'observateur chez lui donne les faits tels qu'il les a observés, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages et se développer les phénomènes. Puis, l'expérimentateur paraît et institue l'expérience, je veux dire fait mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y montrer que la succession des faits y sera telle que l'exige le déterminisme des phénomènes mis à l'étude. » De même encore qu'aux yeux de Claude Bernard « l'expérimentateur est le juge d'instruction de la nature », le romancier est le juge d'instruction des hommes et de leurs passions. On accuse à tort les romanciers naturalistes d'être uniquement des photographes : l'application de la méthode engage chez eux le tempérament et l'expression personnelle, l'expérimentation grandit l'écrivain qui s'y livre. Affirmant ensuite qu'il existe «un déterminisme absolu pour tous les phénomènes humains », Zola explique que ces phénomènes étant beaucoup plus complexes que ceux des minéraux, par exemple, il est normal que le roman expérimental n'en soit qu'à ses premiers pas, mais il est bien « une conséquence de l'évolution scientifique du siècle ». Les progrès de la connaissance débouchent sur un progrès de la morale; à la différence des écrivains idéalistes, «qui s'appuient sur l'irrationnel et le surnaturel », les romanciers naturalistes travaillent à « la grande ouvre qui est la conquête de la nature, la puissance de l'homme décuplée». Zola affirme en l'occurrence un optimisme qui sera ensuite nuancé, peut-être sous l'influence de la philosophie de Schopenhauer, dont on trouve des marques notamment dans La Joie de vivre (1884). La suite du Roman expérimental dissipe un malentendu possible : «Nous sommes tous idéalistes, si l'on entend par là que nous nous occupons tous de l'idéal», mais de l'idéal, il faut accepter seulement l'aiguillon, et ouvrer pour le progrès de l'homme et de la société sans fuir leur réalité. Zola, pour conclure, présente le naturalisme comme « le mouvement même de l'intelligence du siècle»; il dénonce l'importance exagérée qu'en littérature on donne aujourd'hui à la forme et limite le sentiment personnel à n'être que « l'impulsion première » d'une démarche qui doit se soumettre dans tous les cas aux « faits prouvés ».

Le Roman expérimental s'achève sur la conviction que le naturalisme, « après avoir triomphé dans l'histoire et dans la critique, triomphera partout, au théâtre et même en poésie». Nous allons voir comment, à condition de ne pas le restreindre à l'esprit d'une chapelle et d'admettre que la frontière qui le sépare du réalisme est parfois invisible, il a effectivement marqué le genre romanesque durant toute une génération - y compris par les réactions de rejet qu'il a suscitées. Son influence sur le théâtre mérite examen : au-delà des étroites adaptations suscités par les grands succès romanesques, on peut, ne serait-ce qu'en raison d'un esprit d'époque, trouver des parentés entre l'esthétique naturaliste et certains succès de scène contemporains. Quant à la poésie, les Parnassiens n'ont pas attendu le naturalisme pour ramener leur art à une observation de la nature plus scrupuleuse que celle des romantiques, mais, encore que Zola ait lui-même été considéré comme une sorte de poète par la puissance de sa création et sa « merveilleuse organisation » (Mallarmé), on trouvera dans des vertus toutes différentes de celles qu'enseignait Claude Bernard la source de la grande poésie de la fin du siècle.





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