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Le monde de l'édition littéraire






Vieilles maisons et nouveaux venus



Au lendemain de la guerre, l'édition connaît un « boom » considérable. On assiste sans doute à la disparition ou au relatif effacement de certaines grandes maisons nées au xixc siècle (Lemerre ou FasquellE). Mais beaucoup d'autres apparaissent ou se développent. Plusieurs traits vont marquer l'édition littéraire au cours de la période : une « commercialisation » grandissante de la littérature (rôle croissant joué par la publicité, recherche de gros tirages1, multiplication des collections destinées à « fidéliser » la clientèlE), un certain élargissement des horizons, avec la place accordée à la publication de la littérature étrangère2, enfin une tendance à atténuer les clivages entre édition « littéraire » et édition « populaire».



La maison Stock, qui est rachetée en 1921 par Maurice Delamain et Jacques Boutelleau (Jacques ChardonnE), va jouer un rôle considérable dans la diffusion de la littérature étrangère avec sa « Bibliothèque cosmopolite » : À l'Ouest rien de nouveau, Babitt, ou La Mousson figurent parmi ses plus grands succès.

De même chez Pion, Charles Du Bos puis Gabriel Marcel (à partir de 1927 avec la série « Feux croisés ») s'occupent de la littérature étrangère. Mais Pion se spécialise surtout dans la littérature d'inspiration catholique (Bourget, Barres, MassiS). Jacques Maritain. qui jouit d'un grand prestige dans le monde des lettres, y dirige la collection « Le Roseau d'or », fondée en 1925 et dont il voudrait faire le point de jonction entre catholicisme et littérature. Il y fait paraître Bernanos, Green, la première édition, incomplète, du Soulier de satin ; mais l'entreprise tourne court en 1933.

Flammarion continue à publier des ouvrages touchant un public étendu : Le Feu de Barbusse. La Garçonne de Victor Margueritte, dont les tirages se chiffrent par centaines de mille. 11 fait paraître aussi les livres de Genevoix, ceux de Colette, ainsi que le grand cycle romanesque de Jules Romains, Les Hommes de bonne volonté (en 1932, ce dernier rompt en effet son contrat avec GallimarD).

Enfin la maison Albin Michel (fondée en 1903) connaît un grand essor au lendemain de la guerre. Parmi ses publications figurent les ouvres de Romain Rolland. Dorgelès, Pierre Benoit, Maxence Van der Mccrsch, c'est-à-dire de plusieurs auteurs à succès de l'époque. Le lancement de L'Atlantide, annoncée tous les jours dans un grand quotidien, fait sensation. Et, selon la tendance du moment, cette maison s'ouvre elle aussi à la littérature étrangère, avec notamment de grands titres comme Le Livre de San Michèle d"Axel Munthe ou Citadelle de Cronin.

Parmi les maisons renommées, Le Mercure de France - dirigé jusqu'en 1935 par son fondateur Alfred Vallctte, puis pendant environ deux ans par Georges Duhamel - est la seule qui se refuse aux méthodes modernes : publicité et gros tirages. Elle continue à exploiter son fonds mais n'édite plus aucun des auteurs marquants de l'entre-deux-guerres, à l'exception de Duhamel.



L'euphorie de l'après-guerre est favorable au développement ou à la création de plusieurs maisons d'édition, volontiers accueillantes pour les auteurs nouveaux. Mais certaines d'entre elles ne survivront pas à la crise de la fin des années vingt : c'est le cas de Georges Crès ou bien des frères Emile-Paul. En 1921. sous l'impulsion de Romain Rolland, est fondée la maison Rieder qui lancera bientôt Europe. En 1929, c'est le tour des éditions Corrêa. Quant à Robert Dcnoël. un Belge venu s'installer à Paris, il y commence ses activités d'éditeur en 1928 et connaît le succès des 1929 avec L'Hôtel du Nord d'Eugène Dabit. Puis prenant de vitesse Gallimard, qui hésite, il lance Voyage au bout de la nuit de Céline en 1932. Il publiera aussi Aragon (Les Beaux QuartierS). En 1933. il inaugure la collection « Loin des foules » avec Satan l'Obscur de Jean de Boschère. Ces éditeurs nouveaux font en effet souvent preuve de plus d'audace que les plus anciens. On en aurait un autre exemple avec José Corti, dont la maison est fondée en 1925 : il publie en 1938 Au château d'Argol de Julien Gracq, qui avait été refusé par Gallimard.

Certaines petites maisons liées aux milieux modernistes n'ont souvent qu'une existence éphémère : La Sirène, parrainée par Cendrars, Au Sans Pareil, créée par René Hilsum. qui édite Les Champs magnétiques. Quant au libraire Simon Kra (installé depuis 1903), qui a fondé les éditions du Sagittaire en 1920, il publie en 1924 le Manifeste du surréalisme. Il a aussi une « Collection européenne ». À partir de 1933 les Éditions GLM (Guy-Lévis ManO) publieront à leur tour beaucoup d'écrits surréalistes en rénovant l'art de l'édition.

L'euphorie des années vingt avait aussi encouragé l'édition de luxe à tirage limité, avec des illustrations d'artistes connus. Malraux lui-même s'était adonné quelque temps à cette activité. En revanche, les années trente vont voir se multiplier des collections « populaires », illustrées et bon marche, qui sont les ancêtres de nos « livres de poche ». En effet, l'évolution du public (grâce aux progrès de la scolarisatioN), mais aussi les facteurs économiques (l'augmentation du prix de revient du livrE) conduisent beaucoup d'éditeurs à vouloir publier une littérature de qualité (auteurs anciens ou succès récentS) dans des collections alliant les gros tirages et les bas prix.

C'est ainsi que l'on voit des éditeurs spécialisés surtout dans la littérature populaire, tels que Ferenczi ou Fayard, diversifier leur activité et s'occuper de plus en plus d'édition « littéraire », ce qui tend à rapprocher la bonne littérature du « grand public ». En 1923, Ferenczi, par exemple, confie à Colette une collection portant le nom de celle-ci. Dès 1920, le même éditeur avait lancé « Les Ouvres inédites », suivi de près par Fayard qui inaugure « Les Ouvres libres » en 1921, recueil mensuel de textes courts, dans lequel Proust fera paraître des extraits de La Prisonnière. Puis en février 1923, Fayard crée « Le Livre de demain », où il reprend les succès de librairie, illustrés par des gravures originales. En septembre de la même année, Ferenczi lance à son tour « Le Livre moderne illustré » Par la suite les collections bon marché vont se multiplier chez presque tous les éditeurs (sauf GrasseT) : par exemple Flammarion (« La Select Collection »), Calmann-Lévy (la collection « Pourpre »), ou Gallimard (« Succès »).



Les deux « grands » : Grasset et Gallimard



Grasset et Gallimard, tels sont les deux grands noms qui dominent toute l'activité éditoriale de l'entre-deux-guerres et dont la concurrence est acharnée parce qu'ils s'intéressent au même type de littérature.



L'entre-deux-guerres voit l'essor considérable de la maison Grasset (fondée en 1907), marquée par la personnalité tourmentée et passionnée de Bernard Grasset. Le caractère de ce dernier, à la fois énergique et impulsif, en fait un patron difficile et tyrannique. qui veut régner seul. Il a certes des conseillers littéraires et des directeurs de collection, mais il lit lui-même les manuscrits et c'est lui seul qui choisit. Ainsi Edmond Jaloux, nommé en 1920 directeur de la collection « Le Roman » (dans laquelle paraît Le Songe de MontherlanT), quittera Grasset en 1924, excédé par son autoritarisme.

Daniel Halévy, ancien collaborateur de Péguy aux Cahiers de la Quinzaine, se voit lui aussi confier une collection, « Les Cahiers verts ». Mais alors que Halévy aurait plutôt tendance à privilégier les essais. Grasset voudrait accorder plus d'importance à la littérature romanesque, ce qui crée des conflits4. Dans l'esprit de Grasset, cette série doit lancer des ouvrages numérotés, à tirage limité, réservés à une élite de lecteurs, mais destinés à atteindre ensuite, dans des éditions plus courantes, le « grand public ». Selon Grasset, nous sommes entrés dans l'ère des gros tirages, « l'ère des cent mille » (La Chose littéraire, 1929).

Le premier titre des « Cahiers verts » sera Maria Chapdelaine en 1921, roman de Louis Hémon (mort en 1913), déjà paru dans Le Temps en 1914, mais sans grand écho. Grasset éprouve un véritable coup de foudre pour le texte et il orchestre une vaste campagne publicitaire pour lancer le livre, qui obtient un énorme succès. La même collection verra paraître bien des ouvres marquantes comme Mesure de la France de Drieu La Rochelle, Le Baiser au lépreux de Mauriac, Jeanne d'Arc de Delteil, La Trahison des clercs de Benda, Les Conquérants de Malraux ou Colline de Giono.

Afin d'atteindre le public, Grasset ne lésinera jamais sur les moyens publicitaires, ce qui suscite de violentes mises en cause, tant chez les concurrents que chez les critiques, heurtés par ces méthodes nouvelles. En témoignent les remous suscités par le lancement du Diable au corps de Radiguet, présenté comme le chef-d'ouvre d'un prodige de dix-sept ans et pour lequel Grasset va jusqu'à utiliser un procédé inusité jusque-là : une séquence filmée passée aux actualités Gaumont, montrant le jeune auteur en train de signer son contrat avec l'éditeur. Cela est d'ailleurs symptoma-tique d'une tendance à transformer l'écrivain en véritable vedette.



Mais l'attitude de Grasset envers Radiguet est également caractérisée par le souci de lui faire retoucher et améliorer son texte. Grasset s'enthousiasme en effet pour certains livres, au point d'être à leur égard plus qu'un simple éditeur : il en fait une affaire personnelle où la passion l'emporte sur les considérations commerciales. Comme il l'avoue lui-même, l'édition, c'est sa façon d'écrire. D'où une collection au titre significatif, « Pour mon plaisir ». commencée en 1929. Il y fait paraître notamment Les Enfants terribles de Cocteau, ami de la maison, mais qui publie généralement ailleurs ; La Grande Peur des bien-pensants de Bernanos ; Les Jeunes Filles de Montherlant ; et même Antoine Bloyé de Nizan, bien que la maison Grasset soit plutôt orientée à droite et d'esprit traditionaliste. D'ailleurs la collection « Les Écrits », confiée à Jean Guéhenno, introduit des ouvres d'une tendance toute différente : Mort de la pensée bourgeoise de Berl, La Maison du peuple de Guilloux ou Caliban parle de Guéhenno lui-même.

Mais Grasset a ses auteurs attitrés : Châteaubriant, Giraudoux, Char-donne, Morand ; il détourne ce dernier de chez Gallimard à partir de 1924 en lui offrant des conditions particulièrement avantageuses. Morand est l'un des « quatre M », selon la propre formule de l'éditeur, avec Mauriac, Maurois cl Montherlant. Pour se réserver leurs productions il signe avec eux des contrats de longue durée et souvent leur sert des mensualités (Radiguet, Mauriac. Chardonne par exemplE). Mais il ne réussit pas à créer un « esprit » uni comme il y en a un autour de La NRF, dans le clan Gallimard. L'échec de la revue catholique Vigile, fondée en 1930 par Mauriac pour rivaliser avec La NRF. est significatif.

Toutefois, grâce à ses méthodes, Grasset atteint de gros tirages, souvent plus importants que ceux de la maison Gallimard. Mais le prestige dont jouit celle-ci reste inégalé et on voit passer chez Gallimard plusieurs auteurs de chez Grasset (Proust, Lacretelle, Malraux5) alors que l'inverse est plus rare (MoranD).

C'est en 1919 que la Librairie Gallimard remplace les éditions de la NRF. en pleine crise financière. En fondant une société anonyme, Gaston Gallimard et son frère Raymond relèvent la maison et en font une véritable entreprise commerciale, le premier s'occupant plutôt du choix des textes et des relations avec les auteurs et le second de la gestion financière et administrative.

Pour sélectionner les ouvres, Gaston Gallimard prend les conseils d'un comité de lecture, institution caractéristique de la maison. De ce comité font partie des critiques comme Benjamin Crémieux, Ramon Fer-nandez, Jean Paulhan, des philosophes comme Bernard Grothuysen, Brice Parain, ou des romanciers comme Arland ou Malraux.

Gallimard cherchera sans cesse à concilier les impératifs commerciaux, toujours plus pressants du fait de la concurrence et ensuite de la crise économique, avec l'esprit du groupe NRF et son culte de la haute littérature. C'est ainsi que sans l'avis de son « comité », Gallimard lance une collection destinée au grand public. « Les chefs-d'ouvre du roman d'aventure ». ce qui suscite des protestations à La NRF. En revanche la collection « Une ouvre, un portrait », tirée à huit cents exemplaires et destinée aux bibliophiles, permet de « tester » de jeunes écrivains, avant de les faire connaître dans des collections plus courantes.



La maison Gallimard prend une rapide extension, diversifie ses activités et élargit ses horizons. Dès 1922 on crée la collection des « Documents bleus », où paraîtront des ouvres de Freud, des reportages, des récits de voyage (comme L'Afrique fantôme de LeiriS) ou même, en 1924, Les Pas perdus de Breton.

En 1931 est inaugurée la collection « Du monde entier », qui vise à concurrencer la prestigieuse « Bibliothèque cosmopolite » de chez Stock. On y voit paraître sous l'égide de Maurice-Edgard Coindreau des traductions de Faulkner. Hemingway ou Dos Passos. Valéry Larbaud s'occupe de la littérature anglaise (en 1929 paraît en français Ulysse de JoycE). Gro-thuysen introduit Kafka en France grâce aux traductions d'Alexandre Via-latte, d'abord sans grand succès. Quant à Benjamin Crémieux. il traduit les pièces de Pirandello, qui connaissent au contraire un retentissement immédiat.

Enfin c'est en 1933 que les Éditions de la Pléiade, créées en 1929 par Jacques Schiffrin, un ami de Gide, sont absorbées par Gallimard, ce qui donne naissance à la « Bibliothèque de la Pléiade », destinée surtout à rééditer les classiques, mais dans laquelle paraîtra en 1939 le Journal de Gide, premier auteur vivant à entrer dans la collection.

Avec ce riche éventail d'activités, les éditions Gallimard occupent la première place dans l'édition littéraire française.





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