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LE DÉSERT, C'EST MOI - COMMENTAIRE - ANALYSE






Malgré l'apparente sécheresse de ce texte de Saint-Exupéry (ce qui fait que beaucoup d'élèves n'apprécient point la beauté de ces ligneS), malgré la sécheresse tout aussi apparente des notations de ce journal d'un naufrage ou d'un naufragé en plein désert du Sahara, le message en est tout aussi chargé de significations symboliques et de résultats "scientifiques" que celui de la "bouteille à la mer" que le capitaine du navire en train de sombrer avait confié à la postérité et aux vagues des mers tumultueuses pour nous apporter à nous, hommes de cette fin du XX-ème siècle, le témoignage d'une conscience lucide et l'invitation réitérée à l'amour des hommes et à l'entraide.

Le fragment extrait de «Terre des Hommes» a justement pour mission de glorifier (= de rendre hommage à), le courage et la persévérance, non pas d'un seul homme, mais de l'HOMME en général, et de proposer de cette manière un sujet de réflexion et de méditation à l'homme de cette fin de siècle.

Pilote et homme d'action, écrivain et penseur au sens le plus noble et pur de ce terme, Saint-Exupéry nous fait revivre dans ces lignes l'une des expériences les plus éprouvantes de sa vie et, en même temps, l'une des plus passionnantes de cette période des débuts de l'aviation, quand un "naufrage" dans l'immensité saharienne, dû à une défaillance mécanique (= techniquE), était quelque chose de tout à fait possible.

Nous assistons à une véritable "longue marche" de la souffrance dans le désert. Epuisés par la chaleur, par le manque d'eau, les deux aviateurs doivent marcher vite, profiter de la fraîcheur du petit jour, car ils savent très bien que sous les rayons du soleil ils ne pourront plus fournir cet effort. Ils n'ont pas le droit de transpirer. Ce "luxe" n'est pas permis dans le désert, car l'humidité de l'air, très réduite (18 % d'humidité), oblige le corps humain à libérer les dernières "gouttes" d'eau. Le verbe "attendre" est synonyme de mort. Ils doivent avancer le plus posssible, faire tout ce qui est humainement possible pour trouver d'autres hommes, arriver à une localité. Chaque seconde, cette "goutte" du temps, est précieuse. Il n'est pas permis de la gaspiller.

L'auteur enregistre, avec un détachement presque scientifique, clinique même, la progression de la soif dans son organisme: l'accolade du désert, comme une caresse féminine, tendre, mais trompeuse en même temps, est synonyme de mort. Son organisme ne secrète plus de salive: il devient lui-même un "désert". Ses cordes vocales sont sèches. Il s'identifie à cette immensité blonde, à ce Sahara, à ce désert qu'il croit reconnaître, à ce vent qui, pareil à un vampire, suce le sang de l'homme. La marche sur le sable est pénible. Le parcours de près de deux cents kilomètres, reconstitués quelques jours plus tard, a épuisé toutes leurs forces.

Mais le miracle existe: dans cette immensité saharienne, dans ce désert les signes miraculeux tracés par les pas de l'homme deviennent visibles. Les deux aviateurs découvrent, imprégnée dans le sable, la trace des pas de Bédouins. Quelque temps plus tard, il seront sauvés par un pauvre Bédouin de Lybie, comparé à un archange (il a la possibilité de donner de l'eau!!! - il avance comme (uN) D/(D)ieu sur la mer, comme le Christ sur les eaux déchaînées de la mer pour apporter le salut à ses disciples apeurés; comme le Verseau il a la possibilité d'apaiser la soif, physique et spirituelle, des hommes.)



Il est l'image même de l'entraide humaine, l'incarnation de la solidarité, de la fraternité: son visage sera reconnu plus tard par l'auteur dans tous les visages des autres hommes, car il incarne l'Homme par excellence. Ici, dans le désert, il n'y a plus ni races, ni langages, ni divisions... Les barrières artificielles établies par les hommes se sont évanouies. En présence de cette immense mort blonde (le Sahara!), l'égalité est totale. Il y a, dans ce désert, ce nomade pauvre qui a posé sur leurs épaules des mains d'archange, dans un geste d'éternelle bénédiction et sacralisation. Mais il est riche, car il représenle et apporte la VIE. La bénédiction de cet homme s'identifie à la bénédiction divine. Et l'HOMME est sauvé. Grâce à cette eau merveilleuse, comme l'eau du baptême du Jourdain, il retrouve la VIE.

C'est à un véritable hymne adressé à L'HOMME, à Teau, à la VIE, à la fraternité, que nous assistons dans ces lignes de Saint-Exupéry.



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