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La presse écrite : tradition et modernité






Depuis la guerre, la presse écrite s'est emparée de la littérature et lui a réservé une rubrique. Dans la plupart des journaux, nationaux notamment, plus rarement provinciaux, un feuilleton littéraire, voire un supplément hebdomadaire (le Monde des livres, le Figaro littérairE) commentent les dernières productions. Une presse spécialisée s'est même créée sous forme de magazines (comme le Magazine littéraire, la Quinzaine littéraire, les Nouvelles littéraires. Lire, etc.) exclusivement réservés à la présentation et au commentaire de livres récemment parus.

Les revues littéraires jouent, dans la diffusion et l'approche des ouvres, un rôle non négligeable. Créées ou recréées après la Libération, elles se sont donné des objectifs sensiblement différents et ont connu une évolution variée. La N.R.F. (Nouvelle Revue françaisE) qui vit le jour en 1909, reste indissociable de l'aventure intellectuelle de notre époque. Les écrivains les plus marquants lui ont confié leurs textes : Saint-John Perse, René Char, Maurice Blanchot. Robbe-Grillet, en 1954, y a trouvé une tribune pour défendre sa conception du « nouveau roman ». En fait, ce n'est qu'en 1953, sous l'impulsion de deux rédacteurs en chef, Jean Paulhan et Marcel Arland, assistés d'une secrétaire de rédaction, Dominique Aury, que la revue retrouva son véritable rôle, celui de « rose des vents » de notre littérature, selon le mot de François Mauriac.





La qualité des textes publiés,..n'ass.ure pas toujours une longue existence. Les Cahiers du chemin, publiés sous la direction de Georges Lambrichs aux éditions Gallimard ont néanmoins connu trente numéros (d'octobre 1967 à avril 1977). Y trouvaient place textes de fiction, extraits d'ouvrages, poèmes, comptes rendus critiques. Le souci de modernité était tempéré par la volonté de se tenir à l'écart des modes. C'est pourquoi cette revue s'ouvrit à tous les horizons et à toutes les tendances, ne fit preuve d'aucun sectarisme et d'aucun académisme. Il n'y eut pas d'école des Cahiers du chemin, mais des réseaux d'amitiés et d'influences, des invitations à la lecture et à l'écriture. Des personnalités aussi diverses que Jude Stefan, Jean Roudaut, Jean-Loup Trassard, Georges Perros, Jean-Marie Le Clézio, Michel Butor, Jacques Borel, Michel Deguy, Gérard Macé, Henri Meschonnic, Jacques Réda y collaborèrent régulièrement. Depuis 1977, les Cahiers du chemin ont fusionné avec la Nouvelle Revue française, Georges Lambrichs assumant la responsabilité de la publication. Jacques Réda lui a succédé en septembre 1987.

Certaines revues ont des préoccupations nettement affirmées. Europe, fondée en 1923, reparue en 1946 sous la direction de Pierre Abraham, propose une somme d'articles critiques sur un auteur, un thème, un pays : Romain Rolland réclamait d'ailleurs, dès la fondation, de grands essais sur les écrivains européens et mondiaux, des « portraits scrupuleux d'ouvres et de pensées ». Esprit s'inscrit dans la tradition du christianisme de gauche : fondée en 1932 par Emmanuel Mounier, elle fut l'organe du personnalisme dont Paul Thibaud, directeur de la revue depuis 1977, disait qu'il offrait alors aux catholiques une « ouverture au monde extérieur, à la modernité », la « possibilité de questionner une tradition parfois étouffante, mais encore puissante ». D'où la volonté du directeur d'Esprit de contribuer à son tour à « l'invention d'une culture chrétienne réellement moderne ».



La revue qui a marqué le plus nettement l'après-guerre fut incontestablement les Temps modernes, dont le premier numéro parut en octobre 1945. Au comité de rédaction, on trouve, outre Sartre directeur, Raymond Aron, Simone de Beauvoir, Michel Leiris, Maurice Merleau-Ponty, Albert Olivier, Jean Paulhan. Les Temps modernes furent immédiatement lus comme l'organe officiel de l'existentialisme. Après les épreuves de la guerre et les scandales de la collaboration, quelques écrivains se proposent de redéfinir la littérature, la philosophie, la morale, l'action. Sartre écrit en couverture du premier numéro : «... à propos des événements politiques et sociaux qui viennent, notre revue prendra position en chaque cas. Elle ne le fera pas politiquement, [...] mais elle s'efforcera de dégager la conception de l'homme dont s'inspireront les thèses en présence et elle donnera son avis conformément à la conception qu'elle soutient [...]. Nous ne voulons rien manquer de notre temps : peut-être en est-il de plus beaux, mais c'est le nôtre ; nous n'avons que cette vie à vivre, au milieu de cette guerre, de cette révolution peut-être ». Mais au fur et à mesure que la revue est amenée à commenter les événements politiques (guerre de Corée, camps de concentration en URSS, stalinismE), les polémiques se succèdent au sein du comité de rédaction que Raymond Aron quitte en 1946 et Merleau-Ponty en 1953. À partir de cette date, les Temps modernes reflètent les prises de position de Sartre : amitié avec le P.CF. jusqu'en 1956, critique du stalinisme après l'intervention soviétique en Hongrie, lutte contre la guerre d'Algérie. En mai 1968, la revue soutient la révolte étudiante, s'ouvre au Mouvement de libération des femmes (M.L.F.) et aux gauchistes maoïstes de la Gauche prolétarienne : les Temps modernes cessent d'être lus comme la voix officielle de l'existentialisme ; Sartre n'y écrit d'ailleurs presque plus. Aujourd'hui, la revue se présente comme un recueil d'analyses, d'articles de combat, de témoignages divers et de quelques textes littéraires.

Les revues d'avant-garde et les revues de poésie touchent inévitablement un public peu nombreux. Change, fondée en 1967 par l'écrivain Jean-Pierre Faye qui quitte violemment cette année-là le comité de rédaction de la revue Tel Quel, est à la fois un collectif et une revue dont les membres (Jean Paris, Jean-Claude Montel, Léon Robel, Maurice Roche, Jacques RoubauD) entendent sortir du structuralisme dominant et saisir, à travers la poésie et la littérature, les pulsions profondes de la langue, avec la linguistique transformationnelle de Chomsky comme référence, et entrer de plain-pied dans les débats politiques et culturels, sans quitter le champ de l'écriture, car « tant va la langue humaine, narrant et décrivant les choses, qu'en chemin elle les change ».

Aujourd'hui la notion même d'avant-garde a beaucoup perdu de son sens. Les revues où s'exprimaient de manière à la fois libre et quasi terroriste les écrivains à la recherche de nouvelles formes d'écriture, où avaient lieu des tentatives esthétiques soucieuses de renouveau, se virent récupérées par les éditeurs et les médias. Ce ne sont plus les artistes mais les professionnels du livre qui contrôlent les avant-gardes. Depuis les années 1955-1960, à chaque avant-garde a correspondu une collection ou une revue chez les grands éditeurs : Tel Quel au Seuil, Change chez Seghers-Laffont, TXT chez Christian Bourgois, Textes et Diagraphe chez Flammarion, P.O.L. chez Hachette.

En 1945, une revue était une véritable institution dont la stabilité se voyait confortée par une doctrine précise et un public fidèle ; les Cahiers du cinéma, dans les années cinquante, en héritèrent quelque chose. A partir de 1960 environ, plusieurs publications de qualité virent le jour, comme la Revue de poésie dirigée par Michel Deguy ou l'Éphémère animée par Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Gaétan Picon et Louis-René des Forêts, puis disparurent au bout de quelques années.



Les revues de poésie foisonnent aujourd'hui (citons, parmi les plus importantes, PO & SIE dirigée par Michel Deguy et Recueil animée par Jean-Michel Maulpoix et Richard MilleT), mais, la plupart du temps, elles ne durent que le temps de deux ou trois numéros. C'est que, plus généralement, si l'on excepte les vestiges comme la Revue des deux mondes, les revues sont pour la plupart des publications éphémères qui paraissent quelques mois puis s'éteignent faute de lecteurs constants.



« Et si revenait le temps des revues? » demandait Pierre Nora en 1981 en annonçant la création du Débat. En effet, en 1978, paraissait, sous le patronage de Raymond Aron, Commentaire, revue dirigée par Jean-Claude Casanova. En 1982, le philosophe François George lançait la Liberté de l'esprit. En 1977, Esprit se donnait une nouvelle jeunesse en portant à sa tête Paul Thibaud et en modifiant sa formule. En moins de dix ans, le renouvellement qui marqua l'évolution des idées s'est aussi concrétisé par la réapparition de ces organes de pensée classiques que sont les revues intellectuelles et qu'avaient supplantées au cours des deux dernières décennies les quotidiens et les magazines.



Le diktat audiovisuel



C'est le Canadien Marshall McLuhan (né en 1911) qui a, le premier, souligné/l'importance du rôle joué par les médias dans la société moderne/Dans ses deux ouvrages principaux, la Galaxie Gutenberg (1962) et Pour comprendre les médias (1964), il analyse les transformations induites par l'apparition des moyens de communication de masse. Pour McLuhan, « le message est le médium », c'est-à-dire qu'à chaque type de médium correspondent un certain type de message et un certain contenu. La télévision ne transmet pas le même message que la presse et, a fortiori, que les troubadours d'autrefois avant l'invention de l'imprimerie. Les moyens de communication conditionnent ainsi directement la nature des informations diffusées et exercent une influence sociale déterminante : l'écriture a permis à l'homme de dépasser sa condition tribale ; l'imprimerie a entraîné l'apparition d'une organisation sociale nouvelle grâce à la possibilité de consigner et de diffuser largement des informations écrites ;^énfin, les moyens de communication de masse ou mass média, apparus au cours des dernières décennies, ont exercé des pressions certaines sur le fonctionnement des sociétés.



Parallèlement, le développement de l'informatique a eu des conséquences directes sur le phénomène de la lecture. L'informatique, c'est-à-dire le traitement automatisé de l'information, est l'un des secteurs économiques qui a connu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le développement le plus rapide. À partir de cette donnée, certains sociologues dressent de l'avenir un tableau quelque peu apocalyptique. Christopher Evans, par exemple, pense qu'on devrait assister, d'ici la fin du siècle, à un déclin des livres imprimés, aux coûts de fabrication et de distribution élevés, au profit de livres « électroniques », très bon marché, condensant en un très faible volume (de l'ordre d'une simple puce de siliciuM) un volume d'informations considérable. Un tel processus comporte le risque majeur du nivellement et de l'écrasement culturel par la diffusion massive, grâce aux progrès de l'électronique et des systèmes de télécommunication, de la culture américaine, dont les productions, réalisées pour un vaste marché, produites à faible coût, bénéficient à la fois du prestige des États-Unis et de l'usage de l'anglais, langue mondiale dominante. À vrai dire, toutes ces analyses méritent d'être largement relativisées.



L'influence la plus tangible de l'audiovisuel sur la littérature s'exerce aujourd'hui par le rôle et la place que tient dans la vie des Français la télévision. En 1960, 13 % des foyers français possèdent un poste de télévision, 60 % en 1968, près de 95 % aujourd'hui. Dans les années 60, les émissions littéraires - « Lectures pour tous », « Terre des arts » - étaient suivies avec un vif intérêt par les lettrés et par un public désireux de découvrir un monde qui n'était pas directement en prise sur sa vie quotidienne mais dont il devinait l'importance. Certaines émissions, comme « La matinée littéraire » sur France-Culture poursuivent sur les ondes la mission d'éveiller et de passionner pour la chose littéraire. Mais il semble qu'aujourd'hui le téléspectateur soit beaucoup plus passif et ait, une fois pour toutes, délégué sa liberté de choix à des personnalités supposées plus averties. Dans le Pouvoir intellectuel en France (1979), Régis Debray étudie la manière dont le pouvoir symbolique est passé de l'université à l'édition puis à quelques « fondés de discours », détenteurs des moyens de communication de masse. Les cas des émissions « Apostrophes » diffusée par Antenne 2 jusqu'en 1991 et aujourd'hui de « Jamais sans mon livre » (sur France 3, le samedi soiR) sont assez complexes. Honnies par les uns, considérées comme des oraux de concours par les autres, redoutées par la plupart car elles peuvent décider du sort d'un livre, « Apostrophes » et « Jamais sans mon livre » sont très exactement des émissions de télévision, c'est-à-dire des spectacles et qui plus est des spectacles souvent réussis. L'écrivain se fait objet de vitrine, produit mis en valeur. En une heure d'émission, à raison de quatre ou cinq invités par semaine, un auteur (qui peut être un académicien français, un acteur, un homme politique, un écrivain réputé difficilE) peut espérer parler pendant cinq ou dix minutes. Il est évident que tout se passe ici dans la superficie des choses, ce qui n'est ni condamnable ni méprisable. Il suffit de ne pas se tromper sur la nature de telles émissions. Si la littérature, et notamment la poésie, n'a que peu à voir avec « Apostrophes » ou avec « Jamais sans mon livre », ce n'est ni la faute de Bernard Pivot ni celle de Bernard Rapp ni celle de la littérature : seule la télévision porte en elle la responsabilité d'obliger chacun de jouer un rôle pour lequel il n'a peut-être pas le talent ni le goût.



Certains écrivains refusent le vedettariat et se satisfont d'une espèce d'anonymat intellectuel. José Cabanis (né en 1922) affirme qu'« écrire (luI) paraît inséparable de la solitude et d'un profond secret » (Plaisirs et Lectures, tome 2). Hélène Cixous écrit dans Dedans (1969) : « Personne, à ma connaissance, n'a jamais réussi à mettre un doigt sur moi. » Le refus de s'exhiber à la télévision s'explique par des raisons de principe (Henri Michaux, René Char, Julien GracQ) ou par des raisons politiques (Sartre, Régis DebraY). À l'inverse, des personnalités aussi éminentes que Raymond Aron ou Georges Dumézil ont usé de la télévision sans y mettre un sérieux excessif et avec un certain plaisir. Comment par ailleurs serait-il sensé de reprocher à un auteur de faire connaître ses travaux ou sa personnalité avec les moyens qui sont proprement ceux de son époque ? Le risque d'une telle situation se mesure cependant dans le phénomène du vedettariat qui impose aujourd'hui à l'ouvre de s'effacer devant l'auteur et fait de la vedette, quelle qu'elle soit, un écrivain. D'où une certaine confusion dans l'esprit du public. L'éditeur Robert Laffont analyse la situation du livre en 1986 avec lucidité : « Certains livres peuvent obtenir une excellente presse et ne pas se vendre. La critique littéraire n'est pas décisive. Il ne suffit plus de passer à « Apostrophes », encore faut-il y passer bien. Deux pages d'actualité dans un magazine sur un auteur, cela aura beaucoup plus d'impact qu'une critique en bonne et due forme. On vend plus l'auteur que le livre. Tout est possible mais rien n'est sûr, rien n'est acquis, pas même la réussite du nouveau livre d'un auteur à succès. »





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