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La crise : une révolution introuvable






Le premier visage de la crise est d'ordre économique. Une inquiétude se fait jour au début des années 70 concernant la quantité de matières premières disponibles et amène à souhaiter une « croissance zéro ». On s'inquiète, parallèlement, de la pollution induite par l'activité industrielle génératrice de la destruction progressive de la planète.



Provoquée par la politique d'embargo décidée par les pays exportateurs de pétrole à la suite de la guerre du Kippour (quatrième guerre israélo-arabe en octobre 1973) et, plus fondamentalement, par l'existence d'un déséquilibre croissant entre l'offre et la demande d'énergie, une crise a brutalement secoué l'économie occidentale ; d'octobre à décembre 1973, les prix de vente quadruplent. Né de la révolution iranienne en novembre 1978, un second « choc pétrolier » est venu modifier le marché de l'énergie. La guerre irano-irakienne à la fin de 1980 réduit l'offre des pays producteurs et permet une nouvelle augmentation. Dès lors, un terme est mis, au moins temporairement, à l'ère de la croissance rapide, fondée sur l'utilisation d'un pétrole abondant et bon marché.



Le paysage industriel français s'en trouve profondément modifié. Le nombre des chômeurs ne cesse de croître, les jeunes gens notamment se trouvent réduits à une situation fort précaire. Si le nombre des jeunes de moins de vingt-cinq ans représente environ 35 % de la population, la répartition du nombre des chômeurs montre combien cette partie des Français doit subir les effets de la diminution des offres d'emplois. Au début de 1982, 45 % des demandeurs d'emplois avaient moins de vingt-cinq ans et les trois quarts de ceux-ci étaient à la recherche de leur premier emploi. Les jeunes, dans leur grande majorité, acceptent et recherchent un travail temporaire. Savoir, en entrant dans la vie active, que l'emploi exercé n'aura qu'une durée très limitée installe les jeunes dans une sorte d'accoutumance à la précarisation et conduit à un désintérêt progressif pour le travail lui-même. Les jeunes gens qui, par définition, ne sont pas encore des agents économiques productifs voient donc se prolonger dangereusement leur période de marginalisation.

Certains tirent de ce constat pessimiste des solutions de désespoir qui ne sont, en fait, qu'absence de solution. Le phénomène de la délinquance, notamment dans les banlieues des grandes villes, connaît une accélération inquiétante. Ce n'est pas seulement à Vénissieux et à Villeurbanne (creusets de violence durant l'été 1981) que les jeunes dont les conditions de vie difficiles sont aggravées par les problèmes de la société française contemporaine (cités-dortoirs, regroupements de la population immigrée, voire racisme ouvert de certains FrançaiS), brûlent les voitures, brisent les vitrines, commettent agressions et délits, mais sur les marges de toutes les villes, Paris, Rouen ou Marseille. Attitude symptomatique aussi que celle des « punks » d'aujourd'hui qui, au contraire des mouvements beatnik ou hippy des années 60 et 70 font l'apologie de la violence et, plus généralement, du nihilisme total.



À l'inverse, d'autres jeunes sont amenés à se plier au conformisme des adultes et manifestent un état d'esprit fondé sur l'exaltation de valeurs qui, jusque-là, n'étaient pas propres à la jeunesse. Avec l'irruption de la crise économique, la hantise du chômage et l'obligatoire professionnalisation d'un grand nombre d'enseignements, les étudiants ont assurément acquis une lucidité nouvelle. Mais, depuis 1968, l'université française paraît s'être atomisée : l'esprit estudiantin et ses traditions ont disparu, aucun mouvement étudiant réel ne manifeste aujourd'hui sa présence, sinon de manière spontanée autour de thèmes généreux, mais un peu flous comme en décembre 1986 quand les jeunes gens piotestaient contre les conditions de vie et d'études de plus en plus ingrates. Si, dans l'industrie, la sécurité de l'emploi est devenue prioritaire par rapport à l'amélioration des conditions de travail, à l'école comme à l'université la réforme pédagogique a laissé la place au lien éducation-entreprise. La réussite sociale passe au premier plan des préoccupations. À la « bof génération » a succédé, pour reprendre le titre d'un livre récent, la « boss génération ». De la disparition de cet esprit frondeur et impertinent qui était celui de la génération de 1968, témoigne le cycle de Jean-Louis Curtis dont les deux premiers tomes, l'Horizon dérobé (1978) et la Moitié du chemin (1980), présentent de jeunes héros qui participent à mai 68, puis se dirigent à grands pas vers la société de leurs parents, vers la réussite sociale.

Il faut dire que, non seulement les mutations de la société française, mais aussi la disparition des modèles de référence, ont anéanti une bonne partie des « idées soixante-huitardes ». L'échec des guérillas latino-américaines, la redécouverte du terrorisme stalinien avec la publication de l'Archipel du Goulag (1974) d'Alexandre Soljénitsyne, les troubles politiques en Chine ont perturbé plus d'un esprit. L'exemple de l'itinéraire de Philippe Sollers et de la revue Tel Quel (fondée en 1950) est, à cet égard, significatif. Les anciens révolutionnaires des années 60 se sont aujourd'hui largement intégrés au système qu'ils dénonçaient et se voient même rejetés par leurs cadets. Daniel Cohn-Bendit, un des leaders de mai 68, porte sur la situation présente un regard lucide et désabusé : « Après Prague, après Santiago, après les oillets fanés du Portugal, après les noyés de la mer de Chine, après le Cambodge et l'horreur du terrorisme, après tant d'épreuves, tant d'échecs, tant de déceptions, la révolution a perdu un à un ses fidèles. Aujourd'hui, l'idée même de révolution a déserté l'imaginaire de nos contemporains. Nous avons dû nous soumettre au formalisme démocratique. »



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