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FRIEDRICH SCHLEGEL






« L'univers, dit Friedrich Schlegel, n'est qu'un jeu du déterminé et de l'indéterminé. » Cette réflexion ne fait que répéter toute la philosophie romantique allemande. Pour un Hegel, pour un Schelling, comme pour un Friedrich Schlegel, l'établissement d'un lien entre la pensée indéterminée et la pensée déterminée est le grand jeu par excellence. Il se pratique chez quantité de philosophes. De l'indéterminé, c'est-à-dire de la pensée divine considérée dans son fond le plus reculé, pensée obscure, latente, sans forme, mais, pour cela, potentiellement infinie, découlerait, par le jeu dialectique, une pensée humaine définie et déterminée, et c'est de l'opposition, mais aussi de la combinaison entre ces deux pensées antinomiques, que naîtrait l'histoire de l'univers. L'essentiel dans une telle conception c'est que la pensée indéterminée est représentée comme ayant la source et l'initiative. C'est d'elle que dépendraient toutes les déterminations qui s'ensuivraient.





Remarquons que la situation se présente de façon assez semblable, mais curieusement inversée, dans la philosophie de Schlegel. Si, pour lui aussi, l'univers apparaît comme le résultat d'un jeu entre ce qu'il appelle l'indéterminé et le déterminé, le premier de ces deux termes, pour lui, n'est pas l'indéterminé, mais le déterminé : le premier, en tout cas, dans l'expérience pratique que nous avons de leurs interventions. C'est que Schlegel ne se place pas, comme Hegel ou Schelling, dans le domaine du métaphysique, mais dans celui du psychologique, c'est-à-dire dans la conscience d'une expérience personnelle. Moi qui pense et qui me pense, prenant conscience de moi-même, je me découvre engagé dans une situation mentale qui me concerne directement et que je subis. Je me perçois moi-même dans la détermination que je prends, et je me vois comme indivisiblement lié à cette détermination. Mais je me découvre aussi, contradictoirement, dans ma capacité et mon désir de dépasser cet état premier de détermination, qui, à la fois, me fait et me limite. Ce désir de dépassement est réalisable en raison du fait que mon être, si limité actuellement qu'il puisse être, est directement issu du pouvoir illimité que possède la réalité indéterminée. Ce pouvoir est en moi, dans un sens il est encore moi. Si je veux, il est donc en mon pouvoir d'échapper à moi-même. Je me découvre libre, libre de ne pas me laisser limiter et fixer par moi-même, libre de me soustraire à la détermination en laquelle je me reconnaissais entièrement dans le moment précédent. Me voici donc maintenant dépassant cette détermination en prenant une décision qui lui est contraire, et qui a pour effet d'abolir l'être que j'étais, donc un acte d'autodestruction. Je suis toujours moi, mais un moi maintenant libéré de sa limitation, affranchi de sa détermination, donc pleinement libre. En raison de cet acte, la substance de mon moi m'apparaît maintenant comme entièrement indéterminée. Toutefois je ne puis demeurer dans cette-.indétermination. Le désir de me dépasser, que j'éprouvais déjà précédemment, se répète. Il m'inspire l'envie de procéder à une nouvelle reconstitution de moi-même par moi-même. Ce processus ne peut que se répéter indéfiniment dans un mouvement qui repasse par les mêmes étapes, et qui implique une succession d'autocréations et d'autodestructions.



Restent dans l'analyse de ce mouvement complexe deux points essentiels à considérer. Le premier concerne ce qu'on a coutume d'appeler ironie romantique, sentiment considéré comme très important par Schlegel. Il consisterait, selon lui, dans l'état ambigu où se trouverait la pensée humaine, quand, dans son progrès toujours irrégulier, fait, comme nous l'avons dit, d'autodestructions et d'autocréations, elle passerait d'une expérience de soi-même à une autre. Si ce passage, le plus souvent sans transition, se fait d'un état inférieur à un autre qui se révèle comme supérieur, le jugement qui se trouve ici impliqué ne peut s'accomplir, selon Schlegel, qu'en entraînant une brusque altération du jugement antécédent porté par le sujet sur lui-même. Il perçoit alors un changement radical de valeurs, ayant pour conséquence un état nouveau, exceptionnel, de lucidité, que Schlegel qualifie ^ironique. Ce sentiment n'affecte pas seulement l'objet jadis prisé, et maintenant méprisé, il frappe aussi le sujet lui-même, le moi pensant, qui, ex abrupto, se voit jeté du passé dans le présent, ou, pour exprimer avec plus de force cette transformation de soi, confronté dans une sorte de simultanéité grotesque, avec un autre être qui serait l'envers de lui-même. L'ironie souligne donc le caractère foudroyant, presque inassimilable, de la confrontation. Elle provoque un retournement de soi total. De plus, et surtout, en raison de la coupure violente qu'elle instaure, elle donne l'occasion de mesurer la distance, littéralement infinie, qui semble maintenant séparer l'état ancien, fait de limitation et de détermination, de l'état nouveau, qui est celui où l'on voit surgir un moi libéré, donc, dans un sens, indéterminé, si l'on entend par indétermination la capacité, dans ce cas-ci, entièrement recouvrée de prendre librement conscience des possibilités de son être.

Mais il est un autre état aussi, qui, dans l'esprit de Schlegel, est susceptible de créer la même libération de l'être, un état qui, comme celui de l'ironie, a pour effet de faire aussitôt échapper celui qui en fait l'expérience, à la même détermination que dans le cas précédent, c'est l'amour, ou plus précisément, l'influence salvatrice exercée par ce sentiment sur l'être déterminé qui en devient le sujet. L'homme, en effet, est pour Schegel l'être qui risque le plus de se trouver limité ou fixé dans son activité spirituelle. Il s'expose à devenir le prisonnier de ses déterminations. Alors intervient la femme, c'est-à-dire l'être sur qui les déterminations ont infiniment moins de pouvoir que sur l'homme. La femme est l'indétermination même. Sa pensée est instable, confuse, mais précisément par la confusion imitatrice (expression de SchlegeL), qui est dans sa nature et qui exerce sur l'homme une espèce de séduction irrésistible, elle joue vis-à-vis de lui un rôle mystérieux mais salutaire et exaltant. Elle restitue à l'homme les richesses magiques de l'indétermination.



FRIEDRICH SCHLEGEL : RÉSUMÉ DES ÉTAPES



L'ironie romantique, dans son élévation vers l'absolu, procède par négations successives.



Successions d'autocréations et d'autodestructions impliquant une liberté absolue.



L'esprit ne peut se satisfaire d'autodéterminations particulières.

Continuelle négation de soi comme limité, comme fini.



D'où une détermination de soi toujours dépassée et toujours recommencée, qui se poursuit à l'infini.



Principe mâle du déterminant. Principe féminin de l'indéterminé.



D'un côté, il y a la confusion incitatrice de l'indéterminé, et, de lîautre, la puissance géniale du principe masculin formateur, afin que se réalise la formation.






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