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Auto-portrait et portraits - Vigny






Les Poèmes divers.

Aux recueils essentiels, on peut ajouter le mince post-scriptum de vers de circonstance tels qu'un badinage saphique ou un bulletin humoristique pour des camarades de régiment, des vers angéliques pour saluer une naissance, d'autres dédiés à l'étudiant Sand, meurtrier de Kotzebue. Il écrit comme tout un chacun Sur la mort de Byron ou s'adresse aux mânes de Girodet dans la Beauté idéale. On trouve des poèmes A Marie Dorval, quelques sonnets, des poèmes hellénisants qui trahissent l'influence d'André Chénier, une barcarolle. Sa période saint-simonienne lui dicte un Chant d'ouvriers inattendu :





La vie est un vaste atelier

Où, chacun faisant son métier,

Tout le monde est utile.

On agit d'un commun effort, Et du faible aidé par le fort

La tâche est plus facile.



Battons le fer...

Dieu du travail. Dieu de la paix,

C'est à l'ouvre que tu parais :

Le feu, ta main l'allume. L'ouvrier voit, dès son berceau,

Ta grande main sur le marteau.

Ton genou sous l'enclume.



Le More de Venise ou Shylock, en vers, ne sont pas supérieurs à Chatterton ou même à la Maréchale d'Ancre en prose. Pour la poésie il faut ajouter les fragments contenus dans le Journal d'un poète et rêver à ces projets de poèmes dont ces pages sont parsemées. Ce Journal exceptionnel, tout ami de la poésie se doit de le lire au même titre que les poèmes de Vigny. C'est Louis Ratisbonne qui donna ce titre aux inédits qu'il publia en 1867, avant que d'autres fragments ne fussent ajoutés et qu'une édition définitive ne fût entreprise par Fernand Baldensperger en 1932. Avec ces confessions, ces souvenirs, ces critiques, ces projets, ces observations, ces portraits, ces relations de rencontres, ces maximes, ces pensées, ces réflexions littéraires, nous pénétrons dans un univers secret qui nous touche par sa sincérité, même si nous trouvons des contradictions, des variations d'opinions dans le temps et des jugements fâcheux comme celui sur Henri Heine par exemple.

Ce témoignage montre surtout les scrupules du poète, son dévouement à l'idée, sa rigueur, son accord profond avec lui-même. Dans ces carnets intimes, Vigny livre des doutes, des souffrances, des angoisses plus retenus dans ses poèmes. En un mot, il explique son ouvre, il explique sa personne. S'il écrit au jour le jour, cela ne veut pas dire que tout ne soit profondément mûri et pensé. Nous trouvons la complexité de sa recherche, nous pénétrons dans les mystères de la création poétique. On peut trouver aussi la réfutation par l'écrit des accusations politiques dont il est l'objet. Pour lui, le critique ne doit pas être un espion. La tâche de la critique est de faire « non pas l'histoire des écrivains, mais celle des écrits », limitation difficilement acceptable aujourd'hui. Tout créateur peut se retrouver dans cette pensée : « Je ne fais pas un livre, il se fait. Il mûrit et croît dans ma tête comme un fruit. » Le Journal d'un poète traduit toutes les nuances, toutes les étapes du pessimisme de Vigny et aussi ce qui le sauve : son sentiment de l'honneur qu'il appelle « la poésie du devoir ». Pour en donner une idée, si incomplète qu'elle soit, voici quelques extraits :



Le poète est toujours malheureux parce que rien ne remplace pour lui ce qu il voit en rêvant.

La Poésie n'a en France qu'une langue imparfaite, circonscrite et prude. La lyre française n'a que la corde de 1 Élégie. Toutes les autres sont fausses ou absentes. Je les ai touchées toutes, on pourrait m'en croire.

Le seul beau moment d'un ouvrage est celui où on l'écrit.

L'art est la vérité choisie.

Lorsqu'on fait des vers en regardant une pendule, on a honte du temps que l'on perd à chercher une rime qui ait la bonté de ne pas trop nuire à 1 idée.



Il n'y a que deux choses à admirer dans les écrits des hommes : leur poésie ou leur philosophie. Les ouvres de science ne sont qu'une accumulation de faits ou de mots dans la mémoire. Le savoir n'est rien s'il n'est l'ornement ou l'appui, ou le ciment d'un monument philosophique ou poétique.

Est-il concevable qu'il se trouve encore des Poètes pour chanter des batailles gagnées, des combats du fer contre la chair, du feu contre la peau?

Je ne sais pourquoi j'écris. - La gloire après la mort ne se sent probablement pas; dans la vie, elle se sent bien peu. L'argent? Les livres faits avec recueillement n'en donnent pas. - Mais je sens en moi le besoin de dire à la société les idées que j'ai en moi et qui veulent sortir.

Les belles-lettres ont cela d'inférieur et de misérable qu'on n'y montre pas son âme véritable, mais une sorte d'âme secondaire et parée.

Il ne faut désirer la popularité que dans la postérité et non dans le temps présent.

La Poésie est une science. La nation française n'aime pas les vers, parce

Qu'elle ne sait pas les lire. Il faudra deux siècles d'éducation pour lui onner quelque peu de lecture et une ombre d'atticisme.



Il serait vain de souligner combien cette pensée poétique de Vigny est actuelle, et pour ceux qui ne verraient en lui qu'un homme hautain, distant et réactionnaire, parlant du vulgaire du bout des lèvres, voici ce que représente pour lui ce dernier :



Poème. - Le Vulgaire. - Le vulgaire n'est pas le laboureur penché sur sa charrue, n'est pas le maçon et le serrurier. Le vulgaire c'est le grand monde illettré qui croit en sa fatuité et dédaigne les lettres.

Tout est à lire, car tout revient à la poésie, même ce qui en semble le plus éloigné. Les joies les plus hautes de Vigny naissent d'une lucidité qui le guérit lentement de ses préjugés aristocratiques, d'une passion poétique constante, d'un sens élevé de l'idée et de l'esprit. Cet homme en retrait ne se désolidarise jamais de l'humanité. Sans le recours d'un idéal démocratique qui n'est pas le sien, il recherche cependant la iraternité. Sait-on que Maxime Du Camp le saluera comme un « poète social »? Isolé, n'ayant guère obtenu de son vivant sa part légitime de renommée, il exercera sur de nouvelles générations une influence en profondeur, et cela se reconnaîtra aussi bien chez Baudelaire que plus tard chez Paul Valéry. De lui, parnassiens et symbolistes s'imprégneront secrètement. Durant le temps lomantique, l'ouvre de Vigny, agrandissant et approfondissant la recherche de ses contemporains, apporte une mise en garde contre le danger représenté par la facilité lyrique et le déploiement verbal, même s'il n'échappe pas toujours à ces défauts. En effet, les puristes lui reprocheront d'avoir laissé des déchets dans une ouvre poétique volontairement réduite et ne retiendront qu'une centaine de vers : c'est mal le lire, mal connaître son effort pour dégager la poésie d'une terre lourde qui colle encore à ses pieds. De plus, sans les parties plus neutres, plus effacées, l'aspect ascensionnel de cette poésie n'apparaîtrait pas dans toute sa splendeur conquérante.

Alfred de Vigny est avant tout le poète de la verticalité, de l'élévation. Il cherche non pas l'épanouissement, mais comme dirait Baudelaire, la « fusée » ascendante du vers qui peut rehausser et ennoblir l'image humaine, arracher l'homme aux « liens de plomb » de la fatalité. Enthousiaste dans le désespoir, positif dans son pessimisme, jetant de l'énergie dans son stoïcisme, brûlant dans son apparente froideur, on ne lui retirera pas d'être le plus sincère des romantiques et un des plus chargés de promesses d'avenir. Vigny est un poète à l'état adulte, ne pensant pas à la gloire immédiate, mais à celle de l'avenir. Sa tour d'ivoire est haute comme l'aire de l'aigle dont la vue perçante regarde vers des lieux lointains et ignorés.

Cet homme qui voit loin, ce penseur visionnaire, Georges-Emmanuel Clancier, ébloui par la Maison du berger, en a dit : « On ne s'étonnera pas que le poète capable de composer une fois en sa vie un chant d'une telle beauté, où l'amour, la solitude, le monde, la passion et la mélancolie scintillent en une seule longue lueur à la fois somptueuse et retenue, ait plus tard admiré les Fleurs du Mal. » Et si, avant d'inviter encore une fois à la lecture de Vigny, nous devions conclure, ce serait par une phrase de Claude Roy affirmant la modernité de l'auteur des Destinées : « Lire Vigny aujourd'hui, c'est retrouver Kafka et Melville, Valéry et Pavese, Camus et Hemingway, etc. S'il nous fait penser à ceux-là, c'est qu'eux et lui pensent à la même chose, la même chose. »





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