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Alfred de Vigny ou la lucidité - La Vérité sur la vie...






La longue vie de Victor Hugo nous a fait parcourir presque tout le siècle et il faut faire un retour en arrière pour rencontrer Alfred de Vigny 11797-1863). Il nous apporte une autre image humaine, un autre caractère. Poète, romancier, dramaturge, penseur, il n'a rien écrit qui ne soit profondément médité et de la plus haute qualité.

Il est né à Loches de Léon-Pierre de Vigny, officier de Louis XV, qui avait épousé à cinquante-trois ans Marie-Jeanne-Amélie de Baraudin, descendante d'une famille italienne, de vingt ans plus jeune que lui. Alfred hérita de cette traditjon nobiliaire à laquelle il fut attaché durant toute son existence. Par elle, il fut marqué et sans doute aussi par l'âge de ce père qui comptait soixante années au moment de sa naissance. Enfant chéri, élevé selon de vieilles traditions, éduqué intellectuellement et artistiquement par les meilleurs maîtres, entouré, protégé, soigné (trois enfants des Vigny étaient morts en bas âgE), il fut aussi marqué dès sa plus tendre enfance par un climat de tristesse, une rigueur de vie : sa famille semblait porter tout le deuil du passé monarchique.





En 1805, à la pension Hix dont les élèves suivaient les cours du lycée Bonaparte, élève exceptionnel remportant tous les prix, de faible constitution physique, appartenant à l'ancienne noblesse, Alfred de Vigny était tout préparé pour son rôle de souffre-douleur : « le temps le plus malheureux de ma vie » écrira-t-il. Il pourra dire : « J'appartiens à cette génération née avec le siècle, qui, nourrie de bulletins par l'Empereur, avait toujours devant les yeux une épée nue. » La guerre semble « l'état naturel » du pays. Plus que tout autre, il ressent l'influence de son arbre généalogique, et toute sa pensée, noble, grave, hautaine, mélancolique, en est l'héritage. Son admirable Journal d'un poêle et sa correspondance nous renseignent sur cette existence morose, rêveuse, douloureuse, sans cesse froissée par la réalité, déçue dans ses ambitions, où les chagrins sont nombreux, où la gloire se fait attendre. Enfant de vieux, en proie à la mélancolie, il éprouve un mal du siècle qui n'est pas une pose romantique. Ayant vécu dans le monde suranné de l'Ancien Régime (sa famille fréquentait Mme de Montcalm, Mme Du Cayla, Mme de Saint-Aignan et de nombreux endeuillés de la TerreuR), il en a gardé la fierté, la hauteur, le désespoir.

Il ne peut imaginer d'autre carrière que celle des armes. Or le temps des guerres est révolu, le temps de la grandeur est terminé. Il reste les servitudes. Entré aux gardes du corps, il sera pour ses compagnons, les jeunes officiers, un « père la Pensée ». Il est en effet un poète, un rêveur, un philosophe qui médite sur la société en transformation et trouve surtout matière à désillusions. Il perdra vite la foi solide des siens tout en gardant un esprit marqué de religiosité. Loin du néo-christianisme de Chateaubriand, du lyrisme religieux de Lamartine, des élans visionnaires de Victor Hugo et de son optimisme, ou des éclairs passionnés de Musset, il est plus que tout autre solitaire face au ciel. Posant une épée inutile, il lit la Bible, mais aussi les philosophes du xvin' siècle qui l'éloignent de la foi naïve des siens. Il lit aussi les élégiaques du siècle précédent, et aussi bien Delille, Chénier, Chateaubriand, Homère. Milton, Byron surtout sur lequel il écrit son premier article accepté par le jeune rédacteur en chef du Conservateur littéraire, Victor Hugo.



C'était en 1820. Deux ans plus tard, Vigny publie des Poèmes qui passent à peu près inaperçus, et qui deviendront les Poèmes antiques et modernes, 1826, augmentés en 1829, puis 1837. Cependant, sa morne carrière militaire se poursuit. Lieutenant en 1822, capitaine en 1823, 'a guerre espagnole va-t-elle lui donner l'occasion de se distinguer? Non, il s'arrête à Pau où il reste en garnison. Il a connu des amours avec la future Mme de Girardin, Delphine Gay. A Pau, il rencontre Miss Lydia Bunburry, une jeune Anglaise et l'épouse. Son père est riche : cela vous redore un blason. Xénophobe, elle se refuse à parler correctement le français, n'a que mépris pour les relations littéraires de son mari. Alfred de Vigny est tenu à l'écart par son beau-père, riche farfelu, ancien gouverneur de la Jamaïque. La dot : une île de Polynésie. Passons sur des procès peu sympathiques pour récupérer de l'argent.



Vigny fréquente les salons littéraires, surtout celui de Charles Nodier à l'Arsenal. Il est l'ami de Sainte-Beuve, Hugo, Delacroix. Les romantiques se défient bien un peu de cet homme du monde, le tenant pour un amateur distingué des lettres, mais il aura bientôt le succès : Cinq-Mars, 1826, premier chef-d'ceuvre du roman historique, un an avant que Vigny se fasse réformer, un an avant que Roméo et Juliette, traduit de Shakespeare soit refusé à la Comédie-Française. Il aura plus de succès avec le More de Venise, 1829, le Maréchal d'Ancre, en prose, 1831, qui lui fait rencontrer l'actrice Marie Dorval pour laquelle il éprouve une vive passion, à qui il offre un proverbe, Quitte pour la peur, 1833, et qui devient la Kitty Bell de son triomphe, Chatterton, 1835.

Trois ans plus tard, Vigny rompt avec la comédienne. Blessé, il exprime sa détresse dans la Colère de Satnson. Après Servitude et grandeur militaires, 1835, Vigny publiera ses poèmes essentiels séparés par de grands espaces de temps. En 1845, l'Académie finira par l'élire et ne ménagera pas ses ironies devant un long discours de réception. Partisan de Charles X en 1830, intéressé par le christianisme démocratique de Lamennais, pendant peu de temps par le saint-simonisme, idéaliste, il se présente sans succès aux élections en Charente. Quittant Paris, il va se retirer au Maine-Giraud près de Blanzac, en Angoumois, garde-malade de sa femme et compagnon de ses idées dans une apparente tour d'ivoire.



Ce retrait nous vaudra ses plus beaux poèmes, la Bouteille à la mer, 1853, le Mont des Oliviers, 1862, ou l'Esprit pur, 1863, qui, avec d'autres créations majeures, formeront les posthumes Destinées, 1864. Ces poèmes développent une philosophie déjà entrevue quarante ans plus tôt dans les Poèmes antiques et modernes. Avec ces ouvres, avec le Journal d'un poète, la preuve est faite d'une authenticité entière. Intelligent, lucide, ayant le sens de l'absurdité de la vie, ne refusant cependant pas de tenter son intégration à la société humaine, croyant parmi le lot commun à sa mission de poète, résigné et actif, hautain et rêvant à l'union des hommes fondée sur la primauté de l'esprit, utopiste sans système, unissant avec difficulté ses contradictions, plus pudique que ses contemporains, sans doute est-il un des plus modernes de tous. Barbey d'Aurevilly, d'un caractère proche du sien, l'a ainsi défini : « Il apparaît plus grand que les poètes de son temps qui ne sont que des poètes : car il fera l'effet d'une poésie, - la poésie de ce désespoir silencieux qui ne se mettait pas de cendre sur la tête, mais qui en avait dans le cour. » Dans le Journal d'un poète, on trouve cette phrase significative : « La vérité sur la vie, c'est le désespoir. Il est bon et salutaire de n'avoir aucune espérance. » Vigny : une religion- de la lucidité.





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